RESEAU SOL(ID)AIRE DES ENERGIES !
Débat problématique énergétique / effet de serre / climat, etc.
Séquestration du CO2?

Le plus grand projet au monde pour capturer du dioxyde de carbone
(www.notre-planete.info, 2006)

     Plus grand programme au monde de capture du dioxyde de carbone, le projet CASTOR, mis en place grâce à des fonds débloqués par l'UE au titre de son Sixième programme-cadre (6e PC), a été inauguré le 15 mars à la centrale à charbon d'Elsam, près d'Esbjerg (Danemark). Ce projet constitue un essai à grande échelle visant à examiner comment modifier les rejets des centrales pour en extraire le dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre.
     Réunissant 30 partenaires de l'industrie, de la recherche et du monde universitaire de 11 pays d'Europe, le projet a pour dessein d'élaborer un modèle apte à permettre un recul de 10% des émissions de dioxyde de carbone, ce qui représenterait 30% des émissions totales des centrales de l'UE.
     L'UE doit réduire drastiquement ses émissions de dioxyde de carbone si elle entend tenir les objectifs fixés dans un premier temps par le protocole de Kyoto, et que l'accord de Lisbonne est venu renforcer. Les objectifs de Lisbonne prescrivent une réduction de 30 à 50% des émissions de dioxyde de carbone en 2020 par rapport au niveau de 1990, le recul devant atteindre 60 à 80% d'ici 2050.
     "La Commission européenne est engagée en faveur d'un avenir à faible intensité en carbone. La politique de la recherche d'aujourd'hui étant la politique énergétique de demain, des projets tels que CASTOR représentent une contribution très importante. Par le développement des technologies de piégeage et de stockage du carbone, nous pouvons réduire les émissions à moyen terme, à mesure que nous passons à une utilisation à grande échelle des énergies renouvelables exemptes de carbone", a déclaré Janez Potocnik, commissaire européen en charge de la science et de la recherche.
     Le système CASTOR ne consiste pas simplement à détourner les effluents gazeux dans un sac. La technologie de capture du carbone fait appel à un solvant pour séparer le dioxyde de carbone des rejets gazeux ; le dioxyde de carbone est incorporé dans un cycle calcium pour donner du carbonate de calcium (calcaire). Les gaz résiduels passent ensuite à travers un solide spécial qui permet l'adsorption du CO2 restant. Le dioxyde de carbone est alors relâché soit sous forme de calcaire, soit sous forme de dioxyde de carbone gazeux en vue d'un enfouissement géologique.
     L'an passé, le commissaire européen en charge de l'énergie, Andris Piebalgs, avait placé la performance énergétique et la capture du carbone en tête de son agenda pour le Septième programme-cadre de recherche. "Personnellement, je ne doute pas une seconde que, conjugués à l'usage croissant de l'énergie renouvelable, les combustibles fossiles resteront l'épine dorsale de la production mondiale d'énergie dans un avenir prévisible. Etant donné les engagements pris à Kyoto pour le présent et l'avenir, le développement de technologies commercialement viables de capture et de stockage du CO2 doit constituer un objectif collectif", avait-il déclaré en avril 2005 dans un discours prononcé lors de la Conférence européenne sur la capture et le stockage du CO2.
     Environ 85% des CO2 énergétiques de l'Europe sont actuellement fournis par les combustibles fossiles, qui constituent les premières sources d'émissions de dioxyde de carbone. Les autres formes d'énergie sont soit trop peu performantes, soit insuffisamment avancées pour subvenir au gros de nos besoins, même si la Suède a récemment annoncé son intention d'éliminer les combustibles fossiles de son économie.
     La prochaine génération de centrales électriques à combustibles fossiles utilisera des systèmes de "craquage" spéciaux permettant de séparer le carbone du combustible, ne laissant que de l'hydrogène et du carbone solide. L'hydrogène peut être ensuite brûlé, dans la mesure où il est l'un des rares combustibles quasi exempt d'émissions et qu'il ne produit que de l'eau comme produit dérivé.
     La Commission européenne espère que les projets comme CASTOR, couplés aux programmes axés sur les combustibles à base d'hydrogène et aux avancées obtenues dans le domaine des énergies renouvelables, contribueront largement à la réduction des niveaux d'émission de dioxyde de carbone. L'objectif est d'acquérir une "technologie pour une centrale électrique à émissions quasi nulles" et l'UE a récemment signé avec le gouvernement chinois un protocole d'accord visant à étudier de plus près les possibilités d'y parvenir.

     La capture du CO2 est expérimentée dans les fumées
d'une usine danoise
 LE MONDE | 17.03.2006

ESBJERG (Danemark) ENVOYÉ SPÉCIAL

     Cernée par les éoliennes, la cheminée de l'usine d'électricité de la société Elsam, à Esbjerg (Danemark), plantée au milieu de collines de charbon, crache en continu un panache clair de fumée. Dans ses entrailles, une dérivation a été faite pour diriger 0,5% de cette fumée vers une petite "usine à gaz". Des cascades de filtres, absorbeurs et régénérateurs enrobés d'inox ont été assemblées pour piéger l'essentiel du dioxyde de carbone (CO2) issu de la combustion du charbon qui alimente cette centrale de 420 mégawatts.
     Fonctionnant depuis plusieurs semaines et inaugurée mercredi 15 mars, cette installation pilote est la première permettant de capter le CO2, principal gaz à effet de serre, dans les fumées d'une centrale thermique au charbon. L'objectif ? S'assurer que ce procédé postcombustion, permettra de diviser par deux le coût de captage du CO2, le ramenant entre 20 et 30 € la tonne (Le Monde du 16 septembre 2005).
     Ce prototype fait partie du projet européen Castor (pour captage/stockage du CO2), piloté par l'Institut français du pétrole (IFP) et qui rassemble une trentaine de partenaires, industriels et organismes de recherche, de onze pays. Financé sur quatre ans (2004-2008) à hauteur de 16 millions €, dont 8,5 millions sont financés par l'Union européenne, Castor vise à valider des technologies destinées aux grosses unités industrielles - usine électrique, aciérie, cimenterie, etc. -, dont l'activité engendre 10% des émissions européennes de CO2.
     Il s'agit de faire en sorte que ces technologies soient compétitives avec le prix européen des permis d'émission de CO2 (actuellement, 27 €/tonne). Les industriels soumis à des quotas d'émissions doivent en effet soit payer en cas de dépassement de ces quotas, au tarif du moment, soit avoir investi dans les procédés de capture ou de stockage afin de réduire leurs émissions.

STOCKAGE GÉOLOGIQUE
     A la centrale d'Ejberg, il s'agit d'affiner des technologies déjà développées par les pétroliers. "Le facteur limitant est l'énergie nécessaire pour régénérer le solvant qui sert à piéger le CO2", indique Pierre Le Thiez, responsable à l'IFP de Castor. Plusieurs formulations à base d'amine, déjà brevetées, y seront testées. Castor prévoit aussi d'étudier quatre sites de stockage géologique du CO2: le réservoir pétrolier de Casablanca (Espagne), le gisement de gaz naturel d'Atzbach-Schwanenstadt (Autriche), l'aquifère de Snohvit (Norvège) et le gisement de gaz naturel K12B exploité par Gaz de France au large des côtes hollandaises. Il est impératif de s'assurer que ces divers réservoirs seront étanches à long terme.
     A travers le monde, des projets similaires se multiplient. En 2030, les combustibles fossiles représenteront toujours plus de 80% de l'énergie utilisée. Ceux qui sauront piéger le CO2 à sa source (22% des émissions viennent de l'industrie, 39% de la production électrique) auront un levier puissant sur le futur marché mondial des "droits à polluer".

Hervé Morin

La plus grande installation pilote de capture du CO2 a été inaugurée au Danemark
    La plus grande installation pilote pour la démonstration et la validation d'une nouvelle technologie de piégeage du dioxyde de carbone issu de centrales thermique électriques conventionnelles a été inaugurée au Danemark.
© Actu-Environnement 17/03/2006