Je ne voudrais pourtant pas lui faire "porter tout le chapeau": un autre facteur est l'absence de relais politique, c'est à dire qu'on ne trouve pratiquement pas un député sur ces questions; intéressés oui, réellement actifs non. Mais il faut bien reconnaître que la faiblesse de l'électorat écologiste ne les incite pas à se mobiliser... Et l'on voit, à contrario, pour le cas précis des biocarburants, le poids du lobby des agriculteurs, qui ont pu obtenir une défiscalisation constante depuis 90; mais voilà, devant celui-ci, le gouvernement tremble: le "labourage et pâturage" semble tenir encore, mais pour combien de temps? Alors pendant ce temps, toutes les forces de l'entreprise ont pu se mobiliser pour le nucléaire et il n'est presque rien resté pour faire autre chose... Pourtant, c'est dès 1983 qu'était constaté le suréquipement nucléaire et il était possible à ce moment, de revoir toute la politique énergétique; mais voilà, au nom de la préservation de notre industrie électronucléaire, on a maintenu la commande de réacteurs nucléaires INUTILES, osons le dire, puisque nous exportons notre électricité au dessous du prix réel. Ensuite, comme on en avait de trop, on n'a pas eu besoin d'autres sources d'énergie, la boucle a été bouclée et tout a tendu vers le développement des usages de l'électricité: chauffage électrique tout d'abord, pieuvre énergétique s'il en est, puis informatisation à outrance, ensuite TGVs pas toujours construits dans la concertation et actuellement, la vague déferlante de la voiture électrique, portée elle par le non moins puissant et (tiens, tiens, par hasard?!) tout aussi polluant lobby automobile, j'en parlerai sûrement un autre fois!...
A moi d'oser dire aussi que les premières expériences douloureuses des énergies renouvelables ont eu un rôle important: voir le loupé industriel de l'éolienne d'Ouessant en 1979 ou aussi la géothermie en Ile de France... Mais l'erreur a été de présenter les énergies renouvelables et plus généralement "alternatives" (mot probablement encore porteur d'utopie voire de "baba cool"?) comme préfiguration d'un outil économiquement opérationnel (voir la centrale solaire Thémis), alors qu'il ne s'agissait là "que" d'un prototype de recherche; tandis que, chose curieuse, les nucléocrates ont su faire jouer la fibre "recherche fondamentale = nerf de l'économie future": voir avec Superphénix, l'exemple du "prototype triomphant" dont ils se gargarisent. Dans un cas, ça c'est "planté" parce que l'on avait misé sur un amortissement trop court, dans l'autre ça a réussi parce que l'on a "su" ne pas en tenir compte! Expliquez-moi ça sans mainmise du lobby nucléaire! Lequel a su aussi refuser de surtaxer l'énergie parce qu'elle entre dans le "sacré" indice des prix. Mais il faudra bien pourtant un jour réaliser que la politique de l'environnement ne sera jamais qu'un bricolage coûteux tant que l'Etat ne s'occupera pas de déterminer des prix "écologiquement honnêtes"...
Cela dit, je ne peux pas, dans le contexte actuel, ne pas évoquer le problème de l'emploi: il n'est pas besoin d'être devin pour voir que l'on idéalise jusqu'à outrance l'aspect "défi" et cela dans tous les domaines: technologie bien sûr, mais aussi loisirs, santé, etc... Comment ne pas se rendre compte de la véritable mine de création d'emplois nouveaux que représentent les énergies renouvelables? En nombre mais aussi en nature, puisque de nombreuses pistes n'ont même pas pu être explorées, l'électronucléaire en particulier ayant donc tout absorbé, alors que dans celui-ci en particulier, il ne s'agirait au mieux que d'une sauvegarde quasi désespérée. N'avez-vous pas non plus entendu ou lu récemment que dans 15ans, la moitié des métiers eux-mêmes seront des métiers qui n'existent pas encore?!
Voilà pour l'histoire de l'accouchement - difficile - des énergies renouvelables. Mais, au fait, les accouchements ne sont-il pas sources d'énergies infiniment renouvelables?!