Il était une fois, sur un arbre, une mésange et une colombe.
- "Dis-moi, combien pèse un flocon de neige?" demanda la mésange à la colombe.
- "Oh, rien d'autre que rien" fut la réponse.
Et la mésange raconta alors à la colombe une histoire:
"J'étais sur la branche d'un sapin quand il se mit à neiger; pas une tempête, non, juste comme un rêve, doucement, sans violence. Comme je n'avais rien de mieux à faire, je commençai à compter les flocons qui tombaient sur la branche où je me tenais. Il en tomba 3.751.952; lorsque le 3.751.953ème tomba sur la branche - rien d'autre que rien, comme tu l'as dit - celle-ci cassa". Sur ce, la mésange s'envola. La colombe, une autorité en matière de paix depuis l'époque d'un certain Noé, refléchit un moment et se dit finalement: "Peut-être ne manque-t-il finalement qu'une seule personne pour que tout bascule et que le monde vive en paix..."
J'en profite pour signaler que cette petite fable pourrait bien illuster certaines choses qui se passent autour de nous, en particulier au tiers monde, choses dont on ne parle pas dans les médias traditionnels et par exemple l'interpellation permanente, quotidienne des Indiens de la vallée du fleuve Narmada: et bien, le 30 mars, appuyés par la mobilisation de nombreuses associations, ils viennent d'obtenir (au bout d'un peu moins de 3.751.952 jours, il est vrai...) la suppression de la construction d'un ensemble "pharaonique" de barrages qui auraient fourni du travail et de l'énergie, mais plus aux multinationales occidentales qu'à la multitude de paysans déplacés par ce projet.
La petite parcelle de rien de la fable, celle aussi des actions aussi bien individuelles que communes, me rappellent, pour rester à la fois dans le domaine de la poésie et celui de l'émotion, cette pensée d'un indien sioux: "Qu'est-ce que la vie? C'est l'éclat d'une luciole dans la nuit, c'est le souffle d'un bison en hiver, c'est la petite ombre qui court dans l'herbe et se perd au couchant".
Enfin, à la fois pour pour rester dans la poésie et puisque cela reflète un peu l'humour que je tâche de transmettre aussi parfois dans mes chroniques , je ne résiste pas au plaisir de vous recopier ce "petit rien" d'un africain à son homologue blanc, lu récemment dans "La Vie":
Cher frère blanc
Quand je suis né j'étais noir, quand j'ai grandi j'étais noir, quand je vais au soleil je suis noir, quand j'ai peur je suis noir, quand je suis malade je suis noir, quand je mourrai je serai noir,
Tandis que toi
Quand tu es né tu étais rose, quand tu as grandi tu étais blanc, quand tu vas au soleil tu es rouge, quand tu as froid tu es bleu, quand tu as peur tu es vert, quand tu es malade tu es jaune, quand tu mourras tu seras gris
Et après cela tu as le toupet de m'appeler "HOMME DE COULEUR" !
Bonnes vacances à ceux qui partent (attention aux couleurs...) mais surtout: bon courage à ceux qui restent!...