pour un réseau électrique intelligent La concession d'exploitation du barrage de
Bissorte en Maurienne arrive à échéance en 2014. Le
marché d'attribution sera lancé fin 2010. La retenue d'eau
de Bissorte (2080m), mise en service en 1938, a été complétée
en 1987 par une deuxième retenue au niveau de l'Arc (Pont des Chèvres,
925m) et un réaménagement de l'usine (Super-Bissorte) en
station de pompage d'énergie par pompage-turbinage (STEP) de 750
MW. C'est l'une des huit installations STEP en France qui permet de produire
de l'énergie électrique à partir du réservoir
haut en période de pointe de consommation et d'accumuler l'énergie
en refoulant l'eau du réservoir bas vers le réservoir haut
en période creuse. L'énergie électrique n'étant
pas stockable, la recharge des barrages est le seul moyen dont on dispose
actuellement pour stocker de l'énergie en quantité équivalente
à celle d'une centrale thermique ou nucléaire. De plus cette
énergie (en million de KW) est mobilisable en quelques minutes.
Les STEP ont été réalisées par EDF comme des
installations complémentaires des centrales nucléaires qui
ne peuvent pas modifier aisément leur puissance de base.
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(...) Une panne du réseau européen le 4 novembre 2006,
consécutive à une erreur de jugement du gestionnaire allemand,
a provoqué l'isolement des réseaux français et espagnols
qui se sont trouvés brusquement en sous-capacité. Les opérateurs
de RTE, Réseau de Transport d'Electricité, ont rétabli
la situation en mettant neuf barrages en service: «A 22h15, la
production des usines hydroélectriques de Bort, Montézic,
Grand Maison, Villarodin, Sarran-Bromat augmentait de 2.800 MW, suivie
à 22h20 par 1.140 MW venant de Tignes, Super-Bissorte, La Bathie
et Monteynard.» (http://www.rte-france.com/)
Les barrages-réservoirs sont donc des dispositifs indispensables à la sécurité actuelle du réseau électrique. Mais ils sont aussi indispensables pour rendre utilisables d'autres sources d'énergie renouvelable qui, sans eux, seraient ingérables. Ce sont donc des installations clefs très convoitées, car elles permettent de vendre de l'électricité très chère. Il faut aussi considérer que la nationalisation des compagnies d'électricité et la création d'EDF en 1946 a permis l'exploitation rationnelle des possibilités hydroélectriques des Alpes. Les barrages sont interconnectés par un réseau complexe de conduites pour la gestion optimale des ressources en eau qui sera plus que nécessaire pour faire face à la diminution des précipitations et au retrait des glaciers. Si les barrages sont confiés à des opérateurs différents, qui gèrera le réseau hydraulique, avec quelles règles techniques et comptables? Qu'en sera-t-il de leur disponibilité quand chacun fera ses travaux de maintenance à sa guise, ou monopolisera l'ouvrage pour son usage exclusif? Est-ce que la gestion du réseau électrique national sera améliorée ou compliquée inutilement? A l'occasion de la préparation des appels d'offres (Le Monde du 7 août 2009), l'Etat, les départements, les communes cherchent à alimenter leur budget ou à obtenir des aménagements écologiques ou touristiques. La puissance publique semble se désintéresser de l'enjeu stratégique de la place de ces ouvrages dans la gestion du réseau électrique et des ressources en eau. Ne serait-il pas plus raisonnable de considérer que les barrages-réservoirs sont des éléments indispensables d'un réseau «intelligent»? Il conviendrait alors d'en confier la responsabilité directe à un opérateur unique, RTE qui, en plus des infrastructures inertes, lignes, transformateurs, disjoncteurs, disposerait des équipements dynamiques pour équilibrer finement en routine, ou massivement en urgence, l'offre et la demande d'énergie électrique. |