INTRODUCTION
La présente étude trouve son origine dans les questions que se sont posés un certain nombre de scientifiques en constatant l'écart, parfois considérable, qui sépare des résultats de différents rapports ayant chacun pour objet l'estimation des conséquences d'un accident grave de réacteur nucléaire. Ces écarts sont d'autant plus surprenants que les auteurs de ces rapports s'étaient tous placés dans des hypothèses de départ identiques ou comparables: nature de l'accident, puissance du réacteur et durée de fonctionnement au moment de l'accident, conditions météorologiques pendant la dispersion des produits radioactifs dans l'atmosphère. C'est ainsi que la zone mortelle, due au passage du nuage radioactif consécutif à la fusion complète du cœur et à la perte du confinement d'un réacteur de 3.200 MWth (environ 1.000 MWe) a la forme d'un ovoïde dont les dimensions sont, d'après le rapport de 1976 de l'Institut de Sûreté des Réacteurs de Cologne COL[2] de plus de 100 kilomètres de long et 12 kilomètres de large. Ces dimensions se réduisent dans le rapport Rasmussen RSS[3] à 10 kilomètres de long et quelques centaines de mètres de large. On peut donc passer, suivant les rapports, d'une catastrophe apocalyptique, à un accident grave mais de dimension limitée. Notre étude a pour objet l'analyse comparée d'un certain nombre de ces rapports, plus particulièrement les deux précédemment cités. EIle ne prétend pas démontrer que l'un ou l'autre est plus proche de la réalité mais se veut seulement un essai d'explication de leurs différences. Cependant nous avons pensé devoir souligner en plus, chemin faisant, certains choix des modèles de calcul et des valeurs des paramètres faits dans ces rapports. Certains de ces choix, relativement à ceux qu'on peut faire en l'état actuel de nos connaissances, apparaissent en effet comme étant optimistes, c'est-à-dire de nature à sous-estimer les conséquences de l'accident; d'autres se déclarent, et parfois faussement, pessimistes (ou conservatifs selon le terme anglais). |
Il convient, de plus, de noter que ces connaissances
se réduisent à des données établies par des
chercheurs, qui sont certes d'abord des scientifiques, mais n'en dépendent
pas moins matériellement pour la plupart, de l'industrie nucléaire
publique ou privée. Il ne nous appartient pas de juger ici si la
tendance délibérée à l'optimisme dans un domaine
qui concerne la vie des gens, est criminelle ou non; si l'attitude qui
consiste à présenter comme pessimistes des hypothèses
en réalité optimistes est une hypocrisie dangereuse ou non.
Nous nous sommes bornés à relever dans ces rapports toute
sous-estimation relative des dangers et nous laissons au lecteur le soin
de juger si cette sous-estimation était délibérée
ou non.
Toutes les études écartent les effets mécaniques d'une explosion de nature nucléaire du réacteur, éventualité qui n'est pas à envisager (du moins pour les réacteurs à neutrons thermiques). Ces études fondent les conséquences de l'accident sur la seule nocivité du nuage radioactif s'échappant de l'enceinte. les conséquences sont très diverses. L'une d'elles, sans équivalent dans aucun autre accident, serait la condamnation pour des décennies et même des siècles d'une vaste étendue de terre. (On peut avoir une idée de l'ampleur de la catastrophe si l'on sait qu'un réacteur peut contenir une quantité de produits de fission de longues périodes équivalente à celle que créerait l'explosion de deux à trois mille bombes de type Hiroshima). Nous nous sommes limités à l'étude des estimations concernant les seules conséquences sur la santé ou la vie des personnes touchées par le passage du nuage radioactif. Nous avons comparé ces deux rapports COL et RSS, à une troisième étude GSIEN[1] effectuée à partir de données d'origines différentes de celles qui ont servi à ces rapports. Nous avons utilisé pour réaliser cette étude, exclusivement des données établies ou employées par le C.E.A. français, et publiées dans une documentation à la portée de tout le monde: le cours du génie atomique[7] et les rapports du CEA[8 à 13] qu'on peut consulter dans toute bibliothique scientifique ou commander directement (Service de Documentation, CEN Saclay, BP 2,91190, Gif-sur-Yvette). Ainsi chacun pourra, s'il le désire, vérifier nos calculs[1]. p.3
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RÉSUMÉ DE L'ÉTUDE GSIEN
Notre propre étude[1] porte sur
les conséquences de la fusion complète du cœur et de la perte
de confinement d'un réacteur de 3.200 MWth à uranium qui
a fonctionné trois ans. Elle repose sur les hypothèses suivantes:
CONCLUSION
(suite)
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suite:
- fait apparaître que l'estimation de la vitesse de dépôt au sol, vitesse qui est très mal connue d'après ce que reconnaît le rapport RSS lui-même (réf. 3, p. B-2) influe fortement sur l'estimation de la dispersion à moyenne et grande distance, et que la valeur choisie par RSS est fortement optimiste. En résumé, le rapport Rasmussen apparaît comme fortement sous-estimatif des dangers relativement au rapport de Cologne, tant par les hypothèses retenues que par la valeur des paramètres, sur tous les points. Il est même fortement sous-estimatif, sur certains points des plus importants, relativement à sa propre version préliminaire. Nota: le remplacement sans justification dans la version définitive du rapport Rasmussen de certaines valeurs de paramètres (à première vue anodine mais ayant en fait une grande incidence sur les résultats) par des valeurs plus optimistes ne semble pas avoir été noté par la commission américaine[14] chargée du réexamen de ce rapport. BIBLIOGRAPHIE
p.4
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10-4 m3/s |
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cm/s |
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GSIEN |
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Durée du fonctionnement du réecteur
Volume d'air inhalé par unité de temps
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- 3,47.10-4 m3/s: travailleur
standard en activité. Ce dernier volume respiratoire peut être
encore très sous-estimatif des dangers, si on l'applique à
une personne non standard et dans un état d'affolement provoqué
par l'accident.
Types d'irradiation
p.5
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Dans COL et GSIEN, la dose est
calculée pour le corps, jusqu'à élimination des radioéléments
dans l'organisme, ou au maximum 50 ans. On estime à une forte probabilité
la mort, immédiate ou différée, consécutive
à une irradiation supérieure à 600 rems.
I2: Irradiation externe due au rayonnement du nuage. I3 : Irradiation externe due au rayonnement du sol contaminé, pour un certain temps de séjour sur celui-ci. Ce temps est de 24 heures dans RSS. On ignore si les deux dernières irradiations sont prises en compte dans COL, mais s'il en est ainsi, le calcul montre que ce temps ne doit pas excéder 24 heures. Dispersion atmosphérique - Rugosité du sol, vitesse de
dépôt
Hauteur de libération: 0 mètre
(suite)
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suite:
La dosimétrie interne pour le corps
n'est mentionnée que pour la version préliminaire (4) du
RSS. La comparaison directe entre RSS (3) et COL et GSIEN n'est pas possible,
RSS abandonnant dans la version définitive le corps comme organe
de référence au profit de la moelle osseuse. Cependant la
dosimétrie de tous les autres organes ayant été revue
en baisse entre les deux versions RSS (surtout ce qui est troublant, pour
les radioéléments les plus nocifs). il est probable que RSS
est encore plus optimiste pour la dosimétrie de la moelle osseuse
dans sa version définitive, qu'il ne l'était pour la dosimétrie
du corps dans sa version préliminaire.
Optimisme du rapport RSS relativement au COL
Optimisme du rapport RSS version définitive[3]
p.6
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