Existe-t-il encore une raison, un besoin, un intérêt à la parution de la Gazette Nucléaire? Parfois l'équipe de rédaction s'interroge, tout n'a-t-il pas été dit, le sujet présente-t-il encore un intérêt au moment où le programme nucléaire français semble de plus en plus florissant, où les centrales sont inaugurées et rentrent en service, malgré le refus des populations, malgré le problème toujours inquiétant des fissures de tubulures? Puis il y a la guerre au Proche-Orient entre l'Iran et l'Irak et ce que l'on appelle le troisième choc pétrolier; et puis il y a l'élection de Reagan que l'on dit pro nucléaire, et qu'espéraient bon nombre de nucléocrates. Et encore récemment en France trois des partis les plus importants se déclaraient pour le surgénérateur, et l'extension de La Hague et, et... Alors, baisser les bras, se résoudre au fatalisme, en se disant que nous aurons eu raison trop tôt et que l'on verra bien après, bref, accepter le fait... et aller à la pêche à la ligne, satisfait du travail accompli? Eh bien non! L'équipe a décidé de poursuivre non pas par obstination solitaire, mais bien parce que si l'on en juge par les renouvellements d'abonnements, aussi bien que par nos nouveaux lecteurs, nous sommes attendus, sollicités même. Mais la vraie raison qui nous pousse à poursuivre, c'est que maintenant nous entrons réellement dans ce que l'on peut appeler le temps nucléaire. Jusqu'ici, on a connu le temps des premières réalisations, puis celui de la construction du programme; maintenant, des installations vont fonctionner, des déchets s'accumuler, des travailleurs vont prendre «des doses»... Alors, bien sûr, le combat va prendre un autre sens, car en plus de tenter d'infléchir le cours des constructions pour demander aux gens leur avis, pour débattre, nous devons maintenant nous battre aussi sur la sécurité et le fonctionnement de toute cette énorme machinerie nucléaire. C'est en ce moment que s'ouvre réellement la société nucléaire qui a été choisie pour nous par les grands appareils détenteurs du pouvoir. (suite)
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suite:
Il va falloir «s'adapter» à cette nouvelle forme d'énergie qui ne se stocke pas, elle non plus, et suit très mal la demande de consommation sur laquelle donc il faudra agir. Cela va bientôt être aussi l'époque de faire les comptes et qui peut croire que l'électricité va voir son prix diminuer en francs constants, comme l'ont dit les promoteurs du programme? Les nucléocrates tiennent le débat nucléaire pour terminé - «après les chocs pétroliers, vous comprenez...» - et ils tiennent en permanence le langage de la nécessité, de la fatalité, en reconnaissant même avec cynisme que «bien sûr, il va falloir sortir du nucléaire le plus vite possible, que d'accord, ce n'est pas la panacée miracle, qu'il y a des problèmes, mais que voulez-vous, NOUS SOMMES CONDAMNES...» D'ailleurs, ajoutent-ils, le «débat» sur les surgénérateurs, organisé par Antenne 2 et Europe 1, a montré que les gens avaient parfaitement accepté les centrales PWR. Eh bien, nous, nous sommes de ceux qui ne baissent pas les bras et nous considérons que notre rôle d'information sur l'énergie, et particulièrement sur l'énergie nucléaire, est loin d'être terminé: «Conditions de travail, situation du retraitement, dénonciation de l'absurdité de Superphénix et des surgénérateurs», autant de sujets sur lesquels il nous faut poursuivre notre information. D'un autre côté, il nous faudra poursuivre nos études sur les énergies renouvelables, sur lesquelles les mass-media semblent se pencher avec solicitude sans doute, pour mieux faire oublier leur mutisme sur le nucléaire. Mais de toutes les façons, c'est vous lecteurs qui déciderez. Tant que vous nous écrirez, que vous serez indulgents pour nos retards, pour nos erreurs de gestion, tant que vous vous réabonnerez spontanément lorsque votre bande adresse l'indiquera, nous poursuivrons notre tâche (et toujours bénévolement...). Nous allons bientôt atteindre notre quatrième anniversaire et entrer dans notre cinquième année de parution - et toujours avec vous, lecteurs fidèles. p.1
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Pour un débat démocratique sur l'énergie (pétition signée par près d'un million de citoyens, dont le citoyen François Mitterrand...) · Je m'oppose au choix du «tout
nucléaire» fait par le gouvernement.
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