La G@zette Nucléaire sur le Net!
N°64/65
NUCLEAIRE: des coûts et des déchets
 

SUPERPHENIX


     Le bel oiseau va-t-il ou non prendre sa volée? Aura-t-il ou non une descendance? Le suspense est à l'ordre du jour.

1. Descendance
     L'avenir est encore incertain malgré les accords européens de janvier 84. En effet un RNR (réacteur à neutrons rapides):
     a) ça coûte cher, 4 à 5 fois plus cher qu'un réacteur à eau légère, ceux qui nous envahissent actuellement,
     b) ça demande du plutonium en quantité (5 tonnes en plus par cœur).
     Donc, même en adorant la technique, même en passant sur plein de choses, il y a des impondérables gênants: où trouver l'argent et le plutonium? L'argent, on pourrait s'arranger; le plutonium, c'est plus difficile car il faut que le retraitement marche vraiment et il y a un demandeur qui a plus de succès: les militaires.
     Finalement c'est un peu ce qui ressort de ce qu'a dit Boiteux et ça a claqué comme un pétard - un peu mouillé bien vite.
     En fait, nous n'avons pas d'illusions: il s'agit d'un épisode de la guerre CEA-EDF. Et EDF a dit «niet» par Boiteux interposé.
     Une fois de plus ce ne sont pas des considérations vraiment rationnelles qui l'emportent: c'est un problème d'argent et d'influence, ce sont les 2 moteurs de notre chère démocratie et un gateau comme Superphenix n'échappe pas à la convoitise des uns et des autres.
     Et des illuminés ont demandé une commission d'enquête ou d'étude ou de mise au point sur Superphenix, commission émanant du C.S.S.N. Bien sûr ça a été doctement refusé, il n'est pas question de faire des bilans, on risquerait de se retrouver dans la situation des avions renifleurs.
     Et pourtant on retrouve à tous les pas les 100 fois plus d'énergie des RNR. Ce magnifique slogan est une réussite, dommage que comme tant de slogans il soit totalement faux et n'ait jamais existé que dans le pays de contes de fées que se bâtissent nos chers ingénieurs aidés de nos chers physiciens.
     Bien sûr s'il n'y avait pas de problèmes de rendement, de problèmes bêtes de pertes, de problèmes de formation de certains éléments indésirables, de problèmes liés simplement à la taille des installations, alors on pourrait encore rêver, rêver « tout faux» mais enfin « presque juste».
     Parce que là soyons clair pour les « RNR » tous les argumentaires sont (<tout faux» et c'est ce que Boiteux a tout de même dit, pendant le court laps de temps où il a pu parler. Après il fallait gommer cet épisode de la lutte CEA-EDF, ce à quoi cc sont employés les journaux comme Le Monde.

suite:
2- Le démarrage
     Là encore, on peut se demander ce qui se passe. Au C.S.S.N. un brillant exposé sur les problèmes de mécanique des fluides a été conclu par le fait qu'il n'y avait pas de problèmes (!).
     En fait, c'est un peu moins simple que cc qu'on a raconté à notre conseil de sages, une fois de plus roulés dans la farine (et pour la plupart avec plaisir...)
     La configuration de Superphenix provoque des vagues à la surface du sodium et donc une fluctuation de niveau dans les zones de déservoir (déversoir) des baffles de refroidissement de la cuve principale (voir schémas).

     Ceci engendre des turbulences et un phénomène de vibration ainsi que des chocs thermiques périodiques. Faudra-t-il revoir certaines parties pour éviter fragilisation et détérioration (métal et soudures). Se contentera-t-on de faire fonctionner à puissance réduite?
     Si c'est pour camoufler le problème à l'opinion publique, On choisira plutôt la deuxième solution. On la choisira avec d'autant moins de retard que actuellement nos chers nucléocrates (ceux du CEA pas d'EDF) n'ont qu'un désir, convaincre le niveau politique d'engager au plus vite Superphenix 2.
     Enfin l'affaire est à suivre. Notons simplement que "extrapolation de Phénix comportait bien des inconnues. Ah cette mécanique des fluides, pourquoi resiste-t-elle?
     Superphenix, bel oiseau, la légende te fait renaître de tes cendres. Cependant elles risquent d'être radioactives. Et si on doit attendre pour pouvoir y toucher, ton avenir n'est pas assuré à court terme!

p.32

Retour vers la G@zette N°64/65