Le rapport parlementaire sur les déchets
radioactifs met en cause le gouvernement et la filière.
Par SYLVESTRE HUET
Déchets radioactifs. Les députés se sont
fendus d’un «rappel à la loi». Pour l’instant, «c’est
gratuit», souligne Bataille. Ce «rappel» s’adresse à
EDF, qui tente de passer en force avec un projet de stockage souterrain
des déchets les plus radioactifs, nettement moins cher que l’état
actuel du projet de l’Andra (l’Agence chargée de «concevoir,
implanter, réaliser et gérer les centres de déchets
radioactifs»).
Filière nucléaire.«Les manœuvres de déstabilisation d’Areva, les intrigues de cabinet…» évoquées par le rapport ciblent directement les tentatives de mettre toute la filière sous la coupe d’EDF et de Proglio. Elles auraient des effets «destructeurs». Le rapport évoque «les tensions internes» provoquant un «recentrage sur des préoccupations à courte vue» des acteurs du nucléaire. (suite)
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La loi Nome. Cette loi, portant le nom de «nouvelle organisation du marché de l’électricité», se voit clouée a pilori. «La loi Nome, en créant un statut pour des passagers clandestins de l’offre électronucléaire, a instillé les germes d’un manque de cohérence au regard des conditions d’acceptation de l’énergie nucléaire en France.» Les «passagers clandestins», ce sont les entreprises, concurrentes d’EDF, auxquelles est vendu du courant à bas prix - pour cause de nucléaire -, qu’ils revendent plus cher aux consommateurs. Or ces entreprises ne portent pas la responsabilité technique et financière totale de la gestion des déchets. «Ce schéma entame le pacte national implicite que la France a passé avec son industrie nucléaire.» Le rapport Roussely. «Nous ne connaissons de ce rapport que la synthèse rendue publique.» Que députés et sénateurs de l’Opecst ne puissent avoir communication du rapport remis à l’Elysée par l’ancien PDG d’EDF et censé en nourrir les décisions semble ahurissant. La 4e génération. Les parlementaires s’inquiètent de voir EDF, Areva et le CEA privilégier une seule piste pour la 4e génération de centrales nucléaires - un réacteur à neutrons rapide au sodium - en cherchant rentabilité, efficacité et optimisation économique. Risque : passer à côté de systèmes plus efficaces pour la transmutation de certains déchets afin d’en diminuer la radiotoxicité. Cette «entente» est une «dérive, effet d’une contrainte financière», accusent-ils. Le nucléaire à tout va. Nicolas Sarkozy promeut le nucléaire dans tous ses voyages à l’étranger. La réponse du rapport: «L’énergie nucléaire est une technologie trop sophistiquée pour faire l’objet d’un prosélytisme universel: seuls les pays en mesure d’effectuer un investissement matériel et humain considérable sont en mesure d’en maîtriser suffisamment les conditions de sûreté pour la déployer.» |