Pour limiter le réchauffement
climatique entre 2 ºC et 2,8º C en 2050, il faudrait plafonner
les émissions de gaz à effet de serre avant 2020: c'est ce
qui ressort du rapport économique du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental
sur l'évolution du climat), publié à Bangkok, vendredi
4 mai, après quatre jours de discussion. Ce rapport sur "l'atténuation"
du changement climatique vient compléter les deux rapports du GIEC
dont le premier, en janvier, portait sur l'évaluation scientifique
du phénomène, et le second, en février, décrivait
son impact sur les pays et les écosystèmes.
Bouclé durant la nuit dans la capitale thaïlandaise, le texte indique que le coût de la réduction des émissions, dans le scénario visant à limiter le réchauffement entre 2 et 2,8º C en 2050, serait de 0,12% de croissance annuelle du PIB (Produit intérieur brut) mondial. Limiter le réchauffement à ce niveau suppose de stabiliser la concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère à une valeur d'environ 500 ppm (parties par millions), alors qu'elle était de 280 ppm avant la révolution industrielle. Pour ne pas dépasser cette fourchette de 440-535 ppm, il faudra réduire les émissions de 30 à 80% en 2050 par rapport à leur niveau actuel. Des gains économiques devraient en revanche surgir de cet effort, ainsi "les avantages supplémentaires à court terme pour la santé provenant de la réduction de la pollution résultant des actions réduisant les émissions de gaz à effet de serre peuvent compenser une part substantielle des coûts de l'atténuation". Cependant, même si le coût économique apparaît relativement faible, il s'agit d'un renversement radical des trajectoires présentes: comme le souligne le rapport, les émissions de gaz à effet de serre ont crû de 70% entre 1970 et 2004. Comment parvenir à inverser la tendance? L'efficacité énergétique "joue un rôle clé dans tous les scénarios", indique le rapport. "Il est souvent plus économique d'investir dans l'amélioration de l'efficacité que dans l'accroissement de l'offre d'énergie". Cela apporte des bénéfices en termes de sécurité énergétique, de réduction de la pollution et de création d'emploi. Ensuite, les énergies renouvelables apparaissent comme plus que prometteuses : si le prix du CO2 (gaz carbonique) est fixé à 50 dollars la tonne, l'énergie renouvelable pourrait passer de 18% de l'électricité mondiale actuellement à 35% en 2030. En revanche, l'énergie nucléaire a des perspectives limitées: à un prix de 50 dollars la tonne de CO2, elle passerait de 16% de la fourniture mondiale d'électricité aujourd'hui à 18% en 2030. (suite)
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De surcroît, "la sécurité, la prolifération nucléaire et les déchets subsistent comme des contraintes" encadrant le nucléaire. Enfin, la hausse du prix du pétrole n'aura pas forcément des effets positifs : en effet, elle stimulera l'usage de substituts du pétrole, comme les sables bitumineux ou les huiles lourdes qui ont un contenu plus élevé en carbone. Le charbon restera une source d'énergie majeure - alors qu'il est le combustible produisant le plus de gaz carbonique. Le rapport espère que les technologies de captage et séquestration du CO2 pourront limiter les émissions des centrales électriques utilisant la houille. LA CHINE TRÈS PRÉSENTE
Hervé Kempf
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