Pour la National Oceanic and Atmospheric
Administration (NOAA) américaine, l'augmentation de la fréquence
des événements cycloniques s'explique par des "cycles
naturels". Dans son dernier rapport, le Groupe d'experts intergouvernemental
sur l'évolution du climat (GIEC) considère en revanche
comme "vraisemblable" - c'est-à-dire avec une probabilité
supérieure à 50% - que cette tendance soit imputable aux
gaz à effet de serre, sans trancher toutefois la question (Le Monde
du 1er février).
Dans l'édition en ligne des Philosophical Transactions of the Royal Society, deux chercheurs américains, Greg J. Holland (Centre national de recherche atmosphérique de Boulder, Colorado) et Peter J. Webster (Institut de technologie d'Atlanta, Géorgie) se montrent plus affirmatifs. Selon eux, "le niveau actuel de l'activité cyclonique dans l'Atlantique nord constitue pour une large part une réponse au changement climatique d'origine anthropique". Les auteurs ont recensé tous les épisodes cycloniques répertoriés depuis un siècle, de façon plus exhaustive depuis la mise en place, en 1944, de la surveillance aérienne et celle, à la fin des années 1960, des observations satellitaires. Ils mettent en évidence la succession de trois régimes climatiques, entre lesquels la fréquence des cyclones a brutalement progressé, à chaque fois, de 50%. COURBE ASCENDANTE
|
Les chercheurs en concluent que, d'un point
de vue statistique, "il existe une relation forte entre les températures
océaniques et l'activité cyclonique". Curieusement, rapportée
au nombre total d'ouragans, la proportion d'événements extrêmement
violents (de catégorie 3 à 5) ne suit pas la même courbe
ascendante, mais semble régie par "des oscillations internes
au système climatique".
Contredisant en apparence cette étude, l'année 2006 a été marquée par une activité cyclonique relativement faible. La raison en est la conjugaison des phénomènes La Niña et El Niño, qui, engendrant dans l'Atlantique nord des alizés plus forts que la normale, ont évacué une partie de la chaleur de l'océan nécessaire à la formation des cyclones. Mais, pour le futur, les chercheurs estiment qu'une hausse de 1 à 2°C de la température des eaux au cours du prochain demi-siècle pourrait se traduire par une moyenne de 20 à 25 événements cycloniques par an, dont 10 à 15 ouragans. Pierre Le Hir
LEXIQUE
|