Après les USA, regardons
un peu chez nous. Ce n'est pas beaucoup mieux et nous n'avons pas d'excuses:
c'est après TMI.
Défaillances touchant à la sûreté des tranches nucléaires PWR Le caractère excessivement théorique
des études de sûreté des tranches nucléaires,
auquel s'ajoute la précipitation du programme nucléaire PWR
français, font qu'une vingtaine de tranches sont en service et une
cinquantaine commandées quand les leçons de l'expérience
de la fabrication, des essais de démarrage, du fonctionnement, des
premiers incidents et de l'accident de Three Mile Island et... chance du
nucléaire français, commencent seulement à pouvoir
être prises en compte tant sur les tranches en service que sur les
tranches en projet.
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- la fiabilité de la robinetterie primaire (soupapes et vannes présentant des risques de blocages ou de rupture) - la rupture de tubes de générateurs de vapeur, suite à la corrosion (les critères de mise hors service de tubes corrodés ne sont pas suffisamment rigoureux). On notera que de coûteux remplacements de générateurs de vapeur sont à envisager à terme - la fissuration des traversées d'instrumentation en fond de cuve (nécessite en temps utile des interventions coûteuses en irradiation pour les travailleurs) - la motorisation électrique des robinetteries primaires, à remplacer immédiatement sur l'ensemble des tranches - le manque de moyens dont dispose l'opérateur en salle de commande en cas de processus accidentel: inadaptation de l'instrumentation du circuit primaire, de la salle de commande, des documents écrits («procédures») d'aide à la conduite, des simulateurs... La majeure partie de ces problèmes existe également sur les tranches PWR étrangères. Aussi, de nombreux pays ont jugé que le «pari nucléaire» ne valait pas la peine d'être posé et que d'autres altematives étaient préférables, notamment le charbon. En 1982, le nucléaire française produit moins que prévu Tandis que dans le monde la quasi-totalité
des programmes de centrales nucléaires sont au point mort, EDF a
déjà commandé 48 tranches nucléaires PWR dont
43 depuis 1974. 22 ont été couplées au réseau
d'EDF.
1982: première année difficile (voir tableau 1) En 1982, une seule tranche nucléaire sera couplée au réseau, contre sept et huit les deux années précédentes: avec le début d'un nouveau palier de 900 MWe, le «CP2», les retards s'accumulent pour cause de mauvaise conception du matériel producteur d'électricité, le turbo-alternateur. p.20
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Aussi, tandis que la disponibilité
de l'ensemble du parc PWR ne baisse que d'un point entre 81 et le premier
semestre 82, c'est de sept points que chute la disponibilité pour
les tranches couplées avant l'année en cours. Ce résultat
sera à peu près maintenu sur l'ensemble de l'année
1982: les besoins en électricité pour l'hiver conduisent
en effet EDF et les autorités de sûreté (ministère
de l'Energie) à prendre vis-à-vis de la sûreté
de ces tranches, des risques supérieurs aux règles communément
admises: sur une dizaine de tranches menacées par des ruptures de
«broches» de tubes guides de barres de contrôle, trois
devraient être réparées immédiatement (Tricastin
1, Gravelines 1 et Fessenheim 2). A raison de six semaines d'arrêt
pour chaque tranche, l'opération coûterait bien sûr
près de 2 points sur la disponibilité du parc, soit au coût
d'hiver 0,5 milliards de francs. Le coût en serait en réalité
supérieur si une défaillance du réseau du type «19
décembre» devait en résulter.
La baisse de production en 82 est essentiellement due à trois facteurs: - la défaillance de pièces importantes de la structure du réacteur nucléaire: des «broches» se sont rompues en cours d'année sur quatre tranches à ce jour, parmi les plus anciennes. Il s'agit d'un défaut de conception sensible au vieillissement qui guette à terme 19 tranches actuellement en fonctionnement. Il en coûtera 8 points de disponibilité du parc en 82. - la défaillance des turbo-alternateurs du nouveau palier 900 Mwe dit «CP2»: les sécheurs-surchauffeurs AlsthomCem (licence B.B.C.) sont l'objet d'erreurs de conception multiples(2), l'arbre d'alternateur présente le même risque de rupture que celui du palier 700 MWe à fuel, et les frettes du rotor d'alternateur se corrodent. Ces défauts concernent les dix tranches du «CP2». ils coûteront, pour l'année 82, 8 points de disponibilité pour l'ensemble du parc, dus au non fonctionnement de Saint-Laurent B1 et B2. Ils retardent également le couplage des tranches de Chinon B1 et B2. - la première visite décennale, de longue durée (environ 4 mois), concernant 6 tranches (2 et 3) de Tricastin, Gravelines, Dampierre, couplées sur le réseau en un espace de moins de six mois durant l'hiver 80-81: la disponibilité du parc en 81 avait bénéficié de l'absence d'arrêt programmé pour ces mêmes tranches. Le chiffre 81 était ainsi gonflé par le brillant démarrage des deuxième et troisième tranches des trois premiers sites du CPi. Il en coûte environ trois points sur la disponibilité du parc nucléaire en 82, par rapport à ce qu'auraient coûté des arrêts annuels pour simple rechargement en combustible. Le début de l'hiver 82-83 sera difficile pour EDF, qui devra consommer beaucoup de charbon il manquera sur le réseau 9 tranches nucléaires de 900 MWe, par rapport aux prévisions. La surévaluation des besoins permettra peut-être de passer. Les contre-performances du nucléaire seront-elles utilisées pour justifier après coup un suréquipement en centrales de ce type? La Commission PEON a retenu les hypothèses de fonctionnement notées en tableau 2, comptées en «heures équivalentes pleine puissance». Ces hypothèses correspondent respectivement à des taux de fonctionnement de 50, 60 et 70%. L'instant O est choisi à la date de Mise en Service Industriel de la tranche, c'est-à-dire en principe trois mois après le premier couplage au réseau, en fait entre 3 et 9 mois après ce couplage, le temps de résoudre les difficultés rencontrées lors de la phase de démarrage(3). (suite)
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Ainsi, les 4.400 heures équivalentes pleine puissance de la première année sont en .réalité facilement dépassées par (presque) toutes les tranches (la moyenne du parc donne: 6.300, Fressenheim 2 et Tricastin 3 dépassent 7.000), les difficultés de démarrage sont résolues, et le premier arrêt annuel pour rechargement aura lieu au début de la deuxième année. Les 5.300 heures de la deuxième année sont plus difficiles: la première visite décennale les met hors de portée de la moitié du parc: Fessenheim et Bugey dépassent juste PEON (5.550 heures), mais les 6 premières tranches du CPl (< 5.150) ramèneront la moyenne du parc sous les 5.300. Sur la troisième année, Fessenheim et Bugey dépassent PEON en moyenne (5.700 hepp), avant la reprise en compte du CPl. - Les 6.200 heures de la quatrième année ne sont pas tenues en moyenne à ce jour (6.100 heures pour Fessenheim 1 et 2), et les tranches de Bugey abaisseront la moyenne du parc à moins de 5.500. Enfin, sur la cinquième année, seulement atteinte par Fessenheim 1, l'indisponibilité de cette tranche, due à la rupture de broche, lui fait manquer très largement les 6.200 heures... - Si l'on s'attache à la production cumulée, Fessenheim 1 est 2.000 heures sous PEON pour les cinq ans, Bugey 2 est 4.000 heures sous PEON pour les quatre ans. Après l'euphorie de la première année de production, les performances des hypothèses PEON se révèlent donc difficiles à atteindre sur la moyenne du parc, cela pour des tranches qui fonctionnent en base. Les indisponibilités dues au vieillissement ne pourraient qu'aggraver cette tendance, sans parler des tranches qui devraient fonctionner en suivi de charge dès l'année 1983. Un trou dans la caisse d'EDF EDF annonce un déficit de 8 milliards
de francs en 1982. Il est intéressant de comparer à ce chiffre
les pertes résultant du coût de l'énergie de remplacement
dû aux indisponibilités des tranches nucléaires:
tableau 2 p.22-23
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On pourra compter également
1,2 milliard de retard au couplage des deux tranches suivantes du CP2,
Chinon B1 et 2.
- les autres défaillances, telles que fuites des joints de pompe: primaires, fissuration de bielles sur diesels, etc. totalisent moins de 0,5 milliard d'indisponibilité. Le total de ces indisponibilités s'élève donc à plus de 4 milliards pour des tranches couplées au réseau et plus d'un milliard pour des retards au premier couplage. Face à ces 5,5 milliards, le 0,15 milliard résultant du blocage du site de Gravelines par des travailleurs menacés de perdre leur emploi passe inaperçu. Ces 5,5 milliards, par contre, approchent suffisamment le total du déficit d'EDF pour indiquer comment éviter qu'il ne s'amplifie: l'optimisme immodéré et la précipitation coûtent cher à EDF. Plusieurs ruptures de broches s'étaient produites au Japon, trois ans avant les premiers incidents français: rien n'avait été fait en France, qui concerne les tranches actuellement touchées, pour en réduire les conséquences. Ce n'est qu'à l'expérience sur les tranches de Saint-Laurent B que furent découverts, l'un après l'autre, les défauts de conception des sécheurs-surchauffeurs du CP2, que ni le constructeur ni EDF n'avaient jamais calculés. La compétitivité du nucléaire: un pari A ce jour, les hypothèses PEON apparaissent
difficiles à tenir. Rien ne permet d'être plus optimiste quant
aux prochaines années, sachant que:
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- le démarrage des premières tranches du «Deuxième Contrat Pluriannuel» se montre plus difficile que celui des toutes premières tranches de 900 MW. La précipitation dans la recherche du moindre coût par EDF, du profit maximum par les constructeurs, donne de mauvais résultats... et risque de coûter cher au pays. - les premières tranches d'un troisième «palier», le 1.300 MWe «P4» entreront en fonctionnement en 83. Espérons un démarrage plus brillant que pour le CP2, tout en notant que la CFDT a toujours affirmé que tant le «CP2» que le «P4» étaient commandés prématurément... puisque énergétiquement encore inutiles, ne pouvant bénéficier des leçons de l'expérience du «CP1 », et réalisés dans la précipitation. - en 1985, un quatrième palier, le 1.300 «P4», plus «économique», doit entrer en service: EDF a déjà eu maille à partir avec les autorités de sûreté à propos des marges de sûreté de ce palier, en cours de construction... - enfin, de nombreux problèmes touchant à la sûreté se sont fait jour au cours des dernières années, qui pourraient entraîner d'importantes indisponibilités: pour sauvegarder un niveau de sécurité suffisant aux travailleurs et aux populations, pour réparer du matériel défaillant... ou même pour cause d'incident suffisamment grave pour à la fois mettre une tranche hors service pour une longue durée et nécessiter l'arrêt en ricochet d'un grand nombre de tranches. Parmi ces problèmes, plusieurs nécessiteraient dès aujourd'hui des arrêts de tranche préventifs. La recherche de la meilleure disponibilité à court terme risque de coûter cher en sécurité et en disponibilité à venir... A moyen terme, la fiabilité et la compétitivité du parc nucléaire restent donc un pari qui, d'ores et déjà, coûte cher. p.24
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