Hypothèse d'école
ou solution vers laquelle on se dirige, telle est la question que l'on
peut se poser à propos de l'option non retraitement. Depuis le début
du programme électronucléaire français, les officiels
présentent le retraitement comme la seule solution au problème
des déchets radioactifs produits en quantité dans les centrales
nucléaires. Leurs discours insistent toujours sur le fait qu'il
faut retraiter, qu'il n'y a pas d'alternative, la France sait faire et
est même le seul pays dans ce cas grâce à la valeur
des équipes du CEA et à la clairvoyance des dirigeants. De
plus, avec la vitrification, les déchets produits représenteront
des volumes peu importants.
Parfois on ajoute, en prime en quelque sorte, que l'on récupère aussi du plutonium qui pourra être brûlé dans les surgénérateurs qui, comme chacun sait, nous apporteront indépendance et abondance énergétique. En privé, ces messieurs du nucléaire se gaussent des atermoiements des gouvernements étrangers incapables de prendre l'avenir en charge et, il y a quelques mois encore, tout particulièrement de ce pauvre Carter qui, pour de sordides raisons de politique intérieure, a bloqué retraitement et surgénérateurs pendant ses quatre années de présidence. Heureusement, maintenant il y a Reagan et les nucléocrates reprennent espoir d'une relance du nucléaire. Les lecteurs fidèles de la Gazette savent ce qu'il en est de la situation réelle et non rêvée de l'industrie du retraitement[1]; nous comptons d'ailleurs y revenir une nouvelle fois. Ils savent aussi que la filière surgénératrice relève plus de l'utopie que de la réalité industrielle[2]. Alors, que dire des déchets? Sans aucun doute la meilleure solution est de ne pas en produire! Mais ceux-ci existent. Il faut bien hélas en tenir compte. C'est ce que nous allons essayer de traiter dans ce numéro. On verra que le retraitement est loin d'être la seule hypothèse envisageable, c'est même la méthode la plus dispersive du plutonium dans l'environnement. |
Notre but, avec cette Gazette, n'est
pas de proposer une nouvelle solution miracle qui réglerait la question
des déchets... et permettrait donc d'en faire autant que l'on veut!
Nous disons clairement que de toutes les façons l'accumulation de
matières radioactives est très préoccupante et que,
face à cela, il faut envisager les diverses solutions, les comparer,
les étudier.
Ceci est d'autant plus urgent que l'industrie du retraitement étant en état de panne au niveau industriel, on s'oriente en fait vers cette hypothèse non-retraitement d'une façon plus ou moins larvée et ce dans la pire des solutions, c'est-à-dire sans études, analyses et évaluations. Sans aucun doute la petite minorité qui oriente la politique française dans le domaine du nucléaire connaît la situation et est informée des travaux qui se font à l'étranger. Mais l'option non-retraitement est inadmissible pour elle car elle signifie la fin de l'aventure surgénératrice et par là même une grande partie de la logique du programme actuel. En effet, les espoirs d'indépendance énergétique[3] et la possibilité de voir la France occuper le créneau international du nucléaire ne peuvent être abandonnés. Alors, coûte que coûte on essaiera de passer outre, de mentir pour gagner du temps. Fidèle à sa tradition la Gazette, une nouvelle fois, tente de lever un coin du voile épais qui recouvre cette question. Arriverons-nous à débloquer la question et forcer les responsables à l'être un peu? Cela dépend aussi de vous amis lecteurs. 1. Voir Gazette, n°4, 12, 24. 2. Voir Gazette n°25. 3. Voir Gazette n°41/42. p.1
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Pour un débat démocratique sur l'énergie (pétition signée par près d'un million de citoyens, dont le citoyen François Mitterrand...) · Je m'oppose au choix du «tout
nucléaire» fait par le gouvernement.
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