VIVRE ce n'est pas seulement... vivre!
Il y avait longtemps que je n'avais pas écrit
à "l'en crier"... Cela aurait pourtant pu commencer comme un conte
de fées: "par un beau jour d'été, des enfants trouvèrent
pleins de bonbons multicolores dans une clairière, etc...". Malheureusement,
ça vous paraîtra moins féérique quand vous saurez
que ces bonbons, s'ils existent réellement, sont en fait des objets
déposés par des adultes "bien en chair" pour des enfants...
"tout en os" (pardon), puisque comme je l'ai signalé ici il y a
environ un mois, cela se passe au Cambodge, en Somalie, Angola, Kurdistan
d'Irak, Bosnie et depuis peu, au Rwanda: l'horreur vient de ce que ces
"bonbons" sont destinés à éclater au moindre contact...
On les appelle les "mines bonbons" et le sommet est atteint quand on apprend
que c'est principalement destiné à ce que les garçons
devenus grands ne puissent pas tirer au fusil !!!
Certains Suisses et frontaliers ont-ils eu la...
chance (?) de voir le documentaire passé jeudi soir à ce
sujet? (bravo pour la tranche horaire visible par tous). Il était
donc fait à nouveau écho de la campagne internationale contre
l'utilisation et la fabrication des "mines antipersonnel" dont je vous
avait fait part le mois dernier; avec cependant un "petit détail":
j'avais choisi personnellement de ne parler que du collectif d'associations
"Agir ici" car Handicap International dont il est principalement question
dans les media, utilise... l'armée comme soutien logistique pour
ses fêtes de soutien, ceci expliquant peut-être cela, "because
budget"... Mais ne nous trompons pas de priorité ni surtout de cible:
il s'agit bien d'empêcher la prolifération de ces "choses"
ignobles. Persuadons-nous que nos innombrables actions humanitaires ne
seront jamais que la réponse à nos encore plus innombrables
silences et non assistance à personnes en danger. Attention, il
ne s'agit pas non plus de charité, sauf celle d'empêcher la
prolifération de notre indifférence qui confine au cynisme;
et c'est bien plutôt de cela que nous, nous devrions être...
amputés (re-pardon).
Pour EUX, survivre empêche de vivre; pour
nous, SAVOIR ne suffit plus pour vivre. Etre révolté par
un simple coup de coeur ne suffit pas, il faut que cela débouche
sur un désir d'action. Il faut être persuadé aussi
d'avoir besoin d'être interpellés, secoués et même
contestés pour que surgisse en nous une EXIGENCE morale véritable.
En France mais aussi en Suisse, on aime tellement les traditions qu'on
les met "en vitrine" au risque de ne plus les... dépoussiérer.
Nous avons donc une tradition démocratique, mais une démocratie
qui ne serait que démocratique serait une mauvaise démocratie:
celle-ci ne doit pas seulement se reconnaître à ses lois mais
surtout et d'abord à la conscience de citoyens sachant qu'il ne
faudrait jamais laisser - en paraphrasant une phrase célèbre
- la politique aux mains des seuls politiciens et ce n'est pas la récente
convention de l'ONU à ce sujet qui changera grand chose...
Souvenez vous, je me suis permis de poser une question
à plusieurs maires du Pays de Gex, nos premiers interlocuteurs politiques,
au sujet de ces fournisseurs de feux d'artifices qui fabriquent aussi de
telles armes et je devais vous rendre leur réponse... Eh bien je
vous dois de signaler n'en avoir reçu aucune! Qu'en conclure? Tout
d'abord, hélas, que bien peu d'administrés ont écrit
à leur maire... Ensuite, en ce qui concerne ceux-ci, plusieurs hypothèses:
si des recherches avaient été faites- pourtant si simples
- ils n'auraient pas manqué de me le faire savoir; et si des réponses
n'ont pas plu, les artificiers sont-ils un lobby si puissant qu'il ne puisse
être possible d'en changer? Et encore n'est-il question ici "que
des mines du bout du monde", mais pour en revenir à nous, citoyens,
il est évident que si sur les 50.000 hts du Pays de Gex, personne
d'autre n'a posé la question, comment croire que le même pourcentage
sur la France - soit seulement 1000 personnes! - puisse changer quoi que
ce soit dans ce qu'il est convenu d'appeler nos "préoccupations":
chômage, sida, pollutions, toutes formes d'une violence contre lesquelles
aucune solidarité VERITABLE ne se déclare alors que nous
sommes directement concernés?
Comment ne pas croire nos coeurs tellement fermés
que dans nos pays ont puisse d'abord penser aux concurents du Paris-Dakkar
en entendant: «dans ces pays, on crève facilement»?!
(re-re-pardon). Oserions-nous croire enfin que si nous laissons fabriquer
des armes, nos enfants n'en mourront pas un jour? Alors le mot de la fin,
je l'emprunterai cette fois à Jean Giono, même s'il ne s'agit
pas exactement des mêmes armes:
LES CANONS, ÇA OUVRE LA GUEULE MAIS ÇA FERME LES
YEUX.
Yves Renaud