RÉSEAU SOL(ID)AIRE DES ÉNERGIES !
A) Une si longue... hypocrisie
(2003)

INTRODUCTION

    Pointons du doigt une immense hypocrisie véhiculée voire même manipulée en particulier lors de rencontres dont le thème est souvent du domaine de la problématique énergétique du futur et/ou du développement durable (D-D). La conséquence en est une inadaptation des solutions proposées actuellement. (A ce propos, le concept du D-D et ses bases («occidentales») mériteraient bien d'être étudiées dans le cadre de ces rencontres, tellement ils sont liés à la problématique de l'énergie...) 
    L'hypocrisie dont il est question ici est celle au sujet de l'accès à l'énergie des «Pays en Voie de Développement» (autre hypocrisie, voire fumisterie...) et elle peut tenir en deux points: 
   1) On affirme, avec l'aide de multiples statistiques, que dans les années à venir «l'augmentation de la population mondiale s'effectuera pour 95% dans les "PVD"». Il ne s'agit pas de mettre cette augmentation en doute, mais de signaler qu'on feint ignorer celle de la «population des machines» (Jacques Grinevald) de l'Occident s'effectuera dans le même temps essentiellement dans les pays hyper-industrialisés! Soyons honnêtes et comparons l'explosion technologique de la puissance cumulée de ces «moteurs» de riches et l'explosion démographique des humains, qui, dans leur grande majorité, sont pauvres et en possèdent peu! 
   2) Rappelons d'abord que le D-D, à l'instar des ER, a une connotation souvent réductrice, dans le sens «réservé pour plus tard»; mais surtout, par on ne sait quel tour de passe-passe, il faudrait croire que ces pauvres deviendraient soudainement riches?! Et si soudainement qu'on devrait y voir pousser, quasiment miraculeusement, une multitude de centrales électriques (de préférence nucléaires...)? Avec quelles finances, avec quelles matières premières (exemple du Cu: selon l'augmentation annoncée pour la seule Chine, toutes les réserves mondiales seraient nécessaires), quels contextes «géo-météorologiques» (climat, séismes, etc.), d'ailleurs avec quelle eau (en France EDF est déjà le premier consommateur, AVANT l'agriculture...), sans oublier dans quels contextes «géopolitiques» qui, on le sait, seront indéfiniment stables dans nos pays?! Et tout cela, alors que la principale cause d'augmentation mondiale de la consommation vient des transports, qui comme chacun semble le croire, sont alimentés par l'électricité et donc le nucléaire?! Allons vite nous enrichir au Tiers-Monde!
    Attention! Je n'ai pas dit qu'il n'y aurait pas d'augmentation de consommation énergétique mondiale; mais la «mettre sur le dos» des PVD "futur «Axe du Mal»?" permet, à trop bon compte pour être honnête, de justifier le redémarrage de programmes démesurés, avec des risques de... dépendance par filière unique, des risques économiques (inadéquation du nucléaire avec la libéralisation...) et donc financiers, surtout pour le Sud, par immobilisation de capitaux énormes.

"DEVELOPPEMENT"

    Les caractéristiques essentielles définies par le CME (Conseil Mondial de l'Energie) pour l'énergie du futur sont: disponibilité - accessibilité - acceptabilité auxquels je rajouterai adaptabilité. Seules les énergies renouvelables ("ER") sont parfaitement capables de satisfaire ces critères et les seules en mesure de répondre au vide de solidarité et de sociabilité découlant de l'absence de débats entre citoyens et "experts" sur l'approvisionnement énergétique. Pour le «Sud», des techniques fiables, éprouvées existent, bien plus économes en moyens et argent, telle particulièrement la méthanisation;  mais «curieusement», la biomasse, largement utilisée dans ces pays ne figure pas dans les comptes officiels... 
    Pour les autres formes d'énergies (fossiles ET fissile), il faut rappeler la fragilité de la sophistication, la vulnérabilité de la centralisation de l'énergie, alors que la globalisation de l'économie implique la généralisation de concentrations et la multiplication d'accidents... d'extermination.
    Mais, même sans aller jusque-là, les grands centres énergétiques sont des instruments de puissance ET talons d'Achille de nos sociétés et il faudra choisir entre gigantisme et sécurité. Sans parler des actes terroristes, les accidents technologiques majeurs sont passés de 3 à 4 par 5 ans entre 1940 et 1970 à 30 depuis! 
    Au lieu de cela, le soleil met à notre disposition une gigantesque centrale thermonucléaire, :-), qui présente l'avantage de donner son énergie tout en gardant ses déchets et qui ne tombe jamais en panne! Son plus gros handicap ne serait-il pas, au contraire des énergies non renouvelables, qu'étant disponible pour toujours et pour tous, il ne peut être centralisé, monopolisé,... libéralisé?! Les gouvernements n'aiment donc guère privilégier une telle énergie, capable de favoriser l'indépendance de régions (au sens géopolitique) qui n'ont, à leurs yeux, que trop tendance à rechercher leur autonomie.

CONCLUSION

    Le défi n'est pas seulement technologique, mais éminemment politique. Actuellement, la moitié du potentiel scientifique et technique mondial (consacré pour moitié aux recherches spatiales, militaires et nucléaires!) est utilisée pour développer des techniques qui ne peuvent pas intéresser les habitants des pays pauvres, cíest-à-dire plus de la moitié du globe. En renonçant à répéter les erreurs du passé, en développant des techniques plus simples et accessibles, les énergies renouvelables pourraient participer à réaliser un véritable développement durable et donc jouer le rôle de stabilisateur social en étant instruments de paix.

 
Promouvons une ÉNERGÉTHIQUE !
    Il me semble donc justifié de dire qu'une telle unanimité est suspecte en dissimulant la complexité du réel, la multiplicité des perceptions, les affrontements d'intérêts et l'hétérogénéité des stratégies des acteurs. Cette unanimité accompagnant les politiques dites "de développement durable" mérite d'être sérieusement interrogée.
    Le D.D. présenté comme "solution" (quasiment miracle) aux innombrables problèmes actuels de choix technologiques, économiques et politiques? C'est, au contraire un problème à résoudre, enjeu par enjeu, territoire par territoire. Pas de définition stabilisée de la notion, pas plus des objectifs précis qu'elle recèle que des moyens de les réaliser. Et un contenu à élaborer chaque fois qu'on s'y réfère.
Yves Renaud
Président du SOLAR Club du CERN

"En écho" au texte ci-dessus:
B) Promising the earth
Clean developent is deeply seductive, but can we really make it happen?
    THERE are international makets in stocks, shares, metals, corn and just about everything else you can think of. Then there are more abstract markets in the future prices of all the things in those markets. But now the world is going to see the most abstract market of all - one in which it will be possible to trade the nonproduction of an invisible gas. And, strangely, this piece of magic might save the world from global warming.
    That at least is what representatives at the climate conference in Buenos Aires believe (see p. 16, revoir original de PUFY). They may be right but the new market is being introduced in a rush and there are still many pitfalls that must be avoided.
    One part of the new market - the Clean Development Mechanism as the climate control bureaucrats have decided to call it - is meant to work as follows. Western techno1ogy companies will earn carbon credits in developing countries by investing in renewable energy projects or by enlarging carbon "sinks" such as forests.
    These credits are for the carbon-dioxide emissions that would have taken place were it not for the new technology, or for the extra carbon taken up by new forests. They can then be taken home and sold to heavy polluters in industrialised countries, allowing them to increase emissions.
    At Buenos Aires, would-be carbon entrepreneurs and many third-world governments rushed to support the scheme, so it was given a starting date of 2000. That means we could have a world in which developing nations are able to bypass dirty coal and oil-based energy technologies, go straight to clean energy, such as wind and solar power, and have a new incentive to revive their tropical forests.
    But the rush to "go live" with the Clean Development Mechanism may obscure some real problems. How do you decide if a project really has prevented CO2 pollution? A country may announce that it will abandon plans to build a coal-fired power station and opt for wind turbines instead. But did it really plan the coal-fired plant? Or was this simply a device to win some lucrative carbon credits?
    The problems are even greater for sink projects. If a new forest displaces loggers, they may simply cut down forest elsewhere. How permanent does a sink have to be? Foresters lobbing in Buenos Aires hope to walk away in forty or fifty years, when the trees have grown tall. But would the carbon credits have to be handed back if the forest were later felled? It is not even clear if a forest fire during the project would negate the value of the credits. And there is also the risk that cheap forest projects could drive down the market price of carbon credits and stifle investment in clean energy.
    These problems are soluble provided the rules for Clean Development Mechanism projects, to be drawn up over the next year or so, are tight enough and their enforcement firm enough. One essential is that purchasers of carbon credits should have some liability if the project proves to be a failure.
    Last week economists objected that tough rules will put off entrepreneurs and traders. While that might be so, scientists must remind them that the trade is flot an end in itself, only a means to protecting the world.
PUFY CERN/New Scientist, 27.10.98, p.3. editorial