Vous avez sans doute appris la
décision relative à la réduction tarifaire d'électricité
au voisinage des centrales nucléaires. Cette décision conjointe
des ministres de l'Industrie et de l'Économie a fait l'objet d'une
présentation par le Ministre de l'Industrie. Sa lecture est pleine
de saveur:
«Le coût de production de l'électricité d'origine nucléaire est sensiblement inférieur à celui de l'électricité produite par les centrales thermiques classiques utilisant des combustibles fossiles. |
2. Le montant de la réduction p.9b
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Pour finir ce numéro consacré
à quelques morceaux d'anthologie, nous allons survoler la conférence
prononcée par Monsieur André Giraud le 6 mai 1977, conférence
sur l'énergie nucléaire organisée par l'A.I.E.A.
A l'époque, M. Giraud était administrateur délégué
du Commissariat à l'Energie Atomique et il avait rédigé
cet article avec l'aide de MM. Pecqueur et Ferrari.
Tout le début est dans la logique habituelle, maintenant bien connue, qui veut montrer l'obligation du recours à l'énergie électronucléaire. Les titres du paragraphe suffiront pour connaître le contenu de la démonstration: - La consommation d'énergie va croître, - Le pétrole ne durera pas indéfiniment, - L'énergie nucléaire: une contribution[20] indispensable, - L'énergie nucléaire est économique. A partir de ce moment, le discours devient plus intéressant. Tout d'abord on annonce que, temporairement, le temps de la transition, il va falloir faire un effort financier particulier. Mais rassurez vous: après, tout ira bien: Le poids de la transition (suite)
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suite:
Les perspectives de rentabilité dans le cycle du combustible nucléaire sont certes excellentes, mais les investissements à effectuer sont coûteux et l'horizon des recettes est éloigné (de l'ordre de dix ans entre décision et mise en service). Or dans ces conditions, le taux exact de rentabilité importe moins que l'ampleur du risque encouru sur les sommes avancées.Voyons la suite... Des incertitudes... mais mineures p.10
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Monsieur l'actuel Ministre de
l'Industrie aborde ensuite la nécessité de la planification...
et de l'exportation.
... les installations sont en général d'une telle taille que, sauf aux USA, les marchés nationaux sont trop exigus pour leur procurer des débouchés suffisants. La planification nationale débouche donc sur la concertation internationale. L'intervention des pouvoirs publics est indispensable pour instaurer les conditions qui permettent aux industriels de se lancer dans des réalisations coûteuses sans mettre leur existence en danger. Il faut absolument que l'investisseur soit certain qu'une déficience dans un autre secteur ne rendra pas vaine sa propre réussite technique. Ceux qui ont pu croire que les seules lois du marché suffiraient à garantir une telle cohérence, ont éprouvé une amère désillusion22. Mais qui dit planification, dit prévision. Or en période de fluctuation économique, faire croire à des prévisions favorables présente une grande difficulté. Constatons cependant que la stagnation économique des pays industriels a induit une révision des projections, qui constituent désormais des planchers irréductibles. Si l'on admet aussi que le développement du Tiers-Monde est nécessaire pour prévenir une crise politique mondiale de grande ampleur23 et que ce développement entraîne des dépenses énergétiques, nous sommes assurés que les besoins futurs ne seront pas inférieurs aux prévisions actuelles.En ce qui concerne la réalisation des équipements nucléaires et le rôle des techniciens, nous retrouvons une des manies de M. Giraud sur ce qu'il a appelé par ailleurs "La société de l'homme savant"[24]. ... La conception et la réalisation d'installations nucléaires est une affaire d'équipes et même de groupes d'équipes. Et si poussée que soit notre formation scientifique et technique, nos décisions reposent plus sur la complémentarité que nous nous reconnaissons que sur la vérification méthodique du travail des autres, Ainsi, le caractère élitiste du nucléaire semble se doubler d'un aspect de caste[25]. Pendant longtemps, cela n'a posé que peu de problèmes, le scientifique et le technicien étaient préservés des remous sociaux et investis de la confiance populaire. Pour des raisons qu'il ne nous appartient pas de développer ici, cette confiance a cessé. En outre, de manière générale, les citoyens répugnent à des blancs-seings trop absolus et veulent pouvoir exercer, par eux-mêmes, leur pouvoir de décision, même sur les problèmes technologiques compliqués. Cette légitime aspiration conduit cependant à une impasse apparente: pour pouvoir valablement se décider, le simple citoyen devrait posséder une universalité technique que les plus doués d'entre nous ne rêvent même pas de posséder. Voilà ce qui caractérise, me semble-t-il, la difficulté du débat nucléaire et devrait nous conduire à un certain nombre de conclusions. (suite)
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suite:
Mais alors que les experts se sentaient dépassés par l'ampleur de cette contradiction, quelques prophètes ont occupé le terrain, et semblé dautant plus convaincants qu'ils étaient exempts des doutes que donne toujours une vraie connaissance des problèmes. Le public les a écoutés. De ce creuset, qui lui semble magique, il sait que les mêmes sorciers, avec les mêmes ingrédients, savent aussi faire sortir des armes terrifiantes. Et il se méfie - qui lui en tiendrait rigueur? - des apprentis sorciers.Nous ne sommes pas loin, Monsieur le Ministre, de partager cette idée avec vous; c'est une des raisons d'être de la Gazette. Nous passerons sur tous les conseils pour les débats; nous en avons déjà suffisamment parlé dans ce numéro. Citons simplement la fin du paragraphe: On ne peut pas cependant espérer une mise en confiance aveugle. Chacun veut comprendre où on l'emmène. C'est pourquoi, si les discussions publiques incompréhensibles sont certainement nuisibles, le public accordera d'autant plus de confiance à un expert que celui-ci lui expliquera des choses raisonnables et réussira à lui faire partager les termes de son raisonnement. On ne soupçonne guère les experts d'incompétence. On se méfie de leur bon sens. p.11
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Nous serions curieux de savoir
à qui il appartient de rappeler les exigences du futur.
Et pour finir sur un bouquet, nous vous livrons intégralement la conclusion de ce monument: Quel avenir? |
Pour être valable. une solution doit se limiter aux contraintes indispensables et reposer sur la dynamique normale de l'économie (qu'elle soit régie par le marché ou par une planification centralisée). Ces contraintes étant posées, il convient de laisser aux acteurs leur libre arbitre. Il est naturel que de nombreux pays veuillent employer l'énergie nucléaire, source d'énergie compétitive nécessaire à leur développement. Il est non moins normal qu'ils veuillent garantir au moins leur approvisionnement en combustible. De même s'exprime le vœu des producteurs d'uranium de vendre un produit à valeur ajoutée plus élevée. Notre objectif est de fournir au monde de l'énergie à bon marché (tout en évitant tout risque de prolifération des armes nucléaires), cela implique des installations de taille économique et celles-ci ne sont justifiables que dans un petit nombre de pays. Tous les autres doivent recevoir la garantie de leur approvisionnement et des services qui s'y attachent, dans le cadre normal de la concurrence entre fournisseurs et de la liberté du choix du client.Voilà. Bonnes vacances - ou bonne rentrée! p.12
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