La G@zette Nucléaire sur le Net! 
N°53
LE SECRET DE LA DEMOCRATIE
 

III. LE RAPPORT PRELIMINAIRE
 DU GROUPE LONG TERME ENERGIE
 (Quelques extraits significatifs)



      Introduction, 1ère partie: perspectives de demande d'énergie à 
 l'horizon 1990-2000 et 3ème partie premiers éléments d'une politique 
 de l'offre à l'horizon 2000.

I

     Le groupe Long Terme Energie a reçu la mission de conduire une étude  prospective et quantitative des conditions de l'offre et de la demande d'énergie au cours des années quatre vingt dix.
     L'exploration de la prochaine décennie se heurte à des difficultés d'une  nature tout à fait nouvelle. L'incertitude affecte l'évolution des prix des diverses sources d'énergie dont l'estimation est pourtant l'une des principales variables de toute politique de l'énergie. Mais elle affecte plus encore la croissance économique dont le rythme et le contenu commandent en grande partie la consommation future d'énergie. Les choix entre filières énergétiques, enfin, ne sauraient répondre à quelques critères simples lorsqu'on sait l'impact que les importations et les investissements énergétiques peuvent avoir sur les grands équilibres et, à travers eux, sur l'ensemble de la croissance.
     Dans de telles conditions, et compte tenu des enjeux, on ne saurait s'étonner des précautions dont le Groupe Long Terme Energie entend entourer ses conclusions et des délais qui en découlent.
     Inversement, on ne saurait blâmer ceux qui soutiennent que le Groupe doit être entendu des responsables de la politique énergétique avant que ne soient prises certaines décisions dont les conséquences ne concernent pas que le court terme.


     Le présent rapport est un compromis entre ces deux exigences. Il extrait des travaux du Groupe, dans l'état de maturation où ils sont parvenus à la mi-avril, quelques conclusions qui peuvent éclairer les décisions que doivent prendre incessamment les responsables de la politique énergétique et qui concernent notamment les engagements de tranches nucléaires à partir de 1984.
     Après une présentation, assortie d'éléments explicatifs qui paraissent probants, des nouvelles perspectives de demande d'énergie à horizon 1990 et 2000, ce rapport s'attache particulièrement à l'analyse de leur incidence sur la consommation d'électricité. Le ralentissement de sa croissance fait apparaître, dès 1985, d'importantes capacités de production qui risquent de ne pas être utilisées, ce qui pourrait coûter cher à la nation. Le groupe indique dans quel sens des solutions devraient être recherchées pour éviter, ou limiter cette surcapacité. Mais si l'on séparait cette recherche d'une réflexion sur les stratégies énergétiques, on courrait le risque de subordonner le long terme au moyen terme, ce que le Groupe a unanimement reconnu comme une démarche contestable. Il est donc indiqué, dans la dernière partie de ce rapport, que l'engagement dans les prochaines années de nouvelles tranches nucléaires ne saurait être justifié par les perspectives de la demande d'électricité. Seule la prise en compte d'une nécessaire sauvegarde de l'outil industriel commande la réalisation d'un programme minimum étalé sur une période suffisamment longue.
p.8


1. Les perspectives de demande d'énergie à l'horizon 1990-2000

     De quelles quantités d'énergie finale, l'économie et la société française auront-elles besoin entre la fin des années quatre-vingts et le début du vingt et unième siècle?
     Pour essayer de répondre à cette question dont il n'est pas utile de souligner la difficulté, le Groupe Long Terme s'est d'abord attaché à à l'observation des tendances puis à leur interprétation.
     L'évolution de la consommation d'énergie en France s'infléchit à partir de 1979. Depuis cette date, elle a diminué, en valeur absolue, d'environ 10 Mtep. Une nouvelle diminution de plusieurs Mtep est prévue en 1983.
     Trois facteurs, qui jouent dans le même sens, permettent d'expliquer ce changement de tendance par rapport à ce que l'on observait durant les années cinquante et soixante:
     a) Une croissance économique dont le rythme ne cesse de décliner: 4,5% (1976), 3,4% (1977), 3,1% (1978), 2,9% (1979), l,4% (1980), 0,3% (1981), 2,0% (1982).
     b) Un lent mais inexorable infléchissement des structures des activités productives au profit des services et des industries de biens d'équipement qui consomment moins d'énergie que les industries de base.
     c) Dans tous les secteurs consommateurs, une élévation des rendements d'utilisation liée au progrès technique, à l'augmentation du prix relatif de l'énergie et aux résultats des politiques d'économie de l'énergie.
     Le jeu de ces facteurs est-il appelé à se poursuivre au cours des prochaines années ou s'estompera-t-il au profit du retour à une forte croissance de la consommation d'énergie?
     Des distinctions et des hypothèses s'imposent.
     S'agissant des prix des sources d'énergie, le Groupe Long Terme a traité différemment:
     a) Les hydrocarbures importés pour lesquels la tendance restera à la hausse sur une longue période, même si elle succède à une baisse et si elle est susceptible de revêtir des allures sensiblement différentes au cours du temps.
     b) Le charbon importé dont le prix est aussi supposé rester à la hausse mais à un taux suffisamment bas pour que soit maintenue (au minimum) l'actuelle décote de la thermie charbon par rapport à la thermie fuel.
     c) L'électricité, enfin, qui devrait voir son prix croître plus modérément encore que celui du charbon (+1% par an jusqu'en 1990) avant de se stabiliser (du moins dans l'hypothèse d'un développement du parc qui ne s'éloigne pas trop de l'optimum).
     Aucune de ces hypothèses, moins incertaines pour les sources nationales que pour les sources importées, ne reproduit des mouvements de hausse comparable à ceux que l'on a connus sur les hydrocarbures entre 1973 et 1979, ce qui peut être considéré comme favorable à une reprise de la croissance de la demande[1].
     Mais, à cet égard, les deux autres facteurs (croissance et structure de l'activité économique) jouent un rôle fondamental. Quelles hypothèses peut-on formuler à leur sujet?
     Trois scénarios de croissance économique à long terme ont été construits[2] dont les résultats, en termes de taux de croissance du PIB, sont très contrastés[3]:
     a) l'hypothèse d'une non sortie de crise ne peut pas être totalement exclue, même si elle est jugée inacceptable; elle se traduit par un taux annuel moyen de 1,2% (1980-90) puis de 1,8% (1990-2000) dans le scénario A;

suite:
     b) l'hypothèse d'une bonne insertion de l'économie française dans la reprise des échanges internationaux est exprimée par une reprise de la croissance qui passerait, en moyenne, de 2,0% (1980-90) à 4,1% (1990-2000) dans le scénario B;
     c) sous l'effet d'une politique volontariste d'accroissement de l'investissement industriel au cours du 9ème Plan, ces taux pourraient atteindre 2,2% (1980-90) et 4,6% (1990-2000), dans le scénario C.
     Même si la préférence de la grande majorité de ses membres se porte sur ce dernier scénario, le Groupe Long Terme n'a pas jugé possible de s'arrêter sur l'un d'entre eux. Les demandes d'énergie ont donc été évaluées pour chaque hypothèse de croissance.
     Sur un seul des trois facteurs, l'incertitude semble moins grande. Il est significatif, en effet, que dans tous les scénarios, les structures du système productif évoluent dans le même sens:
     a) la part des services marchands et non marchands (57,8% du PIB en 1980) croît jusqu'à 65,4 (B), 66,1 (C) et 70,7 (A);
     b) inversement, la part de l'industrie stricto sensu (26,5% en 1980) décroît jusqu'à 23,4% (B et C) et 20,8 (A), de même que la part du Bâtiment-Génie Civil, de l'Energie et de l'Agriculture
     c) à l'intérieur de l'industrie, la part de production des biens intermédiaires décroît toujours (de 8,4% à 5,0%) tandis que celle des biens d'équipement se maintient ou augmente (de 6,4% à 6,6.
     Ces hypothèses, notons-le, coïncident avec les orientations du 9ème Plan qui recommande une réorientation des activités de base (sidérurgie, chimie lourde, papier, aluminium) vers des productions à plus forte valeur ajoutée; un développement de nouveaux secteurs de pointe: chimie fine, nouveaux matériaux (bio-technologie), productique, robotique et surtout, électronique; une expansion des investissements immatériels notamment au service des entreprises.
     Toutes ces variables économiques ont été traduites en demande finale d'énergie à l'aide d’hypothèses sur l'évolution des consommations spécifiques d'énergie par unité de production industrielle, de logements (chauffage) ou de moyens de transport. Pour chaque scénario économique on obtient ainsi une estimation basse de la demande qui reflète le résultat d'une vigoureuse politique d'économie d'énergie et une estimation haute qui exprime la simple adaptation des techniques d'utilisation de l'énergie aux perspectives de prix retenues.
     Les résultats de cet exercice sont les suivants en termes de demande totale d'énergie (Mtep):
 
1990
2000
Scénario A
178-187
181-196
Scénario B
188-199
211-277
Scénario C
190-200
220-235


1. On n'oubliera cependant pas, dans l'interprétation de ces hypothèses de prix, outre les marges d'incertitude qui les affectent, que leur évolution réelle dépendra aussi de la politique énergétique retenue puisque les prix ne sont évidemment pas indépendants des parts de marché et du parc d'équipement de chaque filière, sans parler de la fiscalité.
2. Par le BIPE, dans le cadre d'un contrat avec le Commissariat Général du Plan et le Ministère de l'Industrie et de la Recherche.
3. Les hypothèses détaillées de ces trois scénarios figurent dans le document «Prospectives du système productif français à l'horizon 2000». Bureau d'Informations et de Prévisions Economiques (BIPE), avril 1983.
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     Quelques enseignements s'en dégagent aussitôt:
     a) tant que l'économie française ne retrouvera pas des taux de croissance supérieurs à 2%, la demande d'énergie (183 Mtep en 1982) ne croîtra pas ou peu;
     b) même si ce retour à une croissance plus soutenue s'opère au cours du 9ème Plan, le niveau de la demande d'énergie en 1990 sera peu différent du niveau actuel (de 5 à 15 Mtep de plus qu'en 1982);
     c) la croissance de cette demande pourrait être plus forte au cours des années quatre vingt dix (de 20 à 30 Mtep) mais le niveau le plus élevé qui serait atteint ne dépasserait guère celui que prévoyait le rapport Hugon pour 1990 avec un taux de croissance de 5%.
     d) la partie basse de chaque fourchette qui exprime le résultat d'une vigoureuse politique d'économie d'énergie suppose que les moyens exigés par cette politique soient bien mis à la disposition de ceux qui sont chargés de la mener à bien.
     Plusieurs membres du Groupe Long Terme ont émis des doutes sur ces résultats. Certains regrettent que l'on n'adopte pas des hypothèses de croissance économique plus forte. D'autres se demandent si la valeur des consommation spécifiques retenues n'ont pas été systématiquement tirées vers le bas. Aucun cependant n'a contesté la méthode d'évaluation des demandes futures. Les valeurs des déterminants de la demande d'énergie résultent par ailleurs d'un examen large et contradictoire au sein du sous-groupe compétent.
     On notera, pour terminer cette présentation des nouvelles perspectives de demande, que l'écart entre les résul¬tats du Groupe Long Terme et ceux qui figuraient dans le rapport Hugon s'explique, pour plus de 50%, par l'évolution effective de la consommation d'énergie depuis 1980.

L'hypothèse haute (croissance économique à 5%) du rapport Hugon passait en effet par une consommation de 198 Mtep en 1983 alors que, vraisemblablement, le niveau effectivement atteint sera voisin de 182! Il s'agit donc de faits et non plus d'hypothèses.

3. Premiers éléments d'une politique de l'offre à l'horizon 2000

     Si la demande doit s'adapter à l'offre sur l'horizon 90, c'est l'offre qui doit s'ajuster à la demande sur l'horizon 2000.
     Le présent rapport ne prétend pas traiter ce problème qui sera l'objet essentiel du rapport final.
     S'il est évoqué ici, c'est uniquement pour éclairer des décisions qui doivent être prises dès à présent et qui vont déjà contribuer à modeler la configuration de l'offre à l'horizon 2000.  Les tranches nucléaires, éventuellement engagées en 1984, entreront normalement en fonction en 1990 et fonctionneront encore en 2000.
     Ouels sont les éléments du problème?
     On trouvera sur le tableau 4 ci-dessous les résultats des programmes d'équipement dits «optimaux» d'EDF dont on n'oubliera pas le caractère théorique puisqu'ils correspondent à la recherche mécanique de programmes à coût total actualisé minimal pour différentes variantes de consommation d'électricité en supposant que les coûts d’investissement des équipements ne dépendent pas du rythme d'engagement annuel. En particulier, lorsque les programmes nucléaires sont interrompus durant plusieurs années, ils sont supposés pouvoir être repris à tout moment sans que le coût unitaire des opérations s'en trouve affecté. D'autre part, et ce à partir de l'année 1984, aucune contrainte de quelque nature que ce soit n'intervient pour limiter le champ des programmes envisageables.

Mise en service
Engagement NUCLEAIRE 1.300 MW
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994
Engagement
CHARBON 600MW
1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996
SCENARIO
390 TWh en 1990

540 TWh en 2000

contrainte N     2 3 2 1 2 2 3 2 3 2 3
contrainte C 0 1 0 0 0 1 2 2 2 1 2 1 2
optimal N     1 2 2 2 3 3 2 3 2 3 2
optimal C 0 0 0 0 1 1 2 2 2 1 2 1 2
SCENARIO
370 TWh en 1990

500 TWh en 2000
 

contrainte N     2 2 1 1 1 1 1 2 2 2 2
contrainte C 0 1 0 0 0 0 1 2 2 2 2 2 2
optimal N     0 1 1 1 2 2 2 2 2 2 2
optimal C 0 0 0 0 0 0 2 2 2 2 2 2 2
SCENARIO
350 TWh en 1990

460 TWh en 2000

contrainte N     2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
contrainte C 0 0 0 0 0 0 0 0 1 2 2 2 2
optimal N      0 0 0 1 1 1 1 2 2 2 2
optimal C 0 0 0 0 0 0 0 1 2 1 2 1 2
SCENARIO
320 TWh en 1990
 Contrainte industrielle non déterminée                      
385 TWh en 2000 optimal N
optimal C
   0 0 0 0 0 0 0 1 0 1 0
         0  0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 1
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OFFRE ET DEMANDE EN GAZ NATUREL

Offre et demande en gaz naturel

CAPACITE DE PRODUCTION INSTALLEE
ET CONSOMMATION D'ELECTRICITE
capacité de production installée et conso d'électricité
p.11


     On observe que même dans la variante de demande électrique qui passe par 350 TWh en 1990, aucun engagement de nouvelles tranches nucléaires n'est nécessaire avant 1987 ni de centrales thermiques au charbon avant 1990.
     A fortiori, dans la variante la plus basse (320 TWh en 1990) qui correspond à l'évolution actuelle de la consommation d'électricité le premier engagement de tranche nucléaire réapparaît en 1991 et de centrale au charbon en 1994.
     Ce niveau de consommation en 1990, nous l'avons vu, est lourd de conséquences. Les propositions du Groupe Long Terme visant à accroître rapidement les débouchés de l'électricité devraient permettre de se rapprocher d'une consommation comprise entre 350 et 370 TWh. Mais ces efforts en vue de limiter les surcapacités électriques ne devraient pas être interprétés, a priori, comme des choix en faveur d'une consommation électrique de 500 TWh,ou plus, en 2000. Seule une évaluation complète des diverses options énergétiques à horizon 2000, à laquelle se livre actuellement le Groupe Long Terme, permettra de dire quelle sera la demande d'électricité compatible avec l'évolutior de la demande énergétique totale. La nature des problèmes auxquels nous sommes confrontés sur l’horizon 1990 devrait, pour le moins, nous inciter à beaucoup de prudence! A ce seul titre, nous devrions raisonnablement ne pas viser une consommation d'électricité sensiblement supérieure à 460 TWh en 2000, quitte à accroître le rythme des engagements plus tard si la nécessité s'en faisait sentir.

     Mais le Groupe Long Terme est conscient des contraintes existantes:
     - la contrainte industrielle, en premier lieu, qui commande de ne pas interrompre totalement les engagements de tranches nucléaires pour préserver la capacité de production dont s'est doté notre pays tant au regard de nos propres besoins (il faudra, au minimum, remplacer les centrales en fonctionnement) qu'à celui d'éventuelles possibilités d'exportation;
     - la contrainte charbonnière, en second lieu, puisque le parc électrique doit assurer une consommation de charbon au moins égale aux sous-produits de l'extraction non valorisables dans de meilleures conditions dans d'autres filières.
     L'une et l'autre ne sont satisfaites que dans le cadre d'un parc d'équipement électrique optimisé sur la trajectoire de demande la plus élevée (540 TWh en 2000) qui, en l'état actuel des travaux du Groupe, n'apparaît pas compatible avec l'évolution de la demande d'énergie et avec l'application du critère d'utilisation rationnelle de l'énergie.
     En ce point de l'analyse, deux conclusions émergent: l'une opérationnelle et immédiate, l'autre spéculative et à long terme.

suite:
     Les responsables de la politique énergétique sont confrontés à la problématique suivante:
     - continuer à engager des tranches nucléaires pour sauvegarder l'outil de production au-delà de ce que devrait être un parc adapté à la demande, pèsera sur l'économie fran-çaise par deux canaux:
     * un surcroît immédiat ou reporté (par endettement) de l'électricité;
     * des investissements inutilisés dont auraient fort besoin les industries qui doivent affronter la compétition internationale;
     - mobiliser toutes les mesures de politique énergétique en faveur de la croissance des consommations électriques en courant le risque:
     * d'aller au-delà des seuls usages où l'électricité déplace des énergies importées en réduisant les dépenses énergétiques de l'utilisateur;
     * de provoquer des surcoûts dans toutes les autres filières qui vont voir croître leurs capacités excédentaires.
     On ne peut donc sur ce point que recommander d'explorer une voie conduisant:
     - à accroître les débouchés de l'électricité selon les conditions qui ont été examinées dans ce rapport et qui exigent un redéploiement des moyens humains et tarifaires d'EDF;
     - à définir une politique. d'engagement des équipements pour une durée relativement longue (la période 1983-90 paraissant la plus appropriée) l'ordre de grandeur du programme sur cette période pouvant être d'une tranche (1.400 MW) par an.
     Parmi les conséquences d'un tel choix, les plus graves sous l'angle de la seule politique énergétique sont d'une part l'impossibilité pour les CDF d'envisager des écoulements de charbon satisfaisants et d'autre part l'accroissement des contraintes qui pèseront sur le marché des autres sources d'énergie, notamment celui du gaz.
     Ces conclusions devraient inspirer la suite de l'achèvement des travaux du Groupe Long Terme. Pays traditionnellement pauvre en énergie, la France a toujours été, à juste titre, fort préoccupée par son approvisionnement en énergie et disposée à payer un surcoût pour le garantir. Cette préoccupation ne doit pas être abandonnée mais tempérée. Dans une époque très incertaine, les difficultés, voire l'impossibilité de s'adapter à des évolutions imprévisibles, a aussi un coût qui peut être très élevé et qui vient s'ajouter aux autres handicaps que supporte notre économie dans la compétition mondiale. Le coût de la sécurité doit être confronté au coût de la rigidité. Passé un certain seuil, on ne saurait exclure que le second l'emporte sur le premier. Plusieurs voies peuvent être envisagées et combinées pour limiter cette rigidité:
     - veiller à une certaine diversification de l'approvisionnement primaire;
     - aménager un grand nombre de ponts entre filières: centrales thermiques multi-combustibles, réseaux de chaleur, bi-énergie...
     - limiter ce que peuvent avoir d'irréversible certaines décisions (abandon complet des parcs de stockage, par exemple).
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