La liberté des vacances le permettant, le mauvais temps aidant et l'amitié poussant le tout, les discussions vont bon train pour "refaire le monde"! A la suite d'une longue discussion entre amis, il a bien dû vous arriver, une fois ou l'autre, de vous demander "mais comment en sommes-nous arrivés à parler de ce sujet?!" (entre parenthèses, ce jeu de remonter aux sources est passionnant!); cette fois, notre aréopage était parti de l'éternelle question "lequel, de l'oeuf ou de la poule est à l'origine de l'autre?". Via une discussion sur la démographie mondiale, nous nous sommes interrogés sur les débuts du monde, puis de sa... conservation et puisqu'il y avait aussi bien ceux qui "croyaient" et ceux qui "ne croyaient pas" - mais peut-on ne croire en rien ?! - nous en sommes arrivés à comparer deux mots qui se sont avérés avoir une éthymologie très proche: les mots "oecuménisme" et "écologie". Or, c'est fou le nombre de mots dont nous ne connaisons pas l'origine ou même la signification exacte; et si le second commence à devenir familier "science de l'habitat", le premier l'est moins: "terre habitée"! Cette étonnante coïncidence (mais en est-ce vraiment une?!) nous a amené à repérer qu'on pouvait se situer de 3 manières principales devant cette large définition selon qu'on y voit 1) une simple constatation: la terre EST habitée 2) un objectif: il faut que la terre SOIT habitée 3) un projet: il faut que la terre PUISSE être habitée. Et l'actualité au moyen-orient en est une illustration profonde...
Vous me pardonnerez, une fois n'est pas coutume, d'être un peu philosophique, mais comme par hasard il est possible de retrouver derrière, 3 sources de violence: la possession, le profit et la domination auxquels il est heureusement possible de répondre par 3 attitudes qui se perdent: le souci d'être avant d'avoir, le partage et le service. Et il y a toujours un conflit entre les forces de division et celles d'unification; attention je ne dis pas qu'il y a d'un côté les violents et de l'autre les "non-violents": la frontière n'est pas entre les hommes, dans l'actualité présente entre Israël et Palestine, mais à l'intérieur de chacun de nous.
Revenons à nos moutons et au résultat de nos cogitations estivales:
1) la 1ère proposition pourrait paraître banale si nous n'en n'étions pas les habitants; car faire partie d'une famille, d'une tribu, d'un peuple, d'une nation, d'une race, d'une culture, d'une religion peut autant créer l'unité d'un groupe que créer des divisions avec les frontières de toutes sortes, les armes de... "défense", les sectes et autres "chapelles" et tous nos égoïsmes.
2) la seconde rappelle évidemment le "croissez et multipliez" qui aurait bien besoin d'être recompris, mais aussi qu'il est dans notre nature de faire des projets et des rêves; et là encore, l'explorateur et le pionnier peuvent se transformer en conquérant sans pitié et en colonisateur sans justice. On en arrive ainsi à rêver de la terre des autres parce qu'elle est plus belle, plus riche et surtout parce qu'on en n'a jamais assez; d'où les déportations, génocides, purifications ethniques et autres camps mais aussi, et je m'en fais régulièrement l'écho, toutes leurs formes économiques que sont en particulier le pillage des matières premières, toutes "malheureusement" au Tiers Monde et le quasi esclavage de sa main d'oeuvre.
3) enfin, rendre la terre habitable devrait signifier prendre la responsabilité de notre environnement mais ce devrait être aussi inventer d'autres relations entre les hommes... Mais que d'abus commis au nom, cette fois, du "emplissez la terre et dominez là"! Nous avons ainsi fait de la terre notre chose, nous la salissons et la torturons avec d'autant plus de facilité et d'efficacité que nous détournons une partie grandissante de notre science et du progrès technique au service de cela; et peu à peu nous étendons notre domination à tous les êtres, animaux d'abord puis à l'homme lui-même... avec de grands mots (maux...) pour nous justifier, jusqu'à utiliser ceux d'amour pour imposer aux autres ce que nous croyons bon pour eux, entrainant les idéologies, les prisons politiques, la bonne conscience et même certains gestes "humanitaires" des nantis que nous sommes.
Mais ce "tryptique d'une terre habitée", qui est hélas le tableau d'une réalité qui n'en finit pas de se répéter n'est pourtant pas sans espérance. En politique elle prenait généralement le sens de révolution, on préfère maintenant un peu trop utiliser des... résolutions, l'espérance se concrétisant hélas souvent en... voeux pieux, mais encore une fois ce qui se passe au moyen orient, sans préjuger de la suite, est une raison d'espérer que les hommes ont compris que pour se faire entendre, il ne fallait pas faire "parler" les armes mais les faire taire! Bonne reprise à tous, sans oublier les trop habituels... oubliés.