Savez-vous où se trouvent
les centrales électriques les plus polluantes en Europe? Dans les
pays de l'ancien bloc soviétique? Eh bien, non, raté. Selon
le classement publié hier par le WWF, à partir des statistiques
de l'Union européenne, c'est en Grèce qu'on fait le moins
attention à l'environnement. Le titre de «la plus sale centrale
européenne» revient au complexe d'Agios Dimitrios, situé
au nord du pays. Appartenant au groupe DEH, Agios Dimitrios utilise comme
combustible du lignite, une forme particulièrement intense en carbone
du charbon. Du coup, il émet en moyenne 1.350 g de CO2
par kWh.
Filiales EDF. Dans l'ordre décroissant viennent une autre centrale grecque, celle de Kardia, située en Macédoine orientale, puis cinq centrales allemandes : celles de Niederaussem (en Rhénanie), Jänschwalde (dans le Brandebourg), Frimmersdorf (près de Düsseldorf), Weisweiler (près de Cologne) et Neurath (près de Düsseldorf). On trouve ensuite d'autres centrales allemandes, des centrales polonaises et britanniques. La plupart des groupes électriques européens sont concernés : les allemands E.ON et RWE, l'italien Enel, et même EDF. Si aucune centrale française ne fait partie de cette liste, l'électricien public est concerné via ses filiales britannique (EDF Energy) et polonaise (Elektrownia Rybnik). Avec ce classement, le combustible responsable est clairement identifié : le charbon. Les douze centrales en tête fonctionnent au lignite, celles venant ensuite utilisent du charbon, parfois combiné avec du gaz ou du fioul. Autre enseignement de cette étude, relevé par Stephan Singer, en charge du climat et de l'énergie au sein du WWF, «en 2006, les Dirty Thirty [les 30 les plus sales, ndlr] ont émis 393 millions de tonnes de CO2, soit 10 % du total des émissions de CO2 de l'UE. Si l'on veut mettre en oeuvre une politique qui réduise les gaz à effet de serre, il est nécessaire de réfléchir à long terme au devenir de ces centrales. |
Nous ne préconisons pas de les fermer, mais de penser dès
maintenant aux nouvelles générations qui viendront après».
Les trente usines ont pour la plupart été mises en fonction
dans les années 60, et certaines doivent fermer bientôt. C'est
le cas du complexe de Frimmersdorf, en Allemagne, dont la fin, d'abord
prévue pour cette année, a été repoussée
à 2009. «Il ne faut pas manquer cette occasion pour changer
de mix énergétique», poursuit Stephan Singer.
Scénarios. Plusieurs hypothèses pour arriver à une production équivalente d'électricité ont été étudiées par le WWF: soit remplacer les Dirty Thirty par de nouvelles centrales au charbon plus efficaces, soit par des centrales à gaz, soit enfin par des énergies renouvelables. A horizon 2030, le premier scénario (maintien du charbon) ferait baisser les émissions annuelles de 21%, le deuxième (privilégiant le gaz) de 55%, et le troisième (avec les renouvelables) de 79%. La conclusion est sans appel: «Si on continue à fonctionner au charbon, l'Europe sera bloquée pour des décennies à des hauts niveaux de production de CO2.» Il y a une hypothèse que le WWF s'est refusé à étudier, le choix de l'atome. «Les centrales nucléaires, avec les déchets qu'elles produisent, ne sont pas adaptées pour résoudre des questions environnementales, indique Stephan Singer. On ne traite pas une maladie avec un remède qui introduit un nouveau mal.» Le WWF pourra-t-il tenir encore longtemps cette position maximaliste? En Allemagne, où a été adopté le principe d'une sortie du nucléaire d'ici 2020, c'est le charbon qui est prévu comme l'énergie de remplacement. Ce qui ne va pas améliorer les taux d'émission de CO2. |