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Débat problématique énergétique / effet de serre / climat, etc.
Séquestration du CO2?

L'Europe a son premier "puits de carbone"

    Le prince de Monaco, Albert II, a inauguré samedi, dans une garrigue proche de Monaco, un "puits de carbone", le premier en Europe à s'inscrire dans la lignée du protocole de Kyoto de lutte contre le réchauffement climatique.
 

    Un "puits" de carbone, qui n'a aucun rapport avec un puits traditionnel, est constitué par une plantation forestière correspondant à un certain nombre de critères techniques (bio-diversité, durabilité, analyse du carbone séquestré...) définis par le Protocole de Kyoto (1997).
     L'objectif de ce type de plantations est de capturer le gaz carbonique (CO2), qui contribue aux effets de serre et au réchauffement de l'atmosphère.
     Le puits de carbone, inauguré sur les communes de La Turbie et du Cap d'Ail (Alpes-Maritimes), constitue une première en Europe: "C'est la première plantation de ce type en Europe à s'afficher dans la perspective de l'accord de Kyoto", a souligné le directeur général de l'Office national des Forêts (ONF), Paul-Olivier Drège, présent à l'inauguration. Des puits de ce type existent déjà en Amérique du sud, notamment au Brésil.
     Un arbre adulte, qui a 35 centimètres de diamètre en moyenne et qui représente un m3 de bois, permet de "séquestrer" une tonne de CO2 prise dans l'atmosphère, a indiqué M. Drège.
     L'ensemble de la forêt française, qui constitue un puits de carbone "naturel", sans accompagnement technique, capture 55 millions de tonnes de CO2 chaque année, soit dix fois moins que les émissions de gaz carbonique générées annuellement par l'activité économique en France (563 millions de tonnes), a précisé à l'AFP Hervé Charpentier, expert forestier.
     Le protocole de Kyoto prévoyait, outre la réduction des gaz à effets de serre (dont le CO2 est l'un des principaux), une gamme d'opérations permettant de récupérer et de "séquestrer" le gaz carbonique déjà présent dans l'atmosphère.
     Le nouveau puits de carbone, qui s'étend sur 120 hectares, s'inscrit dans ce cadre. Plusieurs autres "puits" forestiers devraient être inaugurés sur le territoire français dans les prochains mois et années.
     Ce premier puits de carbone est financé par Monaco, qui a signé une convention avec l'ONF.
     Le coût d'une plantation de ce type, en incluant l'aménagement et l'entretien par l'ONF, est de 6.000 € par hectare, a expliqué Vincent Chery, responsable des relations entre l'ONF et la principauté. Le but est d'aménager, à terme, une plantation de 500 ha sur les communes de La Turbie, Cap d'Ail, Roquebrune, Eze, La Trinité, toutes voisines de Monaco.
     Dans son discours d'inauguration, le prince Albert a rappelé "l'urgence" de la lutte contre le réchauffement climatique "pour protéger les générations futures". Les Etats-Unis, qui contribuent pour un tiers à l'émission des gaz à effet de serre d'origine humaine, n'ont pas ratifié le protocole de Kyoto.
     La plantation inaugurée samedi est constituée à 80% de résineux, essentiellement des pins d'Alep, quelques pins pignons, mais aussi des érables et des chênes verts et quelques arbres fruitiers.
     "Fixer le carbone, c'est bien mais ça ne suffit pas. Il faut aussi fixer les sols, préserver la bio-diversité et, en plus, ça doit être beau", dit Vincent Chéry.
     La plantation est située dans une garrigue qui avait été dévastée par le feu, en surplomb de la mer, un peu à l'ouest de Monaco.
     Les forêts méditerranéennes, à l'inverse des forêts tropicales, captent relativement peu de carbone (quatre à cinq tonnes par ha et par an), en raison notamment de leur capacité de croissance réduite (ensoleillement, chaleur et manque d'eau).