Force est de constater que le
réel ne semble pas avoir d'incidences
sur le comportement de nos chers nucléocrates Depuis six ans, obstinément, les oeillères sont en place et chaque année voit le renouvellement d'un programme nucléaire massif, monolithique, basé sur des centrales PWR dont on attend toujours la «francisation», sur le retraitement, sur des marchés à l'exportation et sur le développement de la filière rapide type Superphénix. Or, sur tous ces points, la situation actuelle est loin d'être ce que les «décideurs» avaient imaginé qu'elle serait: - les centrales PWR sont «fissurées», pour les seize premières tranches au moins, et on ne sait toujours pas les faire fonctionner en suivant la demande de consommation (nous y reviendrons plus loin); - la «francisation» est toujours à l'état de projet mais on poursuit toujours, en l'extrapolant, le système actuel; - le retraitement n'est pas industriellement opérationnel et on s'oriente «de fait» vers l'option non-retraitement (nous y reviendrons dans un prochain numéro); - l'exportation reste un vain mot et malgré le cynisme de la France devant la question de prolifération, on est loin du projet de vente de deux centrales par an; - la filière rapide est toujours hors de prix, et de toute façon la situation du retraitement n'est pas favorable à son développement. Ces aspects sont déjà familiés à nos lecteurs et pour certains d'entre eux, le retraitement par exemple, nous les approfondirons encore dans nos prochains numéros. A ceux-ci s'ajoute maintenant la question: de toute façon, à quoi répond la poursuite du programme? - ce qui fera l'objet de ce numéro. En effet, les prévisions de consommation d'énergie de 1974 étaient basées sur une croissance forte - on sait ce qu'il en est depuis lors - et sur une forte pénétration de l'électricité dans le domaine industriel, basée sur l'affirmation de la tendance à la baisse du prix du kWh nucléaire. Il est clair que cet objectif n'est, pas atteint. C'est pourquoi, à l'intérieur même du système, des voix commencent à s'élever pour s'interroger sur la poursuite du programme nucléaire, en particulier du palier 1.300 MWe (Nogent, Plogoff, Penly, Cattenom, Chooz,...). Malgré tout, le pouvoir continue à être persuadé que le nucléaire est le «créneau» de la France pour sortir de la «crise». |
Cet acharnement, cet entêtement risquent de coûter cher
à la nation, très cher même quand dans quelques années
en particulier, il faudra commencer à rembourser l'énorme
dette accumulée par EDF, à l'étranger principalement.
Les consommateurs ayant été abusés par la campagne
«tout électrique» risquent d'avoir de mauvaises surprises...
Revenons au problème épineux de la modulation en puissance des centrales nucléaires. Il faut savoir tout d'abord que l'électricité ne se stockant pas directement, il est indispensable qu'à chaque instant la production suive la consommation; cela nécessite qu'en permanence l'on dispose d'une capacité de production supplémentaire ou de possibilité de réduction de ladite production. Sans entrer dans le détail, nous avons un projet de Gazette dans ce domaine, disons que la modulation en puissance peut se faire et se fait effectivement par l'hydraulique de lac ou par les tranches thermiques classiques, car les tranches nucléaires ne peuvent pratiquement fonctionner qu'«en base», c'est-à-dire avec une puissance constante prévue à l'avance par un programme de consommation. Tant que la production nucléaire est inférieure au minimum de la consommation de la journée, cela est encore possible, mais dès que cette puissance dépasse ce point bas, il y a problème. Disons plus simplement que le taux de production à partir du nucléaire ne peut être supérieur à une certaine limite de la consommation, le reste de l'énergie doit être fourni par d'autres sources. Pour résoudre ce problème, les idées fleurissent: stockage indirect de l'électricité par pompage d'eau ou par production d'hydrogène, ou alors disposer de centrales thermiques classiques. Tout cela veut clairement dire que des investissements «annexes» importants seront nécessaires. Mais, où ceci se retrouve t-il dans les prix annoncés? Signalons aussi que la méthode consistant à augmenter le point bas de consommation est envisagée, ce qui signifie par exemple, télécommande par EDF du fonctionnement d'appareils consommateurs d'électricité ou encore développement du travail posté! Comme on le sait, l'avenir radieux annoncé en 1974 commence sérieusement à s'assombrir. Malgré tout, le gouvernement poursuit «à marche forcée» son programme comme s'il se dépêchait d'en faire le plus possible avant que le pays se révolte devant cette politique du fait accompli et réclame de décider ce qui est bon pour lui. p.1
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Pour un débat démocratique sur l'énergie (pétition signée par près d'un million de citoyens, dont le citoyen François Mitterrand...) · Je m'oppose au choix du «tout
nucléaire» fait par le gouvernement.
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