L'actuel réchauffement climatique
modifie-t-il l'activité cyclonique? Alors que le nord-est de l'Australie
était balayé, lundi 20 mars, par le plus violent cyclone
que le pays ait connu depuis trente ans, la question est au centre d'une
âpre polémique dans la communauté scientifique.
Pour certains, il s'agit de la principale cause de la puissance inhabituelle des cyclones observés depuis trois décennies. Pour d'autres, rien ne permet de l'affirmer. Outre-Atlantique, la controverse est d'autant plus virulente que les dégâts dus au cyclone Katrina pendant l'été 2005 ont contribué à exacerber et à politiser le débat sur l'impact du réchauffement. Dans une étude publiée vendredi 17 mars par la revue Science, des chercheurs du Georgia Institute of Technology analysent les corrélations entre l'activité cyclonique observée depuis 1970 et les variations de certains paramètres climatiques. Selon eux, la hausse du nombre de cyclones violents est liée à l'augmentation de la température de surface des océans dans la zone tropicale plus qu'à tout autre facteur. |
Cependant, les spécialistes estiment que
ces travaux ne closent pas les discussions. "L'étude analyse
ce qui s'est passé au cours des trente dernières années,
mais elle n'est pas conclusive en ce qui concerne l'avenir, dit Jean-Claude
André, directeur du Centre européen de recherche et de formation
avancée en calcul scientifique. Les modèles numériques
ne permettent pas de dégager une tendance claire, dans la mesure
où d'autres paramètres que la seule température de
surface de l'eau peuvent jouer. C'est en particulier le cas de la variation
de la force des vents en fonction de l'altitude." Mais les chercheurs
ne sont pas parvenus à identifier une orientation univoque de ce
dernier facteur au cours des trois dernières décennies.
De plus, les climatologues n'ont pas la certitude d'avoir toutes les cartes en main. "Il n'est pas exclu que l'accroissement de l'activité cyclonique que nous observons puisse être le fait de cycles naturels s'étalant sur plusieurs décennies", ajoute M. André. Beaucoup attendent le prochain rapport, début 2007, du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat pour voir un consensus se former sur la question. Mais, précise M. André, il "est aujourd'hui en cours de rédaction, et il est peu probable qu'il tranche le débat". |