RIO SUITE (et fin?)
"RIO, C'EST FINI, ET DIRE QUE C'ETAIT NOTRE DERNIER... RECOURS" (sur un
air connu!)...
Est-il présomptueux d'essayer de faire un
résumé de ce qui fut "la plus grande conférence que
le monde ait connue"?
Est-ce que justement cette démesure ne porte
pas aussi en elle celle du système économique actuel ? Peut-on
vraiment croire arriver à protéger l'environnement et promouvoir
le développement sans changer ce système ? Et alors que
cette conférence ne semble n'avoir accouché que d'une souris
?
Oui bien sûr, la France a promis que sa contribution atteindrait
le seuil de 0.7% de son PNB (réclamé depuis de nombreuses
années!), ce qui est plus que beaucoup d'autres, mais bien peu au
regard des besoins exprimés à RIO,
Oui le sommet a forcé tous les pays à une sorte
de "profession de foi écologique" devant le monde entier,
Oui on a aussi reconnu que la sacro-sainte "Souveraineté
Nationale" devra être limitée,
Oui une dynamique a été créée, mais
la question sera "comment la maintenir?".
Car entre G.Bush qui a osé déclarer
que les USA étaient leader mondial en matière de protection
de l'environnement puis, au sommet parallèle des techniques, le
"nous sommes convaincus que les instruments du développement durable
sont entre nos mains" des industriels (ce qui s'apparente au moins à
de l'arrogance) et les rêves d'une Haute Autorité ou d'un
Conseil de la Terre de François Mitterrand qui sont de l'ordre de
l'utopie, il y a un fossé qui rappelle malheureusement celui qui
existe entre les plus riches et les plus pauvres, injustice qui est probablement
la plus grave que la Terre ait à supporter car source des plus grandes
violences. Ne nous trompons donc pas, l'environnement n'est pas le seul
enjeu: il n'est pas de vraie protection de l'environnement sans aide au
développement du Sud à condition de ne pas vouloir, en
plus de nos déchets, exporter notre modèle de croissance.
Au moins, quelque chose a été acquis: les mots "développement
durable, biodiversité, dette, droit verts,... sont devenus usuels;
à
nous tous appartient la responsabilité qu'ils ne restent pas que
des concepts. Beaucoup de chemin reste à faire car: le geste
financier du Nord n'est pas venu (2 milliards au lieu des 125 attendus!!),
le rôle désastreux de l'entretien de grandes forces armées
n'a pas été assez souligné, on a vu aussi que les
préoccupations électorales passent avant tout, que pendant
ce temps là, les tractations sur les ventes d'armes repartent
de plus "belle" avec bien sûr la bénédiction des Etats
exportateurs, dont la France et qu'enfin L.Summers (un des responsables
de la Banque mondiale) a osé faire entendre cet incroyable son de...
cloche: - "la logique économique qui fait installer une décharge
toxique dans un pays à bas revenu est imparable, - j'ai toujours
pensé que les pays sous-peuplés étaient largement
sous-pollués, - l'exportation de produits polluants ne pourrait
que contribuer au bien-être" !!! Alors, comme dit H.Tazieff "comment
prétendre résoudre à l'échelon mondial toutes
ces questions d'une façon acceptable alors qu'aucune nation n'a
encore presque rien fait pour régler ses propres problèmes
de pollution ?". Alors quoi? Il n'est en tous cas pas question d'attendre
20 ans avant de changer de cap. On devra voir d'ailleurs les premières
réponses au prochain sommet G7 à Munich en Juillet... Que
pouvons nous faire? Nous informer (qui était le minimum que nous
puissions faire), ne suffit plus: notre information (notre formation!)
doit moins venir des fréquences officielles que de nos "vibrations"
intérieures; il se confirmera aussi de plus en plus que nul ne
pourra plus se considérer comme "citoyen" tant que d'autres (qui
encore une fois sont nos semblables...) seront considérés
comme sous-citoyens. Enfin gardons une oreille attentive aux pensées
et aux expériences des anciens qui nous disent: CE QUE NOUS LAISSONS
DERRIERE NOUS FINIT TOUJOURS PAR NOUS RATTRAPER. Il ne pensaient probablement
pas encore à la pollution telle qu'il a été question
à RIO, mais celle de notre esprit n'est-elle pas à la source
de toutes les autres?
Yves Renaud