ACTUALITE
INTERNATIONALE de L'ENVIRONNEMENT
2004
Sauf réduction des rejets de CO2, l'Arctique
fondra d'ici un siècle
OSLO (AFP) - La glace de l'Arctique, à moins
d'une réduction rapide des rejets de CO2, aura complètement
disparu en été vers la fin de ce siècle, provoquant
une hausse du niveau des océans et la disparition probable d'espèces
telles que l'ours polaire, affirme une étude à paraître
la semaine prochaine.
"Il n'y a plus de doute que des changements climatiques
se produisent dans l'Arctique et que ces changements se produiront plus
rapidement et plus intensément si la planète ne parvient
pas à réduire ses émissions de CO2 (dioxyde
de carbone)", a assuré mardi le Fonds mondial pour la nature (WWF)
en publiant certaines conclusions du rapport.
Réalisée par plus de 250 chercheurs
à la demande du Conseil arctique, l'étude --la plus détaillée
jamais entreprise sur la question-- présente plusieurs scénarios
qui augurent, sur la base du rythme actuel, d'une disparition probable
de la glace arctique, en période estivale, à la fin du 21ème
siècle.
Combinée à la fonte des glaciers et
du permafrost, la fonte de l'Arctique pourrait entraîner une hausse
d'un mètre du niveau des océans, affectant l'habitat de quelque
17 millions de personnes, a souligné le WWF.
Par ailleurs, un tel phénomène ouvrirait
un "passage nord" pour le trafic maritime entre les océans Pacifique
et Atlantique, ainsi que de nouveaux espaces à la pêche et
à l'exploitation minière.
La fonte de la glace du Groenland, qui devrait elle
prendre plusieurs centaines d'années, pourrait pour sa part contribuer
à un relèvement de sept mètres du niveau des eaux.
La disparition de la glace dans l'Arctique est aussi
susceptible de provoquer la disparition de certaines espèces de
poissons et de mammifères.
"L'ours polaire pourrait complètement disparaître
d'ici à la fin du siècle. Il a peu de chances de survivre
lorsque la glace estivale est réduite à sa portion congrue",
a précisé le WWF.
L'ours blanc se nourrit en effet essentiellement
de petits phoques lovés dans des cavités de la calotte glaciaire
que le roi de la banquise brise en bondissant dessus.
Le rapport, dont des éléments ont
aussi déjà filtré dans la presse américaine,
doit être présenté dans son intégralité
le 8 novembre.
Les huit pays du Conseil arctique --Etats-Unis,
Canada, Russie, Japon, Finlande, Suède, Islande et Norvège--
sont responsables à eux seuls d'environ 30% des émissions
humaines de CO2, selon le WWF.
"Nous devons réduire les émissions
de CO2 dès aujourd'hui", a déclaré à
l'AFP Samantha Smith, directrice du programme arctique du WWF.
"La rapidité et l'intensité du réchauffement
de l'atmosphère peuvent être limitées" par de telles
réductions, a-t-elle souligné.
Si la Russie a décidé le mois dernier
de ratifier le protocole de Kyoto sur la réduction des émissions
de gaz à effet de serre, permettant ainsi au traité d'entrer
en vigueur, les Etats-Unis continuent pour leur part de s'y refuser.