Début 2006, la
revue Nature publiait une étude surprenante: une équipe
de l'Institut Max-Planck d'Heidelberg (Allemagne) venait de constater que
les plantes émettaient de grandes quantités de méthane
(CH4), un gaz à effet de serre dont le pouvoir de réchauffement
de l'atmosphère est vingt fois plus puissant que celui du CO2.
Cela chamboulait la répartition des sources de carbone adoptée
par les experts, qui considéraient jusqu'alors le méthane
comme un sous-produit de l'activité microbienne en l'absence d'oxygène.
Et remettait en cause la stratégie de reforestation envisagée
pour lutter contre le réchauffement climatique.
"Pas si vite!", préviennent en substance des chercheurs néerlandais dans le dernier numéro de la revue New Phytologist. Tom Dueck (Plant Research International, Wageningen) et ses collègues ont reproduit l'expérience présentée dans la revue Nature et abouti à des conclusions totalement opposées. "Nos données indiquent que la contribution des plantes terrestres aux émissions globales de méthane est au mieux très faible", concluent-ils. |
PLUS PROCHE DES CONDITIONS RÉELLES
Tom Dueck a testé l'activité biologique de six plantes - dont le maïs, le basilic, la sauge et le blé - après les avoir fait pousser dans un environnement enrichi en carbone radioactif (13C). Ce marqueur lui a ensuite permis de distinguer le méthane naturellement présent dans l'atmosphère de celui, marqué au 13C, que la plante était censée émettre. Or "la teneur de celui-ci n'était pas statistiquement différente de zéro", conclut-t-il. Pour Philippe Bousquet, du Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE), ces nouveaux résultats sont d'autant plus intéressants que "Dueck a travaillé dans des conditions plus proches des conditions réelles que Keppler", avec des chambres de mesure plus grandes et des conditions mieux contrôlées. Il note que plusieurs articles récents évaluant les sources de méthane avaient déjà révisé à la baisse la contribution de la végétation, par rapport aux évaluations de Keppler. "C'est une étape mais pour moi la question n'est pas encore définitivement tranchée", indique-t-il. Hervé Morin
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