Débâcle générale
dans le nouveau monde européen de la «finance carbone».
Hier, moins de seize mois après le lancement des Bourses européennes
des droits à polluer, le prix d'une tonne de dioxyde de carbone
(CO2), l'un des six gaz à effet de serre responsable
du réchauffement climatique, a subitement perdu de sa valeur. A
Powernext Carbon, la Bourse européenne des «droits
à polluer», le prix des certificats d'émission de CO2
a baissé de plus de 35%. «Nous avons clôturé
à 15,70 € la tonne de CO2 contre 24,30 € en
début de séance, explique Jean-François Conil-Lacoste,
directeur général de Powernext. Tout cela est dû
à des circonstances exceptionnelles.»
En fait, six pays la France, la République tchèque, les Pays-Bas, l'Estonie, la Belgique et l'Espagne ont annoncé hier avoir enregistré des émissions de dioxyde de carbone inférieures aux fameux PNAQ (Plans nationaux d'allocations de quotas) mis en place depuis début 2005 et validés par la Commission européenne. En Europe, 11.500 sites «pollueurs» (des centrales thermiques, des raffineries, sidérurgistes, cimentiers et autres chimistes) sont concernés par ces quotas d'émission. |
En France, le PNAQ pour l'année 2005 concerne 1.085 installations,
pour un total d'émission de 156 millions de tonnes de CO2
autorisées. L'Hexagone est donc en deçà de 11,6% par
rapport à son PNAQ. Les cinq autres pays sont tout aussi vertueux
que la France. Du coup, les spéculateurs et autres investisseurs
qui avaient misé sur une envolée du cours de la tonne de
CO2 en Bourse en sont pour leur frais. Même s'il manque
encore à l'appel les publications d'émission de 19 pays européens.
«Nous les connaîtrons dans quelques semaines, précise
Cédric Philibert de l'Agence internationale de l'énergie.
Reste que ce marché est en phase de structuration, il est donc
normal qu'il s'ajuste aussi brutalement. D'autant plus que c'est la première
fois qu'on fait le bilan annuel par pays européen des émissions
de CO2.»
A quoi attribuer ce comportement "écolo" (? souligné par Resosol) des entreprises françaises? A des investissements réalisés dans de nombreux sites, rendant les productions moins polluantes? Ou à une activité économique atone, donc moins consommatrice d'énergie, donc moins polluante? «On ne sait pas encore. Mais peut-être ces premières allocations ont-elles été trop généreuses», conclut le patron de Powernext. (N.d.Resosol: Ce qui nous semble la réponse la plus proche de la vérité, même si c'est trop tmidement avoué...) |