BONDIR DE JOIE OU... DE MORT ?!
Excusez-moi de vous parler d'un sujet très dur
mais encore une fois ce ne sont pas les média traditionnels qui
vous en parleront: je viens me faire le relais d'une campagne internationale
"d'interpellation" relayée en France par l'association "Agir ici".
Ce nom vient de la formule «penser globalement, agir localement»
exprimant la pensée et le comportement de tous ceux qui essaient,
dans tous les domaines de la vie (économique, culturel, politique,
etc...), de ne pas amplifier ou seulement entretenir le fossé entre
"notre" monde et ceux qu'on appelle "tiers et quart" monde. Cette dernière
campagne a été lançée par "Handicap International"
(et cinq autres associations) dont les affiches nous interpellent dans
de nombreuses villes, mais environ 80 associations de nombreux pays les
ont maintenant rejointes.
De quoi s'agit-il en l'occurence? Dans "nos pays",
quand vous les voyez danser et sauter, c'est le plus souvent la joie qui
pousse les enfants; dans d'autres pays, ce sont des mines qui peuvent les
faire "bondir"! Ayant la... qualité(?!) d'exploser des années
après la fin des conflits, des milliers d'enfants meurent ou sont
grièvement blessés et restent handicapés à
vie; les femmes aussi et les agriculteurs sont les plus touchés.
Les amputations elles-mêmes, faites dans des conditions d'urgence,
conduisent parfois à la mort. Avant de vous dire en quoi, au delà
d'une pure question de morale et de dignité humaine, nous devons
réagir personnellement, je désire résumer le dossier.
Les principaux pays touchés (actuellement...)
sont le Cambodge, la Somalie, l'Angola, le Kurdistan d'Irak, la Bosnie
et, depuis peu, le Rwanda. Sachez qu'environ 100 millions de mines terrestres
sont encore actives dans le monde, que chaque année elles blessent
10000 personnes et en tuent 17000. MAIS le déminage coûte
cher; il est évalué à environ 5000 FF par mine (20
à 50 mètres carrés par jour...), une raison qui n'est
pas sans me rappeler une de celles justifiant le redémarrage de
Superphénix: «tellement d'argent a déjà été
investi dedans que se serait dommage de tout arrêter...». Suite
aux pressions des ces associations, plusieurs pays ont déjà
décidé un moratoire sur les exportations de ces armes mais
pourtant, dans ces pays, des entreprises continuent à produire:
d'abord en attendant sa levée, mais surtout parce que la convention
de l'ONU ne concerne ni la fabrication ni la vente, qu'elle ne couvre pas
les conflits internes et qu'elle n'est ratifiée que par 41 pays
(dont la France). Oserons-nous dire «cocorico» ?! Que nenni
! En France, quatre entreprises sont principalement impliquées dans
la production des "moyens antipersonnels" (terme hypocritement employé,
mais on emploie aussi "munitions vulnérantes ou antipersonnel"...)
MAIS deux sont également de gros fournisseurs de FEUX D'ARTIFICE.
Avez-vous deviné la suite ? Outre l'objectif
d'interdire la fabrication des mines par législation, il est prévu
l'interpellation des entreprises fabriquant à la fois des feux d'artifices
et des mines: ainsi, les maires des villes qui réalisent des feux
d'artifice sont invités, via leurs administrés attentifs
et solidaires, à questionner leur fournisseur. Cette pression, via
les mairies, devrait s'avérer efficace car elle touche directement
l'image et le chiffre d'affaire de ces entreprises dont la "façade
feux d'artifice" cache les activités dans le domaine de l'armement.
Enfin, cette action, soit amènera les entreprises à renoncer
à la production de "moyens antipersonnels", soit conduira les villes
à changer de fournisseur, car il existe heureusement des entreprises
de feux d'artifice non compromises dans la production de mines.
Mais hormis les deux sociétés qui
fabriquent A LA FOIS des mines et des engins pyrotechniques, que reste-t-il
à nos maires pour célébrer tel ou tel événement
? D'après les informations de ces associations, ne restent que Pyragric
(69) et Legoux (14)... Alors il nous appartient et il nous est tout simplement
demandé de questionner les maires de nos communes. Sur les 33 plus
grandes villes de France, 16 ont déjà "changé de fournisseur";
je me permettrai de poser la question aux communes du Pays de Gex et vous
rendrai la réponse dès que leurs maires auront répondu...
Mais souvenez-vous: avec certaines, on ne... bondit pas partout de la même
façon (et désormais, choisissez bien vos pétards...)
!
Subsidiairement la performance d'une mine est mesurée
en «probabilité de mise hors de combat»: sachez qu'un
chiffre supérieur à 1/2 par 2400 mètres carrés
est tout à fait acceptable...
Yves Renaud