Essai de résumé du fameux livre
"L'économie à l'épreuve de
l'écologie" (Hervé Kempf)
Fin des années 70, "première" (le mot
"écologie" date de 1869!) irruption de l'écologie à
propos de la prise de conscience de l'épuisement des ressources
de la planète: le Club de Rome avait prôné une CROISSANCE
LIMITE malheureusement trop souvent mal traduite dans les économies
libérales par ARRET DE LA CROISSANCE, idée toujours répandue
et ..."épandue" par les médias actuelles.
Après quelques années de débats
...et de promesses, les préoccupations écologiques ont été
"refoulées" (dans tous les sens du mot!) et occultées par
la préoccupation du chômage grandissant, avec l'aide (apparemment
contradictoire) de l'augmentation du prix du pétrole.
A la fin des années 80 il ne restait plus
qu'à "contempler avec extase le triomphe du capitalisme, si total
qu'il en est presque indécent" (A.Cotta)
Mais, mêmes causes, mêmes effets, avec
quelques signes annonciateurs (Amoco Cadiz, Three Mile Island, Bhopal)
et surtout l'électrochoc de Tchernobyl de 1986, l'écologie
refait surface signifiant l'échec de la technologie la plus ambitieuse
qu'ait mise au point l'espèce humaine et qui témoigne de
facto du caractère planétaire des phénomènes
écologiques (malgré la barrière miraculeuse des frontières
françaises pour les nuages radioactifs!).
L'opinion découvre (à défaut
de reconnaître...) les dégâts provoqués par notre
mode de DEVELOPPEMENT; de l'anxiété des ressources limitées,
on est passé à la prise de conscience de l'équilibre
détruit: accroissement de l'effet de serre, forêts tropicales,
déchets, pollutions, embouteillages,...
Le concept majeur de "DEVELOPPEMENT SOUTENABLE"
est lancé par le rapport Bruntland de l'ONU en 1987 et en juillet
1989 le "G7" place l'objectif de "préserver un environnement sain
et équilibré" parmi ses priorités.
MAIS cette apparente unanimité est ambiguë
et l'occident réagit avec lenteur et SURTOUT, l'écologisme
reste encore faible devant l'inertie d'un système politique qui
place la "croissance" (tout le monde attend la "reprise" miracle: reprise
...du gaspillage et des injustices de toutes sortes!) au premier rang de
ses préoccupations.
Malgré tout, l'ensemble des secteurs économiques
est obligé de s'adapter à de nouvelles règles environnementales,
mêmes si cela se traduit surtout par un essor du recyclage... vers
la fabrication de nouveaux déchets; et par le biais de l'environnement
c'est en fait la question du développement qui est posée,
donc celle de la distribution internationale des richesses.
Finalement, les nouveaux économistes s'attaquant
aux racines d'une société qui a placé la production
des biens matériels au sommet de sa hiérarchie d'objectifs,
l'écologie constitue le nouveau "défi idéologique"
du capitalisme: soit elle ne fera qu'accompagner un mouvement général
d'artificialisation du vivant et de dualisation des sociétés,
soit elle conduira à la redéfinition d'une société
moderne dont la dimension planétaire sera de plus en plus évidente,
dans le sens d'une dématérialisation souhaitable (sinon souhaitée...)
de ses aspirations.
Résumé de la conclusion
Le "mythe de la croissance" est d'autant plus vivace
que la crise économique fournit un prétexte difficilement
contestable, la récession étant venue après la guerre
du Golfe, réaffirmant l'impératif de la croissance".
Cependant l'aggravation de la crise écologique,
le dénuement croissant des pays pauvres, la poussée des mouvements
écologistes, l'approfondissement de la critique économique
impose cette adaptation "souhaitable sinon souhaitée", même
si elle se produit d'abord dans le champ des stratégies industrielles
avant de se réaliser dans une réorientation de fond.
L'effet correcteur de l'économie de marché
compensera-t-il assez rapidement sa pulsion destructrice? Le succès
de cette recherche dépend de l'inéluctabilité d'une
intégration de la notion d'éthique dans la définition
d'une "économie soutenable"; mais si les sociétés
occidentales s'y refusent, la pauvreté de tous ceux qui les entourent
la leur imposera et il est préférable que ce mouvement se
produise par la coopération plutôt que par la violence.
C'est pourquoi l'écologisme conduit à
une économie de partage, un partage qui n'est pas seulement nécessaire
à l'humanité actuelle, mais aussi vis-à-vis des générations
futures.
Yves Renaud