Généralement, les défenseurs du programme électro-nucléaire français se réclament du réel, du rationnel et rejettent ceux qui les interpellent dans le domaine du rêve, du désir. Il y aurait ainsi d'un côté la vérité, le monde tel qu'il est avec ses contraintes et de l'autre un monde imaginaire. Il ne suffit pas de faire remarquer que dans la majorité des pays les programmes nucléaires sont à l'état endémique car on vous réplique que cela est dû à un mélange de lâcheté et d'imprévoyance de politiciens plus soucieux de l'immédiat que du long terme. Reconnaissons que ce point de vue est d'ailleurs largement partagé par les états-majors de trois des quatre grands partis politiques français. Le paradoxe est assez spectaculaire pour le Parti Communiste qui a la base électorale la plus «anti-nucléaire» de tous les partis et dans laquelle l'opposition au programme est largement majoritaire; on sait ce qu'il en est de son état-major! Il n'est pas tolérable que l'on explique ainsi que le nucléaire est la seule solution «objective», «rationnelle», comme s'il était dans la nature des choses, dans l'évolution historique que l'on ouvre chaque année 5 ou 6 chantiers de centrales PWR. Nous avons montré largement dans les colonnes de la Gazette qu'il était plus que temps de faire le bilan, de prendre en compte le réel sous tous ses aspects et d'analyser les conséquences: - de bâtir un énorme programme pour faire de l'électricité, sans trop savoir où la consommer, - de disposer de machines peu souples et qui présentent des défauts importants (fissures, etc.), - d'être affronté à une industrie du retraitement en état effectif de panne industrielle, etc., etc. |
Bref, il ne devrait plus être temps de rêver à une énergie abondante et peu coûteuse, mais de voir enfin que les termes du pari nucléaire sont de plus en plus entachés de contraintes que l'on feint d'ignorer. Malheureusement, il semblerait que dans notre pays les lobbies aient particulièrement la vie dure et qu'il soit difficile de faire examiner les choses contradictoirement. Dans quelque temps, si ce n'est déjà fait, on nous fera remarquer que de toute façon les choses sont irréversibles, que maintenant on est trop engagé et qu'il faudra aller jusqu'au bout de la logique en poursuivant la construction de tranches nucléaires nouvelles pour alimenter ce fameux parc de surgénérateurs: nouvel âge d'or pour demain, et bien sûr, pour cela, pousser l'effort du retraitement... C'est ce type même de raisonnement que l'on entend déjà pour justifier d'adapter les exigences techniques au matériel qui existe et non l'inverse... ce qui est un retournement de la logique assez spectaculaire. Il y a eu l'expérience du Concorde... eh bien cela n'a pas servi à grand~hose, il apparaît qu'en France le corps des décideurs poursuit la logique interne de la méthode Coué et qu'il soit très difficile de lui ouvrir les veux. On se prend à espérer que les débats à l'occasion de la campagne présidentielle soient l'occasion d'ouvrir enfin ce débat que nous réclamons depuis si longtemps. Mais l'équipe de la Gazette ne se leurre pas... hélas! Ce n'est pas encore demain que nous pourrons changer de sujet! p.1
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Pour un débat démocratique sur l'énergie (pétition signée par près d'un million de citoyens, dont le citoyen François Mitterrand...) · Je m'oppose au choix du «tout
nucléaire» fait par le gouvernement.
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