L'impression la plus brutale,
la plus évidente à la lecture des cinquante et quelques pages
de ce document est l'incompétence technique de la Commission d'enquête
et tout de suite après, la parfaite soumission à la parole
officielle. Au total, cela donne l'impression d'une farce.
Qu'ont fait en effet MM. Georgelin (Administrateur des Affaires Maritimes), Allouis (Directeur honoraire de la Banque de France) et Nedelec (Capitaine en retraite de la Marine marchande), sinon de prendre quelques-unes des questions posées lors de l'enquête et de demander à EDF de donner une réponse qu'ils ont immédiatement et tout simplement entérinée? En dehors de toute opinion que l'on peut avoir sur l'énergie nucléaire en général, sur le site de Plogoff en particulier, on ne peut que constater, et personne ne s'y est trompé, que cette «enquête» est un simulacre d'acte démocratique et n'est de fait qu'une formalité administrative dont il est clair que de toutes les façons la réponse est donnée avant même qu'elle commence, à partir du moment où les opposants au projet ne peuvent en aucun cas faire entendre leur voix. Dans le cadre de l'enquête, cela conduit naturellement, en quelque sorte, à transporter le conflit sur un autre terrain. Il s'agit bien là d'une violence de l'Etat qui impose sa volonté et, comble de cynisme, prétend demander l'avis des intéressés. Voilà bien un exemple de confusion de pouvoirs: législatif, exécutif et judiciaire, confondus dans une seule main! Nous allons, à titre d'exemple et d'information, donner quelques extraits du document de conclusion de la Commission d'enquête: Tant que le choix du combustible des Centrales électriques se limitait entre le charbon et le fuel, la Bretagne n'avait que peu de chances de voir améliorer sa situation énergétique, en raison des difficultés d'approvisionnement.Soyons sérieux: il n'y a pas de difficulté pour installer une centrale au charbon (importé) 2 x 600MWe à Brest comme il avait été demandé... et refusé car en bout de ligne, disait-on! Rappelons qu'actuellement le prix du kWh charbon est sensiblement plus faible que son équivalent nucléaire. Un effort important d'information a été entrepris depuis 1974, à l'initiative tant de EDF (équipement, distribution, production, transport) que des pouvoirs publics. (suite)
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suite:
- Enfin, plusieurs centaines de conférences et de réunions d'information, etc. s'adressant plus spécalement à des groupes socio-professionnels et à des scolaires.Il semblerait que dans la région, l'ouverture d'une agence de voyages s'impose...! Comme on peut le remarquer, il s'agit moins d'informer que de convaincre: en aucun cas on ne parle de mise à disposition d'informations contradictoires ou d'audition d'opposants. La technique de «hearings» (auditions publiques contradictoires) est complètement inconnue en France. Mais, lisons la suite: «A en juger par les résultats, on peut se demander si cet effort d'information a été aussi efficace que l'espéraient ses promoteurs:S'il ne peut y avoir qu'une vérité, c'est la démagogie, la contre-vérité qui triomphent. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'y a pas place pour le doute. Si l'on parlait un peu de la paille et de la poutre... «Les motifs appuyant les avis favorables concernent essentiellement les retombées économiques de la centrale dans la région, pendant la construction, puis pendant l'exploitation (emploi de la main-d'oeuvre, activité des entreprises locales): 40 avis, dont celui de l'Union Patronale du Finistère groupant de nombreuses entreprises, et celui du Conseil général du Finistère en date du 11 mars 1980.Où l'on voit que les avis favorables n'ont que peu à voir avec l'énergie. Il s'agit clairement de résoudre un problème économique et de chômage. Peut-on croire vraiment à la centrale comme solution? A partir de la page 11 et jusqu'à la fin, il s'agit de réponses apportées par EDF aux critiques soulevées. Ces réponses ne supportent aucune contradiction... et pourtant. p.16
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C'est une bien étrange
conception de son travail que la Commission d'enquête montre là.
Pas question d'essayer de se faire une idée, non. On va tout de
suite demander son avis au demandeur et on le fait sien.
Fiche n°1, page 13. En ce qui concerne les demandes d'amélioration du réseau routier, on lit en conclusion: «L'ensemble de ces propositions réste naturellement à étudier entre les administrations et EDF. il faut toutefois noter que la suppression de l'nfrastructure portuaire ne modifiera pas sensiblement le volume des endiguages à établir pour assurer les conditions nécessaires au pompage de l'eau de refroidissement.»Autrement dit: on fera ce que EDF voudra! Fiche n°3, page 16 (intégrale). A propos de lignes d'évacuation d'énergie, on lit: «Une ligne de 400.000 volts est en cours d'étude entre Cordemais (Loire Atlantique) et la Martyre, près de Landerneau, et le tracé de la ligne partant de la centrale de Plogoff sera fonction du raccordement à faire sur la première.Voilà le type même de non-réponse sauf pour les 3 à 3,5 km de câble au départ de la centrale. On peut d'ailleurs, à ce niveau, signaler le mensonge: un câble souterrain ne coute pas vingt fois le coût d'une ligne aérienne. Le chiffre est à diviser au moins par deux. A noter qu'il s'agirait d'une nouvelle technologie de «câble à gaz» qui serait plutôt posé sur le sol qu'enterré. «L'approvisionnement en eau (industrielle et potable) s'effectuera à partir des installations du Syndicat de l'Aulne. Un barrage sesa construit pour assurer une retenue de 3,5 millions de mètres cubes.C'est bien la peine de s'installer au bord de la mer... pour manquer d'eau. Au fait, quelle est la longueur de canalisation? Une autre question se pose également en ce qui concerne la prise en compte de ces coûts supplémentaires; là encore, le flou le plus complet. Etait-ce vraiment une commission d'enquête? (suite)
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Fiche n°5, page 18 (intégrale). A propos de l'implantation d'un surgénérateur et d'une usine de retraitement en Bretagne: «La réponse dans l'état actuel des projets, est un non catégorique:Sans commentaires! Suivent ensuite cinq pages de textes et une dizaine de plans sur la question de l'évacuation des eaux de refroidissement. Nous nous contenterons de dire que ce document, rédigé par EDF, aux dires même des enquêteurs, ne fait que dire qu'au total on ne sait pas...! Fiche n°9, page 26 (intégrale). A propos des déchets: «Aucun déchet radioactiî ne sera conservé sur le site d'une façon définitive: tous les déchets seront emballés selon leur nature (noyés dans du ciment pour les déchets peu radioactifs, enfermés dans des containers spéciaux pour le combustible, après refroidissement), et expédiés à La Hague.Eh bien, voilà! Nous passons ensuite à la fiche n°10 sur le problème des effluents radioactifs. Il s'agit de notes réalisées par EDF. Le ton général est, le moins que l'on puisse dire, à l'optimisme: il n'y a pas de problème et aucun risque. Arrivons-en à la fiche n°12 relative au démantèlement de la centrale: «Le choix du niveau de démantèlement dépend essentiellement de l'usage futur du site.Incroyable mais vrai. Alors qu'aucune opération sur des installations de ce type et de cette taille n'a jamais été réalisée, on affirme. Il s'agit là tout simplement de bourrage de crâne. On s'étonne que dans la lancée on n'ait pas indiqué le coût du démantèlement! Inutile de préciser que l'avis de la Commission est favorable à la construction de la centrale «pour l'intérêt bien compris de la région et de sa population» (sic !). p.17
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