Dans la région de Kiffa, dans le sud de la Mauritanie,
une zone désertique qui se reboise depuis 2002. | AFP/GEORGES
GOBET
La déforestation de la planète
continue à un rythme alarmant: 13 millions d'hectares (l'équivalent
de la superficie de la Grèce) sont détruits chaque année.
De 1990 à 2005, le monde a perdu 3% de son couvert forestier (-
0,2% par an). Mais, pour la première fois, l'Organisation des Nations
unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui a publié,
mardi 13 mars, son rapport biennal sur la situation des forêts dans
le monde, met en relief quelques "tendances positives" dans ce sombre
bilan.
Tout d'abord, la perte nette de surfaces forestières
ralentit, grâce à l'accroissement des reboisements en Asie.
Et la superficie de forêts protégées augmente. Au total,
11% du couvert forestier est affecté à la conservation de
la diversité biologique, selon les chiffres fournis par les Etats
à la FAO, soit une augmentation de 32% depuis 1990. Le rapport relève
également une amélioration du cadre juridique, politique
et institutionnel: plus de 100 pays ont mis en place des programmes forestiers
nationaux, censés garantir une meilleure gestion des forêts.
"La situation reste mauvaise, résume
Jan Heino, sous-directeur chargé des forêts de la FAO. Mais
nous notons des progrès. Nous espérons que ces exemples pousseront
tous les gouvernements concernés à agir." Les contrastes
entre continents sont violents. Les forêts prospères - stables
ou en expansion - se situent en Amérique du Nord, en Europe, et,
pour la première fois depuis plusieurs décennies, en Asie.
La politique de reboisement à but commercial menée en Chine
(et dans une moindre mesure en Inde) compense les taux de déforestation
élevés d'autres pays (Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée). |
ESPÈCES ENVAHISSANTES
En Asie du Sud-Est, en Afrique, et en Amérique
latine, la déforestation continue en revanche à un rythme
"très préoccupant", selon la FAO. Or ces forêts
sont précieuses. "On ne peut pas mettre sur un même plan
la progression de plantations qui privilégient une ou deux espèces
à croissance rapide, et n'ont aucun intérêt sur le
plan de la biodiversité, et la destruction de zones tropicales très
riches, qui se poursuit à un rythme très élevé",
affirme Ludovic Frère, chef de l'unité biodiversité
chez Greenpeace, contestant les motifs d'optimisme de la FAO. Au total,
6 millions d'hectares de forêts primaires sont perdus ou modifiés
chaque année.
L'expansion des terres agricoles et l'exploitation
commerciale - légale ou non - sont les principales causes de destruction.
"Les forêts et la population souffrent de méthodes d'exploitation
menant à la destruction et au gaspillage", affirme le rapport.
Ces pratiques persistent "en raison de considérations économiques
et d'une absence de prise de conscience". La superficie de forêts
certifiées - respectant certaines règles liées l'environnement
- a certes progressé (7% au total), mais celles-ci se trouvent dans
les pays développés. "L'objectif initial, la lutte contre
la déforestation tropicale, n'a pas été atteint",
relève la FAO.
Dans les pays en développement, le
bois est également la principale source d'énergie. La FAO
met l'accent sur une autre menace sur la biodiversité des forêts
: l'introduction d'espèces envahissantes, favorisée par le
commerce international.
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