Depuis des années,
le Dakar traverse à toute berzingue les villes et villages d'Afrique,
une véritable caravane qui véhicule avec elle la vision du
monde des pays riches: compétition, individualisme et pollution.
Qu'il parte de Lisbonne - comme en 2006 -, de Clermont-Ferrand ou de Paris, le Dakar reste une compétition organisée par des sponsors français qui cache un brin de nostalgie du temps des colonies. Dans ce paysage où les habitants sont ravalés au rang de décor exotique pour individus en manque de sensations, plusieurs voix, notamment africaines, s'élèvent contre cette compétition d'un autre âge. Cette mentalité de colon apparaît clairement dans la façon dont les médias parlent des décès dus au Dakar. Ainsi, lorsqu'un pilote se tue en course, le journal L'Equipe - qui appartient aux organisateurs de l'épreuve - y consacre trois pages. Lorsque quelques jours plus tard, une fillette est écrasée par un véhicule du Dakar, seules quelques lignes lui sont dédiées, sans qu'on sache même son nom. Spectacle dangereux donc, - 23 morts (officiels) en 25 ans - cette course nous est connue avant tout par les médias, et surtout par la télévision. Les actualités sportives relatent les "exploits" de ces "aven-turiers". D'ailleurs, les organisateurs l'ont placé au début du mois de janvier car, le football faisant relâche, il fallait combler le vide laissé par cette période creuse des calendriers sportifs et combler un manque à gagner. |
L'idéologie sportive poursuit
alors son oeuvre en nous disant que ces pilotes sont des héros,
qu'il faudrait chaque jour se comporter comme eux, notamment au travail.
Etre des vainqueurs, des fonceurs, accepter la hiérarchie établie
par la loi du plus fort, ne pas tendre la main au voisin mais plutôt
l'écraser...
Au plein milieu de nos villes, les propriétaires de 4X4 font vrombir leur bolide comme si la jungle urbaine nécessitait le même équipement que les sables du désert se fichant tant des risques encourus par les piétons, que de la pollution et de l'appauvrissement des ressources énergétiques. Ne nous y trompons pas, le Dakar est une immense caravane publicitaire dont le but est de vendre toujours plus de véhicules pour un semblant "d'aventure citadine". Par exemple, la marque Lada Niva avait augmenté de 67% ses ventes suite au rallye de 1983. Il y a peu, l'enduro du Touquet a été arrêté pour protéger les dunes du littoral français. Les terres africaines ne semblent pas en valoir autant. En prenant pour terrain de sport des pays étrangers, les occidentaux agissent comme des néocolonisateurs. |
www.rtl.fr: Le bilan du Dakar
En 2006 le Dakar a fait
trois morts dont deux enfants Africains et un motard. Depuis 28 ans que
la course existe, 47 personnes ont été tuées. C'est
l'heure du bilan!
Le Dakar est une course qu'aucun pays riche ne tolérerait sur son sol. Dans nos contrées, il y a belle lurette qu'on ne pratique plus des compétitions automobiles sur routes ouvertes, c'est -à-dire où n'importe qui, pour son malheur, peut se retrouver face au véhicule d'un concurrent. Chez nous, il y a des rallyes, sur des morceaux de voies qui sont fermées à la circulation. Et surtout, de plus en plus, il y a des courses sur des circuits. Circuits fermés, bien entendu. Alors le comble, ce sont les déclarations des organisateurs du Dakar. En gros, les accidents, c'est la faute du public, qui fait un peu n'importe quoi, et des pays traversés, qui n'ont qu'à prendre des mesures de sécurité. |
Mais, même sur nos circuits fermés, et devant
un public averti, la compétition automobile fait des morts. Alors,
quand elle traverse des villages! Et notez que le Dakar pourrait se dérouler
uniquement en plein désert. Oui, mais ça aurait moins de
retentissement. Les morts, ça ajoute à l'intensité
de la compétition et, indiscutablement, ça fait parler de
la course.
Et puis, de toute façon, il y a ce gaspillage d'énergie, alors qu'on ne parle que du prix de l'essence et du réchauffement de la planète. Il y a ce spectacle, les mastodontes, qui foncent, et les hélicos, et la caravane médiatique, dans des endroits où les gens ne font que survivre, n'ont pas d'argent pour envoyer leurs enfants à l'école. Alors, quand on lui parle des 3 morts, le vainqueur de cette année dit : "Je regrette ! Mais ça ne va pas gâcher mon bonheur". Déclaration d'un très grand cynisme. Enfin, c'est juste mon avis... |
MOBILISONS-NOUS : ARRÊTONS
LE PARIS-DAKAR !