LES VOIX (LES VOIES?!) DU SILENCE
ou
LE PARLE... MENT!
Deux décisions récentes du Parlement européen
m'ont fait bondir et je remercie la personne (ayant voulu rester anonyme)
de m'avoir transmis les documents... J'ajoute que ce n'est pas la première
fois et je trouve que c'est une très bonne idée, même
s'il est probable que mes réactions ne reflètent pas forcément
l'interrogation, l'inquiétude, voire la révolte de "l'envoyeur"
puisque ce n'est accompagné d'aucun commentaire: cela montre en
effet d'abord que des gessiens refusent de rester indifférents aux
grands problèmes du monde et ensuite qu'ils y voient des liens avec
nos préoccupations locales ou quotidiennes . Quant à savoir
si je suis digne de leur confiance...
Il est d'ailleurs possible que j'aille même
dans un tout autre sens que le but projeté par ce(s) "correspondant(s)",
surtout dans le cas de la première décision: en effet,
le Parlement y invite le Conseil à statuer immédiatement
sur des règles uniformes applicables au «bien-être des
animaux lors de leur transport dans l'Union» et (je résume)
de «contrôler les bonnes conditions d'élevage, de transport
et d'abattage du bétail».
Je me suis permis de présumer qu'il n'y avait
pas de rapport avec le fait que je sois végétarien (j'avais
fait une chronique l'année dernière à ce sujet) ou
qu'il ne s'agissait pas d'un simple admirateur de B.B. (qui a malgré
tout, toute mon estime), mais j'ai voulu y voir une idée satirique,
sarcastique ou même carrément révoltée en rapport
avec la "libre" circulation des personnes en Europe...
Encore une fois la réalité n'est ici
qu'une des deux faces de la vérité qui est d'un côté,
le problème du renvoi ou du refus des personnes "indésirables"
et en ce moment je pense particulièrement à tous ceux dont
la vie est en danger en Algérie: journalistes, intellectuels, étrangers
ou de plus en plus, les femmes (imaginez-vous un monde peut-être
deux fois moins peuplé mais où il n'y aurait plus que des
hommes ?!) et de l'autre, le fait qu'avant de s'occuper des humains on
préfère hypocritement se soucier des animaux.
Si encore, une fois traité le cas des premiers,
on s'occupait de celui des seconds!... Mais non, et comme trop souvent,
le refus (la peur?) de s'occuper de "l'humanité" (celle qui est
en chacun) nous fait chercher et trouver un... "bouc" émissaire
(excusez l'humour), en l'occurence le Maghrébain que l'on associe
si souvent à l'extrémiste. Osons donc nous poser la question
de notre regard personnel et quotidien sur le premier, sous peine de ne
pas devenir comme le second.
La seconde décision demande «le
blocage des crédits destinés à une centrale nucléaire
en Slovaquie tant que les problèmes de sécurité ne
seront pas résolus, (car) la sécurité n'est pas négociable
et aucune réduction par rapport aux normes européennes n'est
acceptable». Là encore, deux façons d'aborder le problème:
soit en disant «occupons-nous d'abord de nos... oignons (nos champignons
radioactifs?!)», soit «qu'ils commencent et nous verrons ensuite»,
la première façon a été traduite par «regarde
la poutre qui est dans ton oeil avant de regarder la paille dans celui
de ton voisin» il y a déjà 2000 ans (une... paille!),
ce que B.Shaw a dit autrement avec «il y a des gens qui voient les
choses telles qu'elles sont et qui demandent «pourquoi?», je
rêve de choses qui n'ont jamais existé et je demande «pourquoi
pas?». Pour la seconde façon, il y a le choix: «faites
ce que je dis mais pas ce que je fais - ça ne peut pas arriver chez
nous - on ne peut plus arrêter de quoi aurait-on l'air? etc...».
Je suppose que beaucoup de monde a compris qu'il s'agissait localement
du problème de Superphénix mais aussi globalement du nucléaire
occidental (d'ailleurs presque exclusivement français!). Osons cette
fois nous demander si, au delà de l'obstination du gouvernement,
de celui d'EDF et des "lobbies" nucléaires, nous n'entraînons
pas personnellement et quotidiennement de tels monstres par notre consommation
effrénée, leit-motiv et pointe de touche de notre civilisation?
Ai-je répondu cette fois encore à
votre attente? Et puis-je me permettre pour terminer, de vous demander
- expéditeurs anonymes - de continuer d'envoyer tout document vous
"interpellant". En réitérant mes remerciements solidaires
à la "majorité silencieuse"...
Yves Renaud