Le sol est une gigantesque banque díénergie.
Agissant comme un gros radiateur souterrain, un système géothermique
peut chauffer ou climatiser une maison à partir de cette source
presque intarissable.
Ce principe est loin díêtre nouveau. Plusieurs entreprises et quelques propriétaires de résidence ont déjà choisi cette voie verte pour chauffer leurs espaces. Dans la région de Québec, la température du sol est de 8°C. En installant des tuyaux profondément dans la terre et en y faisant circuler un mélange liquide díeau et díéthanol, il est possible díabsorber la chaleur du sol pour la diffuser ensuite dans une résidence. Après être passé dans les conduites souterraines, le liquide réchauffé est apporté à un compresseur qui fonctionne à líinverse díun réfrigérateur: il réchauffe líair en se refroidissant. Ensuite, líair entre dans la maison à 35°C, ce qui est largement suffisant pour répondre au besoin de confort des occupants. Líexcès de chaleur peut être redirigé vers le chauffe-eau. Lorsque líair se réchauffe en été, le système fonctionne à líenvers et utilise la fraîcheur du sol pour climatiser les pièces. |
La différence entre une thermopompe et un
système géothermique, cíest la présence díun trou
dans le second cas. En effet, les conduites intérieures sont les
mêmes. À preuve, on peut les réutiliser.
«La profondeur du trou varie selon la grosseur de la maison et selon le choix de chauffage à air ou radiant. Il existe plusieurs dispositions de tuyaux : vertical, en tourbillon, etc. Avec un système de tuyauterie en slinky, le sol peut bouger et causer des dommages, ce qui réduit líefficacité du système. Avec un tuyau vertical, il y a moins de problème. Ce sont les mêmes conduites employées pour le gaz naturel, alors cíest du solide», précise Denis Couillard, de la compagnie Miville. «Ce à quoi il faut vraiment faire attention, cíest de síassurer que le trou soit assez creux. Pour un cottage moyen, ça peut facilement être nécessaire de descendre jusquíà 120 mètres, tout dépendant de la qualité du sol», poursuit Alphonse Landry, un spécialiste du domaine depuis près de 20 ans et propriétaire du Centre géothermique du Québec. |
Question de prix
La géothermie peut apporter díimportantes
économies sur la facture díélectricité. Cependant,
il importe de faire minutieusement ses devoirs avant díacheter.
Le coût díun système géothermique est de 25.000 à 30.000 $, alors quíun système de chauffage standard coûte de 12.000 $ à 15.000 $. Il faut donc compter 10.000 $ à 18.000 $ supplémentaires. Plusieurs facteurs font varier les coûts. Si les conduites díaération díune thermopompe sont déjà en place, le prix baisse. Par contre, si une maison possède seulement des plinthes électriques, il faudra débourser plus. Néanmoins, les économies ultérieures sont appréciables dans les meilleurs des cas. On peut síattendre à faire en moyenne 70% díéconomie sur sa facture díélectricité pour le chauffage, qui représente lui-même jusquíà 70% des dépenses énergétiques díun ménage. Par exemple, si un propriétaire paie 3.000 $ díélectricité par année, 2.100 $ proviennent du chauffage. Síil économise 70% de cette somme, il lui en coûtera seulement 630 $. Il épargne donc près de 1.500 $ par année. Si son système lui a coûté 15.000 $, il se remboursera à même cette économie en 10 ans. « La géothermie síadresse aux propriétaires de thermopompes qui sont tannés de sortir líhiver pour déneiger le compresseur», blague M. Couillard. |
En fait, la rentabilité est le grand intérêt
de cette technologie. La plupart des gens le font pour líéconomie,
selon les spécialistes interrogés. Ils économisent
de líénergie, cíest donc plus de sous dans leurs poches.
«Cíest pour monsieur et madame Tout-le-Monde. Il y en a beaucoup bientôt à la retraite qui veulent être plus indépendants du point de vue de líénergie. Il y a aussi de jeunes professionnels qui veulent économiser et avoir du confort», dit M. Landry. Ce concept est particulièrement intéressant pour les résidences neuves. Mais on peut très bien líappliquer ailleurs, dans un quartier où les maisons sont rapprochées ou à la campagne, ainsi que dans tous les types de sol ou presque. Cependant, la géothermie níest pas toujours la solution miracle. Dans certains cas, il vaut mieux éviter cette technologie qui entraînera plus díinconvénients que díavantages. «Pour un jeune couple qui veut revendre sa maison dans deux ou trois ans, ce níest peut-être pas une bonne idée. En effet, un système géothermique ne permettra de récupérer quíenviron le quart de sa valeur initiale au moment de la revente», indique M. Couillard. De plus, la géothermie níest pas conseillée aux ménages qui consomment moins de 2.000 $ díélectricité par année. Il faut alors calculer avec précaution la période de rentabilité, indique M. Couillard. «Díhabitude, on tente de payer le système avec les économies réalisées sur une période de moins de 10 ans.» |
Appui du gouvernement
Au Canada et aux États-Unis,
plus díun demi-million de personnes ont déjà recours à
la géothermie à la maison. Ils sont plus de 400.000 en Europe.
Bref, líintérêt des citoyens est bien présent et constitue
une mine díor pour les entreprises spécialisées.
Depuis plusieurs années, líindustrie de la géothermie résidentielle écoute avec attention les rumeurs voulant que Hydro-Québec donne un coup de pouce financier aux propriétaires qui choisissent ce mode de chauffage. Pour le moment, rien ne bouge. |
Díautres gouvernements et sociétés
díÉtat sont allés de líavant. Cíest le cas de Manitoba Hydro
qui offre des prêts de 15.000 $ pour aider les propriétaires
de résidence à changer de type díinstallation de chauffage.
Cette somme est payable sur 15 ans à un taux díintérêt
de 6,5%. Les paiements se font à même la facture mensuelle.
Les économies réalisées grâce au nouveau système
viennent réduire davantage les coûts díélectricité
des Manitobains qui participent à ce programme.
Selon les calculs de Manitoba Hydro, líinstallation de 1.000 pompes géothermiques permet díinsuffler 15 millions $ et 150 emplois à líindustrie de la construction. Chaque maison qui profite de la chaleur du sol réduit de 10 tonnes ses émissions de CO2. |