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EFFET DE SERRE
GIEC: les scientifiques lancent un avertissement sans précédent
ADIT


hieraujourd'hui
     La communauté scientifique a lancé vendredi 2 février 2007 un avertissement sans précédent sur l'ampleur du changement climatique en insistant sur la responsabilité humaine dans le réchauffement de la planète.
     "Tout converge pour montrer la part essentielle de l'homme dans le réchauffement du climat", a souligné Susan Solomon, présidente du groupe de travail scientifique en présentant le 4è du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec).
     Jamais cette certitude, acquise à 90%, n'avait été aussi forte depuis la création en 1988 par l'Onu de ce vaste réseau d'expertise mondiale. Sont ainsi directement mis en cause les gaz à effet de serre (dont le dioxyde de carbone, CO2, est le principal) envoyés dans l'atmosphère par les sociétés énergivores en pétrole, gaz et charbon depuis le début de l'ère industrielle.
     "Le réchauffement est désormais sans équivoque: tout ce qui bouge autour de nous en témoigne", renchérit le climatologue français Jean Jouzel.
     L'alerte a sonné dans les capitales qui, de Bruxelles, à Londres ou Berlin, ont appelé à une renégociation urgente des accords internationaux, alors que la communauté internationale doit décider de l'avenir du protocole de Kyoto de lutte contre l'effet de serre.
     "Le jour approche où l'emballement climatique échappera à tout contrôle: nous sommes au seuil de l'irréversible", a également lancé le président français Jacques Chirac, appelant à une "révolution des consciences" en ouverture de sa conférence internationale pour une gouvernance écologique, dans la foulée du Giec.
     A Washington, le président George Bush, rétif aux engagements multilatéraux, a jugé que le rapport "contribuera à l'ensemble des connaissances que nous avons pour étudier la meilleure façon de répondre" aux défis du changement climatique.
suite:
          Fruit des études croisées de plusieurs milliers de scientifiques, le pronostic livré aboutit à une perspective de +1,8 à +4°C d'ici la fin du siècle par rapport à la période 1980-1999, une "meilleure estimation" parmi six scénarios envisagés, du plus vertueux au plus débridé.
     Ces valeurs sont donc des moyennes, prudemment adoptées par consensus entre les représentants des Etats, qui n'excluent pas un emballement jusqu'à 6,4 degrés dans le pire des cas et peut-être même deux fois plus aux pôles.
     La température moyenne de la Terre s'établit actuellement autour de 14°C, 14,54°C pour 2007 selon les chiffres de la météo britannique.
     Outre la hausse du thermomètre, celle du niveau des océans pourrait atteindre près de 60 cm, tandis que les experts jugent "très probable" que chaleurs extrêmes, vagues de chaleur et épisodes de fortes précipitations "continuent de devenir plus fréquents".
     Or, "40 cm en plus à la surface des océans, ce sont 20 millions de personnes obligées de fuir leur lieu de vie", insiste Jean Jouzel, qui rappelle que le changement climatique n'affectera pas les seules "générations futures, mais les enfants qui sont en maternelle et même en primaire".
     Ces dérèglements sont d'autant plus préoccupants, insiste le rapport, qu'ils resteront inéluctables "pendant plus d'un millénaire".
     "L'essentiel est désormais que les conclusions des scientifiques se traduisent en débat politique réel", insiste le climatologue du CNRS Hervé Le Treut. Combien de temps reste-t-il avant d'agir? "Trois heures!", lance-t-il sous forme de boutade.
     L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a fait valoir qu'au rythme des politiques actuelles, les émissions mondiales de gaz à effet de serre allaient encore "augmenter de 50% d'ici 2030 et plus que doubler d'ici 2050". Mais "si nous agissons maintenant, ce modèle de développement non durable et dangereux peut être modifié", ajoute-t-elle.