La G@zette Nucléaire sur le Net! 
N°38
 

RETOUR SUR KYCHTYM

     En 1977, un dissident soviétique, Jaures Medvedev avait déclaré qu'un accident grave de type nucléaire s'était produit en Oural au cours de l'hiver 1957-58. Ces propos avaient été accueillis avec un scepticisme moqueur par les milieux nucléaires officiels. Il faut dire qu'il était question d'un nombre élevé de victimes, ainsi que de l'irradiation d'une zone étendue.

     Or, voici que le Laboratoire National d'Oak Ridge, aux Etat-Ubis, publie un rapport où les propos de Medvedev sont confirmés. Le docteur Auerbach, directeur de ce laboratoire spécialisé dans l'énergie nucléaire, est l'un des trois co-auteurs du rapport précité dans lequel on apprend qu'une surface d'environ 1.000km² à l'est de la ville de Kyshtym a été contaminée par un accident dans un centre de stockage de déchets radioactifs. Cet accident aurait été occasionné par un procédé, abandonné actuellement, d'extraction de l'isotope 137 du césium...
SUITE DOSSIER PLOGOFF
(Gazette N°35/36, mai-juin 1980)

     La Gazette notée en sous-titre était consacrée au «Dossier Plogoff».

     Depuis, nous avons reçu le procès-verbal de la réunion du 3 juin 1980 du Conseil de l'Information sur l'Energie Electronucléaire (présisé par Mme S. Veil) qui a entendu les représentants de:
     - l'Institut d'Etudes Marines de Brest,
     - du Laboratoire de biologie marine de Concarneau,
     - de l'Institut Scientifique et Technique des pêches marines.

     Les différants points que nous avions soulevés ont été évoqués. A la suite du Conseil, la présidente a écrit au Premier ministre. Cette lettre (que nous vous communiquons intégralement) montre bien, dans des termes administratifs, la vérité des accusaitions portées contre EDF:

suite:
          Monsieur le Premier Ministre,
     Examinant les conditions du déroulement de l'enquête publique sur le projet de centrale nucléaire de Plogoff, le Conseil de l'Information sur l'Energie Electronucléaire s'est plus particulièrement intéressé à l'étude d'impact et notamment aux relations entre EDF et les organismes scientifiques auxquels elle confie, sous sa responsabilité, les travaux et recherches préalables à le rédaction de cette étude.
     Les auditions des chercheurs du CNEXO, du laboratoire de biologie marine de Concarneau, de l'Institut Scientifique et Technique des pêches marines de Nantes  et de l'Institut d'études marines de Brest ont mis en évidence la présence, dans les contrats passés par EDF avec le CNEXO, et par cet organisme avec ses propres sous-traitants, d'une clause assurant au commanditaire de l'étude sa propriété exclusive et interdisant la diffusion des résultats sans son autorisation.
     Certains chercheurs estiment qu'une telle clause restreint leur liberté scientifique et risque, le maître de l'ouvrage étant ainsi en définitive, seul responsable de la rédaction de l'étude, de lui permettre de dissimuler ou de déformer les résultats des études préalables qui ne seraient pas favorables au projet.
     Ces risques ne se sont pas, semble-t-il, concrétisés dans le cas du projet de Plogoff, en dépit de certaines critiques.
     Cependant, le Conseil a estimé souhaitable de restreindre la rigueur et la portée de ces clauses de secret, dans toute la mesure où elles ne sont pas justifiées par le souci légitime de protéger des méthodes de recherche ou des techniques susceptibles de faire l'objet d'une exploration industrielle et commerciale, afin d'améliorer l'information du public. A cet effet, le Conseil suggère d'écarter du domaine couvert par le secret toutes les données objectives (connaissance du milieu) et les résultats des campagnes de mesures. De même, les rapports de fin de travaux, à l'exception des rapports intermédiaires, seraient rendus publics, qu'ils soient ou non repris dans l'étude d'impact.
     En espérant que vous voudrez bien prendre en considération ces suggestions, je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Premier ministre, l'expression de ma très haute considération.
p.10

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