RESEAU SOL(ID)AIRE DES ENERGIES !
Débat problématique énergétique / effet de serre / climat, etc.
EFFET DE SERRE
Europe: Bilan contrasté en Europe pour la réduction des gaz à effet de serre
 LE MONDE | 22 juin 2006

Hervé Kempf
    L'Union européenne devient-elle un mauvais élève de la classe climatique? Elle parvenait jusqu'à présent à stabiliser ses émissions de gaz à effet de serre (GES), mais le dernier bilan, publié par l'Agence européenne de l'environnement, le 22 juin, montre une dégradation en 2004: les émissions pour l'Union à 15 ont augmenté de 0,4% entre 2003 et 2004, et de 0,3% pour l'Union à 25 intégrant les pays d'Europe de l'Est.
    Sauf à agir beaucoup plus vigoureusement, l'Europe risque de ne pas respecter le protocole de Kyoto. Alors qu'elle s'est engagée à diminuer ses émissions de 8% en 2010 par rapport à 1990, la baisse n'a été que de 0,9% entre 1990 et 2004.
    Les principaux responsables de ces émissions sont l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie, la France et l'Espagne. Mais tous ne sont pas des cancres. Ainsi, l'Allemagne a réussi à réduire fortement ses émissions en améliorant l'efficacité de son système énergétique et en fermant de nombreuses usines dans l'ancienne Allemagne de l'Est. Elle est ainsi proche de son objectif (avoir diminué de 21% ses émissions en 2010).
    Le Royaume-Uni devrait également atteindre ses objectifs (- 12%) puisqu'il a baissé ses émissions de 14 % en substituant le gaz au charbon dans les centrales thermiques. Mais ce mouvement est maintenant terminé et Londres pourrait voir ses émissions repartir à la hausse.
    En effet, le prix du charbon a beaucoup moins augmenté que celui du gaz, ce qui rend ce combustible attractif pour les producteurs d'électricité.
Pari tenu en France
    La France, pour sa part, a atteint son objectif, qui est de 0%. Mais l'effort doit être maintenu, alors que les transports ne cessent d'augmenter leurs émissions et que de nombreuses centrales de production d'électricité à combustibles fossiles doivent entrer en fonctionnement dans les prochaines années.
    Ceux qui font pencher la balance européenne du mauvais côté sont les pays méditerranéens. Ainsi, l'Espagne, malgré un parc important d'éoliennes, a vu, en 2004, ses émissions monter de 48% par rapport à 1990, alors que seule une augmentation de 15% était autorisée. L'Italie ne fait pas beaucoup mieux (+ 12% contre - 6% autorisés).
    Au total, l'Europe doit se reprendre si elle veut respecter l'objectif de Kyoto. C'est la condition de sa crédibilité dans les négociations internationales pour la prolongation du protocole au-delà de 2012.
    Comment convaincre la Chine, l'Inde ou le Brésil de s'engager, si les Européens ne respectent pas leurs promesses? De surcroît, l'Union a adopté en mars 2005 un objectif de réduction des émissions pour les pays développés de 15% à 30% en 2030 par rapport à 1990. Cela demandera un effort conséquent. La France et le Royaume-Uni ont même affiché un objectif de diminution par quatre d'ici à 2050, soit une baisse de 3% par an.
    Si l'Europe peine, les Etats-Unis font pire. Selon les prévisions publiées mardi 20 juin par l'Agence d'information sur l'énergie, l'Amérique du Nord, qui émettait déjà en 2003 16% de gaz carbonique en plus qu'en 1990, atteindrait le chiffre de 54% en 2030. Avec la montée des pays émergents, le monde entier passerait de 21 milliards de tonnes de gaz carbonique à 44 milliards en 2030. Si ces prévisions se réalisent, la planète entrera bel et bien en 2030 dans le changement climatique.