L'affaire Greenpeace, absurde
et lancinante, est depuis près de 3 mois l'occupation essentielle
des médias, des hommes politiques.. et de nos gouvernants.
Un agréable consensus s'est dégagé pour dénoncer le caractère idiot et inacceptable d'un attentat perpétré contre le Rainbow Warrior, navire «amiral» d'une association écologiste non violente. Cet attentat ayant entraîné mort d'homme, a donc été unanimement condamné mais on s'irrite très vite à entendre et lire les mensonges et l'intox générale qui ont été très largement diffusés à propos des motivations de Greenpeace. Il n'est donc pas inutile de rappeler que Greenpeace se bat pour la défense de la planète et dans ce cadre, au nom de la protection de l'espèce humaine, pour l'arrêt des essais nucléaires et le gel des armements. Contrairement à ce qui est souvent affirmé par les médias, ces actions visent tous les pays qui, signataires ou non du T.N.P., poursuivent des campagnes d'essais d'armes nucléaires. La Chine a seule, pour le moment, échappé à leurs actions mais ça viendra. Pour le reste, avoir été à Leningrad ou à Berlin Est pour manifester, s'être rendu dans le Nevada représentent beaucoup (leur demander d'aller au large de Sakaline n'est pas très sérieux, ils sont non violents, pas suicidaires). Il nous a semblé dans la droite ligne de l'action que nous menons depuis 10 ans, de montrer notre solidarité avec ce mouvement en publiant un numéro de la Gazette consacré à Moruroa. Nous l'avons axé sur le mensonge permanent qui consite à dire «Mururoa, contamination zéro». Qu'on veuille bien comprendre qu'aucun dossier ne permet de conclure réellement car comme d'habitude on n'a pas mis en place les études dès le début, comme d'habitude les dossiers ne sont pas accessibles et dans ce cas «confidentiel défense». Et comme d'habitude il a fallu le cri d'alarme de syndicalistes CFDT (comme d'habitude aussi) pour que le gouvernement consente à entendre les Polynésiens. Alors, la presse qui dans l'affaire Greenpeace a fait un travail remarquable motivé tant par la défense des Droits de l'Homme que par l'enjeu politique, a par contre balayé d'un revers de plume de problème de Moruroa. Pourtant deux questions à tiroir se posent: • La force de dissuasion et l'armement nucléaire. • Les essais nucléaires sur les sites de Moruroa et Fangataufa. Pour la première question, la presse parle d'un consensus national sur la force de frappe avec parfois à l'appui des résultats de sondage portant sur 243,5 personnes (!). Il est effarant, navrant de constater que jamais le débat n'a été ouvert, que jamais il n'y eut sur le sujet d'information contradictoire. (suite)
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suite:
En fait les lobbies des traîneurs de sabre et des casseurs de noyaux du CEA ont réussi à vaincre les rares hésitations des hommes politiques (et dans le cas d'Hernu - cléaire il ne devait guère y en avoir). Pourtant souvenez-vous au salon du Bourget en 1981, Mitterand avait fait retirer l'armement des avions présentés au sol. Maintenant on se glorifie des ventes d'armes à l'étranger, on ose même dire que ça rétablit notre balance commerciale! Alors c'est facile, on matraque en information que tout le monde est d'accord, sans jamais laisser passer de sons discordants et le tour est joué. Pour la deuxième question, une fois le premier pas franchi, le pseudo consensus, il est facile de justifier les tirs nucléaires dans le Pacifique. Il faut bien tester, améliorer, bref moderniser notre force de frappe. Quant à faire ces essais dans le Pacifique, la raison en est simple, c'est plus loin de nous que le Massif Central (ça aide pour le consensus!!). Reste bien sûr à éliminer le seul point où il y a encore un peu d'esprit critique: les risques pour la santé et l'environnement. Les gens ont encore à l'esprit Hiroshima et Nagasaki. En 1981, nos gouvernants de gauche, poussés par leurs militants qui avaient longtemps lutté au coude à coude avec les écolos contre les essais dans le Pacifique, ont trouvé un contrefeu classique et efficace : la mission d'enquête présidée par une personnalité «musclée» ayant une bonne cote. Ce fut la mission Tazieff de 1982 (8 jours dont 3 à Moruroa), ce fut l'ouverture aux savants étrangers (Atkinson 1983, 5 jours à Moruroa). Et c'est pour cela que le troisième leit motiv des journalistes cet été, en contrepoint des révélations sur l'attentat d'Aukland, fut donc «Moruroa contamination zéro», le tout argumenté à partir des deux rapports. Nous avons étudié ces deux rapports. A la simple lecture du rapport Tazieff, nous pouvions nous rendre compte que l'intox fonctionnait bien et que le rapport était bien rédigé car contenant les phrases rassurantes remplissant « le contrat» passé avec le gouvernement mais contenant aussi toutes les réserves permettant à ces scientifiques de se dédouaner. Pris d'un coup de sang, nous avons envoyé une mise au point au Monde, qui a été mise au panier! Pour vous permettre de juger par vous-même nous vous livrons en pâture ce fameux rapport Tazieff ainsi que,la traduction de quelques passages d'Atkinson, le professeur qui dirigeait la mission étrangère (bien entendu nous disposons de l'intégralité de ce dernier rapport mais en anglais). Afin de faire bonne mesure nous vous apportons quelques compléments sur le T.N.P., analyse faite par Greenpeace et des précisions sur Moruroa publiées dans un bulletin de la CFDT. (CEA, CEP) p.1
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L'actualité récente nous a fait
remarquer une phrase qui étaye admirablement nos réserves
et nos réticences face à la mission Tazieff.
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