L'Union européenne devient-elle un mauvais élève
de la classe climatique? Elle parvenait jusqu'à présent à
stabiliser ses émissions de gaz à effet de serre (GES), mais
le dernier bilan, publié par l'Agence européenne de l'environnement,
le 22 juin, montre une dégradation en 2004: les émissions
pour l'Union à 15 ont augmenté de 0,4% entre 2003 et 2004,
et de 0,3% pour l'Union à 25 intégrant les pays d'Europe
de l'Est.
Sauf à agir beaucoup plus vigoureusement,
l'Europe risque de ne pas respecter le protocole de Kyoto. Alors qu'elle
s'est engagée à diminuer ses émissions de 8% en 2010
par rapport à 1990, la baisse n'a été que de 0,9%
entre 1990 et 2004.
Les principaux responsables de ces émissions
sont l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie, la France et l'Espagne. Mais
tous ne sont pas des cancres. Ainsi, l'Allemagne a réussi à
réduire fortement ses émissions en améliorant l'efficacité
de son système énergétique et en fermant de nombreuses
usines dans l'ancienne Allemagne de l'Est. Elle est ainsi proche de son
objectif (avoir diminué de 21% ses émissions en 2010).
Le Royaume-Uni devrait également atteindre
ses objectifs (- 12%) puisqu'il a baissé ses émissions de
14 % en substituant le gaz au charbon dans les centrales thermiques. Mais
ce mouvement est maintenant terminé et Londres pourrait voir ses
émissions repartir à la hausse.
En effet, le prix du charbon a beaucoup moins augmenté
que celui du gaz, ce qui rend ce combustible attractif pour les producteurs
d'électricité. |
Pari tenu en France
La France, pour sa part, a atteint son objectif,
qui est de 0%. Mais l'effort doit être maintenu, alors que les transports
ne cessent d'augmenter leurs émissions et que de nombreuses centrales
de production d'électricité à combustibles fossiles
doivent entrer en fonctionnement dans les prochaines années.
Ceux qui font pencher la balance européenne
du mauvais côté sont les pays méditerranéens.
Ainsi, l'Espagne, malgré un parc important d'éoliennes, a
vu, en 2004, ses émissions monter de 48% par rapport à 1990,
alors que seule une augmentation de 15% était autorisée.
L'Italie ne fait pas beaucoup mieux (+ 12% contre - 6% autorisés).
Au total, l'Europe doit se reprendre si elle veut
respecter l'objectif de Kyoto. C'est la condition de sa crédibilité
dans les négociations internationales pour la prolongation du protocole
au-delà de 2012.
Comment convaincre la Chine, l'Inde ou le Brésil
de s'engager, si les Européens ne respectent pas leurs promesses?
De surcroît, l'Union a adopté en mars 2005 un objectif de
réduction des émissions pour les pays développés
de 15% à 30% en 2030 par rapport à 1990. Cela demandera un
effort conséquent. La France et le Royaume-Uni ont même affiché
un objectif de diminution par quatre d'ici à 2050, soit une baisse
de 3% par an.
Si l'Europe peine, les Etats-Unis font pire. Selon
les prévisions publiées mardi 20 juin par l'Agence d'information
sur l'énergie, l'Amérique du Nord, qui émettait déjà
en 2003 16% de gaz carbonique en plus qu'en 1990, atteindrait le chiffre
de 54% en 2030. Avec la montée des pays émergents, le monde
entier passerait de 21 milliards de tonnes de gaz carbonique à 44
milliards en 2030. Si ces prévisions se réalisent, la planète
entrera bel et bien en 2030 dans le changement climatique. |