Face au programme gouvernemental tel que nous l'avons vu, la CFDT a proposé un programme d'urgence pour sortir de la mécanique actuelle. Il nous a semblé intéressant de le porter à la connaissance de nos lecteurs en précisant bien sûr que cette étude est de la responsabilité de l'organisation qui l'a faite. La France dépend, pour les deux tiers, des pays producteurs de pétrole pour satisfaire ses besoins actuels en énergie. Or, de graves menaces pèsent sur la régularité des approvisionnements. Un conflit local au Moyen-Orient peut rendre la situation très tendue. La volonté, légitime, des producteurs de ménager leurs réserves dans le temps les conduit à réduire les quantités disponibles. A terme, des ressources nouvelles seront découvertes et exploitées, mais dans les prochaines années l'équilibre offre/demande restera précaire. Pour faire face à ce péril, le gouvernement a misé essentiellement sur une carte: l'électricité nucléaire. Il prétend, d'ici 1985, couvrir 55% de la consommation électrique par les centrales nucléaires. Il veut porter cette proportion à 75% d'ici 1990. Dans les années à venir, la production supplémentaire d'énergie électronucléaire serait égale à l'augmentation totale de la consommation d'énergie. Cette réponse n'est pas satisfaisante. Pour deux raisons principales: Le développement rapide de la pénétration de l'électricité freine l'utilisation de produits pétroliers et EDF va également réduire sa consommation de fuel mais le rapport production nouvelle/économie est faible car le chauffage électrique représente un gaspillage des ressources primaires et les autres besoins, couverts actuellement par les produits pétroliers ne sont guère modifiés. En 1985, sur 215 Mtep consommés, il y aurait encore 97 Mtep de pétrole. Le système électronucléaire fondé sur la seule technologie des centrales à eau légère PWR est fragile. Dans le monde, les difficultés se multiplient: en France comme en Finlande, aux Pays-Bas, au Japon et aux USA des incidents ou accidents montrent que ce type de centrale est beaucoup moins sûr que ne l'affirment les promoteurs du nucléaire: fuites de liquide de refroidissement, usure précoce des générateurs de vapeur, fissures dont on ne connaît pas les lois d'évolution, mauvais fonctionnement de certaines pièces. On court le risque, à la suite d'un accident plus grave que les autres, d'avoir à arrêter un jour toutes les centrales à la fois. Les questions du retraitement des combustibles irradiés et du stockage des déchets radioactifs ne sont pas résolues à l'échelle industrielle. Quant aux surgénérateurs, les difficultés économiques et technologiques que représente le développement des réacteurs de ce type et du cycle du combustible associé sont telles que leur utilisation devrait être rejetée. (suite)
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Ce n'est pas une attitude dogmatique qui est à la base des démarches CFDT pour une autre politique de l'énergie. C'est le souci de la sécurité des travailleurs et des populations et c'est une inquiétude pour la satisfaction des besoins qui nous conduisent à exiger que la mise en oeuvre du premier programme d'EDF se fasse à un rythme compatible avec la sûreté et la sécurité, à demander la suspension des programmes suivants en attendant qu'un large débat public ait permis de trancher la question de la politique énergétique de la France pour l'avenir et à proposer qu'en tout état de cause celle-ci soit fondée sur une plus grande diversification des approvisionnements et une meilleure utilisation de toutes les possibilités de nos régions. Sur ce dernier point, nous considérons que beaucoup de temps a été perdu. Trop peu a été fait depuis 1974. Si les organismes de coordination se sont multipliés, si des dispositions ont été prises comme les nouvelles normes d'isolation pour les logements neufs, si des aides ont été proposées aux particuliers et aux industriels, si surtout beaucoup de discours ont été prononcés, les réalisations concrètes sont minces. En 1978, 2.000 chauffe-eau solaires installés contre 10.000 prévus, en 1979, à peine 25.000 logements raccordés à des nappes géothermiques contre 125.000 annoncés, de faibles efforts des industriels, et en revanche l'extension de la part de la route dans les transports de voyageurs et de marchandises. Ce sont surtout le ralentissement de la croissance et le renchérissement du coût de l'énergie qui sont à l'origine de la stabilisation de la demande d'énergie; la pénétration du gaz et la substitution du charbon au fuel dans les cen¬trales EDF sont les faits les plus efficaces de cette période. A nos yeux, cela s'explique par la volonté de laisser toute la place à l'expansion de l'électricité d'origine nucléaire et par le coût écrasant de cette stratégie. EDF doit financer un programme exceptionnel et tout le reste est réduit à la portion congrue. Les divers organismes créés pour les économies d'énergie et les énergies nouvelles n'ont encore que des moyens matériels, financiers et humains insuffisants. Il a fallu attendre 1980 pour songer à relancer la recherche pétrolière dans notre domaine national et pour envisager une nouvelle politique charbonnière. Il nous semble qu'il n'y a pas eu de réflexion approfondie sur les «besoins» et sur la meilleure manière de les satisfaire. On continue à raisonner sur les capacités de production et l'on se réfère toujours à des techniques lourdes héritées de l'après-guerre; l'inventaire des possibilités de chaque région n'a pas été mené à bien; les capacités d'initiative des collectivités locales n'ont été ni suscitées ni aidées; la formation des consommateurs relève du gadget et non de l'assistance technique systématique. p.7
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La CFDT ne prétend pas détenir le secret d'une solution miracle. Elle n'existe pas. C'est justement la notion de «solution parfaite» qu'il faut écarter. La CFDT demande que l'on ne s'en remette plus aux mains tantôt des pétroliers, tantôt des électriciens pour régler notre avenir énergétique. Face à la crise, il faut susciter les initiatives de tous pour une meilleure utilisation de l'énergie et le développement de toutes les ressources françaises. Il faut de profondes modifications structurelles. Il faut changer les mentalités. Ce sera une oeuvre de longue haleine, une politique pour le long terme. Aujourd'hui nous nous contentons de présenter quelques propositions allant dans le sens de ces changements mais pouvant être appliquées dès maintenant. Nous les avons retenues parmi beaucoup d'autres selon trois critères: - les solutions techniques sont prêtes, il suffit de passer au stade de la grande série; - les rendements sont importants en termes d'économie d'énergie et surtout de produits pétroliers; - les retombées pour l'emploi et le développement régional sont importantes. Nous n'avons pas abordé tous les domaines. Il est certain par exemple que de grandes économies doivent et peuvent être réalisées dans le secteur industriel et le tertiaire, que la prospection du sous-sol français on-shore et off-shore doit être relancée avec vigueur. Il faudrait aussi reconsidérer la conception et l'utilisation des produits. L'époque de l'énergie bon marché nous a légué des habitudes qu'il faut réformer. La qualité et la durabilité des produits doivent être améliorées, la récupération peut être une des principales sources d'approvisionnements pour certaines matières tout en réduisant les consommations d'énergie. Nous avons tenu compte des travaux engagés par nos organisations dans de nombreuses régions. Nos propositions ne prétendent pas à l'originalité. Sur certains points (biomasse), nous considérons que les projets des pouvoirs publics sont une bonne base de travail. Le problème est de passer aux réalisations. Nous ne croyons pas que le gouvernement fera assurer en même temps le financement de son programme nucléaire et d'un plan ambitieux d'économies, de lancement des énergies nouvelles et d'exploitation des ressources nationales. Il est à craindre que dans les arbitrages ce soit toujours le nucléaire qui l'emporte et que le démarrage à grande échelle de nouvelles industries de l'énergie soit laissé à l'appréciation des groupes privés. La diversification et la sécurité énergétiques exigent qu'une partie des dépenses nucléaires soit reportée sur les économies et les filières de production qui seront aussi «rentables» dès lors que l'on aura dépassé un certain volume de réalisations. Enfin nous souhaitons que nos propositions soient discutées, améliorées, étendues et qu'elles aident à la rédaction de projets plus concrets parce qu'adaptés au terrain régional et local et qu'elles suscitent prise de conscience et mobilisation puisque en définitive l'énergie doit être l'affaire de tous. RESUME DES 7 PROGRAMMES A - PRINCIPALES PROPOSITIONS: 1. Charbon: Arrêt de la régression de la production française. Développement des bassins compétitifs avec le pétrole pour atteindre 30 millions de tonnes en 1990. Conversion de centrales fuel au charbon et construction de six centrales charbon par an pour que la production d'électricité repose sur des bases diversifiées dont 25% de charbon. Développement de l'utilisation par l'industrie et les chaufferies collectives. Relance de la carbo-chimie. Recherches sur le rôle du charbon dans l'économie du XXIe siècle: gazéification, carbo-chimie, etc. (suite)
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2. Gaz: Porter la part du gaz à 20% environ du bilan énergétique français par le développement des contrats d'approvisionnement et la construction des infrastructures nécessaires, notamment les réservoirs de stockage, les canalisations avec l'Afrique du Nord, etc. Reprendre activement la prospection du sous-sol et préparer la production du gaz de charbon. 3. Energies nouvelles dans le secteur résidentiel
et tertiaire: atteindre d'ici 1985 le rythme de 200.000 chauffe-eau
solaires, puis d'ici 1990, 500.000... par la réalisation d'un programme
d'équipement des locaux publics et des contrats programmes industriels.
4. Economies dans le logement: D'ici 1985, des économies importantes peuvent être faites par des programmes d'isolation des HLM (400.000 par an), des autres logements existants avec ou sans chauffage central (600.000), des bâtiments publics et par une nouvelle règlementation de l'isolation pour les constructions neuves. L'économie en 1985 serait d'au moins 3 millions de Tep. 5. Géothermie: L'objectif proposé est de raccorder 400.000 logements à des nappes géothermiques d'ici 1985 et d'atteindre le million avant 1990, puis 5 millions, ce qui est possible d'ici la fin du siècle. L'économie d'énergie est de l'ordre d'une Tep par logement raccordé. 6. Biomasse: D'ici dix ans on peut obtenir l'équivalent de 11 millions de tonnes de pétrole, et d'ici la fin du siècle le secteur agricole et énergétique peut équilibrer par lui-même ses besoins en énergie. 7. Transports: La priorité donnée aux transports économes en énergie: SNCF, transports urbains collectifs, voie d'eau, doit reposer sur la réglementation des transports de marchandises, une politique des effectifs et des équipements, les facilités de circulation pour les véhicules collectifs. Le rapport Guillaumat doit être entièrement revu en fonction des nouveaux prix de l'énergie. B - LA SIGNIFICATION GENERALE DE CES PROPOSITIONS Les propositions de la CFDT peuvent être
complétées: économies dans l'industrie, utilisation
des rejets thermiques, recherche des hydrocarbures, consommation des véhicules,
réglementation de la durabilité des produits, usages collectifs
d'équipements, etc.
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I - LE CHARBON, UNE ENERGIE POUR L'AVENIR En 1955, le charbon couvrait les deux tiers
de nos besoins en énergie. Dix ans après il en couvrait encore
40%.
II - NOS PROPOSITIONS: Production nationale: dans une première
étape, retrouver et maintenir la production nationale de 20 millions
de tonnes par l'arrêt de la régression (24 MT avec la récupération);
par la suite la production nationale pourrait être portée
à 30 millions, puis à l'horizon de la fin du siècle
à 45/50 millions de tonnes.
III - DES MOYENS POUR LA RELANCE CHARBONNIERE 1. Établissement d'un nouvel inventaire
des ressources du sous-sol français en distinguant les ressources
géologiques, les ressources techniquement exploitables et les ressources
planifiables ou «économiquement exploitables» sur la
base d'hypothèses de prix concurrentiels avec les prix actuels du
pétrole importé, donc supérieurs à 5 centimes
la thermie en 1980.
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2. Maintien en activité des puits actuels: - développement de la production des bassins compétitifs avec le pétrole importé; - mise en exploitation des ressources de Lons-le-Saunier; - exploitation des gisements vierges. 3. Utilisations objectifs:
IV - RELANCE DE L'EMPLOI, REVALORISATION DE LA PROFESSION La relance charbonnière est susceptible
de créer plusieurs dizaines de milliers d'emplois fond, jour, distribution
et dérivés du charbon, nouveaux matériels, exportation
de techniques et de matériels.
V - LA PLACE DU CHARBON DANS LE BILAN ELECTRIQUE DE LA FRANCE EN 1985 Pour illustrer la validité de nos propositions,
nous donnons, à titre d'hypothèse de travail, ce que pourrait
être le bilan électrique en 1985. Sur la base des principes
suivants:
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I - LE GAZ, UNE DES ALTERNATIVES AU «TOUT NUCLEAIRE» Le gaz naturel présente des qualités
certaines:
II - LES PERSPECTIVES DU VIIe PLAN 1985: hypothèse de croissance + 3%, 34 Mtep, soit 15,5% des besoins
globaux
III - NOS PROPOSITIONS Partant du principe qu'un avenir à long
terme est possible pour l'utilisation du gaz, des propositions beaucoup
plus volontaristes sont possibles.
IV - DES MOYENS A LA DIMENSION DE NOS PROPOSITIONS a) Les approvisionnements Dans le cadre des contrats de GDF actuellement
en vigueur ou en négociation, on peut évaluer la quantité
de gaz disponible en 1985 à 42 Mtep (dont 3,6 Mtep en provenance
d'Iran). D'autres approvisionnements d'ores et déjà s'avèrent
possibles dans le Golfe de Guinée, au Moyen-Orient, à la
Trinité et Tobago et au Canada. GDF a déjà lancé
un programme pour accroître notablement la capacité des terminaux
méthaniers afin d'accueillir ces approvisionnements qui s'effectueront
sous la forme de gaz naturel liquide!
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a) La relève 1. Le gaz naturel
2. Le gaz naturel de substitution
3. Stockage
4. Des investissements Cette politique volontariste suppose un engagement
plus grand de l'Etat pour le financement des investissements, notamment
sous la forme de prêts du FDES (en 1979, ils seront de 250 millions
de francs, en 1978 de 550 millions).
UTILISATION DES ENERGIES NOUVELLES DANS LE SECTEUR RESIDENTIEL ET TERTIAIRE I - Les formes d'énergies solaires opérationnelles Le tiers environ de l'énergie consommée
en France l'est sous forme de chaleur basse température (inférieure
à l00°). Elle est principalement utilisée dans le secteur
résidentiel et tertiaire, pour le chauffage des logements et des
bureaux.
Le capteur solaire
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a) le chauffage des locaux, qui constitue le besoin principal, présente un certain nombre de difficultés: - le besoin est maximal en hiver lorsque l'apport solaire est minimal; il faudrait pouvoir stocker la chaleur récoltée l'été afin de l'utiliser l'hiver. Il n'existe pas aujourd'hui de technologie opérationnelle susceptible de réaliser ce stockage. Des recherches sont en cours. Elles doivent être considérablement renforcées (exemple de stockage héliogéothermique). - le chauffage solaire n'est envisageable que pour les habitations bien isolées: les normes d'isolation du chauffage électrique intégré sont suffisantes (cf. programme économie d'énergie dans le logement). Malgré ces restrictions, il est tout à fait envisageable d'utiliser dès aujourd'hui le chauffage solaire dans l'habitat neuf, individuel. Mais il doit être considéré plus comme une économie d'énergie que comme l'apport principal: cette économie peut atteindre jusqu'à 50% des besoins de chauffage sans que le surcoût soit excessif (moins de 5% du prix de la construction neuve). Il faut pour cela que l'utilisation des capteurs soit intégrée à la construction elle-même: les capteurs servent de toiture, réduisant d'autant le coût de celle-ci; le sol peut servir à la fois de radiateur et au stockage de la chaleur (voir lien précédent). Cet apport solaire maximal pendant les journées ensoleillées du printemps et de l'automne, sera d'autant plus important que la maison aura été conçue pour tirer le meilleur parti du climat et de l'environnement local selon les techniques dites d'utilisation du «solaire passif» habitation tournée vers le sud, façade sud largement vitrée, incluant une serre, etc. L'utilisation du chauffage solaire dans l'habitat ancien rénové, bien isolé, est également envisageable. Mais elle est plus délicate. Elle doit être étudiée cas par cas. Il faut «faire avec» la situation de l'habitation. Elle est cependant tout-à-fait réaliste à court terme dans le tiers le plus ensoleillé de la France. (remarque importante: paradoxalement, l'amortissement sera obtenu plus rapidement au nord qu'au sud du fait de la plus importante utilisation!) Le chauffe-eau solaire
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b) au stade de l'installation. Des emplois d'installateurs-dépanneurs de chauffe-eau seraient à créer sur l'ensemble du territoire national. Notons qu'il s'agit d'emplois particulièrement attrayants car les tâches y sont variées et font appel à l'esprit d'initiative. Signalons enfin que cette nouvelle branche industrielle est potentiellement exportatrice aussi bien en produits finis qu'en «savoir faire»: exportation d'usines «clé en main» de fabrication de capteurs. II - Notre proposition: un programme volontariste de pénétration
du chauffe-eau solaire
III - Les moyens Le principal handicap du chauffe-eau solaire
tient à l'importance du surcoût initial que doivent supporter
le particulier ou le promoteur.
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L'Etat, associé aux collectivités locales, passe un contrat de programme avec les fabricants de chauffe-eau solaires. • Il s'engage à équiper un certain pourcentage (20% par exemple) de son parc immobilier dans les cinq ans qui viennent. Un planning est établi: il avance des sommes, sous forme de prêts remboursables en matériel, de telle sorte que les fabricants construisent les usines nécessaires. • En échange, les fabricants garantissent un prix maximal du matériel. • La formation d'installateurs-dépanneurs de chauffe-eau est assurée en commun par l'Etat et les professionnels: création d'un enseignement de recyclage dans le cadre de la formation permanente, ouverture d'une formation spécifique dans le cadre de l'enseignement technique, etc. • Un effort particulier sera fait pour faire baisser le prix des capteurs. Des progrès techniques sont encore possibles. La recherche doit être soutenue. Il faut prévoir la fabrication de capteurs très rustiques, donc très bon marché, qui seront utilisés l'été (piscines, terrains de camping). Il s'agirait de capteurs sans vitre avec une isolation très réduite qui serait utilisée comme des tôles pour la couverture des bâtiments. L'établissement d'un tel contrat de programme aurait un double avantage: - le marché des chauffe-eau solaires bénéficierait, aux yeux des fabricants, des avantages des marchés d'Etat et notamment de la garantie de l'Etat; - l'installation de chauffe-eau dans les bâtiments publics, donc accessibles à tous, jouerait un rôle important de démonstration auprès du public. Ce rôle pourrait être amplifié par des panneaux explicatifs dans les halls d'entrée de ces bâtiments. Autres moyens:
IV - Les retombées de cette politique volontariste L'industrialisation de
la fabrication de chauffe-eau va entraîner une baisse du coût
des capteurs à eau. Il sera alors possible, sans dépasser
un surcoût de 3 à 4% du prix de la construction neuve en utilisant,
selon les régions, de 20 à 30 m2 de capteurs,
d'«écrémer» l'apport solaire de demi-saison (printemps-automne)
et des belles journées d'hiver. Un stockage jour-nuit, donc modeste
(intégré si possible dans la construction elle-même)
est suffisant: il s'agit de «déphaser» l'onde solaire.
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V - Le solaire passif et le solaire actif à air La technique dite du «solaire passif»
consiste à maximiser les apports solaires utilisables «au
fil du soleil» en développant les surfaces vitrées
(double vitrage) exposées au soleil, les espaces-serres d'habitabilité
permanente (diurne), l'isolation la nuit (volets), le stockage étant
assuré dans la masse inerte de la construction.
L'utilisation du solaire d'été
VI - Quelques données économiques L'utilisation de l'énergie solaire dans
le secteur résidentiel et tertiaire implique des investissements
par Tep économisée relativement élevés.
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ECONOMIES D'ENERGIE DANS LE LOGEMENT I - Le logement, premier consommateur d'énergie totale: a) En 1978, le secteur des logements présente
27% de la consommation totale des utilisateurs: 44 Mtep sur 163. L'ensemble
du secteur résidentiel et du tertiaire représente 39% de
la consommation finale totale. Dans le résidentiel, les 44 Mtep
se décomposent en: 29,4 Mtep pour le chauffage, 5,5 Mtep pour l'eau
chaude sanitaire, 2,7 Mtep pour la cuisson et 6,1 Mtep (28 milliards de
kWh) d'électricité spé¬cifique (éclairage,
électroménager).
II - Propositions pour le logement existant L'isolation des toits, combles et planchers
bas permet de gagner environ 30% sur la consommation d'énergie pour
le chauffage d'un logement moyen équipé d'un chauffage central,
et ceci a un coût moyen de 7.000 francs (1979) par tep économisée
par an.
a) Les HLM
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b) Les autres logements avec chauffage central La consommation moyenne par logement est de 2,3 tep. La rénovation par isolation (comme HLM) et régulation des appareils de chauffage permet d'économiser 40% de la consommation pour le chauffage, soit 0,9 tep/an par logement. Le coût moyen de cette rénovation est estirmé à 7.000 F (1979) par tep économisée. Le surcoût par rapport aux HLM s'explique par le fait des caractéristiques des deux habitats (groupements, ancienneté, etc.). Le tableau suivant donne le bilan de l'opération que nous proposons. Plan de rénovation de l'habitat existant (hors HLM) avec chauffage central
c) Rénovation de l'habitat existant
sans chauffage central
Le tableau suivant donne le récapitulatif de l'opération de rénovation de l'habitat existant. Plan de rénovation de l'habitat existant
En moyenne, la tep économisée revient donc à 7.800 F. p.13
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Remarque: Nous avons limité l'opération de rénovation relative au chauffage à l'amélioration de la régulation des appareils et à l'isolation des combles et des planchers bas. Ces deux opérations sont celles qui donnent les plus fortes économies au moindre coût. On peut également envisager une rénovation plus importante incluant la pose de doubles vitrages et l'isolation des murs. Ces deux opérations ont pour résultat de réaliser des économies d'énergie supplémentaires (en moyenne) de 10% pour les vitrages et 15% pour les murs. De plus, elles présentent l'intérêt de réaliser une isolation phonique, particulièrement importante pour les HLM. L'ensemble de ces opérations permettrait alors de réaliser de l'ordre de 50% d'économies sur la consommation d'énergie pour le chauffage. La rénovation poussée proposée ici est également économiquement intéressante sur le long terme (durée de vie des logements: 30 à 50 ans), étant donné l'augmentation des prix de l'énergie. Elle correspond également à une augmentation notable du confort. Elle n'est cependant possible qu'à plusieurs conditions: - un système de subventions et de prêts à bas taux pour éviter à l'usager une dépense d'investissement qu'il ne peut consentir (pour les HLM, les dépenses doivent être faites intégralement par l'Etat). - la mise en place des moyens industriels pour la production des matériaux nécessaires: laine de verre, matériaux de construction, doubles vitrages. Ceci amènera des baisses de coûts et créera de nombreux emplois. - la mise en place de structures locales pour la constitution des dossiers, l'établissement des projets, la formation de la main-d'oeuvre (cf. IV). III - Nouvelles réglementations pour les constructions neuves: a) Le décret du 10 avril 1974 a fixé
les normes suivantes (en moyenne: le décret est beaucoup plus détaillé)
pour le coefficient G de déperdition thermique dans les constructions
neuves G = 1,6 w/m3/°C ;pour les maisons individuelles,
et G = 1,1 w/m3/°C pour les appartements en immeuble collectif.
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suite:
b) Quel sera l'effet de cette nouvelle réglementation sur la consommation d'énergie pour le chauffage? La modification des valeurs de G préconisée en 1980 représente environ une économie de: - 40% pour une maison individuelle, soit 0,8 tep (si chauffage au fuel) - 25% pour un appartement, soit 0,25 tep (si chauffage au fuel). Dans l'hypothèse d'une construction de 400.000 logements neufs par an, répartis moitié-moitié entre maisons individuelles et appartements, cela représente, en 1986 (en supposant que la nouvelle réglementation prenne effet dès 1981):0,8 Mtep d'économies pour les maisons, et 0,25 Mtep pour les appartements, soit 1,05 Mtep pour les logements construits entre 1980 et 1985 seulement. c) On peut estimer le surcoût d'isolation pour passer des anciens G (1974) aux nouveaux G (1980) à 5.000 F par maison et 2.000 F par appartement. Le coût total de l'opération sera donc, par an, de 1 milliard pour les maisons et 0,4 milliard pour les appartements, soit au total 1,4 milliard. Le coût représente 5 ans du coût du fuel domestique économisé au prix de juin 1979 (1.200 F la tonne) pour les maisons et 4 ans pour les appartements. L'opération est donc très rentable économiquement. IV - Mesures financières et structurelles Les opérations de rénovation
des HLM doivent être prises en charge directement et intégralement
par l'Etat. Les opérations de rénovation par les particuliers
doivent être facilitées par des subventions et des prêts
à long terme (20 ans) à faible taux d'intérêt.
Les opérations d'isolation poussée des constructions neuves
doivent faire l'objet d'une clause de garantie sur les consommations d'énergie
par les promoteurs, de subventions accompagnant la vérification
du respect des normes et de prêts à long terme pour les particuliers.
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PROGRAMME:
I - Les possibilités de la géothermie La géothermie basse température
présente des possibilités réelles de développement
en France. Une partie importante des besoins basse température (chauffage
urbain, chauffage de serres, besoins industriels) peut être couverte
par cette nouvelle source d'énergie.
II - Nos propositions De l'ordre de 40 millions de francs sont alloués
chaque année en France à des procédures d'incitation
ou de développement de la géothermie (prêts, assurances),
mais cette procédure n'a pas permis d'atteindre le taux de développement
escompté (40 opérations par an) pour le VIIe Plan. De l'ordre
de 5 opérations sont réalisées chaque année,
ce qui correspond d'ailleurs aux crédits d'incitation disponibles.
Cela représenterait en l'an 2000 un
apport énergétique annuel de 3 Mtep. La faisabilité
industrielle de ce procédé de chauffage est démontrée.
Il demande la mise en place de réseaux de distribution d'eau
chaude (qui pourraient aussi exploiter la chaleur de récupération
industrielle). Il s'agit donc là aussi d'une nouvelle branche
industrielle à créer et à développer. Ce qui
ne peut avoir que des répercussions bénéfiques sur
l'emploi.
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I - La biomasse: une énergie du 2lème siècle, disponible dès aujourd'hui. La biomasse, c'est-à-dire l'énergie
que l'on peut tirer de la matière végétale (bois,
sous-produits agricoles, paille, etc.), est la
plus ancienne source d'énergie utilisée par l'homme.
Elle fut même jusqu'au 18ème siècle notre unique source
de chaleur. A l'échelle de la planète, la biomasse représente
encore aujourd'hui 6% de l'approvisionnement énergétique
mondial, soit autant que l'hydro-électricité. En France même,
son apport est aujourd'hui de 3 Mtep (millions de tonnes d'équivalent
pétrole), soit l'équivalent de ce que nous a apporté
l'énergie nucléaire en 1976.
1. Les technologies Les appareils capables de transformer la matière
végétale en combustibles solides, liquides ou gazeux ont
bénéficié ces dernières années des derniers
perfectionnements de la technique.
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2. Les ressources disponibles a) La ressource la plus immédiatement accessible est constituée par les déchets et sous-produits de l'activité agricole et forestière. Une dizaine de Mtep sont mobilisables. Elles sont à prélever parmi les déchets suivants:
L'ampleur réelle de l'offre dépend
de la concurrence entre les usages. Ces sous-produits, très peu
valorisés actuellement, peuvent être utilisés:
II - Le programme vert du gouvernement a pour objectif d'équilibrer le bilan énergétique de l'agriculture d'ici vingt ans. Cet objectif doit être atteint par une
exploitation d'économie d'énergie l'exploitation de la ressource
biomasse.
Le programme vert fixe pour objectif à
5 ans, 3,2 millions de tep d'économies à réaliser
essentiellement sur:
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- le séchage des grains et fourrages - la production et l'utilisation rationnelle des fertilisants (380.000 tep) - les consommations des machines agricoles (450.000) et des industries agricoles et alimentaires (900.000 tep). 2. La production d'énergies d'origine agricole Le programme vise à une capacité de 5,5 millions de Tep d'ici cinq ans et 11,6 Mtep d'ici 10 ans d'ici dix ans. Dans les deux horizons, l'apport du bois serait essentiel (5 puis 8 Mtep), la paille fournirait 0,5 puis 1,5 Mtep; la fermentation des déchets pourrait apporter l'équivalent de 2 Mtep d'ici 1990, enfin la production d'alcool à la même date sera de l'ordre de 100.000 tep pour usages industriels. Au total, économies et productions nouvelles devraient contribuer au bilan énergétique national à concurrence de 6 Mtep dans cinq ans. Dans dix ans, cet apport serait de 15 Mtep, soit à peu près les trois quarts de la consommation actuelle du secteur agricole et alimentaire. III - Des moyens et des mesures pour la réalisation Ce programme ambitieux ne deviendra réalité
que si un certain nombre de mesures industrielles, financières,
structurelles sont prises:
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PROGRAMME: TRANSPORTS COLLECTIFS (controverses) I - Les transports, premiers consommateurs de produits pétroliers. L'ensemble des transports n'a consommé
en 1978 que 21,7% de l'énergie utilisée en France. Les transports
routiers 17%. On tire généralement de ces chiffres l'idée
que les économies d'énergie dans les transports ne peuvent
être que limitées et que cela ne mérite pas que l'on
impose des disciplines impopulaires ou que l'on engage des dépenses
publiques très lourdes.
L'évolution structurelle des marchandises transportées n'explique pas tout. Si la part des pondéreux diminue, le recul de la SNCF et des voies d'eau semble bien tenir à des problèmes de retards techniques, de tarification, de fiscalité (voire de fraude) et d'infrastructure. La durée réelle du travail des chauffeurs de poids lourds est aussi à prendre on considération. II - La politique gouvernementale Le secteur des transports est presque totalement
ignoré par la politique énergétique du gouvernement.
Celui-ci se contente dans ce domaines de limitations de vitesse qu'il ne
fait pas respecter, et plus sérieusement d'incitations à
la réalisation de véhicules plus économes par les
constructeurs.
(suite)
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suite:
III - Les mesures à prendre 1. Sans modification des infrastructures, le
trafic SNCF et voies navigables pourrait augmenter à condition d'étaler
les horaires et d'accroître le parc locomotives et de moduler les
tarifs. Par exemple, la SNCF pourrait transporter 40% de voyageurs grandes
lignes supplémentaires, mais en dehors des périodes actuelles
de pointe, et au moins 20% de tonnage marchandises. Avec les gains possibles
de banlieue, l'économie d'énergie serait de l'ordre de 2%.
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