Le Figaro, Caroline de Malet
[16 septembre 2003]
«L'eau est le charbon du futur»,
Jules Verne en était persuadé. Pourtant, le vieux rêve
de la voiture à eau, s'il cristallise tous les espoirs de la recherche
sur les voitures propres, est loin d'être réalisé.
Son principe de fonctionnement a néanmoins de quoi séduire.
La pile à combustible produit de l'électricité à
partir d'hydrogène, par électrolyse de l'eau. Elle permet
de résoudre les problèmes de pollution, de tels véhicules
ne rejetant que de l'eau. Ni CO2 donc, puisqu'il n'y a pas de
combustion, ni aucun gaz.
De quoi séduire tous les grands constructeurs
automobiles. Sous la pression des écologistes, ces derniers sont
en effet de plus en plus nombreux à développer des véhicules
équipés de moteurs thermiques brûlant de l'hydrogène.
BMW est sur les rangs ainsi que General Motors, Honda et Mercedes avec
son autobus Citaro. Mais ces véhicules propres n'ont pas encore
quitté les laboratoires ou le stade des préséries.
Car si la voiture à hydrogène est prête techniquement,
elle souffre encore de nombreux handicaps. «Il est bien évident
qu'en l'absence de réseaux de distribution au moins comparables
à ceux qui existent pour le GPL, la diffusion de ces modèles
restera confidentielle», analyse l'Association française de
l'hydrogène. Leur autonomie est limitée à 400 kilomètres
dans le meilleur des cas. Deuxième problème : le stockage
de l'hydrogène, gaz hautement inflammable, dans le véhicule
pose des questions de sécurité.
Aussi certains constructeurs, comme Renault-Nissan
ou PSA avec son concept car H20, travaillent-ils sur la possibilité
d'embarquer de l'hydrogène à bord. Voire même d'en
produire en temps réel, à partir de raffinage d'essence ou
de méthane. C'est ce qu'on appelle le procédé du réformage,
solution transitoire non dénuée d'inconvénients, puisqu'elle
entraîne des rejets de CO2, il est vrai en quantités
moins importantes.
Enfin, le coût de la pile à hydrogène,
actuellement dix fois supérieur à un moteur à explosion,
doit être significativement réduit. Car la durée de
vie des piles à combustibles qui convertissent l'hydrogène
en électricité est limitée et en changer coûte
cher.
«Les modèles sur lesquels nous travaillons
aujourd'hui ne pourront véritablement être fabriqués
de façon industrielle que vers 2012-2015, voire 2020»,
rappelle donc Anne Falanga, directrice du programme nouvelles technologies
de l'énergie du Commissariat à l'énergie atomique
(CEA), qui travaille avec PSA. En attendant, les efforts de recherche sont
soutenus par les gouvernements, comme les Américains, qui misent
beaucoup sur cette technologie. George W. Bush a ainsi annoncé en
février un vaste plan de soutien aux recherches sur l'hydrogène,
qui prévoit de consacrer 1,5 milliard de dollars à cette
source d'énergie. Quant au budget japonais consacré à
ces recherches, il a augmenté cette année de 40% pour atteindre
258 millions de dollars.