(http://www.lesechos.fr) La demande mondiale de charbon a augmenté
de 4,5% au cours de l'année dernière sous l'effet de la consommation
chinoise. C'est l'énergie primaire qui connaît la plus
forte croissance devant le gaz, selon les statistiques publiées
hier par la compagnie pétrolière britannique BP dans son
rapport annuel sur l'énergie. Une mauvaise nouvelle en termes d'environnement.
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Pourtant les pays développés
ont aussi augmenté, parallèlement, leur consommation d'énergie
nucléaire. Elle s'est accrue de 1,4% au niveau mondial car l'OCDE,
qui se taille la part du lion sur cette énergie (les deux tiers),
a augmenté le taux d'utilisation et les capacités de ses
centrales. Si en Asie le charbon constitue l'énergie primaire la
plus utilisée, tandis que le gaz prédomine en Europe, c'est
le pétrole qui reste l'énergie reine au niveau mondial, avec
36% du total, contre 28% pour le charbon. Mais l'or noir est aussi l'énergie
qui a le moins progressé l'an dernier. Le baril cher - le prix moyen
du brent a pris presque 20% en 2006 - a eu pour conséquence la plus
forte diminution de la consommation pétrolière jamais constatée
dans les pays de l'OCDE depuis vingt ans et une faible croissance mondiale.
Celle-ci n'a crû que de 0,7%, soit la moitié de la hausse
annuelle moyenne observée sur la décennie passée.
Les réserves mondiales de pétrole et de gaz ont, selon BP, légèrement décliné d'une année à l'autre (- 1%). Mais les réserves de brut restent supérieures de 15% à leur niveau d'il y a une décennie et équivalentes de plus de quarante ans de production au rythme actuel. Le taux se révèle nettement supérieur dans le gaz (soixante ans de production), dont le poids relatif continue de croître. La forte hausse de la demande en Russie (+ 7%) et en Chine (+ 20%) a plus que compensé la baisse observée aux Etats-Unis et en Europe, où l'hiver a été exceptionnellement doux. Quant aux énergies renouvelables alternatives, l'éolien et le solaire, elles poursuivent leur rapide développement mais partent de très bas et restent marginales. La capacité a eu beau s'accroître de 25% en 2006, les éoliennes ne produisent toujours que moins de 1% de l'électricité mondiale et la part du solaire est encore plus limitée. |
AFP [07 janvier]
WASHINGTON (AFP) - Le maintien de l'actuel rythme de croissance économique de la Chine risque d'être fatal à la planète si ni Pékin ni le reste du monde ne modifient rapidement leur modèle de production et de consommation, a averti jeudi Lester Brown, président du Earth Policy Institute à Washington. "Notre économie mondiale est engagée sur une voie environnementale que la planète ne peut supporter", a déclaré M. Brown en présentant son dernier livre "Plan B 2 pour sauver une planète stressée et une civilisation en danger". "Ce qui se passe en Chine devrait commencer à convaincre les économistes" de la nécessité de restructurer le système, a-t-il estimé. Selon les chiffres compilés par son institut, les Chinois consomment déjà actuellement deux fois plus de viande (67 millions de tonnes contre 39 millions de tonnes) que les Américains et plus de deux fois plus d'acier (258 M tonnes contre 104 M tonnes). Et si la Chine continue de se calquer sur le rêve américain, d'ici 2031 ses 1,45 milliard d'habitants prévus consommeront l'équivalent des deux tiers de l'actuelle production mondiale de céréales, et plus du double de l'actuelle production mondiale de papier. "Ainsi partent les forêts de la planète", a souligné M. Brown. Le modèle économique occidental - basé sur des énergies fossiles, construit autour de la voiture et des produits jetables - ne pourra pas fonctionner en Chine, ni en Inde, dont la population devrait même dépasser celle de la Chine vers 2030, a-t-il estimé. A l'heure de la mondialisation et de la concurrence effrénée pour produire toujours plus et à des prix toujours plus compétitifs, l'actuel modèle va mener le monde à sa perte. |
Côté changement climatique, Lester
Brown affirme que le point de non-retour pourrait être déjà
atteint et que les données scientifiques disponibles ne permettent
pas de l'infirmer.
Aussi faut-il, sans tarder, restructurer l'économie mondiale pour soutenir notre civilisation, lancer un effort général pour éradiquer la pauvreté et la restauration des milieux naturels, selon le Plan B de Lester Brown. Il a noté quelques signes encourageants en provenance de Chine où la pression pour agir en faveur de l'efficacité énergétique et de la protection de l'environnement semble avoir pris une tournure politique. "Ils commencent à reconnaître qu'ils doivent procéder à des modifications mais ils ne sont pas encore allés jusqu'à dire en public que le modèle occidental ne marchera pas chez eux", a noté M. Brown, invité à présenter ses vues au Forum économique mondial à Davos (Suisse) fin janvier. Selon lui, cinq des huit plus grandes entreprises chinoises dans l'électronique et l'aérospatiale ont déjà annoncé leur entrée dans l'énergie éolienne, emboîtant le pas au géant américain General Electric. Les Chinois "ont aussi adopté des normes d'efficacité pour la consommation en carburant des véhicules", s'est-il réjouit, ajoutant que Pékin s'intéresse également davantage, depuis peu, à la pollution de l'air et de l'eau. L'exploitation accrue des sources d'énergie renouvelable devra se faire intelligemment, selon M. Brown pour éviter par exemple une pénurie de produits alimentaires et une flambée des prix de ces denrées si les agriculteurs devaient opter en masse pour la production d'éthanol par exemple, un biocarburant à base de céréales. |
La Chine poursuit la lutte contre
la pénurie d'énergie (1/4)
BEIJING, 3 octobre (XINHUANET) -- Le Delta du fleuve Yangtsé est l'une des régions les plus riches de Chine. Mais cette région manque de ressources énergétiques, et ces dernières années, ce moteur de l'économie nationale est confronté fréquemment à des coupures de courant. L'approvisonnement en électricité y est très problématique en été, surtout durant les heures de pointe. Il n'est par rare de constater que les usines n'y fonctionnent que quatre jours sur sept. Dans la province du Zhejiang, par exemple, qui est la province souffrant de la plus grave pénurie d'électricité dans la région, on comptait au premier semestre 2004 une moyenne mensuelle de 11,32 jours sans courant électrique. Les ascenseurs dans les centres commerciaux étaient à l'arrêt, alors que la moitié des lampes de l'éclairage publique étaient éteintes et que même les feux de circulation étaient éteints de temps à autre. La pénurie d'électricité ne se limite pas seulement au Delta du Yangtsé. Depuis 2001, elle s'est propagée progressivement à d'autres provinces pour devenir un phénomène national avec des impacts à différents degrés dans différentes régions. Les statistiques ont montré qu'elle a touché 24 provinces et régions autonomes du pays en 2004. Paradoxalement, ce problème est apparu alors que la Chine connaissait une croissance sans précédent de sa production d'énergie, qui était même plus rapide que la croissance de son PIB (produit intérieur brut) pendant la période 2001-2005. La production d'énergie a atteint l'année dernière 1,97 milliards de tonnes d'équivalent charbon (TEC), une hausse de 15% par rapport à 2003, tandis que la puissance installée totale des centrales électriques du pays a augmenté de 14,5% , soit une hausse de 50.500 MW et un record mondial. L'amélioration du niveau de vie a fait augmenter la demande. Mais même dans les grandes villes comme Beijing et Shanghai, la consommation d'électricité par habitant reste incomparable à celle des pays développés, avec des écarts variant entre 1.000 kWh et 8 .000 kWh par an. Les principales causes de la pénurie d'énergie en Chine sont la surchauffe et la structure irrationnelle de l'économie nationale, auxquels s'ajoute un important gaspillage. "La croissance économique rapide est la cause fondamentale de la pénurie d'énergie", a dit Zhou Dadi, directeur de l'Institut de l'Energie relevant de la Commission d'Etat pour le Développement et de la Réforme. |
La Chine poursuit la lutte contre
la pénurie d'énergie (2/4)
BEIJING, -- La pénurie d'énergie est aussi un problème institutionnel. Après la suppression du ministère de l'Energie il y a plus de 10 ans, les différentes missions allant de la prospection des réserves, de la production, du transport à la vente de l'énergie ont été réparties entre les différents ministères. Il y a quelques mois encore, le Bureau de l'Energie de la Commission d'Etat pour le Développement et la Réforme était seul responsable de la planification et de la coordination des efforts dans le développement de l'énergie du pays. En raison de son statut administratif inférieur et d'un personnel insuffisant, ce bureau n'a pas joué son rôle de façon efficace. Un Groupe dirigeant pour le Développement énergétique (GDDE), d'un niveau administratif élevé, a été fondé en mai dernier. Il est composé de 13 hauts officiels venus de différents départements du gouvernement et de l'armée et il est placé sous la direction directe du premier ministre chinois et de deux vice-ministres. Un Bureau du GDDE du niveau ministériel a été créé en même temps. Ces deux nouveaux organismes sont chargés de traiter les problèmes stratégiques de l'énergie et de coordonner les efforts de façon plus efficace. Le problème d'énergie est devenu un important obstacle au développement économique et social du pays, selon un communiqué de presse publié le 2 juin dernier à l'issu de la première réunion du GDDG. Selon les statistiques, fin 2004, la puissance installée totale des centrales électriques de Chine a atteint 440.000 MW. Selon des experts, ce chiffre devra être de l'ordre d'un million de MW en 2020, ce qui signifie une augmentation en moyenne de 33 .000 MW par an. Une telle perspective cause des préoccupations vis- à-vis de l'insuffisance des ressources énergétiques et de la pollution de l'environnement. Selon des analystes, il faut prendre des mesures énergiques pour résoudre l'actuel problème de pénurie d'énergie, mesures qui comprennent par exemple l'arrêt définitif des projets lancés à l'aveuglette afin de lutter efficacement contre la surchauffe de l'économie. Pour assurer un développement économique sain et durable, il est nécessaire de réajuster la structure industrielle, d'optimiser la structure des sources d'énergie et de combattre le gaspillage. |
La Chine poursuit la lutte contre
la pénurie d'énergie (3/4)
BEIJING, -- En dépit de ses effets désastreux sur l'environnement, le charbon reste toujours la principale source d'énergie en Chine, et 73,72% de la consommation totale d'électricité du pays en 2004 est fournie par le charbon. L'année dernière, la Chine a produit un total de 1 956 millions de t de charbon, dont 800 millions de t ont été produits en surpassant la capacité normale de production des mines. Mais les analystes pensent que cette situation n'était que provisoire, parce qu'elle répondait à des besoins urgents, et que la part du charbon dans la consommation nationale d'énergie se réduira progressivement. En raison du boom de son marché de l'automobile, la consommation de pétrole en Chine a connu une croissance rapide, à un taux moyen de 5,77% par an depuis 1990, alors que l'offre nationale a augmenté de seulement 1,67% par an durant la même période. La Chine est aujourd'hui devenue le 2ème plus grand pays importateur de pétrole brut du monde. En 2004, elle dépendait à 45% des importations de pétrole. Le pétrole représente déjà 23% de la consommation de l'énergie primaire du pays. Selon les anaylistes, au cours des 15 prochaines années, la consomation de pétrole en Chine va accroître à un taux annuel de 3% et en 2020, 50% du pétrole consommé en Chine proviendront des importations. Les difficultés de se procurer du pétrole sur le marché international ont amené le gouvernement chinois à prendre la décision de constituer des réserves stratégiques nationales de pétrole. Quatre sites ont été choisis en octobre 2004. Selon Ma Kai, ministre chargé de la Commission d'Etat pour le Développement et la Réforme, les trois plus grandes sociétés pétrolières nationales devront aussi faire des efforts similaires de leur côté. Augmenter la production nationale est une autre solution. Huang Yicheng, ancien ministre de l'Energie, a indiqué que le problème réside plutôt dans la prospection, et il croit que davantage de pétrole peut être découvert dans l'ouest du pays ainsi que dans les régions offshore de l'est. Les réserves confirmées de pétrole en Chine s'élèvent aujourd'hui à 4 milliards de t. La part du gaz naturel dans la consommation de l'énergie primaire en Chine est de seulement 2,7%, contre une moyenne de 24, 2% dans le monde. L'objectif officiel pour les 15 prochaines années consiste à atteindre un taux de croissance moyen de 10% dans la production de gaz naturel pour porter sa part dans la consommation à 10%, afin de faire du gaz naturel la 3ème plus grande source d'énergie du pays. |
La Chine poursuit la lutte contre
la pénurie d'énergie (4/4)
BEIJING, -- Les réserves de gaz naturel en Chine se trouvent surtout dans l'ouest du pays. Quatre gazoducs ont été construits ces dernières années pour acheminer le gaz naturel produit vers les villes côtières de l'est du pays. Le plus long mesure près de 4.000 km et il relie la région autonomne ouïgoure du Xinjiang à Shanghai. La Chine importe aussi une grande quantité de gaz naturel liquéfié de pays voisins. La Chine compte un potentiel d'énergie hydraulique de 395.000 MW, dont moins d'un quart a été mis en valeur. La part de l'énergie hydraulique dans la production d'électricité est aujourd'hui de près de 24 %. La Chine envisage de porter la puissance installée totale de ses centrales hydrauliques à 250.000 MW en 2020. L'énergie nucléaire est devenue aujourd'hui la source d'énergie favorite des décideurs des autorités chinoises, qui la considère comme le 3ème pillier de la future industrie énergétique du pays, derrière le charbon et l'énergie hydraulique. Le gouvernement chinois a annoncé sa décision d'investir 400 milliards de yuans pour construire d'ici 2020 un total de 30 importantes centrales nucléaires, ce qui portera la puissance installée totale des centrales nucléaires chinoises à 40.000 MW, soit une part de 4 % du total, contre 1,6 % aujourd'hui. Une telle croissance est rare dans le monde. La Chine compte actuellement deux centrales nucléaires en service et cinq autres en construction. Elles se trouvent toutes dans les régions côtières du pays. La Chine a coopéré avec la France, le Canada et la Russie dans le développement de l'énergie nucléaire. Les deux centrales en service fonctionnent de façon satisfaisante et en sécurité. La technologie adoptée par la Chine dans son programme d'énergie nucléaire est dominée jusqu'à présent par les réacteurs de 2ème et de 3ème génération, caractérisés par une surconsommation d'uranium. Les experts chinois ont émis l'espoir de voir naître en Chine une industrie de réacteurs nouvelle génération dans 30 ou 40 ans. La première loi chinoise sur l'énergie renouvelable, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2006, aura des impacts positifs sur l'exploitation de toutes les énergies renouvelables. Le développement de l'énergie éoliennenne s'accélère en Chine. La Commission d'Etat pour le Développement et la Réforme a annoncé en mai dernier la décision d'établir une industrie de l'énergie éolienne vers 2010, avec une capacité totale de 4.000 MW. La Chine compte aujourd'hui 43 champs de production d'électricité d'origine éolienne avec une capacité de 764 MW. Des efforts vigoureux seront déployés pour développer d'autres sources d'énergie renouvelable comme l'énergie solaire, la biomasse, l'énergie des marées, l'énergie géothermique et l'énergie de l'hydrogène. Selon les statistiques, le rendement dans l'utilisation de l'énergie en Chine est bien inférieur au rendement moyen des pays développés, et la consommation d'énergie par unité du PIB en Chine est deux ou quatre fois plus élevée. Les experts du secteur de l'énergie estiment que la Chine peut économiser près de 200 milliards de kWh par an en comptant sur une meilleure gestion de l'utilisation de l'énergie, et ils sont unamines pour considérer que la stratégie prioritaire du développement de l'énergie consiste à mettre sur le même plan la production et son utilisation avec un rendement élevé. Dans la rue commerçante Huaihai du centre-ville de Shanghai, les lampes de 40W fixées autrefois sur les structures de décoration ont été remplacées par les lampes CCFL de 3W, et le remplacement de l'ensemble des 6.500 lampes permet de réduire la consommation d'électricité de 90 %. Cet exemple est suivi par d'autres endroits dans le pays. Lorsque toutes les mesures prises porteront leurs fruits, la pénurie d'électricité dont souffre la région du Delta du Yangtsé pourra être résolue en 2007, selon les analystes. |