On continue donc toujours à associer progrès technologique et garantie de bonheur et pourtant, par un paradoxe étonnant, dans certaines parties du monde, en Tanzanie par exemple avec ses multiples réserves mais où l'économie s'est effondrée et où l'argent manque pour réparer les routes (les touristes s'en f..., ils viennent en avion!), les gens recommencent à manger convenablement car désormais incapables d'exporter leur nourriture sur le marché international, ils redeviennent libres de la consommer!
Je crois que c'est A.Malraux qui a écrit « Transformer son expérience en conscience »... Malheureusement, nous nous sommes résignés à ce qu'elle nous fasse croire que la science a raison sur tout (en Europe, voir le "triste" Appel de Heidelberg), que les injustices sont incurables (dans le monde entier, voir Tiers et Quart Monde), que la guerre est une logique inéluctable (aux USA, voir Sainte CNN), que les races ne doivent pas se mêler (en France, suivez mon regard), etc...: il s'agit d'un fatalisme criminel alors que des défis tellement urgents sont à notre portée et même à notre porte: aimer, inventer, résister pour encourager et permettre à chacun comment vivre mieux avec soi-même et avec les autres, avec tous les autres.
L'homme n'habite plus un monde à sa mesure mais une planète livrée à la démesure des processus technologiques et marchands où n'est donc souvent laissé comme choix sinistre que l'apathie du consommateur (car soit que nous en profitions, soit que nous laissions faire, nous sommes complices...) ou l'explosion des exclus. Force est pourtant de constater que si nous n'avons pas le pouvoir de changer le monde nous avons celui de nous changer nous-même; suivez le raisonnement: ce que nous sommes nous fait agir, mais ce que nous faisons nous transforme et comme chacun de nous est une parcelle du monde, si nous changeons, il y aura donc quelque chose de changé dans le monde, CQFD!
Mais trève de simples mots sur le papier, que devons-nous faire vraiment, justement? Au delà du niveau individuel pour lequel j'ai déjà donné quelques pistes, il s'agit d'exercer nos droits de citoyens, mot pris dans toute son acception, c'est à dire commencer par un nouveau regard sur tous ceux que, consciemment ou non, nous avons exclus de nos sociétés riches. Notre citoyenneté ainsi nouvellement reconquise devra donc passer par des réalisations permettant à tous de jouir du minimum de biens tant matériels que culturels indispensables à l'exercice des Droits proclamés non seulement dans notre "Patrie des Droits de l'homme" (paraît-il...), mais aussi tout simplement à l'entrée de notre cité, ne l'oublions pas: ce "Gex cité accueillante", il tient à chacun de nous qu'il ne reste pas qu'un "flash" dans les yeux du touriste mais qu'il se concrétise vers ceux pour qui le mot "accueil" est devenu un mot inacessible ou même oublié.
J'ai longtemps cru que si nous agissions pour ceux-ci et non pas seulement pour ceux-là, c'était pour donner un sens à notre vie; mais n'agissons nous pas plutôt parce que la vie a un sens et aussi parce que selon un proverbe africain «ce que tu donnes aux autres tu le donnes à toi-même»? Comme conclusion et puisque le pays gessien est celui de nombreux étrangers, je vous propose, extraits de dictons du monde entier, deux qui me semblent répondre au souci de cette solidarité sans laquelle le monde "perdra la boule", car si le tiers monde ne parvient pas à se réveiller, l'Occident ne pourra plus dormir! (paraphrase de Amin Maalouf):
Ne pas soulager la misère d'autrui, c'est se mettre au rang des malfaiteurs (Madagascar)
Et en cette période troublée, il me plaît de terminer par un proverbe du monde arabe:
Si tu as beaucoup, donne de ton bien, si tu as peu donne de ton coeur.