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N°61
NUCLEAIRE, quand tu nous tiens...

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· Actes de l'Institut Genevois, 1984, «Energie et Société. Les Surgénérateurs: Vrai ou Faux Problème?» (Compte rendu des conférences-débats organisées avec la collaboration de la commission cantonnale en matière d'énergie, l'association pour l'appel de Genève - APAG, la société suisse des ingénieurs nucléaires SOSIN). 
Prix 49 FF environ + port. 
· Stephen KING-HALL, «Défense nucléaire, non-sens militaire», avec une préface d'Ivo Rens, janvier 1984. Prix 48 FF environ + port. 
· Marcel BURRI, «Qu'en Faire? Les déchets radioactifs: un problème non résolu», Éditions d'en bas. Prix 70 FF.

Dossiers français

· Le dossier CFDT - Marcoule et son avenir, dont nous avons pubIié la majeure partie, est disponible à la CFDT.
· Le dossier de l'énergie, Éditions du Seuil. Dossier CFDT (35 F). Un bon dossier qui vous donnera des renseignements sur les différentes énergies et les comparaisons que l'on peut faire.
· Science et Vie, numéro de juin 1984, un excellent article sur les appareils détecteurs des radiations. Cette revue publie fréquemment d'excellents articles sur le nucléaire: problème de santé, coût, etc. (Abonnement à Sciences et Vie, 5 rue de Baume, 75002 Paris).
· Ian KELLAS, «La Paix pour débutants», Éd. la Découverte-Maspero.

EXTRAITS DE
Alerte Atomique, n°92, nov.-déc. 1983
publication du M.D.P.L.

LE FONCTIONNEMENT DES INDUSTRIES D'ARMEMENT
     Les "habitudes" de travail des firmes de ce secteur en font des entreprises à part. Le point central des critiques que de nombreux économistes leur adressent réside dans la logique qu'elles mettent en œuvre: alors que dans toutes les industries civiles l'entreprise, quel que soit le système économique (capitaliste ou non), cherche à réduire ses coûts de production afin d'augmenter sa marge (c'est-à-dire son profit) et/ou de réduire son prix de vente, les industriels de l'armement tendent au contraire à maximiser leurs coûts. 

suite:
     Il y a au moins deux raisons à cela:
     - la priorité accordée par les militaires eux-mêmes aux performances des systèmes d'armes relègue au second plan les considérations financières. D'autant plus que l'industriel cherchera naturellement à "appâter" toujours plus grâce à telle ou telle caractéristique supplémentaire... Or, avec les armements modernes, il devient de plus en plus difficile (et donc coûteux) de faire des percées technologiques. C'est la spirale de la course scientifique aux armements...
     - le système de fixation des prix entre l'Etat et l'industriel repose généralement sur une estimation des coûts... plus ces derniers sont élevés et plus le prix fixé sera grand! Les travailleurs de ces entreprises connaissent d'ailleurs bien le gâchis et la débauche de moyens avec lesquels fonctionnent leurs entreprises. C'est l'une des conséquences de cette tendance à la maximisation des coûts et à la recherche des subventions.

EFFETS SUR LA SCIENCE ET LA TECHNIQUE
     Nous avons déjà signalé que un cinquième de la recherche française dépend du budget de la défense. Plus grave: certains domaines sont quasiment monopolisés par ces activités et donc orientés en fonction des besoins militaires. Ainsi «les recherches sur le laser, sur le traitement de l'information, sont en France largement financés par les militaires. Le grand calculateur sera financé presque uniquement par la Défense».
     Il s'agit là de secteurs clés pour le futur. Bien sûr, on parle souvent des «retombées» scientifiques de la course aux armements... Mais tout le monde sait très bien que les progrès des sciences et techniques civiles seraient plus rapides si on leur consacrait directement des ressources plutôt que de faire le «détour militaire».
     De plus, ces «retombées», quand elles existent, ne correspondent que rarement aux besoins des domaines civils pour lesquels les notions de «performance» et de besoin n'ont pas nécessairement le même sens que pour les Etats-Majors. «La prédominance» des utilisations militaires dans l'affectation des budgets gouvernementaux consacrés à la recherche et au développement constitue une des causes majeures de «l'asymétrie existant entre l'orientation du changement technologique et les besoins de la société» souligne un rapport de l'Institut Syndical Européen.
 

LE PENTAGONE ET LES PRIX
     «Combien coûte un marteau? Un bon marteau, aux Etats Unis, une quinzaine de dollars (120 FF). (...). le Pentagone, qui n'est pas tout à fait un client comme les autres, reçoit une facture de 435 dollars (3.480 FF) pour le même marteau».
     J. Tiziou donne d'autres exemples du "prix des choses" dans le numéro du 1er janvier 1984 de la revue Aviation Magazine: 110 dollars pour des diodes achetées à Sperry par l'US Navy contre 4 cents (0,04 dollar!) pour le même modèle disponible dans les stocks du Pentagone (2.750 fois moins). 352 FF pour des ampoules électriques vendues 1,40 FF dans le commerce. Une facture de 80.000 dollars de Mc Donnell-Douglas pour des pièces de rechange de F18 Hornet, disponibles dans l'inventaire pour 3.600 dollars!
     Espérons que les militaires français surveillent leurs factures de plus près!
p.17

     Un document de l'OCDE (l'organisation des pays occidentaux industrialisés ) destiné à une réunion de ministres affirmait d'ailleurs: «l'accumulation des armes et de la technologie militaire peut être perçue comme un gaspillage d'une des plus précieuses ressources de la société: l'ingéniosité de l'homme».

LE COMMERCE EXTERIEUR
     C'est sans doute dans ce domaine que les responsables de la production française d'armement peuvent se féliciter de leur action. Durant la décennie 70, l'économie française s'est progressivement spécialisée dans l'exportation d'armement. Une étude parue dans la Revue d'Economie Politique ( N°3-1983 ) montre ainsi que, de 1970 à 1978, la branche armement est celle qui s'est le plus spécialisée sur le commerce extérieur et qu'elle a atteint en ce domaine un coefficient de spécialisation très largement supérieur à celui de toutes les autres branches.
     L'exportation des armes a de la sorte été l'un des principaux moyens pour adapter notre économie aux changements financiers survenus depuis le début des années 1970 (dérèglement monétaire international, chocs pétroliers,...). Remarquons en particulier que ce commerce a permis de couvrir entre un tiers et un cinquième de nos importations de pétrole depuis le premier «choc pétrolier» de 1973.
     Mais il n'y a là aucune fatalité et les choix auraient pu être dirigés vers d'autres secteurs. Quoiqu'il en soit l'armement constituait 40% de l'excédent du commerce extérieur français de produits industriels en 1981 et 70% de cet excédent en 1982 (26 milliards de francs sur 37 milliards)!
     Il est évident que les exportations d'armes ont permis une entrée de devises vitale pour notre économie. Mais en matière économique la façon de «gagner son argent» n'est pas indifférente et l'ensemble des problèmes structurels qui, à terme, seront - et sont déjà - posés par la production d'armement met en lumière les dangers de ce choix. La dépendance d'une part importante de nos capacités industrielles et de nos sources de devises par rapport à un marché par nature instable n'est assurément pas le moindre de ces dangers.

suite:
Dépenses militaires et accroissement de la productivité:
comparaison internationale (1960-1980)

Tableau 4
Commerce extérieur, pétrole et ventes d'armes
(calculs effectués à partir de divers documents:
Assemblée Nationale, Sénat, Jeune Afrique

Année
Ventes d'armes *
Exportations totales *
Armement
 / export. totales (%)
Facture pétrolière *
Armement
 / Pétrole **
(%)
1973
 5,2
 160
 3,3
16
32
1974
 6,7
 221
 3,0
 49
 14
1975
 8,3
 224
 3,7
 41
 20
1976
 11,6
 267
 4,3
 55
 21
1977
 14,7
 318
 4,6
 58
 25
1978
 17,3
 355
 4,9
 54
 32
1979
 20,4
 424
 4,8
 72
 28
1980
 23,4
 487
 4,8
 111
 21
 1981
 28,5
 574
 5,0
 132
 22
 1982
 28,9
 629
 4,6
 130
 22
* en milliards de francs ** Taux de couverture de la facture pétrolière par les ventes d'armes
p.18
8. Pour une approche globale du point de vue du Tiers-Monde, voir Alerte N°76 «Commerce des armes: la part du Tiers-Monde», et Alerte N°67-68 «Armement ou Développement?»
POUR LA PRODUCTION DE BIENS SOCIALEMENT UTILES 
     Cet aperçu sur l'économie de l'armement est bien évidemment incomplet. Il faudrait en particulier analyser l'impact des exportations d'armement sur nos rapports avec le Tiers-Monde[8]. Sans prétendre à l'exhaustivité, nous avons simplement exposé les principales conséquences des dépenses et productions militaires pour un pays comme la France. Une conclusion s'impose, que le bon sens suggérait déjà: la fabrication des armements est un fardeau pour l'économie.
     La production de canons sera d'autant plus impuissante à nous sortir durablement de la crise qu'elle est un des facteurs qui nous y ont mené.
     Aujourd'hui, il faut recentrer notre économie sur la satisfaction des besoins prioritaires. Il faut promouvoir la production de biens socialement utiles susceptibles de créer une nouvelle dynamique économique sans «effets pervers» (tels que la pression inflationniste des dépenses militaires). Cette politique ambitieuse mais inévitable sans catastrophe à terme, devrait être définie avec la participation de tous les partenaires sociaux (étant ainsi l'occasion d'un changement profond des relations économiques ) et solidairement avec le Tiers-Monde (participant ainsi à la construction d'un ordre économique international plus juste).
     Nous ne nous posons pas ici en spécialistes du «y'a qu'à». Un tel programme demande de la prudence et du temps. Il faut donc s'y atteler rapidement... et cesser de parer la fabrication des armes de vertus économiques qu'elle n'a pas.
Au Sommaire du n° 93
INDUSTRIE D'ARMEMENT ET RECONVERSION

Un numéro spécial édité par le MDPL
complément de cette présente étude

     - La reconversion des industries de l'armement: le point de vue syndical
     - Des biens socialement utiles
     - Les expériences syndicales et les politiques de reconversion en Europe: Une étude de l'Institut Syndical Européen
     - Les conséquences économiques mondiales des dépenses militaires. D'après les travaux de Léontieff, Prix Nobel d'Economie

Commande du double dossier Industries d'armements et reconversion
(numéros 91, 92, 93 et 94 d'Alerte) 36 F franco 
BON DE COMMANDE à retourner au M.D.P.L. 
B.P. 2135 - 34026 Montpellier C.C.P. 22-72-22 L Paris 
     Ces courts extraits pour vous faire profiter des excellents dossiers du M.D.P.L. (Mouvement pour le Désarmement, la Paix et la Liberté).

p.19

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