LES YEUX DE SON MAITRE
Les photos devront être rescannées, ayant eu des difficultés de filtrage avec un texte sur fond coloré (je débute)...

No 41, 2ème trimestre juin 1999
image de titre
Editorial: (Guy Rimbault)
Dossiers
Ma vie, par Joual chien d'avengle (Claude Bove, administrateur FNECGA-1)
Les randonnées de l'Estéron (Véronique Demas, attachée de presse FNECGA)
Mes animaux et moi (Véronique Demas)
La patte agile (Michel Rossetti, maître de chien guide)
Portrait
Maudy Piot, psychologue-psychanalyste aveugle (Jacqueline Quérard, administratrice FNECGA)
Reportage
Histoires d'animaux (Véronique Demas)
Cinqième International Computer Camp (Christiane Audebert, administratrice CESECAH-3
Savoir faire et faire savoir
Le plus attaché des deux n'est pas celui que l'on croit (Véromique Demas)
Actualité
Opération Vitakraft - Carrefour (Jacques Bouniol administrateur FNECGA)
Comment rédiger un testament ? (Jacques Bouniol)
Communiqués
L'Euro et nous (Michel Billault, administrateur FNECGA)
Fédération
(Carte, bureau, Associations)
De l'esprit
Poème "L'autonomie", Jean Rabillon, maître de chien guide
Poème "Des Yeux" Jacqueline Querard
"L'évasion" Simone Charlot
Tourisme et gastronomie
L'abrivada (François Prieur)
La cave idéale (Jacques Bouniol)
photo de couverture
Le chien guide peut aussi conduire au cheval...
Pour tout renseignement sur un article de la revue, vueillez vous adresser au secrétariat de la FNECGA au 01 44 64 89 89

ğdito
Guy Rimbault Guy Rimbault
 LE CHIEN GUIDE SANS SON HARNAIS

    Le chien guide, comme son nom l'indique, se doit, lorsqu'il est muni de son harnais ou de sa laisse, de guider son maître, aveugle ou très malvoyant, dans les meilleures conditions de sécurité et de confort pour ce dernier
    Cela, me direz-vous, tout le monde le sait i Quoique ! Il n'est jamais superflu de le répéter
    Mon propos, dans cet éditorial est de débarrasser le chien de son harnais et de sa laisse, et de parler de son comportement lorsqu'il est tout simplement chien. Car si, lorsqu'il est au travait il lui est interdit de fréquenter ses congénères ou toute autre espèce à quatre pattes ou, ce qui lui est plus difficile, à deux pattes et deux ailes, lors-qu'il est en liberté, il redevient tout-à-fait lui-même, et fort heureusement d'ailleurs!
    Mais, à vrai dire, il y a là une difficulté à parler de ce comportement. Car dans l'es-pèce canine, c'est exactement la même chose que dans l'espèce humaine: il y a des attirances, et il y a des répugnances. Les amitiés ou les inimitiés de nos animaux favo-ris envers les autres, au fond ne regardent qu'eux-mêmes.
    J'ai vu des chiens dormir avec un chat entre leurs pattes; personnellement, mes trois chiennes berger allemand que j'ai eues successivement ont toujours eu plutôt ten-dance à courser à travers mon jardin les chats qui s'y aventuraient, et qui trouvaient d'ailleurs refuge sur une branche d'arbre, en narguant le chien qui n 'y pouvait mais...
    Par contre, en ce qui concerne les autres animaux, mes trois chiennes ont eu des comportements très différents. Linda, ma première chienne, s'attaquait systémati-quement à tout quadrupède. Elle jouait au chien de berger dans les champs où se trouvait un troupeau de vaches. Je devais la maintenir très ferme lorsque nous ren-contrions des cavaliers dans les allées du bois proche de ma maison.
    La deuxième, Orsia, était aussi virulente, toutefois plus calme avec les chevaux. Son grand plaisir était de courir après les oiseaux, y compris de se jeter dans la mer pour poursuivre une bande de mouettes ou de goélands. Je crois que, durant toute sa vie, elle n 'a jamais compris pourquoi ils lui échappaient. Nutsy ma troisième, que j'ai depuis peu, m'a l'air beaucoup plus indifférente à toutes ces espèces, et lorsqu'elle rencontre un congénère en liberté, c'est toujours un plaisir pour elle d'aller jouer jus-qu'à ce que les maîtres respectifs les rappellent à leur devoir
    On pourrait multiplier les exemples à l'infini. Les maîtres de chiens guides pourraient vous raconter nombre d'anecdotes sur le comportement de leurs chiens envers les autres animaux. En nous mettant tous ensemble, nous pourrions même écrire un livre sur ce sujet! Mais je crois que l'essentiel pour nos chiens que nous obligeons à travailler à être attentifs, sérieux, et pour lesquels cela représente une très forte contrainte, je crois, dis-je, et je suis même persuadé qu'il faut, en dehors de ce tra-vai1, les laisser s'exprimer selon leur tempérament. Ils ont absolument besoin de se défouler et de vivre selon ce que la nature a prévu pour eux. Faute de quoi, cela deviendrait vite dommageable pour leur santé physique et mentale. 


ATTENTION:
Depuis le 1er mai, notre adresse est:
71 rue de Bagnolet - 75020 Paris - Tél. 01 44 64 89 89

MA VIE, PAR JOUAL, CHIEN GUIDE D'AVEUGLE
 Joual raconte:
    Le réveil sonne tous les jours à 6 h 30. Brrr ! Il fait froid ce matin, je suis contente de retrouver mon panier après mon tour de jardin
    Il est vrai qu'à mon âge, on devient frileux et il faut que je profite de ma retraite. Je ne sais pas ce que cela veut dire, mais pratiquement, je reste de plus en plus au chaud, bien douillettement installée dans mon couffin.
    Depuis mon arrivée chez Dominique, on m'a désigné mon coin, mon territoire. J'ai aussi mon tapis dans la salle à manger, à bonne distance de la table. Je les surveille du coin de l'oeil. Ils sont tout pour moi.
    J'ai eu une vie heureuse de chien guide, bien que certaines choses m'aient échappé, je n'ai pas tout compris. Aussi, pour vous parler de ma  vie, je vais demander à Dominique et à Claude de vous raconter.
    Domini que raconte:
    Depuis 8 ans, c'est toi, Joual, qui as été "un regard pour deux". Tu es la troisième à qui j'ai fait confiance, et tu n'as toujours pas compris qu'un chien guide, s'il m'a donné une autonomie et une liberté d'homme, pose quelquefois des problèmes avec l'environnement...
Le Pont d'Avignon, allez savoir pourquoi il n'y en a que la moitié!
    On cherche un grand sac!
    Je t'ai raconté comment un chauffeur de bus m'a interpellé alors que j'étais guidé par Déa, mon berger allemand, en me signifiant que les chiens devaient être mis dans un sac ! Les voyageurs ont bien ri quand je lui ai répondu que je n'avais pas trouvé de sac à dos assez grand
    Je n'ai pas eu ce problème avec toi.
    Toi, tu as été gâtée, tu as toujours eu un jardin à ta disposition, mais les deux copines qui t'ont précédée ont connu  l'appartement  dans  un immeuble de 15 étages à Vitry.
Déjà au régime...
    Il faut, dans ce cas, ménager des temps de jeu et de détente dans la journée, d'autant que ma chienne reste enfermée avec moi dans mon cabinet où je travaille. Il faut t'avoir à l'oeil, car mes patientes essaient de te donner en douce des gâteaux ou des bonbons, et de grossir, ce n'est bon ni pour tes pattes arrières, ni pour ton coeur. Pour t'imposer partout, je te fais coucher à mes pieds au restaurant, au concert ou dans une réunion. Tu l'as très bien compris, tu en profites pour dormir, et même pour ronfler!
    J'ai rangé ton harnais, c'est dur de se passer de toi, mais tu vas vivre comme un chien de compagnie, Claude va te garder avec elle.
Claude raconte:
    Tu sais, depuis 25 ans qu'il y a un chien à la maison, les poils et les traces de pattes sur le sol, on s'y fait. Tu dois me trouver maniaque de changer les couvertures de ton panier pour les laver. Toi, tu préfères que ça sente le chien, moi pas ! J'ai pris l'habitude de préparer ton sac quand nous nous déplaçons ou que nous sommes invités, j'emmène un drap pour te faire coucher par terre, ta gamelle et la serpillière pour que tu ne salisses pas le sol en buvant.
    Maintenant que tes pattes te font souffrir; j'ai aménagé la voiture pour que tu voyages confortablement sans avoir à sauter dans le coffre.
Mais cela ne fait rien, c'est bien toi la plus belle.
    Joual conclut:
C'est bon de se sentir aimée !

LES RANDONNEES DE L'ESTERON
Véronique Demas
Niché entre mer et montagnes, ce centre équestre est différent. L'équitation est accessible à tous: cavaliers débutants, confirmés, voyants ou aveugles.

Devenir un "homme de cheval"
    Connaître son cheval, sa morphologie, ses besoins, savoir le panser, lui prodiguer les bons soins, est indispensable lorsqu'on prétend devenir cavalier. Être aveugle ne dispense pas de s'occuper de sa monture. Ces premiers contacts sont aussi des instants de complicité avant la leçon ou la promenade, qui permettent de resituer l'animal dans l'espace, de bien comprendre l'utilité et le fonctionnement de son harnachement. En reprise ou en monte particulière, chacun reçoit les principes de base ou se perfectionne à son rythme.
    Dans ce centre équestre, Martine LE FRAPPER DU HELLEN offre son expérience à ceux qui n'ont pas la possibilité de faire de l'équitation dans un club conventionnel.
Miel guide Vanessa et CHristol
VD: "Quelles sont les qualités de bases requises pour monter à cheval?"
MFH "La première motivation, c'est l'attirance pour les chevaux. Il faut aussi des qualités physiques, le sens du rythme, de l'équilibre et des réflexes. Sur le plan moral, un goût pour l'effort, un certain courage et un sens de la communication..."
L'équi'tation est une conversation permanente entre le cheval et le cavalier.
VD : "Pourquoi faire des séances d'équitation avec des aveugles?"
MFH : "C'est très intéressant et gratifiant de chercher à élucider des problèmes équestres, à établir une stratégie pour trouver des solutions. J'essaie de mettre en place la méme démarche pour les personnes ayant un handicap visuel. Une fois la première  appréhension  dissipée,  la confiance établie entre le cavalier aveugle, son cheval et le dresseur, les progrès sont rapides. Le cavalier aveugle est plus attentif avec sa monture. Il est aussi plus sensible aux sensations que lui procure le cheval aux différentes allures."
Le cheval adopte l'équipe...
VD: "Être aveugle est-il un gros handicap pour monter à cheval?"
MFH  "Le cheval dressé a la faculté de comprendre plus ou moins intuitivement ce qu'on lui demande, ce qui facilite l'apprentissage de l'équitation pour les personnes déficitaires. Le cheval, très observateur, extrêmement sensible, perçoit l'humeur, les intentions, à travers les gestes de ceux qui l'entourent. Il y réagit de façon troublante. Par exemple, il comprend très bien le rôle du chien guide, qui accompagne son maître vers lui, qui reste à ses pieds, et il le tolère dans ses jambes, chose qu'il ne fait pas avec les autres chiens du manège
VD: "Employez-vous un matériel adapté?"
MFH: "Il me paraît bon d'utiliser des selles anglaises munies d'un sur-selle, qui cale l'assiette du cavalier et le stabilise. Les étriers fermés, de type camarguais, ou avec des semelles antidérapantes,  permettent  aux pieds de rester en position correcte.
Le chien guide aussi a compris...
VD:" Quelle discipline conseillez-vous aux personnes aveugles?"
MFH : "Je les emmène en randonnée, en compagnie de leur chien guide. Cela nécessite un petit entraînement, mais très rapidement le chien guide comprend qu'il peut accompagner  son  maître,  il  ne s'éloigne d'ailleurs jamais beaucoup. Quand le cavalier met pied à terre, il remet le harnais au chien. Le chien guide dirige donc son maître et sa monture, pour suivre le groupe... Bien sûr; on ne part en randonnée que  lorsque  les  aveugles  sont capables d'affronter les quelques difficultés que chacun  rencontre dans cette discipline, ils doivent aussi être capables de prendre partiellement en charge les soins à apporter à leur monture... Pour ceux qui préfèrent travailler leur cheval avec un peu plus de technique, on essaie d'aborder les figures classiques de basse école."
Vanessa témoigne...
    "Ma passion pour le cheval a commencé dès mon plus jeune âge. Cet animal imposant, à la fois curieux, sensible, intelligent et imprévisible m'a toujours fascinée. Le seul problème, c'est que je n'avais pas trouvé de centre équestre susceptible de m'aider à monter "correctement", mais aussi à surmonter mes difficultés liées à mon handicap visuel.
    C'est alors qu'un beau matin d'octobre, j'ai découvert "les Randonnées de l'Estéron". J'ai eu un véritable coup de coeur  pour Christol, charmant camarguais blanc truité de 12 ans.
    Depuis ce jour; je monte une à deux fois par semaine, avec la conviction de progresser et d'apprendre.
    Mais cette complicité ne s'arrête pas là. Miel, mon labrador de 2 ans, éduquée à l'Ecole d'Eze, est aussi de la fête! Christol l'a adoptée dès le premier jour et a compris immédiatement que nous formions tous les trois une véritable équipe. Pendant toute la durée de la séance, ils marchent tous les deux côte à côte, sans aucun incident. Miel est maintenant rassurée, car elle comprend que je ne suis plus en danger sur Christol.
    Mon objectif, à terme, est de faire du dressage et avec Martine, propriétaire du Centre, nous avons de nombreux projets..."
L'art au bout des doigts...
    Paul BEGUE, sculpteur, a fait de ce centre équestre son atelier à ciel ouvert  Au milieu de l'oliveraie, il marie marbre, bois et métaux. Formes et matières enferment dans leur symbolique l'homme prisonnier d'un engrenage infernal, celui de la société de production. L'exposition est permanente et accessible à tous sur le site, au détour des sentiers...

en randonnée...
Photos ALAIN RINAUDO
    Les Randonnées de l'Estéron offrent un accueil chaleureux, pour des séjours de vacances, des stages équestres en pleine nature et la découverte de l'univers fabuleux de la sculpture moderne.


MES ANIMAUX ET MOI
Véronique Demas
Élisabeth est une jeune femme aveugle dynamique et sensible, qui mène sa carrière d'auteur -compositeur - interprète avec brio. Au travers du chant, de la musique, elle se réalise pleinement. Les animaux lui sont également indispensables, c'est une véritable passion!...
Véronique DEMAS: "Combien d'animaux vivent chez toi actuellement ?
EV : "J'ai léna et Rua, mes deux chiens guides (Blia est en retraite), j'ai également une chatte blanche et noire aux yeux verts, qui s'appelle Douce. Il y a aussi Elvis, un mainate, noir avec des couleurs oranges et violettes. Puis, Aurore, qui est une calopsie, de la famille des perruches. Elle est orange, grise et blanche, avec une petite huppe sur la tête..."
VD: "Tout ce petit monde fait-il bon ménage?"
EV: "Oui, tout se passe bien ! Douce joue et dort souvent avec léna..."
VD : "La chatte n'a jamais eu envie de croquer les oiseaux?"
EV : "Non, mais elle aime bien dormir sur leur cage, et si elle s'approche trop près, Elvis lui donne des coups de bec. Aurore chante d'une façon différente, lorsque Douce vient un peu l'embêter, donc je surveille et j'interviens s'il le faut... Je ne m'ennuie pas avec tout ce monde Ça demande quand même pas mal de travail, il faut changer la litière de la chatte, veiller à ce que tout soit propre, mettre de l'eau, préparer leur nourriture, d'autant que chacun a son menu
VD : "As-tu décidé d'avoir un chien guide parce que tu aimes les animaux, ou était-ce une démarche différente ?"
EV : "C'est surtout parce que j'aime les animaux. Cependant, je me guidais avec la canne blanche depuis 4 ans, mais j'étais complètement bloquée. Je ne faisais rien, je n'osais pas sortir. J'avais honte, je n'étais pas à l'aise. Suite à la rencontre d'une amie qui a un chien guide, ça m'a tellement plu, que j'ai fait une demande à l'Ecole d'Angers."
VD : "Avais tu déjà tes autres animaux à ce moment-là ?"
EV: "Non, ils sont venus après. Blia a été toute seule pendant 5 ou 6 ans, mais à ce moment-là, j'avais un tout petit appartement, donc c'était difficile  d'avoir  d'autres  animaux. Lorsque je suis venue habiter au Longeron, des chats abandonnés sont arrivés dans mon jardin, c'est comme ça que je les ai adoptés et que la famille s'est agrandie..."
VD : "Le surcroît de travail ne t'as donc pas effrayée?"
EV : "Non, pourtant j'avais 3 chats, en plus de Blia et léna
VD: "Comment Blia a-t-elle accepté la venue des autres animaux?"
EV : "Elle les a très bien acceptés, ça s'est fait très naturellement. C'est moi qui étais un peu débordée, puisque, lorsque j'ai eu léna, les chats et Elvis sont arrivés au même moment. Depuis que j'ai déménagé, le gros chat a disparu, il n'a pas dû se plaire ici, et Miel est morte. Aurore est ici seulement depuis 2 mois. Ce sont des cousines qui habitent en appartement qui me l'ont donnée, parce qu'elle chante très fort..."
VD: "Tu n'as donc jamais acheté tes animaux?"
EV : "Non, ils sont venus comme ça, au hasard des rencontres..."
VD : "Est ce que tes chiennes connaissent ton cheval?"
EV : "Oui, au départ j'ai emmené Blia, et puis les deux après. Les labradors sont des chiens d'eau, et sur le site, il y a beaucoup de petits étangs. Elles se baignent, viennent s'ébrouer devant le cheval, lui, il prend peur, ce qui fait que je suis tombée plusieurs fois   Lorsqu'on passe près d'une ferme, elles courent après les poules, et moi, j'ai déjà assez à faire avec mon cheval  Donc je les laisse à la maison..."
VD : "Comment se passe la retraite de Blia ?"
EV: "Je la sors de temps en temps pour la promener. Parfois, je prends les deux chiennes pour des petits parcours...
VD: "Quel âge a Blia?"
EV : "Douze ans. Hier soir, je suis allée chanter à la chorale, à l'église, je suis allée et venue avec léna, Blia gardait la maison."
VD: "Aurais-tu le coeur de te séparer de tes compagnons, si ta situation changeait ?"
EV: "Non, je ne pourrais pas! Ils font partie de ma vie, j'en ai besoin..."
VD : "Avais-tu déjà des animaux quand tu étais petite ?"
EV : "Oui, chez mes parents, il y a toujours eu des chiens, des chats, des oiseaux..."
VD : "Lorsqu'on a des animaux dés l'enfance, ça devient un besoin ?"
EV : "Oui, mais je pense que tout le monde ne le vit pas de la même façon. Je pense qu'il faut l'avoir en soi...

Elisabeth avec Douce, Elvis et Aurore

LA PATTE AGILE
Michel Rossetti
ASSOCIATION DE RANDONNEURS, DE PERSONNES DÉFICIENTES VISUELLES ACCOMPAGNÉES D'UN CHIEN GUIDE ET DE LEURS ACCOMPAGNATEURS

    En route...
    LA PATTE AGILE a vu le jour en mai 1996. Elle compte aujourd'hui une quarantaine d'adhérents (personnes voyantes ou non-voyantes accompa-gnées d'un chien guide).
    Tous les quinze jours, le dimanche, une randonnée de quinze à vingt kilomètres est organisée dans la région d'Ile-de-France. Ces sorties de quatre à cinq heures de marche (hors pauses et arrêt pique-nique) se déroulent sur la journée.
    Au delà du déplacement en ville que vous accomplissez avec votre chien guide,  vous souhaitez  pratiquer, avec lui, la randonnée pédestre, porté par une ambiance gaie et tonifiante en pleine nature.
    Vous recherchez une autre forme de complicité avec votre chien : l'association "La Patte Agile" a été pensée pour vous et ceux de votre entourage qui désireraient partager des moments de détente et de découverte. En effet, l'équipe "Aveugle-Chien guide" est plus habituée à arpenter seule le macadam des villes que  les sentiers de  randonnée. Pourtant, l'envie est grande de parcourir les chemins en restant autonome grâce à son chien et à la présence d'accompagnateurs.
    La forêt, la campagne, les bords de rivières sont autant d'espaces où les repères pour les personnes déficientes visuelles sont différents et enrichissants. Les bruits, les odeurs, la nature du sol sont autant d'éléments à découvrir à chaque pas par ses propres facultés ou avec le concours des accompagnateurs. La randonnée privilégie les rencontres et les échanges au cours de la marche ou pendant les arrêts.
    Pour  les  compagnons  à  quatre pattes, les occasions, lors des pauses, sont multiples: se défouler dans les courses émaillées de nombreux plongeons dans le moindre trou d'eau rencontré, se livrer à des joutes furieuses mais amicales pour la possession d'un simple morceau de bois mort, sans compter les moments passés à suivre une piste la truffe collée au sol ou se rouler dans les herbes et les feuilles.
    Ces sorties sont l'occasion pour les maîtres de chien guide de décou-vrir,   dans   un   environnement agréable et varié, toute l'étendue des  possibilités  et  les  qualités d'adaptation de leur chien, tout en contribuant à renforcer la complicité qui  les  unit.  Tous,  personnes voyantes et non-voyantes, consta-tent l'aide efficace d'un chien guide. Cette activité permet également d'aller à la rencontre d'autres asso-ciations de randonneurs.
    Après quelques moments d'hésitation, bien compréhensibles devant cette situation  insolite,  tout  le monde nous considère comme des randonneurs à part entière. Ces rencontres favorisent une approche du "monde" de la cécité, avec beaucoup moins d'appréhension.
    Le  rôle  des  accompagnateurs voyants de nos sorties s'inscrit dans une démarche d'aide et de rencontre avec les autres. En effet, si leur présence est nécessaire pour des raisons de sécurité et d'organisation, celle-ci se prolonge bien au-delà. C'est l'occasion pour eux de découvrir des personnalités différentes en partageant une passion commune dans la bonne humeur.
    Nous n'inventons rien dans la pratique de la randonnée; déjà beaucoup de déficients visuels pratiquent cette activité en compagnie d'amis, mais nous souhaitons en offrir la possibilité à ceux dont l'entourage n'est pas disponible.
    Les formes de la pratique de cette activité sont multiples, de la balade découverte à la marche sportive. Pour preuve, nous avons déjà organisé la découverte du Bois de Sevran en compagnie d'un botaniste et la visite du musée des poudres, mais aussi une randonnée de quarante kilomètres sur deux jours avec plus de vingt chiens.
    En espérant vous retrouver nombreux, LA PATTE AGILE est au début de son histoire et devant elle s'ouvrent des milliers de kilomètres d'aventures.
    En route...

MAUDY PIOT, PSYCHOLOGUE-PSYCHANALYSTE AVEUGLE
Jacqueline Quérard
    Le lieu de naissance de Maudy Piot, à l'île de Malte il y a 55 ans, fut un pur hasard. C'est en effet pendant le voyage que sa famille entreprit pour aller en Syrie, où son père, médecin, avait  été nommé ambassadeur, qu'elle naquit au cours d'une halte. Ce prénom original, Maudy, symbolise l'épopée de sa naissance. Catalane dans l'âme, elle garde un très bon souvenir de son enfance passée dans les vignes de ses grands-parents.

Maudy Piot
La distraite...
    Atteinte de rétinite pigmentaire depuis l'enfance, personne dans son entourage n'avait décelé cette maladie. On la trouvait distraite parce qu'elle se cognait partout ; elle en était elle-même persuadée. Son père l'emmène quand même consulter un ophtalmologue, qui  diagnostique une myopie.
    Sa rétinite pigmentaire a été décelée aux environs de sa dixième année, mais sans aucune explication, et cela a été ressenti comme une tare au niveau familial. Elle apprendra plus tard, en consultant dans un grand hôpital parisien, qu'il fallait que les deux parents soient porteurs pour être atteint de la rétinite pigmentaire, ce qui mit tout le monde d'accord.
    Maudy Piot a très mal vécu son handicap visuel au cours de son enfance, sa famille niant l'évidence. Elle se sentait donc rejetée. Elle était plutôt perçue comme un bolide, heurtant tout sur son passage.
    Maudy Piot entreprend des études de médecine, qu'elle doit malheureusement abandonner très vite en raison des difficultés qu'elle rencontre. Elle suit des études d'infirmière, au cours desquelles elle est opérée de deux kystes sur les nerfs optiques. Après une interruption de 6 mois, elle obtient son diplôme d'État.
    Elle ne pourra malheureusement exercer qu'un an. Elle s'oriente alors vers la kinésie(thérapie). Elle exercera cette profession une dizaine d'années.
    Envoyée dans un service de psychiatrie, elle se passionne pour cette spécialité. Tout en continuant de travailler, elle reprend des études de psychologie, obtient son DESS, et petit à petit, elle est passée psycho-thérapeute-psychanalyste, poste hospitalier qu'elle occupe depuis 20 ans. Elle exerce également en libéral.
Adaptation
    Maudy Piot a un résidu visuel qui ne lui permet plus de lire ni d'écrire; elle s'est donc informatisée et utilise une synthèse vocale. Elle ne connaît pas le braille, n'ayant pas été préparée à la perte de la vue. Jusqu'en 89, elle a d'ailleurs complètement rejeté le milieu des handicapés visuels: elle était suffisamment autonome, malgré ses difficultés. C'est à cette époque qu'elle a commencé à utiliser, non sans réticence, une canne blanche, qui lui a permis d'acquérir une meilleure autonomie de déplacement, complétée par une formation en locomotion il y a 4 ans. Ce nouveau pas franchi, comme sa vue continue de baisser, et qu'elle se déplace beaucoup au niveau professionnel, elle a demandé un chien guide d'aveugle à l'Ecole de Paris.
    "La vie est extraordinaire", m'a-t-elle confié. Perdre la vue au quotidien est une situation douloureuse à vivre, mais chaque aide technique est arrivée au moment où elle en avait besoin, en lui permettant de franchir un palier de perte de vue supplémentaire: le téléagrandisseur, la canne, l'ordinateur, le parrot (petit agenda électronique).
    Elle est très fière de ses enfants, Manoel, garçon de 19 ans, et Joana, fille de 18 ans. Son mari, sociologue, a toujours été très présent. Il l'accompagnait dans ses déplacements, ses rendez-vous: il était formidable. Il y a deux ans, le chien guide est arrivé à point nommé pour compléter l'usage de la canne. Maudy Piot tient cependant à souligner qu'il est très difficile de s'y adapter au cours des premiers mois.
Le déclic
    Son intérêt pour le milieu handicapé visuel a commencé au cours d'une émission avec Mireille Dumas, Bas les Masques, où elle était invitée. Cela a été le déclic. Elle a alors découvert que la vie associative était passionnante.
    Maudy Piot faisait appel à certaines associations pour les aveugles. Elle s'investit  auprès de l'association Rétina France, qui organise des concerts, des spectacles, dont le bénéfice est destiné à financer la recherche. Un laboratoire, le Certo, a été créé à l'hôpital Necker - Enfants
malades en partenariat avec l'Association Valentin Haüy, ce qui permet à l'association Rétina France d'étendre ses recherches à toutes les maladies de la rétine.
    Elle collabore au GIPAA (Groupement d'information progressiste des Aveugles et Amblyopes), qui organise des voyages (Cuba il y a deux ans, le Vietnam l'an prochain), et a des activités culturelles et un journal sur cassette : l'Oreille Gauche.
    Maudy Piot participe aux travaux de la Commission des Femmes de la Fédération des Aveugles et Handicapés Visuels de France, mise en  place par Christine Mirabel-Sarron (médecin psychiatre aveugle) et travaille également pour le journal L'Agrandi destiné aux mal-voyants dans lequel elle publie une chronique mensuelle.
    Elle est membre de l'Association des Psychologues, qui travaille auprès des handicapés visuels et participe à des actions ponctuelles avec l'Ecole de Paris.
    Maudy Piot tient à faire ressortir la difficulté pour les voyants d'appréhender et de comprendre la mal-voyance, source de quiproquos et de malentendus.
    Cette maladie évolutive modifie le comportement du malvoyant, chaque palier impliquant une dimi-ution de l'acuité visuelle. Les personnes atteintes de rétinite pigmentaire ont les yeux intacts, ce qui déconcerte les voyants.
    Maudy Piot, après avoir nié son handicap visuel, oeuvre avec toute son énergie pour mieux faire connaître la spécificité des personnes qui perdent la vue progressivement.

HISTOIRES D'ANIMAUX
Philippe. RAGUENEAU raconte ses chats...

"Les chats, c'est un monde ! Un univers!
    Il faut savoir y pénétrer, parce que le chat ne se livre pas facilement. C'est un être qui a besoin qu'on le comprenne. Il faut faire l'effort de le comprendre, même quand il parle. Un chat dispose de 69 vocables différents, et il ne sort ce vocabulaire que si vous faites l'effort de comprendre ce qu'il veut dire. A ce moment la, on dialogue C'est pour ça que j'ai écris ce livre, Tiburce, le chat qui parlait comme vous et moi, parce qu'on a presque des conversations!
Philippe Ragueneau
    Le Chat Moune, c'était notre premier chat. Il était tout-à-fait exceptionnel, un chat de rue, qui a vécu jusqu'à 22 ans, et qui est mort de sa belle mort. C'était un personnage extraordinaire  Il avait tellement d'idées, d'imagination, de trouvailles, qu'il m'a permis d'écrire 5 livres sur lui, et quelques autres histoires a côté. Je n'avais qu'à le regarder, à l'observer, j'étais le spectateur, le scripteur de ses faits et gestes...
Les chats adorent le papier, ils sont les amis des écrivains. Ils aiment aussi la lecture, être avec leurs esclaves. On n'est jamais le maître d'un chat, on est son humble serviteur

Christian GIRAUD me parle de son livre Les bêtes et nous.
    CG  "Je traite dans ce livre des comportements des maîtres, et non des animaux. Le comportement des maîtres vis à vis de leur chien, de leur chat, de leur crocodile, de leur boa, de leur singe, qu'ils peuvent avoir chez eux... Je me suis posé la question : pourquoi, alors qu'on a des enfants, des femmes, des maîtresses (tout ce qu'il faut !), on a besoin d'avoir des chats ou des chiens ? A quoi est-ce que ça correspond?
    J'ai écrit ce livre en illustrant ce propos, en posant cette question sans y répondre (chacun apporte sa réponse), à travers des histoires qui me sont arrivées durant mon exercice en cabinet, pendant 30 ans, à Paris.
    Il y a des histoires drôles, mais aussi assez dramatiques, qui font que l'on se pose des questions..."
VD : "L'attachement à l'animal provoquerait des événements dramatiques ?"
CG : "L'animal est souvent un révélateur. Des gens peuvent prendre un chat ou un chien de façon très innocente, et parfois la mort de cet animal provoque un tremblement de terre. On s'aperçoit que l'animal recouvrait des choses inconnues, qui se dévoilent à l'occasion de ce problème...
    J ai rencontré des cas dramatiques, qui vont au-delà de ce que l'on peut imaginer chez des personnes sensées. Tout cela s'explique, parce que l'animal touche à l'irrationnel des gens. On pourrait dire que la psychanalyse se sert du rêve pour arriver à l'inconscient, alors qu'en fait, on peut passer par l'animal pour l'atteindre
Christian Girard
Ce n'est jamais innocent d'avoir un animal
VD : "Est ce un fait de société nouveau ?"
CG :  Les gens ont toujours eu des animaux... Au XVIlIe, au XlXe siècle, les femmes avaient des petits chiens, elles les soignaient... On fait toiletter nos chiens, mais on n'imagine pas qu'au XIXe  on  les habillait.  Ils avaient des tenues de soirées, de bal, de bain, il y avait des bijoux pour animaux ! Aujourd'hui, on est très sage avec nos animaux
VD: "Peut-on aller jusqu 'à remplacer une personne par un animal?"
CG  "Il y a tout un chapitre qui s'appelle Brèves de Vétérinaire. Ce sont des petites réflexions que les gens m'ont faites. Il y a une jolie dame qui m'a confié: "J'ai un chien parce que, quand mon mec ne me parle pas, je parle à mon chien !"
VD  "J'ai un chat, un chien, et un lapin, alors qu'allez-vous penser de moi ?"
CG : "Si vous les avez, ça correspond à quelque chose d'essentiel, mais qui n'est peut être pas évident... Cela peut s'expliquer comme un retour à l'enfance, un besoin d'affection... Chacun a sa réponse."
VD  "Pensez-vous qu'avoir des animaux dès l'enfance nous conditionne?"
CG : "Il y a effectivement une certaine forme d'éducation,  mais  les enfants sont portés vers les animaux instinctivement. Il y a une connivence immédiate entre eux, donc ils ont tous un peu la culture de l'animal."
VD:  Faites-vous la différence entre ceux qui ont eu des animaux et ceux qui les découvrent à l'âge adulte ?"
CG : "Souvent, celui qui n'a pas voulu d'animal, et qui se retrouve avec, incidemment, y est infiniment plus attaché. Cette personne refusait l'animal parce qu'elle avait peur de cet attachement. On assiste souvent à des révélations...
    Alors que ceux qui en ont eu dès l'enfance ont un rapport beaucoup plus sain, acceptent mieux leur disparition, ça fait partie du jeu de la vie. Cependant l'amour des gens pour leur animal peut être très ciblé. Ce n'est pas seulement les chiens et les chats, c'est ce chien ou ce chat-là."
VD  "Avez vous pu approcher des maîtres de chiens guides ?"
CG : "J'ai des clients aveugles, qui ont des chiens guides, que je soigne. C'est vrai qu'ils ont une relation différente avec leur chien. Le chien est aussi un instrument, une aide pour la vie de tous les jours.Certains y tiennent énormément, d'autres ESSAIENT d'être plus détachés !


JUILLET 1998: CINQUIÈME "INTERNATIONAL CAMP" AU CRDV(1) DE CLERMOND-FERRAND
Christiane AUDEBERT
Samedi 11 juillet 1998:  date si souvent évoquée et tant attendue, aussi bien par les organisateurs que par les participants.
    Depuis plus d'un an, nous avons, avec l'E.R.E.A.D.V. de Villeurbanne (2) préparé soigneusement cette manifestation exceptionnelle. L'l.C.C.(3) est né en Autriche, s'y est déroulé en 94, 95, 96 et, après la Hollande en 97, c'est au tour de la France de recevoir ces jeunes  Européens déficients visuels réunis par leur passion pour l'informatique. Ils ont compris tout ce que l'ordinateur peut leur apporter dans les domaines de l'autonomie, de l'insertion sociale, scolaire, universitaire et professionnelle.
    Les participants les plus avides sont même arrivés la veille afin de se familiariser avec les locaux et leur environnement. Le samedi soir, le groupe est au complet : 75 jeunes non et malvoyants de 17 à 20 ans et leurs accompagnateurs originaires de 10 pays  Allemagne, Autriche,
Belgique, Bulgarie, France, Hollande, Irlande, Norvège, Suède et Tchéquie. Dès la première soirée, les échanges en langue anglaise s'instaurent.
    Le lendemain, tous sont au premier rendez-vous avec une ponctualité remarquable, pressés de connaître le programme détaillé des divers ateliers informatiques animés par des professionnels européens auxquels se sont joints ceux de l'établissement. Chaque jour; une dizaine d'ateliers comprenant plus de 60 microordinateurs fonctionnent avec des logiciels en version anglaise. Ils sont équipés de grands écrans et d'une vingtaine de terminaux braille.
La découverte de l'ordinateur
    Soulignons que la mise en place de ces équipements n'a pu être réalisée qu'avec l'aide de nos partenaires techniques : lnetech, Handialog et Tienan.
    Ces ateliers proposent des sujets variés, certains simples, mais indispensables, comme la découverte de Windows 95, le traitement de textes; d'autres s'adressent à des jeunes déjà bien initiés: la programmation, le multimédia, Internet... Les ateliers civilisation, langue française, gastronomie sont là pour favoriser les échanges. Enfin, l'atelier journal permet de diffuser au quotidien, et surtout de conserver un souvenir de tout ce qui a construit l'originalité de ce camp : le sérieux des apprentissages, les échanges entre jeunes, les moments de détente et de partage dans  l'euphorie de la finale du Mondial et des fêtes du 14juillet.
Des étudiants assidus...
    Un programme culturel est propose chaque fin d'après-midi avec:
- visite commentée de Clermont-Ferrand que les étudiants ont pu parcourir tout à leur aise grâce à la situation  en  centre-ville du C.R.D.V(1);
- découverte de Gergovie et du sommet du Puy-de-Dôme qu'une météo digne d'un mois d'automne n'a pas permis d'escalader;
- visite d'Orcival et de sa basilique romane avec commentaires adaptés au public déficient visuel (notion d'orientation, descriptions et approches tactiles);
- pique-nique dans le cadre paisible et magnifique du lac de Guéry et des Monts Dore;
- parcours du parc de Volvic avec ses eaux, sa lave émaillée et son histoire (Château médiéval de Tour-Noël);
- découverte du musée de la manufacture Michelin qui fête cette année son centenaire.
    Enfin, la dernière soirée nous a tous rassemblés dans le cadre champêtre du château de Montsablé à Lezoux, avec la visite du Centre d'Etude, de Sélection et d'Élevage de Chiens Guides pour Aveugles et Autres Handicapés, et de l'atelier de poteries dans lequel travaillent des déficients visuels. Un repas pris dans ce site soigneusement aménagé et décoré, un spectacle folklorique, mais surtout une prestation originale de chaque groupe, des échanges de cadeaux, des remerciements ont fait de cette soirée une excellente fin de camp, dans laquelle émotions et joie ont pu s'exprimer. La bannière d'l.C.C. est remise à la délégation suédoise chargée d'organiser le camp 99.
    Bonne chance à la Suède et vive I.C.C. 99!

Dernière minute:
    Le séjour suédois aura lieu du 23 au 30 juillet1999 pour les 15-17 ans et du 1er au 8 août 1999 pour les 17-20  ans dans les locaux du "Toutebada Ressource Center" de Stockholm.
    Le nombre de places étant limité (6 places pour chaque séjour), nous invitons toute personne intéressée à prendre rapidement contact avec les Services de la Mission Handicap, tél. :04 72 43 14 77 pour obtenir des renseignements  complémentaires et une fiche de préinscription.

(1) C.R.D.V. : Centre de Rééducation pour Déficients Visuels
(2) L'E.R.E.A.D.V.   (Établissement Régional d'Enseignement Adapté pour Déficients Visuels) deVilleurbanne a reçu du 2 au 9 juillet 1998 les jeunes Européens de 15 à17 ans.
(3) I.C.C. : International Computer Camp.


LE PLUS ATTACHÉ DES DEUX N'EST PAS CELUI QU'ON CROIT !


Séance d'éducation: assis, pas bouger!

Je n'ai pas résisté bien longtemps...
    Suite au décès de ma chienne, dont le souvenir ne me quitte pas, j'ai craqué à la vue d'une petite boule de poils noirs. La demoiselle est donc croisée Golden Retriever - Labrador et se prénomme Owen.
    Voilà comment après avoir juré "qu'on ne m'y reprendrait plus", on se retrouve à quatre pattes dans le salon à jouer à la balle, ou à lancer des "cherche nonoss !" à 11 heures du soir dans le petit square!
    Owen s'est donc incrustée dans ma vie et a carrément pris ses aises dans l'appartement. Bien sûr, j'ai fixé quelques limites : on ne quémande pas, on ne va pas dans la chambre et on ne se vautre pas sur le canapé. Les premiers jours, tout s'est bien passé. Owen a su être propre et a bien accepté le caniveau. Elle s'est montrée très obéissante et assez posée. J'ai donc "baissé la garde" et succombé sans grande retenue à ses demandes d'affection, toujours renouvelées.
    Après une dizaine de jours, j'ai repris mon rythme habituel de sorties et d'activités sportives diverses, pendant lesquelles je ne pouvais pas emmener la petite Owen. En mon absence, elle entama une série de récitals qui furent immédiatement dénoncés par mes charmantes voisines. Grâce à quelques ruses, je suis rapidement parvenue à la dissuader de persévérer dans cette voie artistique...
    Elle décida ensuite de s'attaquer à la décoration de mon intérieur, pour qu'à chacun de mes retours, j'aie tout le loisir d'imaginer combien je lui manquais...
    Avant que mes nerfs ne craquent complètement, je profitai d'une visite chez mon vétérinaire pour lui faire part de mes petits soucis domestiques. Il m'a fait comprendre qu'il ne suffisait pas que je lui donne davantage d'exercice, mais que je modifie MON attitude. En effet, par mon attachement excessif, je l'avais encouragée à élargir son territoire, et son emprise sur moi devenait chaque jour plus importante. Je lui communiquais un stress au moment de mes départs, qui provoquait des "crises de désespoir" qui se manifes-aient par des destructions systématiques...
    Morale de cette histoire : même les plus avertis peuvent se laisser attendrir et en oublier les règles de base de la vie à deux, avec son chien
PS.: La technique préconisée est efficace, Owen est beaucoup plus sage!
(photo)
Travail collectif: marche au pied.

Chien hyper-dépendant: mode d'emploi
- L'obliger à rester à "sa place" dans une autre pièce
- Refuser les démontrations d'affection intempestives
Prendre l'initiative des jeux et savoir le sstopper
Déclancher des contacts affectueux quand il est calme
Ne pas s'intéresser à lui une demi-heure avant le départ
Refuser tout contact lors du retour
Ne pas punir en cas de dégâts durant l'absence
canaliser des demandes d'affection
Nous, plus tard, on ne les abandonnera jamais!
S.P.A.
en cours de numérisation...
    Chaque année, du mois de mai au mois de septembre,
Un chien, un chat n'est pas un objet dont on se débarasse pour cause de vacances
    (Liste des principales chaînes hôtelières et modes de transports où les animaux sont acceptés, ...
10F pour organiser ses vacances avec ses protégés!
    (D'autres listes (adresses de pension, formalités, ...)
Pour toute information, appelez le 04 78 38 71 71
(encore à venir...)

Jacques BOUNIOL

OPERATION VITAKRAFT CARREFOUR
    A la fin de l'année 1998, la Société Vitakraft, en partenariat avec les magasins Carrefour, a organisé dans les magasins de ce dernier une vente de produits Vitakraft, consommés par bon nombre d'animaux: chats, chiens, oiseaux, poissons rouges. Il existe également dans cette marque, de la litière et du foin en petit volume.
    Ces produits étaient regroupés par lots. Pour l'achat de chaque lot, la Société Vitakraft reversait 5 F au profit de la F.N.E.C.G.A.
    Le 23 décembre 1998, dans les locaux de la Société Carrefour, un chèque de 100.000 F était remis à Monsieur Guy  Rimbault,  Président de la F.N.E.C.G.A., par Monsieur Christian Lehré,  Directeur  Général  de  la Société Vitakraft, en présence de Messieurs Olivier Borgès, Chef de Collection  Animalerie,  et  Jean-Claude Burtin, Directeur Général Marchandises non alimentaires des magasins Carrefour.
    Nous  renouvelons  nos  remerciements à ces deux grandes sociétés pour leur geste en faveur des Chiens Guides d'Aveugles.


Sur la photo, de gauche à droite: Messieurs Borgès, Lehré et le Président Rimbault avec sa chienne Nutsy

COMMENT REDIGER UN TESTAMENT
    Pour rédiger un testament, il existe deux possibilités qui sont les suivantes:
- Le testament olographe. Il doit être écrit entièrement de la main du testateur. Il doit être daté et signé, et doit exprimer clairement les volontés du signataire.
- Le testament authentique. Il est reçu par un notaire, qui doit le rédiger sous la dictée du testateur, et reproduire sous la forme juridique la volonté exacte du testateur en présence continue de deux témoins. Il peut également être reçu par deux notaires; dans ce cas, les deux témoins ne sont pas nécessaires.
    Dans les deux cas, les testaments sont publiés au fichier central des dispositions des dernières volontés à Aix-en-Provence.

La Fédération étant reconnue d'Utilité Publique, nous pouvons recevoir les legs.

COMMUNIQUÉS
Journée Portes Ouvertes à l'Ecole de Chiens Guides d'Aveugles de l'Ouest:
Rendez-vous dimanche 30 mai1999,  Promenade  de  la Baumette à Angers.
Nombreuses démonstrations et animations!

Journée Portes Ouvertes à l'Ecole de Chiens Guides de Provence Côte d'Azur:
Rendez-vous Dimanche 13 Juin 1999, au centre d'éducation Pierre Aicard, au col d'Eze.
Démonstrations et animations de l0h à 19h.
 

NOUS ET L'EURO
Michel BILLAULT
Michel Billault
Le franc devient EURO...
    Depuis déjà de nombreux mois, on ne parle plus que de ça ! Certes l'événement n'est pas sans importance, mais on peut se demander s'il est vraiment nécessaire de faire appel au catastrophisme pour convaincre ceux qui en douteraient. Chacun est conscient que la décision est prise. Notre franc, vieux de six siècles, va se fondre définitivement dans une monnaie commune aux pays européens : l'EURO. La décision est arrêtée, ce sera à partir du  1er janvier 2002 que le mot "franc" disparaîtra du vocabulaire financier.

Imagination débordante... pour aider les inquiets!
    D'après certains reprtages, interviews, voire sondages, la tension monterait chez les personnes "fragiles" et, bien sûr, principalement chez ceux qui, libérés d'occupation professionnelle, n'ont plus que la grande joie de câliner leurs petits-enfants : les retraités.
    Que n'est-il pas inventé pour les aider?
    Des cours sont proposés. D'astucieux moyens de conversion sont présentés. Des calculettes spéciales sont annoncées, données par les banques pour certains, par l'Administration fiscale pour d'autres. Pour d'autres encore, dès maintenant disponibles dans le commerce, moyennant finance bien sûr. Enfin, tout ce que l'esprit humain peut imaginer serait à la disposition des inquiets pour supporter ce changement cataclysmique.

Nos sages modernes sont ébahis... ils sont clairvoyants...
    Dans un passé pas si lointain, les communautés choisissaient les membres de leur Conseil des Sages parmi les personnes les plus âgées. C'était reconnaître l'expérience, le bon sens, le calme d'esprit, ainsi que les facultés de recul et d'analyse de ces derniers. Ne serait-ce plus vrai ? Bien sûr que si!
    En parlant autour de soi de ce sujet, on peut se rendre compte que ces "anciens" sont attentifs à l'événement, écoutent calmement mais ne s'avancent pas trop. N'en déduisons pas trop vite qu'ils sont inquiets. Bien informées, ces personnes analysent autrement. Elles sont pragmatiques et clairvoyantes.

Réapprendre le prix des articles...
    Que disent-ils dans leurs rares propos, mais surtout leurs silences ? Le passage à l'Euro n'a rien à voir avec la dévaluation baptisée "nouveau franc". L'Euro est une monnaie nouvelle et le comportement à adopter sera le même que chacun a face au dollar, la livre, la lire, la peseta, etc. lors d'un voyage à l'étranger.
    Il faut réapprendre le prix des articles.
    Toutefois pas d'affolement, nous avons trois années pour nous habituer aux nouveaux ordres de grandeur avant de sauter dans l'avenir monétaire.
    Au fait, aujourd'hui, qui connaît, en francs, le prix de tous les articles existants? S'il y en a, aucun problème avec l'Euro!

Parité "Euro-Franc" fixe... instabilité des prix...
    Autre argument qui montre le quiproquo que provoquerait la conversion Euro - franc. La parité de la nouvelle monnaie en franc a été fixée une fois pour toute le 1er janvier 1999 : 6,55957 francs pour un Euro.
    Jusqu'à la disparition du  franc (01.01.2002), cette parité n'évoluera plus.
    Par contre, l'Euro a maintenant une parité variable par rapport au dollar, au yen, à la livre et à toutes les autres monnaies ne faisant pas partie de la zone Euro. De ce fait, les prix des produits importés vont évoluer et en premier lieu les matières.
    Qui peut penser que les prix rest ront stables ? Ce serait une première! Nous voyons donc qu'il ne servira à rien de faire des comparaisons en francs.
    Alors profitons de ces trois ans pour nous donner nos nouvelles marques. Mais, de grâce, pas de calculette ! La concurrence, utilisée au maximum, nous garantira les meilleurs prix.

Prix des Yeux de Son Maître: 3,96 Euros...
    Concernant notre revue, grâce aux efforts de tous ceux qui concourent à sa fabrication et notamment les fournisseurs, les prix sont restés
stables depuis trois ans (premier trimestre 1996).
    Actuellement, le prix de l'abonnement aux quatre numéros des Yeux de son Maître annuels est de 26 F, qui, converti avec la parité ci-dessus, ressortit à 3,96367 Euros.
    En conséquence, sur ce numéro, et pour la première fois, nous indiquons les prix en Euros:
- le numéro: 6,50 F. (0,99 E),
- l'abonnement pour un an : 26 F. (3,96 E).
Saufs variations brutales, le bilan 1999 permettra de voir si l'arrondi négatif ne gêne pas l'équilibre.

Soyons CONFIANTS, nous vivrons avec I'EURO !


(1)
71 rue de Bagnolet - 75020 PARIS, Tél. 01 44 64 89 89 - Fax 01 44 64 89 90
(1) Fédération Nationale des Associations et Ecoles de Chiens Guide d'Aveugles
CCP La Source 33.706.50 R
Association sans but lucratif - Loi 1901
Reconnue d'utilité publique Décret du 26-08-81
carte de situation en France
Le bureau de la Fédération est ainsi composé:
Président:                Guy RIMBAULT
Vice-Présidents:       Pierre CAFFIOT, Jacques BOUNIOL, Michel DURIN
Secrétaire Général:   Jack PERRIN
Secrétaire adjoint:     Jacques LEUCI
Trésorier:                  Fernand LAURENT
Trésorière adjointe:   Claude BOVE

Ecole de Chiens Guides d'Aveugles des Flandres (créée en 1958) Centre Paul Corteville, 69 rue Voltaire - BP 37 - 59441 WASQUEHAL CEDEX
Tél. 03 20 36 89 75 Fax 03 20 27 64 67
Centre Paul Corteville, 184 route d'Orléans 27000 EVREUX, Tél. 02 32 28 80 34 Fax 02 32 28 35 47

Ecole de Chiens Guides d'Aveugles de Provence Côte d'Azur (créée en 1956, puis en 1976)
Siège: 15 rue Alexandre Mari - 06300 NICE Tél. 04 93 85 87 00
Secrétariat: 44 bd Auguste Raynaud 06100 NICE Tél 04 93 98 90 90 Fax 04 93 98 30 01

Ecole de Chiens Guides d'Aveugles de l'Ouest (créée en 1975), Promenade de la Baumette, 49000 ANGERS
Tél. 02 41 68 59 23 Fax 02 41 47 08 03

Ecole de Chiens Guides d'Aveugles d'Ile de France (créée en 1975), 3 rue Eugène Dorlet - 77170 COUBERT
Tél. 01 64 06 73 82 Fax 01 64 06 67 42

Ecole Limousine de Chiens Guides d'Aveugles (créée en 1975), GROSSERIX - 87280 LIMOGES
Tél. 05 55 37 03 31 Fax 05 55 38 24 11

Ecole de Chiens Guides d'Aveugles de Paris et de la Région Parisienne (créée en 1980), 105 avenue de St-Maurice - 75012 PARIS
Tél. 01 43 65 64 67 Fax 01 43 74 61 18

Ecole de Chiens Guides d'Aveugles du Centre-Est (créée en 1985), Domaine de Cibeins - 01600 MIZERIEUX
Tél. 04 74 00 60 11 Fax 04 74 00 60 13

Ecole de Chiens Guides d'Aveugles du Midi (créée en 1982), Chemin des Aubépines - 13090 AIX-EN-PROVENCE
Tél. 04 42 59 41 40 Fax 04 41 59 37 55

Association Nationale des Maîtres de Chiens Guides d'Aveugles, 82 rue de l'Egalité 93260 LES LILAS

Association Nationale "Les Chiens Guides d'Aveugles", BP 97 - 75662 PARIS Cedex 14

CESECAH (Centre d'Etude, de Sélection et d'Elevage de Chiens Guides pour Aveugles et autres Handicapés
Siège: 71 rue de Bagnolet - 75020 PARIS Tél. 01 44 64 89 90 Fax 01 44 64 89 90
Centre: Montsablé - 63190 LEZOUX Tél. 04 73 73 91 71 Fax 04 73 73 91 73


DES YEUX
A quoi servent des yeux,
Qui pour toujours éteints,,
Guident un malheureux
Vers une nuit sans fin.

Que voit-il du soleil,
Connaît-il sa couleur,
Ses rayons le brûlent
Mais ne chauffent son coeur.

Le ciel est une énigme,
La terre un sol ardu
Où toujours i1 chemine
Au hasard des rues.

Cette nuit madréporique,
Où nul jour ne perce,
N'accueile aucune musique
Qui soulage sa détresse.

Ses amis n'ont de visage
Que celui qu'il leur devinne
Copié sur une image
Au relief de madone.

Des yeux, en aurez-vous
A lui prêter un jour,
Il aimerait comme vous
Voir la lumière du jour.
Jacqueline QUERARD-FROT

L'AUTONOMIE

Avec plaisir, j'aide mon Maître à porter l'eau,
Jusqu'au box, par ma blanche lanière,
Suivant le frais tracé d'une profonde ornière
D'où s'envole, criard, un sinistre corbeau.

Par ma complicité, il peut se rendre utile,
Même sans le harnais, je sais le diriger
Et le mener partout, sans craindre le danger;
Marchant à son côté, sérieux et bien tranquille.

Les abreuvoirs remplis, il détache mon lien,
Alors, troublant la paix par mes forts aboiements,
Je cours dans la prairie, me défoule gaiement,
Devenu pour un bref instant, un autre chien.
Jean RABILLON

L'EVASION
    Si l'avion constitue, pour l'homme d'affaires, un indispensable moyen de communication, sûr et rapide, il n'en est pas de même pour le simple citoyen, pour qui il représente l'évasion et le dépaysement.
    Le simple fait d'accéder à l'aéroport, d'essayer de repérer le guichet "ad hoc"  pour faire  enregistrer ses bagages, n'est-il pas le début de l'Aventure?
    C'est de là que vous voyez vos valises, dûment pesées et étiquetées, être happées par un tapis roulant impitoyable, et partir vers une destination que vous souhaitez être la même que la vôtre. La voix suave du préposé au guichet vous demande avec sollicitude quel siège vous désirez occuper durant les onze heures de voyage qui vous attendent: vous avouez que vous préférez être au fond de l'appareil, en bordure d'allée ? Votre carte d'embarquement vous apprend sèchement que l'on ne fait pas ce que l'on veut, et que vous vous trouverez dans les premiers rangs et au milieu d'une rangée de cinq fauteuils.
    Vous embarquerez donc dans les derniers et trouverez des passagers dûment installés dans votre "zone". Comment ont-ils fait ? Ces heureux bénéficiaires d'on ne sait quelle indulgence (ce ne sont ni des bébés, ni des handicapés) ont donc pu, en toute tranquillité, envahir les coffres à bagages, avec d'énormes sacs, qui ne vous laissent aucun espoir de caser le petit bagage à main, dont les dimensions  modestes  vous  semblaient devoir correspondre à ce que les compagnies aériennes recommandent (en vain) pour le bien de tous. C'est avec de semblables transgressions en matière de poids que l'on vous annonce, au décollage, que l'avion est au maximum de ses capacités, et que l'on est en droit de se demander si  la  piste est assez longue...
    L'installation définitive des passagers dans leur fauteuil avant le décollage semble une utopie. Aussitôt assis et sanglés, nombre de voyageurs s'avisent soudain qu'ils ont un besoin impératif d'un objet rangé avec soin dans le sac énorme qui repose au-dessus de leur tête: conséquence immédiate, après avoir écrasé les orteils de leur voisin(e), ils se retrouvent dans l'allée, gênant le personnel de bord, heurtant ceux qui ont eu la même idée qu'eux, déménageant sans précautions excessives les sacs énormes des autres passagers, tout cela pour pouvoir extraire de leur propre bagage l'objet indispensable (peut-être un nounours, pour la nuit ?) qui doit se trouver tout au fond du sac.
    Si les recherches sont vaines, ils apprennent parfois de leur conjoint que ledit objet se trouve dans la soute, au fond d'un sac dûment
enregistré. Ce triste état de chose peut être le départ d'une scène de ménage, qui ne manque pas de sel pour l'observateur, surtout si ses orteils ne se trouvent pas dans la zone d'activité du passager frustré.
    Heureusement, pour consoler  le voyageur qui n'a pas, pour se distraire, les préoccupations décrites ci-dessus, il existe les écouteurs, qui permettent, de l'installation dans l'avion à l'atterrissage, de s'isoler complètement, et d'échapper aux conversations oiseuses.
    Tout n'est donc pas négatif dans le voyage en avion. Et surtout, lorsqu'enfin l'atterrissage vous permet de fouler le sol espéré, et qu'après une bonne heure d'attente, vous revoyez enfin vos bagages, vous pouvez profiter pleinement du dépaysement, d'une autre forme de vie et de civilisation.
Cocotiers, mer turquoise, est-ce cela l'évasion?...
    Cela en vaut la peine, non ?


L'ABRIVADA
    C'est ici, à la pointe de la Crau qui s'étire jusqu'au lit de la Durance entre Alpilles et Lubéron, que se déroule "l'abrivada" pour la fête votive de ce village provençal, qui perpétue ainsi la tradition taurine.
    La foule aux tenues colorées se rassemble le long du parcours, de la place de l'Horloge, avec son portail médiéval coiffé de son campanile en fer forgé, jusqu'à la place de l'Église, flanquée du pittoresque "Café du Commerce" dont la terrasse est ombragée par de magnifiques platanes.
    La fanfare, avec ses cuivres et ses percussions, est animée par un curieux personnage, vêtu d'une cape rouge et coiffé d'un chapeau claque, accessoires qui semblent tout droit sortis d'un grenier tant ils sont défraîchis. Il mime un combat d'un rythme si endiablé qu'il paraît se désarticuler. Sur des airs de Carmen de Bizet, la musique accueille les gardians montés sur leurs chevaux camarguais, vifs et souples comme des roseaux, et dont la robe blanche est comme patinée par la poussière ocre des grands espaces de leur manade.

    Le plus jeune des gardians doit avoir une quinzaine d'années, ce qui ne l'empêche pas de maîtriser avec autorité et élégance la fougue de son cheval. Comme ses aînés, il est coiffé d'un feutre noir et porte le pantalon traditionnel en toile épaisse avec un liseré noir tout au long de la couture, et, sous un gilet de velours, une chemise aux motifs colorés, tout imprégnée de sueur et de poussière. C'est que, dès les premières heures de la journée, il leur aura fallu rassembler les taureaux dans les pâtures les plus reculées, puis trier ceux destinés à la course, et conduire ensuite ces derniers jusqu'au village.
    L'abrivada, c'est en effet le parcours tumultueux à travers le village d'un taureau camarguais, avec sa robe noire et ses cornes en forme de lyre, vivant à l'état sauvage, et destiné à la course, sous la conduite des gardians à cheval. La course, c'est la course provençale, qui n'a de commun avec la corrida que son déroulement dans une arène où s'affrontent, à la loyale, l'homme et la bête, mais sans mise à mort, et dans le seul but de ravir au taureau la cocarde dont on l'a décoré entre les cornes. C'est un exercice périlleux, tout en adresse et finesse, qui met à l'épreuve, sans la moindre concession, un sens aigu de l'observation, de l'anticipation, et l'aptitude à tirer parti des moindres faiblesses d'un adversaire redoutable que l'on estime et que l'on respecte.
    La conduite du taureau à travers le village n'est pas une mince affaire, car une meute de jeunes gens s'emploie à ralentir la course effrénée jusqu'à l'immobilisation du taureau. Les cavaliers doivent alors, au risque de recevoir des coups de cornes, maîtriser l'ardeur du taureau qui met toute sa détermination à tenter de s'échapper, et cela, sans blesser les assaillants qui s'efforcent de saisir en pleine vitesse une bête qui défend chèrement sa liberté. Il faut tout le savoir-faire et la prodigieuse adresse des gardians pour canaliser cette sauvage énergie.
    J'observe à loisir les réactions de la foule, tantôt bruyante et désordonnée, tantôt silencieuse mais attentive, retenant sa respiration à l'approche de la cavalcade qui s'annonce par une clameur étouffée, qui s amplifie à mesure, puis s'arrête tout d'un coup dès que les assaillants parviennent à saisir leur proie et à l'immobiliser. C'est alors une franche explosion que la fanfare accompagne de ses rythmes puissants, qui scandent les derniers mouvements de la bête poussée de force dans la salle du café pour la faire boire le pastis dans un seau avant de lui rendre sa liberté.
    Au milieu de cette foule, les "touristes" se distinguent des villageois du cru. Les touristes assistent en simples spectateurs, avec curiosité et sympathie. Mais c'est de toutes leurs fibres que les villageois participent à leurs fêtes; les hommes en souvenir du temps où ils se mêlaient à l'essaim des assaillants, les femmes par la fulgurante angoisse qui leur serre le coeur à la crainte d'une blessure dont pourrait être victime, qui leur fils, qui leur frère, qui leur fiancé ou leur petit ami.
    J'ai devant moi un homme qui porte sur ses épaules sa petite fille vêtue d'une jupe provençale à motifs jaune d'or sur un fond bleu, et qui s'étale comme une corolle. Elle partage avec son papa l'émotion du moment quand, pour clore la cérémonie, les gardians rassemblés en ligne saluent la foule qui chante en choeur, accompagnée par la fanfare,  la "coupo santo".
    Des mèches rebelles s'échappent de sa petite tresse blonde et accrochent un rayon de soleil.

LA CAVE IDEALE
    Pour le numéro 41 de notre revue, nous laisserons de côté les "éléments" solides pour nous attarder sur les "éléments  liquides, et particulièrement sur le ou les vins.
    Je tiens pour commencer à remercier Monsieur Philippe FAURE-BRAC. Meilleur Jeune Sommelier de France en 1984, M. FAURE-BRAC remporte en 1988 le titre de meilleur sommelier de France, puis, consécration suprême, en 1992 à Rio, au Brésil, devant 35 candidats représentant 20 pays, il remporte la Médaille d'Or du VIle Concours Mondial des Sommeliers. Il ouvre à 24 ans, en 1984, LE BISTROT DU SOMMELIER.
    M. FAURE-BRAC m'a reçu dans son établissement. Après une longue conversation, plus qu'une interview, il m'a remis son dernier livre intitulé La Cave idéale paru chez E/P/A/Édition, en me précisant que je pouvais piocher à volonté dans son texte, ce que je vais m 'efforcer de faire...
M. Faure-Brac
1. Une bonne cave.
    Si les vins sont moins fragiles que par le passé, ils exigent confort et sérénité. Ils redoutent la chaleur, la lumière, la trop grande sécheresse ou la trop grande humidité, les vibrations et les odeurs tenaces. La température idéale se situe autour de 12 degrés.
    En ce qui concerne la lumière, Si l'emploi du néon est totalement proscrit, celui de la lampe au sodium est recommandé.
    La ventilation : elle est indispensable à la bonne conservation et au mûrissement du vin.
    Règle d'or: une cave n'abrite et ne doit abriter que du vin.
2. Concevoir sa cave du sol au plafond.
    Dans une maison, transformer un local en cave met en évidence deux problèmes : température et atmosphère. Une bonne ventilation et l'isolation des conduits de chauffage sont impératifs. Pour pallier le manque d'humidité, laissez en permanence un seau rempli d'eau. Dans une maison ou un appartement, l'installation d'une cave préfabriquée ou une armoire à vin peuvent répondre aux exigences d'un amateur éclairé.
    Une autre possibilité moins connue, accessible aux portes de certaines grandes villes, est la location d'une cave  installée souvent dans des anciennes carrières de craie désaffectées. Certains grands restaurants, en France et à Paris, utilisent cette solution.
3. Stockage des bouteilles.
    Si l'on dispose d'une place suffisante, il est bon de penser au stockage des bouteilles avant le rangement. L'aménagement d'un coin dégustation est aussi agréable et convivial.
    Le rangement le plus simple et le plus rudimentaire est l'empilage des bouteilles les unes sur les autres. C'est moins pratique si le nombre d'appellations est important. Les casiers à alvéoles ou à compartiments constituent le mode de rangement le plus adapté.
    Si le vin est livré en caisses bois, ouvrez-les pour faciliter la circulation d'air.
    La température dans une pièce est toujours plus élevée en haut qu'en bas. Stockez de préférence les blancs en bas, les rouges en haut. Réservez les rangements les plus hauts pour les rouges les plus puissants.
Le rangement se fait bouteille couchée, goulot caché, car le vin, pour éviter le dessèchement des bouchons, doit être en contact avec celui-ci. Contrairement à une idée très répandue, le goulot de la bouteille ne doit pas être tourné vers l'extérieur, mais vers l'intérieur. Ainsi l'étiquette qui est positionnée sur la bouteille est visible, et lisible.
    Un bon "caviste" doit posséder quatre instruments : le thermomètre, l'hygromètre, le porte-bouteilles ( pour y placer les vins rouges pour le service ), le livre de cave.
LES BOUTEILLES, CREUSET DU VIEILLISSEMENT
    La bouteille protège de la lumière vive et, avec le bouchon, de l'air et des risques d'oxydation. Au fil du processus de maturation, elle devient le creuset dans lequel se mêlent, se fondent, des centaines de composants du vin.
    Il existe trois formes principales. La plus répandue est de 75 cl. Cette capacité correspondaità celle des poumons d'un souffleur de verre, à l'époque où les flacons étaient soufflés à la bouche. Ces trois formes sont : la "bordelaise", la "bourguignonne" et la "flûte" alsacienne.
    Il existe également quelques formes ou structures différentes. La bouteille de champagne, plus massive et plus ronde, est réalisée à partir de verres épais, capables de résister à la forte pression (5 kg) du gaz carbonique.
    Dans le Jura, on trouve le clavecin réservé au vin jaune, qui se démarque non seulement par sa forme particulière, mais aussi par sa contenance de 62 cl. Cette quantité correspond à ce qui reste d'un litre de vin ayant séjourné six ans et trois mois en fût.
    Enfin, à  l'exemple des Côtes de Provence, certaines régions ont créé leur style de bouteilles.
Dans le prochain numéro, nous terminerons cet article sur le vin, à boire évidemment avec modération !


LA QUALITE COMMENCE PAR
ETUDES ET SELECTION AU CESECAH (1)
AIDEZ-NOUS !    MERCI
Les revenus nets de cette revue seront consacrées aux frais de fonctionnement du CESECAH (1) ainsi que ceux de la FNECGA
(1) CESECAH: Centre d'Etude, de Sélection et d'Elevage de Chiens guides pour Aveugles et autres Handicapés

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