RESEAU SOL(ID)AIRE DES ENERGIES !
Débat problématique énergétique / effet de serre / climat, etc.
Pétrole

2008
Le pic du pétrole: problème, conséquences, solutions
http://www.etopia.be/spip.php?article810
http://www.etopia.be/IMG/pdf
(11 pages )
Sommaire de ce texte:
# Le problème
    * «Réserves» de pétrole: de quoi s’agit-il ?
    * Peut-on vider les réserves à n’importe quel rythme ?
    * Pour quand le déclin de la production de pétrole ?
    * Et nous ?
# La solution
    * Le pétrole, une matière première incontournable
    * Or il n’existe aucun substitut actuellement disponible pour combler le déficit
    * Solutions
    * Energies alternatives
    * Réduction de la consommation (sans changement de mode de vie)
    * Changement de mode de vie
    * Le Pic du pétrole et le réchauffement climatique
# Conclusions
"Peak oil": pour quand ? La vie après le pétrole, par Jean-Luc Wingert, Editions Autrement, 2005.
    Alors que des experts indépendants prévoient une chute de la production pétrolière à partir de 2015, les études officielles, présentées par les Etats et les compagnies, la situent entre 2030 et 2060 selon les organismes. Une polémique qui occulte le vrai débat, celui de l'épuisement certain des réserves et de l'impasse énergétique.

    Il est certes admis que le pétrole constitue une source d'énergie non renouvelable, mais la question de savoir à partir de quand exactement est loin de faire consensus. L'ASPO (Association for the study of peak oil), créée en 2000 par des experts européens en géologie, --dont d'anciens consultants auprès de Total ou de Shell-, estime que le peak oil pourrait intervenir vers 2015. Ce pic de production est défini comme l'instant à partir duquel la production pétrolière mondiale va commencer à s'effondrer irrémédiablement, faute de réserves suffisantes. Une situation de "déplétion" s'installera ensuite, jusqu'au déclin des ressources pétrolières. Depuis plusieurs années, l'Aspo alerte les gouvernements sur l'imminence de ce dernier choc pétrolier, et sur ses conséquences pour la planète. Seul expert français membre de l'Aspo, Jean Laherrère est un géologue qui a travaillé pendant trente-sept ans pour Total, et a participé aux campagnes d'exploration du groupe. Il situe le peak oil en 2015, avec un montant total de 3.000 milliards de barils. Selon ses estimations, la production des pays de l'OPEP atteindrait un maximum vers 2020 et celle des pays hors OPEP vers 2010. Le pic de production du pétrole "conventionnel" serait ensuite suivi, entre 2030 et 2050, par celui du pétrole "non conventionnel", c'est à dire le pétrole issu du charbon, d'huiles extra-lourdes ou de sables asphaltiques.

Bataille de chiffres
    Dénonçant la falsification des chiffres sur les réserves pétrolières, Jean-Luc Wingert, auteur de l'ouvrage "La vie après le pétrole", estime  que "la notion de pic suivi de déclin est rejetée par de nombreuses personnes convaincues du progrès illimité de la science et des techniques (...) Les hommes politiques ne veulent pas parler de catastrophe, car cela supposerait qu'ils apportent des remèdes, ce qu'ils savent impossible". Selon l'Aspo, les pays producteurs exagèrent leurs ressources car elles reflètent le patrimoine financier que les Etats valorisent ou déprécient selon leur intérêt du moment. Selon Colin Campbell, membre de l'Aspo, 46% des ressources actuelles déclarées par les principaux pays de l'Opep seraient "douteuses, sinon fausses". Pour les compagnies pétrolières, l'enjeu est évident. Leur valorisation boursière dépend en effet des réserves dont elles peuvent se prévaloir. Evoquant le risque d'image pour les entreprises comme pour les pays producteurs et consommateurs de pétrole, Jean-Luc Wingert souligne que "tous les dirigeants et hommes politiques sont jugés sur la croissance de leurs entreprises de leur pays, il ne font donc pas parler d'arrêt de la croissance".  Réunie en mai dernier à Lisbonne, l'Aspo voit actuellement "le second âge du pétrole", celui d'une ressource devenue chère, en passant de 10 dollars en 1998 à plus de 60 actuellement. D'ores et déjà, la banque d'affaires Goldman Sachs, leader mondial des produits liés l'énergie, a estimé que le marché du pétrole était entré dans une phase de "super hausse", qui pourrait encore faire grimper le prix du baril, jusqu'à 105 dollars...L'ère du pétrole cher signifierait un changement profond de nos modes de vie et de l'économie mondiale, théorie battue en brèche par les instituts nationaux.

Ainsi, l'IFP (Institut français du pétrole) estime-t-il au contraire que " la fin du pétrole n'est pas pour demain ". L'institut affirme que le débat actuel sur le peak oil se nourrit de la flambée des prix mais qu'il existe bel et bien des "réserves prouvées". "Celles-ci correspondent à 40 ans de consommation (...) A ces réserves dont l'existence est établie avec une certitude raisonnable, peuvent être ajoutées celles contenues dans les gisements restant encore à découvrir, qui représentent environ 1.000 milliards de barils (...) Enfin, une partie des pétroles non conventionnels  comme les sables asphaltiques et les bruts extra-lourds du Canada et du Venezuela, dont l'exploitation a déjà commencé, représente des quantités équivalentes aux réserves de pétrole conventionnel du Moyen Orient". L'IFP fait également valoir que  "ces données sont susceptibles elles-mêmes d'être revues à la hausse en fonction de l'évolution des techniques (...). Un prix du baril qui se stabiliserait au-dessus de 30 dollars pourrait rendre accessibles des ressources supplémentaires et assurer la rentabilité de nouvelles filières de production de carburants". Reconnaissant néanmoins un probable pic de production entre 2025 et 2040, l'IFP y voit un " délai qui donne qui donne du temps pour réaliser de nouveaux progrès et mettre au point de nouvelles techniques, qui devra être utilisé pour repousser encore l'échéance, de manière à donner aux sociétés des pays consommateurs le temps d'adapter leur mode de vie et mettre au point des solutions alternatives comme, par exemple, la production de carburants à partir du gaz, du charbon ou de la biomasse ".

     Avec 82 millions de barils consommés par jour dans le monde, la théorie de la substitution, à terme, du pétrole, laisse perplexe les experts de l'Aspo. En effet, ils prédisent également une déplétion pour le gaz naturel (2030) et le charbon (2050), ressources tout aussi épuisables que le pétrole. "Le pétrole et le gaz représentent aujourd'hui 60% de la consommation énergétique. Leur déplétion va nécessiter soit de réduire la consommation, soit de se tourner vers d'autres sources d'énergie, résume Jean-Luc Wingert (...) Il n'existe pas de remplaçant unique au pétrole qui attendrait son tour en coulisse. L'avenir énergétique sera pluriel".

     Quelle que soit la date du pic de production, la question jusqu'ici occultée est de savoir comment remplacer le carburant le plus précieux au monde...Les transports dépendent toujours à 96% des hydrocarbures, et toute notre économie en général dépend du pétrole, l'industrie, l'agriculture, etc. Un récent rapport de l'AIE (l'Agence internationale de l'énergie, fondée en 1974 par 26 Etats membres de l'OCDE)  intitulé "Saving Oil in a Hurry" ("Dépêchons-nous d'économiser le pétrole") recommande, pour la première fois, aux gouvernements de préparer, sans plus attendre, les restrictions de leur consommation. L'AIE les invite à prendre des mesures comme:
- la réduction de la vitesse à 90 km/h sur les autoroutes et la création de voies spéciales pour le covoiturage;
- la baisse des tarifs, voire la gratuité des transports publics;
- la circulation alternée durant certaines périodes;
- le raccourcissement de la semaine de travail;
- l'incitation au télétravail, etc.
     Un premier pas vers un changement de société?