LES YEUX DE SON MAITRE
No 39, 3e trimestre octobre 1998
Editorial: (Guy Rimbault)
Dossiers
Vivre avec!!! (Claude Bove)
Dis Nanou, comment tu fais? (Corinne Jacquemard)
Des trucs (Jacqueline Querard)
Ma vie, mes habitudes (Véronique Demas)
Lettre ouverte aux éducateurs (Mousse du Pic de la Grave)
Portrait
Harmonie (Jacqueline Querard)
Reportage
Braille soft (Véronique Demas)
Savoir faire et faire savoir
Protégez nos chiens des parasites (J-C. Proy, vétérinaire)
Fédération
(Carte, bureau, Associations et carnet)
De l'esprit
Poèmes de Pierre Dogneton et Bénédicte Henria
et un texte de Simone Charlot
Tourisme et gastronomie
A la découverte de Paris (Jacques Bouniol)
Recette (Gérard Roig)
-
Editorial:
Guy Rimbault
La vie pour une personne aveugle est-elle si différente? Les voyants
l'imaginent, ou plutôt essaient de se l'imaginer. Parfois même,
vont-ils jusqu'à se bander les yeux pour se rendre compte de ce
que peuvent vivre le personnes privées de la vue. Inutile de faire
ce genre de démarches, "les dés sont pipés!" et cela,
pour deux raisons:
1) - la personne sait qu'il lui suffit d'enlever son bandeau pour retrouver
ses possibilités visuelles
2) - une personne voyante qui brutalement se trouve privée de
la vue est totalement désemparée car elle n'a pas bénéficié
de la longue adaptation que les personnes véritablement aveugles
ont pu avoir au cours des années.
Il est difficile de parler de la vie pratique pour
les personnes aveugles. On ne peut absolument pas généraliser,
il y a autant de cas que d'individus: certains se débrouilhnt très
bien, d'autres moins bien, d'autres encore sont dépendants d'une
tierce personne. Cela dépend de plusieurs facteurs:
- l'âge auquel la cécité est survenue : naissance,
petite enfance, adolescence ou adulte jeune, vieillard,
- la manière dont elle est survenue : génétique,
maladie ophtalmologique, accident,
- la cécité est-elle accompagnée d'un surhandicap
ou non,
- le comportement de l'entourage : sur-protecteur, indifférent,
rejet du handicapé ou correct,
- les possibilités intellectuelles de la personne atteinte de
ce handicap.
Si j'en juge par mon expérience personnelle,
et celles de nombreux amis non-voyants, il me semble que beaucoup d'entre
nous s'adaptent fort bien à ce handicap. J'en veux pour preuve que
les aveugles dans la vie pratique, se débrouillent seuls pour:
- s'habiller, se nourrir,
- faire le ménage, au moins en partie,
- se déplacer avec des aides techniques (canne longue, chien
guide),
- travailler dans un certain nombre de professions,
- faire du sport (jogging, tandem, randonnées pédestres,
natation, ski, etc.),
- profiter des loisirs (théâtre, musique et même
cinéma et télévision, lecture, jardi-nage, bricolage
et j'en oublie sûrement).
Il est vrai que l'entourage doit s'adapter, par
exemple éviter de:
- laisser les portes entrouvertes,
- ne pas remettre les affaires à leur place,
- pour aller plus vite, faire quelque chose à la place de la
personne aveugle, sauf dans des cas particulièrement difficiles
comme l'aider à traverser un carrefour dangereux.
Certes, dans le monde moderne, la vie pratique d'une
personne aveugle n'est pas "un long fleuve tranquille", mais celle des
voyants, en est-elle vraiment une?
Vivre avec !!!
Claude Bove
Depuis 28 ans déjà, vivre avec qui, direz-vous ? Avec un
aveugle!
Il y a 30 ans, épouser un handicapé quel qu'il soit, était
jugé plus saugrenu voire plus absurde qu'au-jourd'hui.
«Quelle idée, tu n'es pas mal, pas
idiote, tu aurais pu trouver mieux...»
Voilà le genre de réflexions que l'on pouvait entendre.
Il faut faire face à ceux qui ne comprennent pas. D'où une
première sélection parmi les amis et la famille qui ne se
fait pas sans quelques pincements au coeur; il n'est pas évident
de se rendre compte que des personnes que l'on estimait, tout àcoup
vous tournent le dos. Tant pis pour elles ! Elles ne connaîtront
jamais la valeur d'une amitié sincère.
Puis au quotidien, il faut apprendre le handicap:
une porte doit être ouverte ou fermée, le juron qui arrive
de la pièce voisine me rappelle qu'un front est arrivé le
premier sur le bois. Réflexe à acquérir toujours:
fermer la porte du placard à l'approche de
Dominique; aussi, lorsque j'aide une amie à la cuisine, je ferme
ses portes, «tu as peur des courants d'air ?!» non réflexe,
automatisme.
Conditionnée, c'est vrai que je le suis devenue:
laisser les choses à la même place, prendre le bras de la
personne qui marche avec moi dans la rue, éteindre systématiquement
l'électricité en sortant de la pièce, sans penser
que notre fils est en train de lire, mais il a l'habitude, ça lui
arrive aussi. Cet enfant, il a fallu l'élever de telle sorte qu'il
soit sans complexe et sans gêne vis à vis du handicap de son
père. Pour faire "voir a papa", il a appris qu'il fallait lui prendre
la main ou lui faire toucher un objet. C'est maman qui lisait les histoires
et ... le carnet de notes, il a fallu qu'il trouve des trucs pour que son
père participe à ses jeux, qu'il observe et parle très
jeune, c'est peut-être pour cela qu'il est bavard!
Bien des décisions ne sont pas partagées,
il faut choisir seule la couleur du papier peint ou celle de la cravate
(on ne peut pas toujours se fier au vendeur !) On est seule à conduire,
à établir l'itinéraire, à chercher les balises;
l'avantage, c'est que je suis devenue un as du demi-tour!
Pour vivre avec un aveugle, il ne faut pas craindre
en société les regards gênés des autres et on
se demande bien pourquoi ils ne sont pas à l'aise. Il faut être
sans complexes au restaurant quand on vous regarde couper la viande, préparer
votre assiette et la passer à votre voisin.
Il faut aussi parler d'un autre piège, on
perd l'habitude d'être regardée, un compliment sur votre toilette
ou votre couleur de cheveux surprend. Il faut être vigilante et toujours
faire l'effort de s'habiller et se coiffer correctement, se sachant à
l'abri de toute critique immédiate. Mais je pense que des âmes
charitables se chargeraient de prévenir Dominique.
Et puis sans l'avouer à personne il y a l'angoisse
quand, je m'en souviens, il est parti pour la première fois de notre
banlieue pour aller de l'autre côté de Paris avec à
sa gauche son chien guide et à sa droite un gamin de 4 ans qui sautait
de joie à l'idée de prendre le métro avec Papa! Mais
quelle joie au retour pour tout le rnonde !
Le soir quand l'heure du train est passée,
le temps paraît encore plus long, mais ouf, le portail a claqué
et le chien se précipite car il a faim.
Tout compte fait, vivre avec un aveugle, rien que
du très banal, des habitudes qui se prennent tout au long de la
vie et de ce fait, on oublie qu'il ne voit pas.
Il fait tellement de choses que bien des voyants
ne sont pas capables de faire.
Cela ne fait jamais que xx.220 jours que cela dure et.... ce n'est
pas fini....
Dis, Nanou, comment tu fais...
Propos de Nanou Castillo recueillis par Corine Jacquemard
«Melba» guide Nanou, tous les jours.
Elle lui est essentielle car pour se rendre de son domicile, à Nice,
son lieu d'activité, il y a 25 km àparcourir. Après
la marche et les différents bus, elles arrivent en centre ville
au bout de 1h30.
Aucun problème particulier n'est à
déclarer, à deux la vie est plus simple. En revanche, de
retour à l'appartement, là, Nanou est seule pour assumer
le rôle de maîtresse de maison. Melba ne fait rien. Elle se
permet même, de laisser traîner quelques poils!
DIS NANOU, COMMENT TU FAIS...
POUR RANGER?
Je range comme tout un chacun. Néanmoins
je repère au préalable les objets. Ainsi j'identifie les
flacons, les boîtes, les conserves, les médicaments, les produits
d'entretien, les produits de beauté, les disques, les cassettes,...
à l'aide du braille.
Toutefois lors de l'achat des flacons destinés
à la salle de bain, je prends le temps de bien mémoriser
leur forme, de connaître l'odeur et la consistance du produit qui
est à l'intérieur car l'humidité de la pièce
ne permet pas toujours un marquage.
POUR T'HABILLER?
Sur mes vêtements, j'indique les couleurs
de façon à pouvoir accorder moi-même les tons et ainsi
m'habiller avec harmonie. Pour ceux d'entre nous qui n'ont jamais vu, les
couleurs peuvent s'expliquer comme une gamme musicale. On va du plus foncé
au plus clair tout comme une gamme va, du plus grave au plus aigu. Cette
forme de repère est très utile pour la décoration
d'un intérieur.
Cependant avant de ranger ou de m'habiller, je repasse.
Sur mon fer àrepasser j'ai indiqué les différents
programmes pour ne pas commettre l'irréparable sur le chemisier
en soie. Les textures, elles, je les identifie au toucher. Avant de repasser,
je trie le linge. Pour les serviettes d'un service de table, par exemple,
je les glisse à l'intérieur de la nappe pour être certaine
qu'à la prochaine utilisation le tout sera bien assorti.
POUR CUISINER?
La cuisine est la pièce dans laquelle il
faut prendre le minimum de risque. Il faut autant que possible, apprendre
à se servir des objets que l'on trouve dans le commerce et s'adapter.
Exemple, il est beaucoup plus facile de mesurer de l'huile pour la salade
en la prenant avec une cuillère dans un bocal, plutôt que
de verser cette huile avec la bouteille, dans une cuillère!
Tous mes appareils ménagers sont marqués.
Ainsi j ai accès au programme du lave-linge et du lave-vaisselle,
et peux
suivre avec précision les indications du thermostat du four.
Je situe les plaques chauffantes en fonction de leur position par rapport
aux angles et pose la casserole avant la mise en route. La cuisson pose
moins de problème, au fur et à mesure qu'elle avance, le
bruit que font les aliments dans une casserole ou dans une cocotte n'étant
pas le même au début qu'à la fin de préparation.
POUR L'INTENDANCE?
Je reconnais l'expéditeur du courrier d'après
la forme de l'enveloppe, du pliage de la lettre et de l'aspect du papier.
Quand le document n'est pas en braille, je le fais lire au premier invité
qui passe
Ensuite je mets une étiquette d'identification
dans l'enveloppe reçue, puis la classe. Ainsi dès qu'une
administration me réclame un papier, je suis à même
de le lui fournir.
En bref, l'ordre est une grande qualité,
particulièrement lorsque l'on est non-voyant.
J'ai peut-être beaucoup insisté sur
le marquage ? Mais, le fait de posséder parfaitement le braille
m'a permis de passer au dessus de bien des difficultés.
Dans la cécité, comme dans d'autres
handicaps sans doute, il faut définir le but à atteindre
et en second lieu chercher la ou les solutions possibles pour y arriver.
Cela demande quelquefois beaucoup de temps, beaucoup d'efforts, mais la
satisfaction personnelle d'avoir réussi à éliminer
ou à contourner l'obstacle est une victoire. Le chemin pour gagner,
jour par jour, toutes ces petites victoires est parfois très long
et pénible, mais le résultat en vaut la peine.
Des trucs
Jacqueline Querard
Le handicap visuel qu'est la cécité perturbe
notre vie au quotidien. Nous ne parlerons pas ici de la locomotion facilitée
par l'utilisation d'un chien guide d'aveugle ou la canne blanche, mais
de la vie domestique.
Il faut essayer de pallier aux difficultés
que nous rencontrons dans la vie courante par des petits trucs Là,
le braille s'avère indispensable.
On peut marquer les boîtes de conserve avec
des bandes magnétiques ou une étiquette scotchée.
Les bandes magnétiques sont réutilisables, ce qui est un
gain de temps. Pour les produits d'entretien à poignée, l'étiquette
plastique avec une attache est une bonne solution.
POUR LA CUISINE
Pour peser les ingrédients, on trouve dans
le commerce toutes sortes de mesures, il suffit là aussi d'indiquer
sur chacune les contenances en braille. La balance parlante est un atout
précieux, mais la balance roberval à plateau, avec son éventail
de poids est une bonne solution également. De nombreuses recettes
en braille ou sur cassettes sont à notre disposition.
LES ENFANTS
Afin d'éviter les accidents avec les enfants,
une barrière amovible à la porte de la cuisine assure la
sécurité pour l'enfant en bas àge et la tranquillité
pour la maman. La cuisinière tout électrique évite
le risque d'accident au gaz. Des crochets fixés en hauteur sur les
portes des pièces permettent de condamner l'accès de certaines
pièces en fonction des besoins. Les entrebailleurs aux fenêtres
avec cadenas sont indispensables pour éviter tout accident. Les
enfants ne doivent pas être esclaves de la cécité de
leurs parents,
Pour l'entrée à l'école primaire,
faire enregistrer le livre de lecture afin de suivre les progrès
de l'enfant et plus tard enregistrer les livres et les cours afin de faire
travailler l'enfant, de lui faire réciter ses leçons, etc...
Les enfants apprécient la participation des parents.
PETIT MATÉRIEL
Il ne faut pas négliger le petit matériel
qui nous facilite les choses: mètre de couturière ou mètre
rigide marqué en braille, support pour enfoncer les clous, enfile-aiguilles,
toute la panoplie des appareils parlants : thermomètre médical,
pèse-personne, balance de cuisine, radio réveil, montre,
calculette.
Pour reconnaître les fusettes de fils, il
faut glisser une bande indiquant la couleur dans le trou de la fusette
ou de la bobine ou passer un cordon dans le trou et y fixer une étiquette.
Pour éviter de mélanger les laines quand on tricote, placer
chaque pelote dans une boîte percée d'un trou et indiquer
la couleur sur la boîte. On peut ainsi utiliser plusieurs couleurs
pour un modèle sans risque d'erreur.
AU JARDIN
Impossible d'utiliser des gants de jardinier puisque
nos yeux sont "au bout de nos doigts". Il est cependant facile de couper
les doigts des gants afin d'en faire une mitaine de jardinier. Alors à
nous les mauvaises herbes que l'on reconnaît facilement avec les
doigts tout en étant protégé des griffures des rosiers.
Les petits outils à main sont plus faciles à utiliser au
jardin.
Tous nos petites astuces ne résolvent pas
tous les problèmes. En effet, une tierce personne est indispensable
pour nous dire si nos vêtements sont tachés. Même en
se changeant chaque jour par précaution, il arrive qu'un vêtement
reste taché après lavage.
On a beau frotter, astiquer, cirer, des taches s'incrustent
parfois sur le carrelage, le parquet, les tapisseries, les meubles, seule
une personne voyante peut nous le signaler. Ceci pour confirmer que l'aide
d'une tierce personne reste malgré tout indispensable.
Ma vie, mes habitudes... tous les jours!
Véronique Demas
Martine et Mazurka en route pour les courses!
Martine m'a confié quelques uns de ses secrets.
C'est une véntable fée du logis, et sa cuisine est très
appréciée
par son entourage... Lorsqu'on est privé de la vue, il faut
être ordonné et très organisé: à méditer
!
Véronique DEMAS : Avez vous des petits trucs pour faire votre
ménage?
Martine THOBEL : Je me suis organisée. Par exemple pour le lave-linge,
j'ai fait des repères et j'ai mis des petites étiquettes
avec des inscriptions braille abrégées sur les touches et
le tableau. Pour le congélateur je prends des étiquettes
plastifiées, que je trouve à l'A.V.H.* Je fais une liste
en braille, que je garde et je passe commande par téléphone.
Je numérote ensuite les plats en fonction de la liste. Pour cuisiner
j'ai des petites boites à épice en plastique marquées
en braille, que je remplis au fur et à mesure. Tout est toujours
bien rangé sur une étagère... Quand on cuisine, mieux
vaut poser ses ustensiles à la même place. J'ai pris l'habitude
de les mettre dans une assiette sur le plan de travail, pour ne pas
perdre mon temps àchercher... Pour laver les carreaux
ou une table en verre, tant que tout n'est pas lisse, glissant sous le
chiffon, c'est qu'il y a des traces.
VD : Comment faites-vous pour vous maquiller ?
MT: Je me maquille assez peu. Pour mettre du rouge à lèvre
il faut d'abord remplir les lèvres et les frotter l'une contre l'autre
pour égaliser. Lorsqu'on met de la crème, il faut être
prudent, bien étaler pour qu'il n'y ait pas de trace. Il faut procéder
par zone et bien faire les raccords. Le mieux c'est de toujours faire pareil!
...Lorsque je tricote avec des laines de cou~ur différentes,
je prends un sachet en papier pour le blanc et un autre en plastique pour
les couleurs. Autant il y a de couleurs différentes, autant je prends
de sacs différents...
VD : Comment faites vous pour compter les rangs ?
MT: «Il existe un compte rang à l'A.V.H. C'est comme une
horloge avec des points et des chiffres en braille. Il y a aussi des jauges
àaiguilles, pour différencier ~s tailles. Il faut le savoir
Avec de la pratique on s en sort très bien... »
VD: Vous arrive t-il de vous brûler lorsque vous repassez ?
MT: Ça m'arrive, mais c'est souvent à cause du
chat, qui vient se coucher sur la table à repasser! Il faut
être méthodique en toute chose. Pour aspirer ou laver le sol
par exemple, il faut avoir un plan dans sa tête. Je fais toujours
à peu près pareil, j'ai mes repères, je vais d'un
mur à l'autre... Pour l'électroménager, il faut avoir
de la mémoire mais aussi la possibilité que quelqu'un nous
explique bien le mode d'emploi, pour bien assimiler.
VD: Comment faites vous pour vous habiller, choisir un vêtement
?
MT: J'essaie de retenir leur forme, leur texture. Le plus difficile
ce sont les tee-shirts, il y a souvent des motifs en relief, mais on oublie
la couleur du fond.
VD : Quels sont vos critères pour faire votre choix dans un
magasin ?»
MT: Le tissu. Il y en a que je n'aime vraiment pas. J'aime les matières
souples mais qui ont tout de même dc la tenue. La forme aussi est
importante. Je n'aime pas trop ce qui est sophistiqué. Après,
j'essaie, je fais confiance à la vendeuse, mais il faut avant tout
que je me sente à l'aise. C'est la même chose pour les chaussures.
Je fais attention à la texture, à h hauteur de talon pour
être confortable par exemple pour marcher avec le chien.»
VD: Quelle perception avez vous de la mode, est-ce que ça entre
en jeu ?
MT: Tout dépend Si la mode peut être compatible avec ma
vie et mon activité. Il m'est difficile de porter une paire de chaussures
avec une semelle épaisse, même si ça se fait beaucoup
J'ai besoin de sentir le sol avec mes pieds, de pouvoir appréhender
une marche de bus avec mes orteils, reconnaître h nature du sol.
Donc je suis assez classique. Il y a aussi le goût, des préférences.
Depuis l'enfance on entend des réflexions, les autres nous parlent,
nous donnent des indications qu'il faut retenir.»
VD: Et chez le coiffeur comment ça se passe ?
MT: Je fais confiance à ma coiffeuse. J'ai les cheveux courts,
c'est pratique Si j'ai envie de changer, je lui demande ce qui se fait
d'un peu plus moderne...
VD: Comment faites-vous pour faire vos courses?
MT: Je me sers dans un petit super-marché. Je passe ma commande
le matin par téléphone et en début d'après
midi tout est prêt, je n'ai plus qu'à passer à la caisse.
VD: Les courses commencent à la maison, vous faites une sorte
d'inventaire ?
MT: Oui, je note au fur et à mesure ce dont j'ai besoin. Je
fais une liste en braille. Finalement, on est moins tenté par les
offres promotionnelles, par les publicités...
VD: Cela voudrait-il dire que lorsqu'on est non voyant on est raisonnable
?
MT: Un peu par la force des choses, mais on aime ce qui est beau
On est plus exigeant sur la qualité, je crois qu'en général
on prend presque ce qui est le plus cher. Ceux qui n'y voient pas vont
plutôt dans les petits magasins, pour se débrouiller seul,
c'est plus facile. J'essaie d'y aller aux heures creuses, les vendeuses
sont plus disponibles.
VD: Comment faites vous avec votre chien guide ?
MT: Avec mes deux premières ça c'est toujours bien passé.
Je les tenais très près de moi, pour ne pas gêner dans
les rayons et je les prenais avec moi dans les cabines pour faire les essayages.
Avec Mazurka, ma nouvelle chienne, je ne sais pas encore, ça fait
trop peu de temps qu'on est ensemble. On va voir, peut être qu'elle
voudra essayer les jupes !
*Association Valentin Haüy
Lettre ouverte aux éducateurs
Mousse du Pic de la Grave
Chers éducateurs,
Depuis votre départ, je peux vous assurer
que ma vie est devenue une véritable vie de chien heureux.
J'ignore si ma maîtresse pense de même,
car parfois, j'ai l'impression de la rendre chèvre. En ce moment,
j'essaie de la faire arrêter de fumer, et pour cela, je suis obligé
de lui manger carrément le paquet de cigarettes. Sinon, je n'ai
pas à me plaindre de la nourriture, mis à part que je ne
peux pas lui soutirer la moindre miette en dehors de mes heures de repas.
Je vais me ballader tous les matins sur la place où il y a la fontaine
et je n'hésite pas à plonger dedans, quand la chaleur se
fait trop forte.
Aujourd'hui, il pleut et je me trouve enfermé
dans une pièce avec plein d'ordinateurs qui parlent, quand on les
touche.
Je crois que cela amuse beaucoup ma maîtresse, car c'est la première
lettre qu'elle tape sur une de ces machines.
Je vous fais de grosses léchouilles et je
vous dis, à bientôt pour d'autres nouvelles...
P.S. cette lettre a été écrite à l'association
G.A.I.P.A.R. (Groupement d'Action pour l'Insertion et la Promotion
des Aveugles et Amblyopes de la Région Auvergne).
Courrier électronique: Gaipar@wanadoo.fr
Harmonie
Jacqueline Querard
Monique WALLARD, née ROUSSEALI, a seize ans de
moins que sa soeur ainée, Son autre soeur, Nicole, de deux ans plus
agée que Monique, était également handicapée
visuelle. Toutes deux atteintes de cataracte congénitale ont été
pensionnaires à l'école pour déficients visuels à
Saint-Mandé, en banlieue parisienne.
Avec le recul, Monique pense que c'est une chance
que ses parents aient suivi les conseils des spécialistes. En effet,
étant issue d'une famille très modeste, ceux-ci n'auraient
jamais pu lui offrir tout ce qu'elle a fait durant sa scolarité
à Saint-Mandé: piano, classes de neige, théatre,
concerts, découverte de différents sports.
Après son Certificat d'Etudes, elle entre
à l'Institut National des Jeunes Aveugles à Paris où
elle intègre une classe littéraire et musicale. A dix sept
ans, elle décide de partir un an en Angleterre comme employée
au pair, dans l'espoir de devenir interprète ou hôtesse. Devant
les difficultés rencontrées pour atteindre son but, elle
accepte une formation de rééducation professionnelle de secrétariat.
Elle est embauchée au G.A.B.(compagnie d'assurances).
VIE DE FAMILLE
Monique épouse entre temps, Jean WALLARD,
lui aussi handicapé, qui a suivi une formation de mécanique.
Curieux et soucieux d'apprendre et d'améliorer sa situation, il
entreprend avec succès des études de kinésithérapie
à l'Association Valentin Hauy. Son diplôme réussi,
il s'installe en "libéral" à Aulnay-sous-Bois, son lieu de
résidence. Il a accepté diverses responsabilités au
sein de regroupements des kinésithérapeutes et de spécialistes
médicaux de sa municipalité.
Afin de se consacrer à l'éducation
de sa fille Isabelle, née en 1969, Monique décide d'arrêter
de travailler. Elle perd la vue quelques années plus tard. La venue
d'Elodie les comble de joie, treize ans après la naissance de leur
premier enfant. "C'était un soleil' , m'a confié Monique.
VIE SOCIALE
Bien intégrée dans sa ville où
elle compte de nombreux amis, Monique est bénévole au sein
d'une association religieuse et elle crée, en 1974 environ, la Bibliothèque
Sonore d'Aulnay-sous-Bois. Cette activité prend vite de l'extension.
La municipalité met à la disposition de la bibliothèque,
un local qui permet de développer l'activité. De nombreux
donneurs de voix de qualité et des lecteurs assidus ont contribué
à l'essor de cette Bibliothèque. Son catalogue est disponible
sur disquette.
Très active au niveau des associations de
parents d'élèves, elle participe aux réunions de soutien
des élèves en difficuIté.
LOISIRS
En dehors de la lecture, Monique aime le théatre,
les concerts. Elle s'intéresse a l'actualité cinématographique
bien que les nouveaux films soient plus visuels qu'autrefois.
Elle court ses huit kilomètres de jogging
tous les dimanches avec son époux et un groupe d'amis, histoire
de se maintenir en forme. Pas question de manquer le cours de gymnastique
hebdomadaire, encore une bonne raison pour se retrouver entre amis
La randonnée pédestre, le canoé-kayak, sont des loisirs
facilement accessibles aux aveugles. Elle pratique le ski régulièrement.
Elle a d'ailleurs préparé minutieusement une randonnée
de six jours en montagne. Elle aime organiser des circuits de découvertes
touristiques pour ses amis et apprécie les voyages.
Elle a goûté aux joies du ski nautique
et a essayé tous les sports à la portée des aveugles.
Elle pense être arrivée au bout de ses expériences.
"Je n'ai plus rien à me prouver, ni à prouver aux autres
!" me confie-t-elle en riant.
Cuisiner de bons petits plats pour recevoir les
amis est un plaisir toujours renouvelé. Rien ne la rebute dans les
tâches ménagères. C'est avec joie qu'elle garde de
temps en temps ses petits-enfants, un garçon et une fille de six
et quatre ans, qui réclament toujours des histoires avant de s'endormir.
Un loisir? se demande-t-elle, mais oui, cela en fait partie sans aucun
doute.
LA LIBERTE
Monique, comme certains aveugles tardifs, est "allergique"
à la canne blanche. Elle a donc demandé un chien guide à
l'Ecole de Coubert quand elle a perdu la vue. Elle a retrouvé, grâce
à Pinto, le plaisir de circuler seule. Elle a pu ainsi, aller à
Paris prendre des cours de poterie et de tissage.
Elios a succédé à Pinto pour
assurer les mêmes fonctions avec autant de bonheur.
Que dire de Monique pour conclure?
Un mot me vient spontanément à l'esprit
après avoir bavardé avec elle : le mot "harmonie". C'est
bien cela, l'harmonie familiale et sociale.
Braille soft
Véronique Demas
VD: Vous dirigez la société Braille Soft, pouvez-vous
m'en parler ?"
Pascale ISELLE : Nous éditons des ouvrages sur disquettes. Nous
partons d'un accord avec les éditeurs avec lesquels nous avons des
autorisations de reproduction. Une fois sur disquette les ouvrages sont
donc à la disposition des personnes équipées en informatique."
VD: Comment procédez-vous ?
PI: Il y a un grand manque dans le domaine de la littérature,
il y a très peu de livres Braille à la vente et on ne conserve
pas ceux sur cassette, qui sont prêtés par les associations.
Il y en a peu, pas à cause du prix mais du volume. Pour une feuille
A4, il faut compter entre cinq et six feuillets d'au moins 180 g. On emprunte
aux bibliothèques, mais ne les gardant pas, vous ne pouvez pas y
revenir quand vous en avez envie. Les livres sur disquette permettent de
les avoir chez soi. Les gens les achètent et peuvent y revenir après.
VD: Comment les choisissez-vous?
PI: Il y a des manques dans tous les domaines, d'autant qu'en France
il sort à peu près 25 à 30 000 livres par an. Comme
on ne peut pas tout édiiter, on fait des choix. Ils se font selon
3 axes : les demandes spécifiques des lecteurs, par exemple pour
des recherches. Dans ces cas là, on étudie la demande, pour
voir si ça servira à d'autres... Deuxièmement,
l'actualité littéraire, par exemple, je vais chez mon libraire
pour savoir ce qui se vend le plus, donc on fait un point sur les romans,
les essais... Troisièmement, ça dépend des relations
qu'on a avec les éditeurs. Certains répondent rapidement,
oui ou non, mais d'autres ne répondent jamais...
VD: Cela ne les intéresse pas ou ce sont des lenteurs administratives?
PI: C'est un peu tout. Dans certaines grosses maisons il faut contacter
de multiples services et c'est effectivement très long. De plus,
une fois qu'on a passé un accord, on reverse des droits sur chaque
exemplaire vendu, mais il ne faut pas se leurrer, ce n'est pas l'affaire
du siècle Si le même jour, ils reçoivent une
demande pour éditer pour les aveugles et pour adapter un roman au
cinéma ou à la TV, c'est clair qu'ils ne vont pas hésier...
Il y a quand même des démarches administratives, des recherches
auprès des auteurs et des ayants-droit. L'éditeur engage
sa responsabilité, il ne peut pas donner une autorisation comme
ça.
Par exemple, récemment, Madame PAGNOL a refusé
toute reproduction, même sur cassette, idem pour les descendants
de Saint-Exupéry. C'est leur droit, mais c'est dommage D'autre
part, l'informatique fait peur...
VD: Concrètement, que faut-il faire pour recevoir un livre sur
disquette ?
PI: Il faut avoir un ordinateur et nous contacter pour avoir notre
catalogue. Actuellement, il y a entre 350 et 400 titres. Si le livre est
disponible, ce n'est plus qu'une question de commande et de vente. Si non,
il y a des choses que je peux procurer dans un délai de 2 mois,
mais parfois, ça peut durer des années... C'est souvent une
question de personne, de disponibilité, de moment...
VD: Combien coûte un livre fourni par vos soins ?
PI: Les ouvrages sont vendus au prix librairie. Par contre, au départ,
il faut acheter un logiciel de lecture qui coûte 500 F. Les ouvrages
ont un format qui est crypté, pour éviter le piratage...
On propose un choix dans tous les domaines mais aussi pour la presse. On
a commencé avec le Monde, il y a 5 ans. C'est une sélection
proposée par ce quotidien et destinée aux lecteurs à
l'étranger, au départ. Elle est accessible à tous
puisqu'elle n'est pas codée...
VD: La connaissance du braille est-elle nécessaire ?
PI: Non. La disquette peut être lue en vocal, en braille ou en
gros caractères.
VD: Avez-vous des contacts privilégiés avec certains
auteurs ?
PI: C'est arrivé, mais c'est très rare. Il faudrait prendre
le temps d'aller à leur rencontre, notre démarche en serait
sans doute facilitée...
VD: Combien avez-vous de clients ?
PI: Environ 800 personnes, mais nous fournissons beaucoup d'écoles
et de bibliothèques. Il y a encore peu de gens équipés,
au niveau des particuliers, un peu à cause du coût, mais surtout
à cause de la formation: ce n'est pas tout d'avoir une machine,
encore faut-il savoir s'en servir !
Protégez vos chiens des parasites
Jean-Claude Proy
Les puces et les tiques sont les parasites de la peau
les plus fréquents. Il faut les empêcher à tout prix
de venir. Les puces sont synonymes d'ygiène défectueuse et
sont les hôtes intermédiaires des ténias du chien (vers
plats). Les tiques peuvent inoculer de nombreuses maladies et en particulier,
la piroplasmose, très grave.
Les colliers ont été pendant longtemps
le moyen le plus utilisé. Ils sont encore très employés
et fabriqués par de nombreux laboratoires. A ce sujet, un nouveau
collier actif contre les tiques vient darriver chez les vétérinaires
en provenance d'Allemagne. Il est efficace pendant sept mois.
Depuis trois ans, un laboratoire français
a mis sur le marché une nouvelle formule très active qui
a un succès mondial. En pulvérisation, elle permet de protéger
le chien des tiques, pendant un mois, et de faire front contre les puces,
pendant deux a trois mois. Le même produit est disponible en pipette,
à étaler simplement entre les deux épaules, une fois
par mois. On protège ainsi le chien contre les puces et contre les
tiques. Le chien peut se baigner 48 heures après l'application,
le produit nest pas éliminé. De plus, il n'est toxique ni
pour le chien, ni pour ses maîtres et il élimine aussi les
larves de puces de l'environnement, sans avoir besoin d'un autre produit.
Tout récemment, les vétérinaires se sont aperçus
qu'ils pouvaient aussi traiter la gale des oreilles, beaucoup plus vite
et plus facilement, qu'avec les méthodes classiques utilisées
jusqu'ici.
Un autre laboratoire a eu l'idée astucieuse
de mettre ensemble un produit qui tue les puces adultes et un autre qui
empêche leur reproduction, de façon à gagner sur les
deux tableaux à la fois.
Des comprimés peuvent aussi empêcher
les puces de se reproduire si on en fait avaler un au chien, une fois par
mois. Attention ils ne tuent pas les puces qui restent sur le corps
du chien et continuent de lui donner des démangeaisons, de l'agitation,
des plaques rouges. Ils ont pour seule conséquence que les puces
pondent des oeufs non viables.
Les poudres et les bains antîparasitaires
n'agissent en général que pendant 24 à 48 heures.
On comprend qu'ils soient moins employés.
Fédération
(1)
91 rue Jean Bleuzen -92170 VANVES, Tél. 01 46 45 44 55 -
Fax 01 46 44 55 99
(1) Fédération Nationale des
Associations et Ecoles de Chiens Guide d'Aveugles
CCP La Source 33.706.50 R
Association sans but lucratif - Loi 1901
Reconnue d'utilité publique Décret du 26-08-81
Le
bureau de la Fédération est ainsi composé:
Président:
Guy RIMBAULT
Vice-Présidents:
Pierre CAFFIOT, Jacques BOUNIOL, Jacques LEUCI
Secrétaire Général: Christian CARNI-MOLLA
Secrétaire adjoint: Bernard DEFEBVRE
Trésorier:
Fernad LAURENT
Trésorière adjointe: Claude BOVE
Ecole de Chiens Guides d'Aveugles des Flandres (créée
en 1958), 69 rue Voltaire - BP 37 - 59441 WASQUEHAL CEDEX
Tél. 03 20 36 89 75 Fax 03 20 27 64 67
Ecole de Chiens Guides d'Aveugles de Provence Côte d'Azur
(créée en 1956)
Siège: 15 rue Alexandre Mari - 06300 NICE
Tél. 04 93 85 87 00
Secrétariat: 44 bd Auguste Raynaud 06100 NICE
Tél 04 93 98 90 90 Fax 04 93 98 30 01
Ecole de Chiens Guides d'Aveugles de l'Ouest (créée
en 1975), Promenade de la Baumette, 49000 ANGERS
Tél. 02 41 68 59 23 Fax 02 41 47 08 03
Ecole de Chiens Guides d'Aveugles d'Ile de France (créée
en 1975), 3 rue Eugène Dorlet - 77170 COUBERT
Tél. 01 64 06 73 82 Fax 01 64 06 67 42
Ecole Limousine de Chiens Guides d'Aveugles (créée
en 1975), GROSSERIX - 87280 LIMOGES
Tél. 05 55 37 03 31 Fax 05 55 38 24 11
Ecole de Chiens Guides d'Aveugles de Paris et de la Région
Parisienne (créée en 1980), 105 avenue de St-Maurice
- 75012 PARIS
Tél. 01 43 65 64 67 Fax 01 43 74 61 18
Ecole de Chiens Guides d'Aveugles du Centre-Est (créée
en 1985), Domaine de Cibeins - 01600 MIZERIEUX
Tél. 04 74 00 60 11 Fax 04 74 00 60 13
Ecole de Chiens Guides d'Aveugles du Midi (créée
en 1982), Chemin des Aubépines - 13090 AIX-EN-PROVENCE
Tél. 04 42 59 41 40 Fax 04 41 59 37 55
Association Nationale des Maîtres de Chiens Guides d'Aveugles,
BP 97 - 75662 PARIS Cedex 14
Association Nationale "Les Chiens Guides d'Aveugles", 55 rue
de Rome - 75008 PARIS
CESECAH (Centre d'Etude, de Sélection et d'Elevage de
Chiens Guides pour Aveugles et autres Handicapés
Siège: 91 rue Jean Bleuzen - 97170 VANVES
Tél. 01 46 45 44 55 Fax 01 46 44 55 99
Centre: Montsablé - 63190 LEZOUX
Tél. 04 73 73 91 71 Fax 04 73 73 91 73
De l'esprit
Sur ton nuage
Là-haut, assis sur ton nuage
Tu m'attends, mon joyeux griffon,
Ne bouge pas, reste bien sage
Je pense à toi cher compagnon
Tu m'as quitte, j'étais enfant,
Bien longtemps j'ai pleuré mon chien,
Même aujourd'hui parmi les grands
Je n'oublie pas nos tendres liens
Ton souvenir est un refuge,
Un rempart contre les chagrins,
Tu étais plus sage qu'un juge,
Le plus généreux des copains.
Tu m'as attendu pour partir,
un triste soir, veillée d'hiver,
Reste là-haut sans trop gémir,
Moi aussi, mon griffon, j'espère...
Pierre DOGNETON
Chante Flûte!
Par-dessus les toits
Chante une flûte.
Sa voix de cristal
Comme un éclat
De pure joie,
De mille oiseaux
Se fait l'écho.
Elle vibre et murmure
Dans le paffum des fleurs
Et le souffle du vent.
Elle brise les murs
Et vient bercer l'enfant
Qui rêve des étoiles
De paix et de bonheur.
Par la fenêtre bleue de ciel
Chante une flûte à perdre haleine
Et le village doucement
Dans la nuit qui descend
Chante avec elle.
Bénédicte Henriat
Une saine indignation, par le chat
C'est bien poussé par une juste indignation
que je reprends la plume pour cette estimable revue qui, il faut le reconnaître,
fait la part belle à l'espèce animale.
C'est en effet, mes semblables les animaux, ou plutôt,
la façon dont l'homme les traite souvent, qui a soulevé cette
indignation.
Tout le monde se souvient encore avec émotion
de cette manifestation mondiale qui a soulevé l'enthousiasme des
êtres humains, l'oeil rivé sur le téléviseur,
regardant de petits bonshommes pousser une balle avec leur pied. Il y a
des milliers de chiens et de chats qui font cela régulièrement
sans soulever pour cela l'enthousiasme des foules, ni des déplacements
de populations.
Mais où l'être humain devient hélas
infréquentable, c'est lorsque certains éléments de
cette espèce qui se croit supérieure, décident de
mettre à mal quelques uns de leurs semblables, sans autre raison
que celle de vouloir s'amuser un peu, même, et peut-être surtout,
si mort s'ensuit...
Avez-vous jamais vu un animal faire souffrir et
tuer pour le seul plaisir ? L'animal sauvage ne tue que pour se nourrir
et pour assurer la survie de son espèce en nourrissant sa progéniture*.
Personne n'a jamais entendu parler d'un tigre progressant
dans la jungle, des canettes de bière en bandoulière, guettant
un congénère pour lui faire passer un mauvais quart d'heure,
et éventuellement le laisser pour mort.
Et c'est là que réside mon indignation:
cette cruauté qui est l'apanage de l'homme (c'est bien l'homme qui
torture les taureaux avant de les mettre à mort) est occultée
par un langage scandaleux.
On vous parlera de la "bestialité" des humains
qui se livrent à des actes barbares. Et bien je dis que ces êtres
là ne se conduisent pas comme des bêtes, mais bien comme des
hommes, et que toutes les comparaisons que l'homme établit avec
certains animaux devraient être interdites par la S.P.A.
L homme, cet être supérieur, qualifie
les animaux de "frères inférieurs". Il devrait s'interroger
un peu longuement sur sa supériorité.
Parole de Chat.
* Je dois reconnaître que le chat ne dédaigne pas de jouer
avec une souris qu'il a capturée. Nul n'est parfait.
Simone Charlot
Tourisme et gastronomie
Jacques Bouniol
A la découverte de Paris
E n circulant dans divers quartiers de Paris, on est amené à
parcourir des avenues, des rues qui ont un passé. L'idée
m'est venue de consulter divers ouvrages très documentés
et de découvrir que certaines rues ont changé de noms à
plusieurs reprises au cours des années.
Ce fut le cas pour la rue Girardon. Pourquoi commencer
par celle-ci ? Tout simplement parce que mon grand-père maternel
se nommait ainsi. L'impasse et la rue Girardon se situent dans le XVIII
arrondissement.
L'impasse se nommait auparavant "impasse de la Fontaine
Saint-Denis". La légende dit que c'est à cette fontaine,
que Saint Denis est venu "laver sa tête" peu après sa décapitation.
L'eau de cette fontaine avait de telles vertus que
les jeunes filles qui buvaient cette eau, restaient "fidèles" à
leur mari.
La rue Girardon fut ainsi dénommée
en 1867, en hommage au sculpteur François Girardon. Ce nom succédait
aux noms successifs de "Chemin des fontaines", (car il reliait la Fontaine
Saint-Denis, citée plus haut, à la Fontaine La Fosse), de
"la Croix du But", puis de la "rue des Brouillards".
Autour des années 1845, de nombreux moulins
existaient dans le quartier (rue Lepic et tue Girardon). Dans une étude
faite par Monsieur André Maillard, sur les Moulins de Montmartre,
il est question de moulins, qui, eux aussi, ont changé de noms au
cours des années. C'est ainsi qu'un moulin, nommé Le Chapon,
du nom de son propriétaire, est devenu le moulin Radet. Après
moultes tribulations familiales et guerrières, le moulin Rader devient
vers les années 1895, moulin de La Galette. Le mécanisme
intérieur est d'époque.
Sous les noms de Moulin de La Galette ou Bal du
Moulin de la Galette, ce haut lieu du tourisme fut immortalisé par
des peintres tels que Théodore ROUSSEAU, COROT, RENOIR, TOULOUSE-LAUTREC,
etc..
Au nom de TOULOUSE-LAUTREC, sont associés
à juste titre, les noms non moins célèbres de LA GOULUE,
GRILLE D'EGOUT, (appelé ainsi parce-qu'il n'avait plus de dents),
VALENTIN LE DESOSSE.
Dans la rue Girardon, il existe un très court
passage qui longe l'entrée du Moulin de La Galette et qui mène
à "La Mire du Nord". Ce fut d'abord un poteau en bois appelé
"Poteau de la Méridienne", planté en 1675. Ce poteau fut
remplacé en 1736 par une pyramide quadranguIaire, appelée
"La Mire du Nord". Elle a une hauteur de 3 mètres.
Cette édification fut réalisée
avec l'idée de mesurer la lonueur du méridien de Paris sur
tout son parcours en France. C'est l'abbé Jean PICARD qui fut chargé
de mesurer la section Paris-Amiens.
Cette pyramide formait le sommet commun à
trois triangles géodésiques dont les autres sommets se trouvaient
à St-Martin-du-Tertre, Brie-Comte-Robert et à la tour
de Montlhéry. Il avait été prévu que 96 pyramides
semblables seraient construites de Dunkerque au mont Canigou.
Nous passons donc en nous promenant, à côté
de très nombreux monuments ou constructions, qui ont une histoire
que nous ne soupçonnons pas.
Restaurant "Le bistrot de l'étoile"
Pour ce No 39, la recette nous est fournie par le Chef
du restaurant "Le bistrot de l'Etoile", qui se situe rue Lauriston à
Paris. Cet établissement est l'un des six restaurants appartenant
à Guy SAVOY, dont la réputation n'est plus à faire.
Aussi, le Chef qui officie aux fourneaux du Bistrot de l'Etoile, a-t-il
été à bonne école avant de prendre cette responsabilité.
Dès que l'on franchit la porte du restaurant,
on s'aperçoit immédiatement que ce sont de vrais professionnels
qui vous accueillent. L'amabilité et le sourire sont spontanés.
Les tables, au nappage impeccable, sont peut être un peu serrées
mais c'est la rançon du succès. Quelques plantes judicieusement
placées, donnent une touche verte à ce décor clair.
Des peintures, foncièrement modernes, agrémentent les murs.
On devine facilement que la clien-èle se
compose de clients habituels et de passage.
La composition du menu est telle que l'on peut aussi
bien faire un repas rapide, avec un plat principal consistant et savoureux
ou un repas plus élaboré.
La carte des vins est suffisamment variée
pour que chaque client y trouve son bonheur.
Nous remercions le Chef, Monsieur Christophe LACOMBE,
pour son amabilité, et bravo pour la qualité de ses mets.
La recette proposée ci-dessous, est une entrée.
ARTICHAUTS POIVRADE ET FETA A LA COMPOTE DE TOMATES AU BASILIC
(Pour 4 personnes)
Ingrédients:
- 8 pièces d'artichauts poivrade
- 200g de féta
- 4 pièces de concombre
- 20 petites tomates
- 1/4 litre d'huile d'olive
- 2 oignons
- 1 botte de basilic
- 2 cI de vinaigre de Xérès
- thym, laurier, ail.
- Laver les tomates, puis les monder, les épépiner et
les couper en quatre.
- Ciseler les oignons puis les faire suer dans l'huile d'olive. Ajouter
les tomates, 2 gousses d'ail, le thym et le laurier, laisser cuire à
feu doux.
- Couper les artichauts en quatre, les mettre dans une casserole en
les recouvrant de la préparation composée de l'huile d'olive,
et laisser cuire à feu doux.
- Laver les concombres, les couper en petits morceaux et mixer. Ajouter
de l'huile d'olive, le vinaigre, sel et poivre.
- Ciseler le basilic, l'ajouter à la concassée.
- Coupez la féta cri petits dés, les mettre à
mariner dans l'huile d'olive.
Présentation
Faire un lit de concassée de tomates, déposer les artichauts
au milieu, le gaspacho de concombres autour et les dés de féta
dessus.
DES CHIOTS POUR DES EQUIPES "AVEUGLES-CHIENS GUIDES"
DONNEZ POUR DONNER AIDEZ-NOUS !
MERCI
Les revenus nets de cette revue seront consacrées aux
frais de fonctionnement du CESECAH ainsi que ceux de la FNECGA
Retour vers la page d'accueil: