RESEAU SOL(ID)AIRE DES ENERGIES !
Débat problématique énergétique / effet de serre / climat, etc.
Séquestration du CO2?
L'efficacité de la fertilisation artificielle des océans mise à mal par KEOPS

Source ADIT 2007
     Dans un contexte où le changement climatique semble se confirmer, les idées prônées par la géoingénierie reviennent discrètement sur le devant de la scène. L'une des solutions proposées consisterait à larguer du sulfate de fer dans l'océan afin de piéger le carbone. Or l'efficacité supposée de ces manipulations de géoingénierie visant à réduire la concentration de gaz carbonique atmosphérique par fertilisation des océans via un ajout de fer a été mise à mal dans un article publié en avril dernier dans la revue Nature.
     L'équipe que dirige Stéphane Blain au sein du Laboratoire d'Océanographie et de Biogéochimie de Marseille (LOB/COM, CNRS/Université de Marseille 2) a révélé en effet que la voie biologique de capture du carbone atmosphérique par l'océan est beaucoup plus sensible à l'apport naturel de fer dans l'eau, qu'à une addition artificielle. Ces résultats ont été obtenus dans le cadre de la campagne océanographique internationale KEOPS (KErguelen Ocean and Plateau compared Study), qui s'est déroulée début 2005, à bord du navire océanographique Marion Dufresne, au voisinage des Iles Kerguelen dans l'océan Austral.
     Le but de ce programme, auquel participe seize laboratoires de différents pays (France, Australie, Belgique, Hollande) était d'étudier une poussée phytoplanctonique naturelle dans les eaux du plateau entourant les Iles Kerguelen. Des observations satellites ont révélé en effet que ces eaux connaissent chaque année une floraison estivale très localisée du phytoplancton, un phénomène qui peut s'expliquer par la présence de fer. Or l'expédition KEOPS a apporté la preuve que cette floraison est bien alimentée par un apport continu et naturel des eaux de surface. Ce fer provient en fait des eaux profondes, différents mécanismes de transport participant à le rendre disponible pour le phytoplancton en surface.
     Les chercheurs ont montré en particulier que l'exportation de carbone vers les profondeurs lors d'une fertilisation naturelle est au moins deux fois plus importante que celle observée dans le cas d'une fertilisation artificielle. Qui plus est, elle est obtenue avec des quantités de fer beaucoup moins importantes. Ainsi l'efficacité de cette fertilisation, définie comme le rapport entre la quantité de carbone exportée et la quantité de fer ajoutée, est au moins dix fois plus élevée lorsque la fertilisation est naturelle.

Pour en savoir plus, contacts:
- Laboratoire d'Océanographie et de Biogéochimie de Marseille - Stéphane Blain: tél. +33(0)6 33 55 14 52 Email: stephane.blain@univmed.fr
- KEOPS : http://www.obs-vlfr.fr/proof/index_vt.htm
- Effect of natural iron fertilization on carbon sequestration in the Southern Ocean. Stéphane Blain et al. Nature. 26 avril 2007: http://www.nature.com/nature/journal/v446/n7139/abs/nature05700.html
Rédacteur:
ADIT - Jean-François Desessard - Email : jfd@adit.fr
Origine:
BE France numéro 192 (22/05/2007) - ADIT / ADIT