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N°67/68

II. EXTRAIT DU RAPPORT ATKINSON
 

1. Traduction des conclusions du rapport de la mission scientifique à Moruroa (Mission du 25 octobre au 5 novembre 83)

     1. Les doses maximales annuelles dans les îles du Pacifique dues aux retombées radioactives des expérimentations atmosphériques sont restées inférieures au 1/10e de l'exposition annuelle moyenne due à la radioactivité naturelle dans le monde. Les doses annuelles actuelles sont 0,5% environ du bruit de fond naturel en Nouvelle-Zélande et à Tahiti, et un peu moins aux Fidji.
     2. Les niveaux de la radioactivité ambiante sur la zone des installations de la base-vie de l'atoll de MORUROA, sont en général inférieurs à ce qu'ils sont dans le reste du monde et les traces de retombées dues aux expérimentations atmosphériques ne sont décelables qu'à des niveaux très en dessous de ceux significatifs pour la santé.
     3. Les doses de radiations reçues par la population de la Polynésie Française dûes à la radioactivité naturelle et aux retombées radioactives sont inférieures à la moyenne mondiale, et ne conduisent pas à s'attendre à ce que les maladies induites par des radiations soient décelables.
     4. Les statistiques de cancer dans la région ne comportent aucun élément suggérant qu'il y ait des taux élevés pour les types de cancer qui pourraient etre associés à des expositions excessives de retombées radioactives.
     5. L'intégrité de la structure des calcaires coralliers formant la partie supérieure de l'atoll de MORUROA a été altérée par fissuration, tassement et glissement sous-marin.
     6. La variation dans l'épaisseur et la composition de la zone de transition jette un doute sur son aptitude à se comporter soit comme une barrière pour la migration des radionuclides, soit pour amortir et canaliser l'énergie sismique due à l'explosion nucléaire.
     7. Le massif volcanique dans lequel ont lieu les expérimentations a été sévèrement modifié dans les zones entourant les cavités de l'explosion. L'examen des données disponibles conduit à penser que l'intégrité de l'ensemble du massif volcanique n'a pas été affectée.
     8. A ce jour, il n'y a pas d'indication géologique de fuites à court terme. L'hydrologie des calcaires et des terrains volcaniques est telle que l'on peut supposer que des migrations se produiraient depuis les cavités de l'explosion dans un délai de cinq cents à mille ans.
     9. Une migration des produits de fission volatils et gazeux se produit au moment du tir depuis la cavité de l'explosion. Il y a des raisons de penser que les quantités sont plus importantes que celles que l'on s'attendrait simplement à trouver à travers un bourrage de puits de tir «pas tout à fait parfait».
     10. Sur les sites d'essais souterrains, de l'eau est susceptible de lixivier les matériaux radioactifs (qui peuvent être assimilés à des déchets de haute activité). Il y a des mécanismes de transfert de cette eau contaminée vers la biosphère, tout au moins à long terme (plus de 500 ans). La conséquence radiologique de cette migration dépend, d'une manière importante, de la profondeur des tirs et de leurs emplacements relatifs. Les détails précis des emplacements ne sont pas connus.

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     11. La gestion des déchets était insuffisante. Elle est maintenant très bonne. Seules de faibles quantités de radioactivité sont régulièrement éliminées et elles ne sont pas significatives du point de vue radiologique.
     12. Il y a des transferts de plutonium dissous du lagon vers l'océan. Cela n'est que d'une importance radiologique mineure. La mission n'a pas été en mesure de vérifier la présence de 10 à 20 kg de plutonium dans les sédiments du lagon ni de déterminer leur provenance.
 

2. Traduction dans le chapitre i «Impact Radiologique des tests atmosphériques et niveaux courants et effets de la contamination radioactive dans le Pacifique Sud», de la partie (1.8).

ETUDE ET STATISTIQUES DE CANCERS
EN POLYNÉSIE FRANÇAISE

Introduction
     Les niveaux d'irradiations humaines, au cours des récentes décennies, en Polynésie Française ne conduiraient pas à des prévisions de cancer radio induit détectable dans la population. Ceci résulte des niveaux de fond radioactifs assez bas pour la population en comparaison des niveaux moyens mondiaux, et du fait que les maladies radio induites n'ont pas été prouvées pour des populations exposées à des niveaux plus élevés d'irradiation telles que des groupes vivant sur des zones de la terre à fond radioactif considérablement plus élevé (UNSCEAR 1977). Cependant on a obtenu des informations sur les cas de cancers, sur les statistiques et activités de santé en Polynésie Française et quelques comparaisons limitées ont été faites avec une population de même ethnie, les Maoris néozélandais.
     Il est connu que les radiations ionisantes peuvent induire des cancers lors d'irradiations individuelles. Les apparitions différées de leucémies ou de cancers sont cependant assez rares. Par exemple, 82.000 survivants d'Hiroshima et Nagazaki ont été étudiés en détail; il y a eu 4.000 morts par cancer jusqu'en 1978, alors qu'on en attendait 3.800. Cet excès de 200 cas correspond à un accroissement de 1% du taux de morts globales (Wade 1981). Sur la base des études des groupes de population on peut estimer le risque de cancers pour différents organes du corps ainsi que le risque somatique global. Bien que pour les faibles doses (jusqu'à plus de 10 fois la moyenne mondiale de l'irradiation naturelle annuelle) aucun effet n'a pu être observé sur l'homme, on admet que l'on peut extrapoler à ces faibles faibles doses dans la relation linéaire dose-effet. Le facteur moyen de risque de mortalité par cancer radio induit est estimé à environ 10-2 par Sievert (CIPR 1977) et le facteur de risque pour la leucémie ou le cancer de la thyroïde est autour de 2.l0-3 par Sievert et à 5.10-3 par Sievert respectivement (en conséquence le facteur de risque de mortalité par cancer de la thyroïde est environ 10 fois plus faible).

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     Les facteurs de risque sont largement considérés comme surestimés ainsi que la valeur de la limite supérieure pour les doses X et gamma (Reisland 1983). Dans une population exposée à des radiations ionisantes pénétrantes, bien que le risque relatif de leucémie ne soit pas élevé, un excès de leucémies ou de maladies du sang pourrait être détecté plus rapidement qu'un excès des autres cancers communs (sein, poumon) parce que normalement il y a peu de leucémes qui sont typiques des irradiations. Une population exposée à des produits de fission provenant des retombées des texts atmosphériques pourrait, si le niveau des dépôts est suffisamment élevé, présenter un accroissement de nodules thyroïdiens et de cancers de la thyroïde qui sont induits par l'iode radioactif. Il est fondé de penser qu'une étude des effets radio induits décelerait un excès de leucémies ou de cancers de la thyroïde plutôt que des autres cancers (BEIR 1980, Reissland 1983). A cause de la période de latence entre l'exposition et l'induction d'un cancer le maximum des leucémies induites est observé environ après 8 à 10 ans et pour les sarcomes environ 20 ans après l'irradiation.

Cas de cancers en Polynésie française
     Les statistiques des cas de cancer et des décès par cancer en Polynésie Française sont présentées dans le rapport annuel de la Direction de la Santé Publique et aussi déclarées aux organisations régionales et internationales telles que l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS ou WHO en anglais). Compte tenu de la population relativement faible de la Polynésie Française, environ 144.000 (1981), ayant cru d'environ 100.000 depuis 1968, et du nombre de cancers répertoriés annuellement variant entre 50 et 85, il est nécessaire de sommer les chiffres de plusieurs années pour obtenir une estimation ayant une signification statistique et plus particulièrement pour les cancers peu fréquents les taux estimés ne sont pas significatifs. Le tableau 1.21 donne le nombre de cancers en Polynésie Française sommés sur 10 ans (1968-1977) et sur les 5 années suivantes (1978-82) selon la classification de la Direction de la Santé Publique. On a présenté la distribution des localisations de cancer en pourcentage du nombre total des cancers et on a fait une comparaison avec des données de NouvelleZélande (Centre Nationai de la Santé, 1982) où une correspondance acceptable par catégorie est possible, à la fois pour les populations maoris et non maoris. La population de Nouvelle-Zélande est assez proche ethniquement de la population native de la Polynésie Française (qui en 1971 formait environ 86% de la population totale) (Europa Yearbook 1977). Dans le tableau 1.22 on a donné des rapports bruts pour 100.000 habitants pour une localisation quelque peu différente (selon le tableau de la page 9 des données de cancers 1982, NHSC 1982) à la fois pour la population de Polynésie Française et les maoris néozalandais. Il faut noter que ces taux bruts ne sont pas directement comparables à cause d'une structure différente des pyramides d'âge.
     Les deux populations sont cependant comparables en ce sens qu'il y a une plus forte proportion de jeunes que dans les non Maoris néozélandais et les Européens. L'espérance de vie en Polynésie Française est couramment d'environ 61 années à comparer aux 65,5 années des Maoris néozélandais et aux 72,5 années des non Maoris. Les effets d'ajustement de ces taux à la distribution d'âge standart pourraient accroître les taux pour les Maoris rapportés aux non Maoris et accroître les taux pour la Polynésie rapportée aux Maoris.

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     Les particularités de la distribution de cancer par localisation en Polynésie Française sont la forte proportion de cancer de l'appareil génital féminin, un fort accroissement des cancers du poumon sur la décennie passée et un déclin évident des cancers de la peau. On peut associer ce dernier fait à un changement dans les déclarations. Il n'y a pas d'accroissement des cancers de la thyroïde, les maladies du sang et des leucémies. Le Directeur de la Direction de la Santé Publique considère que le taux élevé de cancers génitaux est dû à des facteurs auxquels sont associés ces taux élevés, c'est-à-dire les habitudes d'hygiène, l'activité sexuelle précoce, la multiparité et le manque de détection précoce. On a proposé de mettre en place un programme de détection du cancer du col en 1984. L'accroissement du taux de cancer du poumon est attribué à la forte proportion de fumeurs dans la population (75% des polynésiens). De 1961 à 1969, il y a eu 100% d'augmentation dans la consommation de tabac tandis que la population a cru de 50%. On s'attend à ce que le nombre total de cancers et le taux de cancers des bronches, du foie et des voies respiraroires supérieures s'accroissent ensemble dans le futur comme conséquence de cette habitude de fumer, de l'accroissement de la population et de la présence d'un plus grand nombre de personnes âgées.

Services de traitement du cancer
     On peut traiter à Tahiti par chirurgie ou chimiothérapie mais actuellement aucune installation de radiothérapie n'est disponible bien qu'une réflexion soit en cours pour l'acquisition d'une cobaltothérapie. Dans ces conditions beaucoup de cancéreux sont envoyés dans les centres au-delà des mers, le plus souvent en Nouvelle-Zélande et en France, pour être traités. Quelques patients ont été traités plus d'une fois ou il ont été soignés dans l'année suivant le diagnostic, si bien que le nombre de cas diagnostiqués dans l'année ne peut pas être directement comparé avec le nombre d'évacuation médicale pour cancer par année.
     Jusqu'en 1979 la plupart des évacuations de Polynésie Française ont eu lieu vers la Nouvelle-Zélande mais depuis quelques années il est moins coûteux d'envoyer les patients en France, si bien que la proportion envoyée en Nouvelle Zélande a diminué. Des évacuations médicales sont aussi effectuées pour des maladies autre que le cancer et pour lesquelles il n'y a pas locaiement de services spécialisésde chirurgie disponibles (cardiologie, neurochirurgie, ...).
     Ces évacuations sont au total plus nombreuses que celles pour cancer. Sur la période de 5 ans (1978-82), le nombre de cancers déclarés en Polynésie Française est de 362 et le nombres d'évacuation pour traitement recencés par la Direction de la Santé jusqu'au 30 novembre 1981 est de 319. Les évacuations médicales sur cette période sont reportées dans le tableau 1.23. La plus grande partie s'est faite en Nouvelle-Zélande et en France: un petit nombre a été traité aux USA et en Nouvelle-Calédonie.
     Les données en 1980 obtenues du Département de Santé de Néozélandais sur le nombre de patients polynésiens français traités dans les hopitaux néozélandais pour les quatre années précédentes ne sont pas très faciles à comparer aux données de la Direction de la Santé à Papeete (tableau 1.23). Bien que sur cette période le nombre de cancers traités présente un accord raisonnable avec le nombre d'évacuations en Nouvelle-Zélande, le nombre de traitements recensés pour des causes autres que le cancer apparaît plus grand. Ce désaccord est pour partie dû à des admissions multiples. A Dunedin, par exemple, un malade d'abord admis à l'hôpital de Dunedin peut ensuite être transferé à l'hôpital Wakari et il alors recensé deux admissions et non une.

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On peut noter que les données de Nouvelle-Zélande s'expliquent aussi par le fait que «comme les habitants du Pacifique ont tendance à utiliser plusieurs noms, il est difficile d'obtenir des informations précises». On peut aussi relever que certains malades venant de Polynésie Française pour subir un traitement dans le secteur privé, finissent par le recevoir en hôpital public. De tels patients ne sont pas répertoriés comme des évacuations médicales par la Direction de la Santé Publique à Tahiti.
     Une commission pour les évacuations médicales, présidée par le Directeur de la Direction de la Santé Publique se réunit tous les 15 jours. On y conseille les patients pour leur traitement outremer sans considération de leurs moyens financiers ou de leur possibilité de paiement. On affirme que les évacuations non nécessaires sont refusées.
     On sait que des cancéreux s'adressent eux-mêmes aux cliniques privées outre mer et ceci peut diminuer le nombre de cas, en particulier pour les premières années. On estime la proportion de patients suivant un traitement privé à 15%.

Enregistement des cancers
     En 1979 le programme de travail de la Commission du Pacifique Sud a comporté la mise en route d'un registre du cancer pour la région Pacifique Sud. Le but de ce registre est de déterminer l'ampleur avec laquelle les tumeurs malignes contribuent à la mortalité et à la morbidité dans la région, de déterminer l'ampleur des variations des types de cancer dans les différents pays et groupes ethniques de la région, et de déterminer si on peut identifier l'impact de l'environnement pour les différents types de cancer. Pour mener à bien cette étude il a été adopté un registre de forme standardisée sous la direction et avec l'avis d'un expert, le docteur Brian E. Henderson du département de la médecine des communautés et des familles de l'université de Californie Sud à Los Angeles.
     Maintenant de nombreux pays participent, y compris la Polynésie Française oû un registre du cancer territorial a été établi par la Direction de la Santé Publique en 1980.
     La procédure suivie pour la collation des statistiques de cancers en Polynésie Française est que chaque médecin détectant un cancer remplit un certificat et l'envoie au groupe régional de statistiques. Il y a suivi et confirmation par des études histologiques et hématologiques effectuées en laboratoire. Ceci fournit les listes de cancers diagnostiqués. Les plaques histologiques sont gardées en archives. La Direction de la Santé Publique considère que la procédure d'enregistrement est comparable à celle des pays développés et que, comme la population est relativement en faible nombre, l'information est très complète.

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     Jusqu'à récemment, on ne disposait d'informations détaillées sur les causes de décès que pour les morts survenant en hôpitaux bien que tous les décès soient signalés par les médecins. Cependant en 1983 on a introduit un système de certificat de décès qui doit être rempli complètement pour chaque mort et comporter la cause immédiate de cette mort ou toute cause pouvant y contribuer. Un certificat périnatal séparé est utilisé pour les morts jusqu'à l'âge de 7 jours. Le taux d'autopsie est faible parce que de tels examens sont généralement faits pour des raisons légales. En Polynésie, il y a une grande répugnance à donner la permission d'autopsier. C'est la classification internationale de l'OMS qui est suivie aussi bien pour classer les maladies causant la mort que réclamant des traitements médicaux. Les statistiques sont publiées dans les rapports annuels de la Direction de la Santé Publique.

Conclusions
     1. Dans la zone sud tempérée qui inclut la NouvelleZélande, ce sont les produits de fission à vie longue des retombées radioactives qui ont contribué le plus au niveau d'irradiation de la population lors des tests atmosphériques français des atolls de Mururoa et Fangataufa. Dans les régions sud tropicales les dépôts sont plus faibles et dans la zone nord tempérée ils sont 3 à 4 fois plus élevés que dans la région sud tempérée.
     2. Les radionucléides à vie courte venant des retombées troposphériques consécutives aux tests atmosphériques de l'hémisphère sud ont occasionné des doses variables année par année. En Nouvelle-Zélande la contribution aux doses venant de cette source, atteint la moitié de celle venant des retombées stratosphériques sur quelques années. Dans la région tropicale sud on a relevé des doses considérablement plus élevées dans certains cas: des pluies sur Samoa le 12 septembre 1966 et sur Tahiti le 19 juin 1974 ont apporté des doses approchant 10 fois la dose maximale annuelle (20 microSv/année), ceci pour des tests localisés dans l'hémisphère nord. L'estimation de dose maximale annuelle est cependant inférieure au 1/10 de la dose naturelle (2000 microSv/année) et beaucoup plus faible que la dose délivrée sur certains points de la Terre de très haute radioactivité naturelle.

Tableau 1.21

Cancers enregistrés en Polynésie Française en 1968-1982 et distributions comparatives entre les maoris néozélandais et les non maoris.
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     3. Les doses annuelles (équivalent de doses engagées) venant des retombées en 1980 oscillent autour de 0,5% de la dose aturelle mondiale en Nouvelle-Zélande et à Tahiti. Elles sont plus faibles aux îles Fidji.
     4. Les niveaux ambiants mesurés à l'est de l'atoll de Moruroa sont généralement plus bas que ceux mesurés de par le monde à cause de la très faible radioactivité des coraux. Des traces de retombées des tests atmosphériques sont décelables à des niveaux loin de ceux ayant un effet sur la santé.
Tableau 1.22
Nombre et rapports bruts pour 100.000 habitants des cancers en Polynésie Française et pour les Maories néozélandais.

Tableau 1.23
Evacuations pour traitement médical en Polynésie française
     5. Les doses maximum reçues par le personnel employé à Moruroa et l'enregistrement des doses d'irradiation généralement sont seulement une faible fraction de la limite de la dose travailleurs recommandée par la Commission Internationale de Protection Radiologique. La plupart des expositions sont en dessous du seuil.
     6. Les doses d'irradiation de la Polynésie Française venant des radiations naturelles et des retombées sont plus faibles que les niveaux moyens mondiaux et ne conduisent pas à prédire que l'on décelerait des maladies radioinduites. Les données de statistiques de cancer pour la région n'appuient aucune proposition d'un taux élévé de tumeurs qui pourraient être associées à une exposition trop forte aux retombées radioactives.
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ANALYSE DU RAPPORT ATKINSON

     Nous ne vous avons pas présenté, et nous ne reviendrons pas dessus, les parties du rapport concernant la géologie, les déchets etc... Les conclusions sont en accord avec les rapports et reflètent les préoccupations des enquêteurs. Il est d'ailleurs précisé que c'est une mission exploratoire où peu et même pas de mesures ont été faites.
     Les conclusions 6 et 9 du rapport demanderaient à être précisées. En effet s'il y a une migration des produits de fission volatils et gazeux au moment des tirs, il faudrait avoir une idée des quantités.
     D'autre part, ils n'ont pas eu de précisions sur la quantité de plutonium présente dans le lagon.
     Par contre nous vous avons présenté la traduction de toute la partie concernant l'impact radiologique parce que les conclusions ne nous ont pas paru correspondre aux termes de ce rapport.
     En fait, il apparaît à sa lecture qu'on ne peut rien conclure du tout et les 4 points rassurants des conclusions sont beaucoup trop affirmatifs, en égard les données existantes.
     En effet il s'agit bien évidemment d'un problème de faibles doses et comme toujours un recul est néceesaire pour en apprécier l'effet. Or que nous apprend ce rapport:
     1. Le registre de mortalité et de morbidité a été ouvert en 1980.
Les résultats actuels (1983) sont donc partiels. Il est impossible d'apprécier vraiment dans un sens ou dans l'autre l'effet des retombées anciennes ou l'effet de migration éventuelle de produits lors de tirs souterrains. En encadré i nous rappelons les temps de latence pour l'apparition de leucémies et des autres, cancers, ainsi que la courbe Hiroshima Nagasaki sur la leucémie.
     2. L'établissement de certificats de décès, applicable à l'ensemble de la population, pas seulement aux malades hospitalisés n'a été établi qu'à partir de 1983.
     3. Les tableaux de données correspondant au nombre de cancers présentent une particularité. Pourquoi ces chiffres sont-ils approximatifs uniquement pour la leucémie? Serait-ce parce que ce cancer est caractéristique d'une irradiation ou d'une contamination?!
     4. L'analyse des cas recensés n'est pas claire. Comment se font les évacuations? Pourquoi les cliniques privées ont-elles été non comptabilisées?

     Il est donc assez évident que les conclusions du rapport n'ont pas grand chose à voir avec l'analyse des données qui ont été faites lors de la mission. Il y a un hiatus entre ce qui est analysé et la conclusion rassurante affirmant l'innocuité des essais. En fait là comme dans d'autres cas on fait passer sa conviction sans l'étayer.
     Nous ne connaissons pas les effets des faibles doses. Il faut encore beaucoup de temps et de recherches pour avoir une réponse. Souhaitons que ces recherches se fassent.

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MALADIES PROFESSIONNELLES
 
CAS DU NUCLÉAIRE
     Les affections provoquées par les rayons X, les substances radioactives ou toutes autres sources d'émissions corpusculaires figurent au «tableau no6». Ce tableau a été créé par le décret du 9 décembre 1950. Des modifications ont été apportées en 1950, 1960 et 1963. Les deux dernières modifications ont porté essentiellement sur la nature des travaux.
     L'énumération de la nature des affections n'a donc pratiquement pas été modifiée depuis 1955, soit près d'un quart de siècle après avoir été définie. Il est donc bien difficile de croire plusieurs auteurs quand ils affirment que «les tableaux sont révisés en tenant compte de l'évolution des techniques et des progrès de la médecine».
 

Délai de latence et délai de prise en charge
     Le «délai de latence» est une espèce de «temps d'incubation» qui sépare la nuisance de l'apparition des premiers symptômes de la maladie.

Leucémie:
     Si l'on considère la leucémie induite par irradiation unique, le risque d'apparition, tel qu'il résulte des survivants irradiés d'Hiroshima (29.000 personnes dans un rayon compris entre 0 et 2 km du point zéro), est statistiquement significatif trois ans après l'explosion et passe par un maximum 6 ans après. Vingt ans après l'irradiation, on note un net excédent du risque de leucémie.
     Si l'on considère le cas des leucémies induites par des irradiations fractionnées l'on observe également un maximum de 3 à 5 ans après l'irradiation et un risque supérieur à celui d'une population non-irradiée au moins 15 ans après.
     Les premiers travaux cités (OOKITA) datent de 1969, les seconds (COURT BROWN et DOLL), de 1958.
     Et pourtant en 1978, la leucémie ne peut plus être reconnue comme maladie professionnelle et indemnisée comme telle, si elle frappe en France un travailleur dix ans après qu'il ait cessé de travailler en milieu actif.

Cancer osseux:
     Si l'on considère maintenant le cas des tumeurs osseuses, la latence d'induction est plus variable encore que la leucémie. Les valeurs extrêmes signalées sont de 4 à 42 ans. La moyenne se situe à 11 ans environ. Le tableau no6 prévoit un délai de prise en charge de 15 ans, alors que plus d'un quart des cancers surviennent après ce délai.

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     Les ouvrières de NEWARK (USA) qui se sont rendues tristement célèbres en peignant des montres à cadran lumineux, n'auraient pas pu être couvertes par la législation française dans la mesure où les cancers les plus tardifs apparurent, pour certaines d'entre elles, 33 ans après la nuisance.

Cancer du poumon:
     Il peut être induit à la fois par une contamination interne (cas des mineurs d'uranium ou par une irradiation, cas des malades traités par rayons X pour spondylarthrite ankylosante ou des irradiés d'Hiroshima).

Autres cancers:
     Les données concernant les personnes traitées par irradiation montrent que l'on trouve, en plus de l'excédent significatif des leucémies, divers autres cancers induits (estomac, intestin grêle, gros intestin, rectum, voies biliaires et foie, pancréas, sein, organes génitaux féminins, tissu lymphatique).
     Aucun de ces cancers n'est retenu par le tableau no6.
     Notons qu'en Angleterre la BNFL a versé à deux veuves de travailleurs de WINDSCALE une indemnité de décès (Le Monde du 17.11.77). Les deux maladies ont été induites par une contamination de plutonium. Le premier a au une maladie de la moelle épinière et le second une tumeur au cerveau. Dans les deux cas, l'autopsie a montré des traces de plutonium.

Validité scientifique du délai de prise en charge
     Si le délai de prise en charge était scientifiquement fondé, il devrait être le même dans toutes les législations où il existe. Or, pour une même maladie, on constate de grands écarts entre les législations française et italienne qui sont, en Europe, les seules à maintenir un tel délai dans le cas du nucléaire notamment, le tableau français énumère les différents symptômes pour lesquels il définit 7 délais allant de 7jours à 15 ans, alors qu'en Italie, pour les mêmes affections, le délai est uniformément de 10 ans.

Taux d'incidence de la leucémie parmi les survivants de l'explosion de la bombe atomique à Hiroshima, 1946-1970. En italiques, nombre de cas dans un rayon de 2.000 m (110,111)
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