CONTROVERSES NUCLEAIRES !
VEILLE NUCLEAIRE INTERNATIONALE
2010

La cuve du réacteur EPR finlandais posée,
étape clé d'un chantier en retard
ADIT, juin

OLKILUOTO (Finlande) (AFP)

     La cuve du futur réacteur nucléaire EPR finlandais a été hissée lundi dans le bâtiment, puis installée vendredi. Sur le dôme qui coiffe cette enceinte, des ouvriers s'affairent dans un entrelacs de tiges métalliques où seront coulées des couches de béton.
     Entamée en septembre 2005, la construction du troisième réacteur de la centrale d'Olkiluoto, dit "OL3", a franchi une étape symbolique, selon Jean-Pierre Mouroux, responsable du chantier pour le groupe nucléaire français Areva.
     "La cuve est passée hier par cette porte-là, elle en ressortira dans 60 ans", a-t-il relevé mardi lors d'une visite de journalistes.
     Un large sas d'entrée dans la paroi interne du bâtiment a permis d'y introduire la cuve de plus de 400 tonnes, hissée depuis l'extérieur. Grâce à un puissant dispositif de manutention dominant l'enceinte, la cuve a été posée vendredi soir à son emplacement définitif, a indiqué samedi Areva.
     Elle abritera les réactions nucléaires au coeur du futur réacteur.
     Alors que le chantier accuse près de quatre ans de retard, avec un nouveau report à fin 2012 du démarrage du réacteur, annoncé le 7 juin par Areva, M. Mouroux tient à souligner les progrès.
     Plus de 90% des travaux de génie civil ont été réalisés, plus de 50% des équipements sont prêts pour le montage de la tuyauterie. "L'ensemble du circuit primaire sera installé pour la fin de cette année", assure-t-il.
     Une première couche de 20 cm de béton recouvre le liner du dôme, posé en septembre. Pour protéger le réacteur en cas d'impact d'un avion de ligne, deux enceintes de béton d'au moins un mètre d'épaisseur chacune, séparée par un espace vide, doivent recouvrir le bâtiment.

(suite)
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     "Il reste encore beaucoup à faire", il y a une "énorme quantité de tuyaux et de cables à raccorder", souligne Jouni Silvennoinen, chef de projet pour l'électricien finlandais Teollisuuden Voima Oyj (TVO).
     Le nouveau calendrier des travaux annoncé ce mois-ci par Areva "ne laisse pas de marge pour un problème majeur", relève-t-il, rappelant que le retard cumulé "est d'environ quatre ans".
          "Nous avons essuyé des plâtres" depuis le début de la construction de ce premier réacteur nucléaire de troisième génération d'Areva. "Nous en tirerons les leçons", dit-il sans s'appesantir sur les différends avec le groupe français, candidat pour la construction d'un deuxième réacteur EPR en Finlande.
     Selon le contrat signé fin 2003, le chantier aurait dû être bouclé en quatre ans, soit moins que la durée prévue pour la construction d'un réacteur EPR - le deuxième dans le monde- à Flamanville (France).
     "Après coup, c'est vrai qu'on a mal apprécié les difficultés de gérer ce genre de chantier", d'autant que des compétences ont été perdues dans certains métiers après la pause dans la construction de réacteurs, reconnaît François Bouteille, directeur sûreté EPR chez Areva.
     Pour un deuxième EPR finlandais, ce "serait fondamentalement différent, on disposerait de la documentation du chantier, c'est un atout", met-il en avant, alors que le parlement finlandais doit se prononcer le 1er juillet sur la construction d'un nouveau réacteur.
     Dans l'immédiat, alors que différentes phases de tests approchent, Areva et TVO tentent d'apaiser leurs relations.
     "TVO fait des efforts aussi, de plus en plus", déclare M. Mouroux. "Les phases d'essais, ça ne se fait pas l'un contre l'autre partenaire", insiste-t-il.
     Dans cette "tour de Babel" qu'est le chantier où se côtoient 55 nationalités, des formations à la sécurité sont données dans huit langues.