Village de 450 habitants situé sur la rive droite du Rhône à 10 km de Bagnols-sur-Cèze, 10 km de Pont-Saint-Esprit au nord et 2 km au sud du complexe nucléaire de MARCOULE. La viticulture représente depuis fort longtemps l'activité principale de la population active. Avec Marcoule, un lotissement s'est construit en 1956 pour les agents et employés divers du C.E.A. Il convient de faire remarquer que cet environnement nucléaire est complété par l'énorme complexe EURODIF - TRICASTIN - PIER¬RELATTE, à 0,15 km. L'opposition résolue des agriculteurs aux divers projets d'implantation sur la commune, d'abord de 4 PWR, de 1.300 MW, puis, maintenant, d'un ou deux ou trois, voire quatre surgénérateurs du type Superphénix, s'explique par les nombreuses expropriations dont ils ont été les victimes en quelques années. L'aménagement de la chute de Caderousse par la C.N.R. et E.D.F. leur a fait perdre 50 hectares de terres cultivables sur la rive gauche du Rhône. Les vignes représentaient 80% de cette surface et étaient à très gros rendement. La suppression du bac qui est alors intervenue, oblige encore maintenant ceux qui n'ont pas été expropriés en totalité, à faire 60 km aller et retour pour travailler leurs terres. Après cette perte importante, ce sont 30 hectares de vignes qui ont été passés au bulldozer sur la rive droite, toujours pour le barrage. La cave coopérative, qui produisait 13.000 hectolitres en 1974, n'en produisait plus que 6.600 en 1976. Il lui devenait impossible de fonctionner à ce niveau. Alors, les agriculteurs ont défriché partout où il était possible de planter. Ils ont recréé de toutes pièces un vignoble moderne, au prix de beaucoup d'efforts et aussi de forts endettements. Après des années pénibles, alors qu'ils pensent enfin profiter de leur long travail, on leur annonce qu'on va à nouveau prélever 200 hectares de terres sur la commune, dont 50% en vignes, arbres fruitiers et aspergeraies. Cette fois, ils ne l'accepteront pas et sont prêts à tout pour défendre leur gagne-pain. Dès 1975, lorsque fut connu le premier projet des 4 PWR, un comité de sauvegarde s'est constitué. Face à la propagande E.D.F., il a fait lui-même de l'information partout où cela se pouvait, touché les élus locaux, les parlementaires. Pour la première fois à ce propos, en deux réunions extraordinaires des 6 et 27 juin 1977, le conseil général du Gard, en présence des responsables E.D.F. et aussi de Chevallier, Université de Paris, Lebreton, Université de Lyon, Colson, professeur de droit à Montpellier, Kowarski, spécialiste de physique nucléaire, s'est informé, et cela à notre demande, des problèmes posés par l'implantation des quatre réacteurs à St Etienne des Sorts. Finalement le conseil général décidait «de surseoir à toute réponse favorable à l'examen du dossier», ce qui, avec les attendus, équivalait à un refus du projet. Il est vrai qu'entre temps, un référendum dans la commune et une autre commune voisine avait dégagé une nette majorité de NON, contre les PWR. Le parti socialiste avait alors pris position contre le projet, suivi bientôt par le parti communiste qui motivait son opposition par la trop grande concentration nucléaire. Le Comité, soutenu dès le début par le P.S.U., il faut le souligner, s'est manifesté partout où les populations refusaient une implantation: Malville, Cruas; Plogoff, Golfech. C'est que petit à petit ces gens qui défendaient leur droit à la vie, chez eux, découvraient la réalité du nucléaire avec ses multiples problèmes: déchets, retraitement, risques, coûts fabuleux, emplois précaires. E.D.F., par ses méthodes, son non-respect de la démocratie, sa propagande éhontée, avait fait d'eux des anti-nucléaires. Aujourd'hui, la résolution des agriculteurs est plus ferme que jamais. A tout ce qui peut se lire dans la presse, se dire à la télé, malgré les prises de positions de parlementaires qui ont tourné leur veste et renient leurs déclarations passées - il est vrai qu'ils étaient alors dans l'opposition - voici ce que les intéressés répondent. D'abord la position du comité de sauvegarde n'a pas varié, quel que soit le type de centrale PWR ou surgénérateur. Le village se trouve à l'issue de la plus fantastique concentration nucléaire du monde, s'échelonnant sur 200 km, de Bugey à Marcoule: 18 réacteurs - cinq à Bugey, deux de 1.300 MW à St Maurice et peut-être qua¬tre, quatre de 880 MW à Cruas, quatre de 915 MW au Tricastin, Phénix à Marcoule, 03, et enfin, dans deux ou trois ans Superphénix à Malville. Cela représente ou représentera environ 15.000 MW de puissance installée. Si on y ajoute les 3.000 MW fournis par les barrages hydro-électriques sur le Rhône, à qui fera-t-on gober que la région manque d'énergie? (suite)
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Il est d'ailleurs assez curieux de constater que les lignes à T.H.T. de 400.000 volts se dirigent soit vers l'Espagne, soit (en projet) vers l'Italie. Il est question de poser entre la France et l'Angleterre deux câbles sous-marins pour évacuer le trop-plein des centrales de Gravelines. Qu'on nous dise que la France veut exporter du courant, cela on peut le comprendre. Mais qu'on ne nous prenne pas pour des idiots en prétextant un manque d'énergie. E.D.F. reconnaît que les seuls réacteurs de Bugey suffisent à alimenter la région Rhône-Alpes, une des plus grosses consommatrices de France. Il est par ailleurs totalement aberrant de lier énergie et emploi. On produit de plus en plus de courant et il y a de plus en plus de chômeurs. Si la production a doublé en 10 ans, le chômage, lui, s'est multiplié par 10. On a gaspillé des sommes énormes dans le nucléaire au dépens d'investissements infiniment plus rentables. A investissement égal, n'importe quelle entreprise fournit plus de possiblités d'embauche que le nucléaire et d'emplois fixes. Il suffit d'interroger les maires où sont implantées des centrales nucléaires pour savoir que celles-ci ne sont pas la manne promise par E.D.F. Le chantier terminé, les entreprises parties (toujours les mêmes avec leur encadrement), demeurent les servitudes et la longue liste des chômeurs. La concentration sur un énorme chantier va à l'encontre de la lutte contre la désertification des campagnes. Ceux qu'on a arrachés momentanément à leur village se retrouvent sans qualification et font la queue chez les employeurs d'intérimaires. Le chômage sévit dans toute l'industrie. A quel titre faut-il privilégier le nucléaire qui ne l'est déjà que trop? Quand nos ministres commis-voyageurs arrivent à caser une centrale (nous en plaçons moins que les Allemands), soit à la Corée du Sud, soit à la Chine, c'est avec des prêts à perte de vue, en fait en perte tout court. Dans le même temps, il manque de l'argent pour les hôpitaux. A une certaine période, le parti communiste avait donné comme raison à son opposition à la centrale de St Etienne une concentration excessive. Le P.C. sans rire demande maintenant 4 surgénérateurs. C'est la chasse aux voix... Les mêmes causes produisant les mêmes effets et amenant les mêmes réactions, à la croissance Zéro de Giscard a répondu l'annulation des 4 P WR. A la croissance Zéro de Mitterrand correspond l'abandon au 9ème plan de Superphénix 2 ou 3 ou 4. Il est à noter que nos élus, députés et sénateurs de la majorité, ont voté, sans la moindre objection le plan en question et donc l'abandon du projet. On dit vert à Bagnols-sur-Cèze et à Pont-Saint-Esprit et on vote rouge à l'Assemblée Nationale. Pas étonnant après cela si l'électorat renacle devant ce manque d'honnêteté politique. Nous n'avons jamais mis en cause la valeur professionnelle des agents du C.E.A. ou de l'E.D.F. Nous pensons que la matière grise peut s'investir plus utilement et plus économiquement ailleurs. Le choix des surgénérateurs ne s'explique en fait que pour des raisons militaires: il faut de plus en plus de plutonium pour nos sous-marins et leurs ogives multiples, nos fusées Hadès, etc. Si pour résoudre le chômage dans une région, on ne trouve comme solution que la construction de centrales nucléaires, c'est assez lamentable. Où peut se trouver la justification de notre arsenal atomique quand il est évident qu'on ne l'utilisera jamais pour la bonne raison que cela équivaudrait à notre anéantissement? L'aménagement de la chute de Caderousse a amputé terriblement les revenus des agriculteurs. Un énorme effort de replantation a été effectué pour reconstituer un vignoble moderne qui a été reconnu «d'utilité publique» par un arrêté ministériel de 1978. Après tant de travail, tant de peine, les agriculteurs, au moment où ils peuvent enfin tirer profit d'un vignoble reconstitué, n'accepteront jamais qu'une nouvelle amputation réduise à néant des années de dure bataille. Enfin il est curieux d'entendre des élus, en cette législature où tout le monde ne parle que de démocratie, dire ou écrire à chaque instant «qu'il faut qu'à St Etienne on passe, on rase, on implante», comme si le village leur appartenait. La moindre correction politique et le plus élémentaire civisme voudraient que ceux qui disposent ainsi d'une communauté, viennent, Président du Conseil général en tête, exposer leurs projets aux citoyens concernés. Jusqu'à présent nous nous étonnons de leur discrétion. p.21
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DU LITTORAL FLANDRES ARTOIS Dunkerque, le 28 mars 1984 Monsieur le Président
Monsieur,
de la Commission d'Enquête Commissaire de la République Préfecture du Nord 59000 LILLE «L'enquête d'utilité publique» sur les rejets d'effluents gazeux et liquides concernant les tranches 5 et 6 de la Centrale Nucléaire de GRAVELINES a été ouverte le 5 mars 1984 dans l'indifférence générale. En effet, qui peut encore accepter de perdre son temps et son énergie (douce et propre) pour participer à cette parodie de démocratie visant à faire croire à la population que l'on tient compte de son avis. Nous ne nous faisons aucune illusion sur ce type d'enquête sachant que son résultat n'influence nullement la décision définitive (voir Plogoff - le Pellerin). Plus grave, on peut rappeler qu'une requête de l'ADELFA devant le tribunal administratif avait permis d'annuler l'arrêté du 6.03.1979 car les études météorologiques sur le site n'avaient pas été menées correctement. Cette décision de justice avait été détournée alors par une habile manoeuvre: la publication d'un nouvel arrêté au Journal Officiel le 6 juillet 1982. C'est très grave plus fort que les décisions de justice, le lobby du nucléaire fait appliquer sa loi avec un gouvernement de gauche comme de droite. Nous avons dénoncé en son temps l'hypocrisie d'E.D.F. face aux problèmes des fissures à La Hague ou Gravelines; les mensonges d'E.D.F. dans sa campagne «Electricité Française» ou la finalité du surgénérateur de Malville. Aujourd'hui il est deux chiffres officiels que tout Français doit connaître: - 18 centrales nucléaires de trop en 1990, - 180 milliards de dettes pour E.D.F. en 1983, dont la moitié à l'étranger, cela dû aux investissements considérables et au prix de revient du kW longtemps sous-évalué (est-ce cela l'indépendance du nucléaire?) et tout cela pour des centrales d'une durée de vie de 20 à 25 ans. Voilà ce qui devrait figurer dans l'enquête, une seule lettre pour 25 associations c'est peu, mais c'est nettement trop d'argent et de temps perdu encore pour une enquête d'utilité publique dont tous ceux qui se portent complices ne sortent pas grandis. Vive la démocratie. Vive les effluents gazeux (selon la formule consacrée). Copie à Messieurs les maires de: Oye-Plage, Gravelines, Loon-Plage, Grand-Fort-Philippe et à Monsieur le Sous-Préfet de Dunkerque. (suite)
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CONCESSION D'UNE MINE D'URANIUM Mesdames, Messieurs,
Pour le Comité de Défense,
le maire de Tréville p.22
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