D'ici 40 ans,
le pays pourrait renoncer complètement aux centrales classiques
sans mettre à mal son économie. Un pavé contre la
politique nucléaire française.
( ... ) La dernière pierre allemande jetée
dans notre jardin nous vient de Jochen Flasbarth, président de l'UBA,
l'office fédéral de l'environnement. Selon une étude
qu'il vient de publier, l'Allemagne pourrait produire l'intégralité
de son électricité à partir des seules énergies
renouvelables dès 2050. Cela signifie que la première puissance
économique du continent n'aurait plus du tout recours aux centrales
classiques. C'est incontestablement une excellente nouvelle pour tous ceux
qui pensent que la réduction des émissions de gaz à
effet de serre est une nécessité vitale. Mais cela signifie
aussi qu'un grand pays pourrait renoncer complètement à l'énergie
nucléaire sans mettre à mal son économie. Si nos voisins
voulaient torpiller notre industrie nucléaire, ils ne s'y prendraient
pas autrement!
(suite)
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suite:
La politique allemande est d'autant mieux placée pour faire des émules que le nouveau commissaire européen à l'Energie est le chrétien-démocrate Günther Oettinger, qui ne se gêne pour dire où il puise son inspiration: «Nous avons besoin d'une loi allemande sur les énergies renouvelables au niveau européen», a-t-il déclaré le 8 juillet dernier à Bruxelles, à l'occasion d'une conférence de presse organisée par Greenpeace. Ce jour-là, Greenpeace et l'EREC (European Renewable Energy Council, qui regroupe en son sein diverses associations d'écologistes et d'industriels des énergies «vertes») présentait un rapport allant exactement dans le même sens que celui de l'office allemand de l'environnement: en 2050, 97% de l'électricité européenne et même 92% de l'énergie totale des vingt-sept pourraient provenir des énergies renouvelables. Dans ce schéma, le recours aux sources d'énergie fossile (charbon, lignite, gaz et pétrole) serait évidemment fortement réduit – c'est le principal objectif — et le nucléaire disparaîtrait complètement: en 2050, l'Union européenne ne compterait plus aucune centrale nucléaire en activité. Du point de vue de la protection de l'environnement, ce scénario est évidemment très séduisant. Mais il doit être regardé de plus près. Car il ne s'agit pas simplement de remplacer des sources d'énergie «sale» par des sources d'énergie «propre», il s'agit aussi de consommer moins d'énergie. Et c'est là que la politique de l'énergie risque d'entrer en conflit avec d'autres politiques. Car on peut très bien imaginer un monde dans lequel on gaspillerait moins l'énergie, pour se déplace, se chauffer, etc. Mais il n'en demeure pas moins que, fondamentalement, la hausse du niveau de vie de tous repose sur les gains de productivité et la capacité de l'homme à mettre toujours plus d'énergie à son service. Pourra-t-on à la fois utiliser moins d'énergie fossile, se priver du nucléaire et ne pas régresser économiquement et socialement? Même dans les milieux écologistes, certains en doutent. Alors, quel modèle l'emportera? Le modèle allemand, résolument orienté vers les énergies renouvelables, ou le modèle français, qui voit plutôt dans ces énergies un complément du nucléaire? La question est encore loin d'être tranchée, mais sur ce dossier aussi, l'Allemagne est en train d'avancer ses pions. Gérard Horny
http://www.umweltdaten.de/
(238 pages, en allemand )
http://www.erec.org/ |